Un vrai miracle

Ce n'est que lorsqu'une personne est heureuse toute la journée qu'elle peut se permettre de briser son cœur une heure par jour.

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Rav chalom Arouch

Posté sur 01.02.23

Il y a un phénomène qui me laisse perplexe et qui a lieu après chaque cours que je donne sur la gratitude, où nous apprenons que tout est pour le bien, que nous devons remercier pour tout, ce qui permet de résoudre un bon nombre de problèmes. Après un discours comme celui-ci, je pense toujours que les gens s’empresseraient de quitter la salle pour aller faire hitbodédout et travailler sur la foi que tout est pour le bien…

Je me dis toujours que tous ceux qui ont entendu le discours, ont reçu le message et vont maintenant avoir la foi en HaChem, étudier la Torah et vivre une bonne vie. Mais ce n’est pas comme ça que cela se déroule. Dès le cours terminé, les gens viennent me voir et continuent à se plaindre. Et je ne comprends pas : « Mais il y a cinq minutes, vous avez entendu le cours, n’est-ce pas ? Que s’est-il passé ? Sont-ils malentendants ? Ou est-ce qu’ils ne veulent pas comprendre ? Peut-être n’ont-ils pas fait attention, n’ont-ils pas bien entendu? Cela ne semble pas logique. Pourquoi viennent-ils me voir ? Je n’arrive pas à comprendre…Après avoir entendu un message si puissant, que la vie est belle, que la solution à tous les problèmes, quels qu’ils soient, repose sur le remerciement, ils continuent à se plaindre alors qu’il suffit de remercier pour vivre heureux !

Et ils ne viennent pas seulement pour se lamenter ; ils m’assurent même qu’ils ont tout à fait raison d’être tristes et déprimés et veulent en plus me convaincre d’être d’accord avec eux : « Regardez Rav quels sont mes problèmes. Donnez-moi la permission d’être triste, déprimé, désespéré, confus… Donnez-moi la permission de ne pas être en état de prier ou d’étudier. Regardez les problèmes que je rencontre. Vous serez sûrement d’accord avec moi pour dire que la seule solution est d’être triste. Comment puis-je remercier après ce que je vous ai raconté ? Maximum, je peux me taire un moment, mais dire merci ?! ».

Les gens ont des problèmes et quelle solution choisissent-ils ? Se déconnecter d’HaChem… Comme je l’ai expliqué à plusieurs reprises, quand on est triste, on se déconnecte d’HaChem. En effet, nos Sages (Pesachim 117 : 1) enseignent que la Présence Divine ne repose que sur celui qui est content. Sur la base de ce principe, nous pouvons comprendre les paroles que Rabbi Na’hman « le Saint Béni n’est pas avec la personne dans la tristesse », c’est-à-dire celui qui n’a pas de joie, ses prières ne sont pas exaucées !

Et en plus de cela dans un tel état, il est impossible de pas faire Téchouva. Car lorsque vous êtes triste, vous ne pouvez pas parler à HaChem, ni vous confesser, ni demander pardon, encore moins ressentir des remords dans votre cœur, et vous engager à ne pas rechuter. C’est pourquoi Rabbi Na’hman dit : « C’est une grande mitsva d’être toujours joyeux » – « C’est un grand péché d’être triste. » C’est pourquoi nous devons être très clairs sur le fait que même si vous commettez un péché, vous devez toujours garder la joie afin d’ensuite faire Téchouva, car la tristesse chasse la Présence Divine.

Rabbi Na’hman (Likoutey Moharan 178) écrit également : « Sachez que la confession est nécessaire, car il faut détailler le péché et vous devez confesser en paroles à chaque fois pour chaque chose que vous avez faite et cela comporte de nombreux obstacles et pour cela il faut de la joie dans l’accomplissement d’un précepte… ». C’est-à-dire que même pour la première partie de la Téchouva, la confession, la joie est nécessaire. Par conséquent, celui qui n’est pas joyeux ne peut pas faire Téchouva. Ce n’est que lorsqu’une personne est heureuse toute la journée qu’elle peut se permettre de briser son cœur une heure par jour.

Chacun semble avoir ses raisons d’être triste : l’un dit que son fils est très malade, et donc qu’il est triste toute la journée. Un autre dit qu’il est endetté…Mais il n’y a aucune bonne raison d’être triste.

Nous devons servir HaChem avec joie et valoriser chaque précepte. C’est pourquoi je conseille à chacun de prendre plusieurs cahiers et d’écrire cent remerciements par jour, chaque jour sans faute, et d’écrire quelques-uns des préceptes qu’il a accomplis, car il serait impossible de tous les écrire. Chaque bénédiction que l’on prononce, chaque petit précepte que l’on accomplit, chaque bonne pensée, chaque heure d’étude, chaque renforcement spirituel, s’accumule pour former des milliers et des milliers – voir même des millions – de préceptes par jour. Comment ne serait-ce que calculer les préceptes d’un seul Chabat accomplis ? 25 heures multipliées par 60 minutes multipliées par 60 secondes multipliées par 613 préceptes : une calculatrice scientifique serait même nécessaire pour calculer le montant. C’est ce que nos Sages enseignent dans Pirkey Avot (chapitre 1) : « Rabbi Hanania ben Akashia dit : le Saint, Béni soit-Il, a voulu accorder des mérites à Israël ; c’est pourquoi il leur a donné la Torah et les préceptes en abondance ».

Ainsi quand, plus tard, le mauvais penchant viendra vous distiller de la tristesse, vous pourrez lui dire tout de suite : « Monsieur le Mal, venez, vous asseoir pour lire et étudier mes cahiers… Chaque jour, vous y trouverez cent mercis. Chaque jour des centaines de milliers de préceptes y sont inscris ». Le mauvais penchant lui-même tombera en dépression ! C’est ainsi que le Arizal a témoigné sur lui-même que tout ce qu’il avait réussi à réaliser était grâce à son accomplissement des mitsvot dans la joie. Car il savait valoriser chacun d’eux et était heureux de chacun. Et c’est pourquoi il eut le mérite de recevoir beaucoup de choses des Cieux.

J’ai écrit dans le livre « Le jardin des louanges » et je l’ai répété à plusieurs reprises : la gratitude est l’attribut sur lequel repose tout le bien d’une personne et du monde. A contrario: l’ingratitude est le mauvais attribut sur lequel repose tout ce qui est mauvais chez une personne et dans le monde. Chaque destruction dans le monde commence par l’ingratitude.

Lorsque l’on commet une faute, on se montre ingrat. HaChem donne la vie, Il donne l’air pour respirer. Faire le contraire de Sa volonté, c’est de l’ingratitude pure ! Si l’homme avait un minimum d’appréciation pour les choses qu’HaChem lui donne, il ne ferait pas de choses contraire à Sa volonté, sauf bien sûr dans les cas de force majeur ou de problèmes mentaux. Par conséquent, lorsqu’une personne est reconnaissante envers le Créateur, il lui est facile de demander pardon. Et c’est pourquoi la gratitude relie immédiatement l’être humain au Créateur, elle le relie aux portes de la sainteté, aux portes de la pureté, aux portes du salut.