Remercier Hachem

Quand j'étais en deuil de mon père, HaRav Chmouel Scheinberg, z.ts.l., un ancien étudiant me demanda ce qui me manquait le plus depuis sa disparition. J'ai répondu...

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la Rabbanite Zelda Rosenthal

Posté sur 06.04.21

Quand j'étais en deuil de mon père, HaRav Chmouel Scheinberg, z.ts.l., un ancien talmid (étudiant) me demanda ce qui me manquait le plus depuis sa disparition. J'ai répondu : "Ce qui me manque c'est de ne plus être capable d'apprendre de sa 'hokhma, sagesse."
 
HaRav Chmouel Scheinberg était un enseignant par excellence. Quand il expliquait des concepts compliqués, il commençait à la base, par les fondations et réussissait à les clarifier de telle manière que ses élèves n'oubliaient jamais ses leçons.
 
Dans “Precious Jewels” (“Pierres précieuses”) – la biographie de Harav Chmouel Scheinberg – j'ai écrit: “Les talmidim d'il y a 40 ans sont venus pour les chiva, la semaine de deuil. L'un d'entre eux a dit qu'il n'a rien oublié de ses cours de 'Houmach (Bible). Un autre élève a dit qu'il peut ouvrir un 'Houmach à n'importe quel endroit que Rabbi Scheinberg lui a enseigné et se souvenir du commentaire de ce dernier.”
 
Dans les deux articles précédents nous avons parlé des fondations sur lesquelles un juif devrait construire sa vie. Des chiourim de mon père, j'aimerais continuer à développer sur le sujet du Hakarath Hatov (gratitude). De la sorte, nous pourrons comprendre plus en profondeur ce concept décisif.
 
Le Midrach souligne de quelle manière la mitswa des bikourim – offrir les premiers fruits au Beith Hamiqdach (Temple) – prouve notre Hakarath Hatov envers Hachem. À la fin des moissons – au lieu de se reposer chez soi après des mois de dur labeur – le fermier est tenu de montrer sa gratitude envers Hachem en offrant les premiers fruits au Beith Hamiqdach.  
 
La mitswa d'honorer un parent est aussi basée sur le concept de montrer sa gratitude. C'est la raison pour laquelle un enfant rebelle – ou un enfant qui frappe ou blasphème un parent – démontre un manque de Hakarath Hatov  au point d'être puni sévèrement.
 
Le fléau du sang et le fléau des grenouilles – à l'époque où les juifs étaient en Égypte – ont été initiés par Aharon (le frère de Moché/Moïse). Hachem a ordonné Aharon – plutôt que Moché – de frapper l'eau et la terre, parce que Moché devait une dette de gratitude à l'eau et à la terre. De fait, c'est la rivière du Nil qui avait sauvé la vie du petit Moché, lorsqu'il avait été placé et caché dans un berceau. Par la suite, la terre avala un Égyptien tué par Moché pour avoir frappé un esclave juif.
 
La Tora nous apprend (Devarim 23:40) qu'un descendant de Ammon et Moav ne devrait jamais se marier avec un juif. D'autre part, un égyptien ne peut pas se marier avec un juif jusqu'à la troisième génération seulement. À partir de la quatrième génération, un mariage est théoriquement possible. Selon la Tora, la différence de traitement s'explique par le fait que “Ammon et Moav ne vous ont pas procuré du pain et de l'eau lorsque vous voyagiez dans le désert.”
 
Cependant, il est important de préciser que presque trois millions de juifs ont quitté l'Égypte ! Une énorme quantité de nourriture et d'eau était donc nécessaire afin de nourrir tant de gens. Ainsi, parce que les Ammonites et les Moabites n'ont pas procuré aux trois millions de juifs à boire et à manger, il leur est interdit de se marier avec une personne du peuple juif. Pour quelle raison ? Pourquoi doit-on les considérer pires que les égyptiens ?
  
Selon le Ramban, les peuples d'Ammon et de Moav ne possédaient pas la vertu du Hakarath Hatov. Après tout, lorsque leur ancêtre Lot fut capturé par Sodom, Avraham lui sauva la vie ! Ainsi, les peuples d'Ammon et de Moav ne doivent leur entière existence qu'au 'hessed (bonté) d'Avraham. C'est la raison pour laquelle ils auraient dû exprimer leur Hakarath Hatov aux descendants d'Avraham. Celui qui ne possède pas d'Hakarath Hatov et fait le mal au lieu du bien agit d'une manière méprisable.
 
* Quelle est la base de ce manque d'Hakarath Hatov
 
* Un manque d'émet (vérité). L'individu qui possède la mida (trait de caractère) de la vérité, éprouve l'obligation d'exprimer sa gratitude. Mais une personne qui ne possède pas la mida de la émet, trouvera des fausses raisons – des prétextes – pour mériter le 'hessed d'une autre personne, au lieu de reconnaître qu'elle doit à son bienfaiteur une dette de gratitude. Ammon et Moav par exemple, peuvent prétendre qu'Avraham avait sauvé Lot afin de faire savoir publiquement qu'il était un héros et un guerrier.
 
Une personne qui manque de Hakaroth Hatov montre une fausse perspective de vie
 
Dans le livre Choftim (Juges), on trouve un autre exemple de manque total de Hakarath Hatov. “Et le peuple servit Hachem pendant toute la vie de Josué, et tout le temps que vécurent, après lui, les vieillards témoins de toutes les grandes oeuvres que D-ieu  avait accomplies pour Israël” (Choftim 2:7). Deux versets plus loin, le prophète continue en disant : “On l'ensevelit (Josué) dans le territoire de sa possession, à TimnatHérès dans la montagne d'Ephraïm, au nord du Mont Gaach.”
 
Et Rachi de commenter : “Et ils vécurent beaucoup de jours après Josué, mais pas beaucoup d'années, puisque ils avaient été négligents dans leur eulogie pour Josué, comme ont le voit dans le verset où il est dit “Mont Gaach” (montagne en colère). Pourquoi la montagne était-elle en colère ? Parce que les ancêtres n'avaient pas fait d'eulogie convenable pour Josué. Par conséquent, ils furent punis en ne vivant que quelques "jours" après Josué, et non une longue vie. Bien que Josué fut à la fois le chef spirituel et militaire qui conquit la Terre d'Israël, le peuple juif n'a pas pleuré le défunt comme il le devait.
 
Apportons une vision plus positive : également  dans le livre de Choftim (les Juges), nous apprenons que Gédéon avait entendu quelqu'un parler à son ami d'un rêve qu'il venait de faire. “J'ai eu un songe où je voyais une miche de pain d'orge roulant dans le camp des Madianites. Parvenue à l'une des tentes, elle la heurta et la fit tomber, de sorte qu'elle se renversa sens dessus dessous.
 
L'autre répondit : “Ceci n'est autre chose que l'épée de Gédéon, fils de Joas, l'israélite. Hachem a livré en son pouvoir les Madianites et tout leur camp ! ” (Choftim 7:13-14). Nos Sages nous ont appris que la raison pour laquelle l'épée de Gédéon est décrite comme une miche de pain d'orge est pour informer le peuple juif qu'il sortira victorieux d'un combat contre les Madianites, grâce au mérite de l'offrande de l''Omer (Vayiqra Rabba, 28:6). On retrouve également ce commentaire dans Rachi, Choftim, 7:13-14.
 
Pour comprendre la signification de l'offrande du 'Omer et pour quelle raison cela devait influencer la destinée d'Israël dans sa guerre menée contre les Madianites, nous devons lire ce que dit le “sefer Ha'hinoukh” à propos du qorban Ha'Omer (l'offrande du 'Omer qui était amené au Beith Hamiqdach/le Temple).
 
Dans la description de la mitswa 302, le “sefer Ha'hinouhk” explique que le qorban Ha'Omer nous apprend la grande bonté d'Hachem qui nous accorde une nouvelle récolte chaque année et pour cette raison, on offrait le 'Omer afin de se souvenir de la grande bonté de D-ieu avant de profiter des fruits de notre labeur. En offrant le 'Omer à Hachem on exprime notre Hakarath Hatov à Celui qui nous fournit notre subsistance et tous nos besoins.
 
Cette idée du Hakarath Hatov s'applique à Gédéon. Dans la mesure où le peuple juif montre sa gratitude à Hachem – en présentant le qorban 'Omer – il a le pouvoir de conquérir les Madianites.
 
Le livre de Choftim continu : “En entendant le récit de ce songe et son interprétation, Gédéon se prosterna” (Choftim 7:15). Nos Sages expliquent que Gédéon a exprimé immédiatement son Hakarath Hatov en s'agenouillant devant Hachem.
 
La leçon que nous apprenons du comportement exemplaire de Gédéon est simple : les tsadiqim expriment leur gratitude envers Hachem par des actions, plutôt que des paroles.
 
Dans mon prochain article, nous essaierons de savoir la façon dont la Hakarath Hatov peut aider une personne à surmonter les obstacles dans son service divin, ainsi que la façon dont la Hakarath Hatov nous enseigne à honorer la Tora – et ceux qui l'étudient. Ceci nous permettra de transmettre l'amour de la Tora et des midoth tovoth (bons traits de caractère) à nos enfants.

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