Un étrange et long voyage

Nos deux amis allaient en direction du Pérou quant le destin en a décidé autrement avec une sévère réaction allergique aux vaccinations...

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Rosally Saltsman

Posté sur 06.04.21

Les basques ont pour coutume de laisser un cadeau dans la maison d'une personne lorsqu'ils remarquent un signe de changement personnel. Dans cette culture, le proverbe "Tu n'as pas changé d'un poil", est l'antithèse d'un compliment.
  
Dans cette perspective, le rabbin Avraham Novick et sa femme Sarah – un couple de 'hassidim qui vit en Israël – ont mérité une abondance de cadeaux. Lorsqu'on les voit, personne ne pourrait imaginer que leur odyssée spirituelle ait pu commencer au fin fond d'une petite cabane, chez les indiens d'Amérique et qu'ils aient pu s'échanger des lettres d'amour signées sous les noms de "Coyote qui danse" et de "Grand corbeau". 
 
Avraham – à l'époque Steven – était à la recherche de son origine spirituelle dans la nature – alors que Sarah – à l'époque Allison – désirait ardemment une spiritualité mystique autant que celle de son frère 'hassidique qui vivait à Jérusalem.   
 
Nos deux amis allaient en direction du Pérou quant le destin en a décidé autrement avec une sévère réaction allergique aux vaccinations préventives et au mauvais fonctionnement de l'ordinateur d'une agence de voyage; depuis, les Novicks ont compris ce que peut signifier l'intervention de la “Main divine” dans la vie d'une personne. Ils décidèrent alors qu'ils devaient renoncer à leur voyage en Amérique du Sud et aller à la découverte de la Terre Promise afin de vérifier s'il y avait pour eux une promesse quelconque à y trouver.
 
Ainsi, les deux se retrouvèrent naturellement en Israël. Avraham alla dormir dans les crevasses des montagnes du désert du Sinaï et danser avec les 'hassidim de la ville de Tsfat. De son côté, Sarah entendit l'appel de D-ieu lors d'une tempête où la pluie faisait preuve d'une violence inhabituelle. Dans tous les cas, tous les deux abandonnèrent le côté hautement superficiel de leurs précédentes vies et vinrent  promettre leur allégeance à quelque chose de nouveau pour eux: la Tora.
 
En comparaison avec leur évolution spirituelle, leur engagement l'un envers l'autre, des années plus tôt, fut presque immédiat. Ils se sont mariés quatre fois: une première fois durant un concert du groupe de rock psychédélique (des années 70) “Grateful Dead” et finalement, devant un rabbin orthodoxe à New York. Ensemble depuis maintenant vingt ans, plus rien ne reste de leurs incarnations précédentes. Ils sont habillés dans la tenue 'hassidique traditionnelle et leur demeure reflète les valeurs selon lesquelles ils vivent et leurs positions comme leader de la communauté 'hassidique Biala de Beith Chémech en Israël.  
 
Leur odyssée est recueillie dans un livre par le Rabbin Novick, "One Love United" (“Un amour uni”) (terrapin@netvision.net.il). Dédié à sa femme et compagne, il raconte leur processus de transformation de jeunes hippies idéaliste à la recherche de la vérité, à la famille 'hassidique qu'ils sont devenus.  
 
Comme leur homonymes bibliques, Avraham et Sarah ont rapproché d'autres juifs du judaïsme, les aidant à trouver leurs propres places spirituelles dans ce monde. 
 
"Un individu doit toujours se focaliser à trouver la vérité, afin que cela devienne son but ultime", dit le rabbin Novick. "Je suis encore en voyage moi-même, il y a toujours moyen de grandir. Dans la tradition juive, l'homme est appelé un "méhale'h" – "une personne qui bouge".
 
De quelle façon le rabbin Novick est-il devenu convaincu qu'il a finalement trouvé la vérité ultime?
 
"Dans tous les autres chemins que j'ai exploré," explique t-il, "j'ai toujours trouvé des aspects qui étaient attrayants et d'autres qui étaient questionnables ou contradictoires. Chacun d'eux m'a conduit à un point d'autosatisfaction, d'achèvement et… d'ennui."
 
"Aujourd'hui pourtant, dans le monde du judaïsme, alors que j'ai réalisé plus de potentiel que je me croyais capable d'atteindre, je n'ai pas l'impression d'avoir commencé à percer mon potentiel de croissance personnelle; je n'ai pas la sensation d'avoir réellement commencé à boire à la fontaine de la Tora et à ce qu'elle a à m'offrir." 
    
Il y a plusieurs années, le rabbin Novick dirigeait le Centre d'information d'étudiant juif de l'Université de Tel-Aviv. Aujourd'hui, il dirige la “Yéchiva Émeth véémouna” dans la ville de Beith Chémech, en Israël. En pensant à son séjour antérieur chez les indiens d'Amérique, il commente:
 
" La nature est un lieu merveilleux à partager avec D-ieu; cependant nous devons nous rendre compte que la nature est le lien entre le spirituel et le physique. Bien que ce soit un haut niveau physique, elle représente un niveau spirituel inférieur. Lorsqu'une personne se trouve dans un endroit où il ne voit pas D-ieu, elle peut quelquefois finir par aller très bas." 
 
"D-ieu est partout et notre rôle est de le révéler partout." Le rabbin Novick ajoute: "C'est plus facile de voir Hachem dans un arbre que dans la brique d'un immeuble, de la même façon qu'il est plus facile de trouver une énergie saine dans une carotte que dans un morceau de viande rouge." "Je ne pense pas que le voyage se finira un jour," ajoute Sarah. "Jusqu'à ce que l'on atteigne les portes du Ciel, nous avons toutes les chances du monde pour travailler sur nous-mêmes jusqu'à ce que non seulement nous nous apaisons, mais aussi le monde dans lequel nous vivons."
 
Selon Sarah, nous ne devons pas tourner le dos à notre passé.
 
"Je crois que l'être humain évolue continuellement. De la façon dont je vie aujourd'hui ma vie de “Sarah”, je réalise que j'ai encore l'essence de “Corbeau” (le nom indien que portait auparavant Sarah) en moi et je manifeste cela à travers la danse, la musique et l'art que je fais avec les différents groupes, notamment les survivants de l'holocauste. J'écoute les chansons 'hassidiques Biala et je suis certaine d'avoir chanté ces chansons dans les cercles indiens, il y a vingt ans de cela. Cela ne m'est pas si difficile d'entremêler les deux mondes."
 
"Je sais que nous devons établir une séparation avec le reste du monde car nous sommes le peuple choisi et que D-ieu désire que nous vivons d'une manière différente des autres peuples; cependant, je ne peux pas nier le fait que les chemins que j'ai pris – ou qui m'ont été donnés – m'ont beaucoup aidée à me trouver à l'endroit où je me trouve aujourd'hui."
  
A-t-elle des regrets?
 
"Nous somme supposés avoir des regrets pour les éléments de notre passé et de fait, il y a certaines choses que je suis arrivée à regretter. D'un autre côté, quand j'ai rencontré des gens comme une vielle indienne qui m'a hébergée et m'a dit qu'elle a le sentiment que son peuple fait parti des tribus perdues, je ne peux nier que D-ieu était avec moi, peu importe où j'étais." 
 
Le rabbin Novick encourage les autres à “poursuivre la vraie vérité”. "Être honnête avec soi-même est la chose la plus difficile au monde. Il faut toujours rechercher la vérité."
  
 
AM ECHAD RESOURCES
Rosally Saltsman est un écrivain freelance qui vit en Israël. Son livre "Finding the Right Words" (“Trouver les mots justes”) vient d'être publié par les éditions Targum.
 

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