Grandir avec nos enfants

Un des élèves de mon père lui demanda : "Quelle est la première chose que mon fils devrait faire lorsqu'il deviendra Bar-Mitswa ?"

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la Rabbanite Zelda Rosenthal

Posté sur 06.04.21

Éducatrice connue et auteur de  “Precious Jewels” (“Précieux diamants” publié – en anglais – par les Éditions Artscroll), la rabbanite Zelda Rosenthal a aimablement accepté de nous faire partager sa perspicacité sur le thème de l'éducation des enfants. Ceci est le premier article de notre série exclusive. Nous demandons à nos lecteurs d'avoir l'amabilité d'envoyer leurs questions à l'adresse : dovid-yitzhak@breslovworld.com .
 
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Plutôt que d'offrir des solutions à des problèmes spécifiques, j'aimerais parler de quelques concepts de base qui représentent les fondations pour qu'une maison juive fonctionne d'une façon saine. Lorsque nous aurons compris ces concepts, nous pourrons nous efforcer de les intégrer dans notre manière de faire dans notre vie quotidienne et les partager avec nos enfants.
 
Une vraie maison juive est basée sur le Hakarath Hatov – la gratitude
                  
Mon père, Harav Chmouel Scheinberg, z.ts.l. a écrit :
           
“Nos rabbins ont dit : 'Le Dérekh Eretz (le respect pour autrui) est un pré-requis pour acquérir la Tora.'  De nombreuses midoth (caractéristiques) peuvent être qualifiées de “dérekh eretz”. Je voudrais parler de l'une d'entre elles : le hakarath hatov (la gratitude). Nous avons l'obligation spécifique de reconnaître et d'exprimer la gratitude pour tout ce que l'on nous fait de bien. Cependant, il existe de nos jours une certaine tendance à négliger cette mitswa. Par conséquent, je voudrais essayer d'expliquer la portée du hakarath hatov et dans quelle mesure nous devons exprimer notre gratitude.    
 
L'explication de la mitswa du “kivoud av ve-eim” (le respect qu'on doit à nos parents) permet de mieux saisir l'étendue véritable du hakarath hatov. Le sens commun nous dicte que nous sommes obligés d'honorer nos parents. Ils font tant pour nous… C'est la seule manière appropriée de reconnaître leur bonté et d'établir avec eux un rapport qui est basé sur le respect.  
 
Le Sefer Ha'hinoukh (mitswa 33) donne une explication encore plus profonde de cette mitswa. Selon le Sefer Ha'hinoukh : 'La racine de la mitswa d'honorer nos parents se trouve dans le concept selon lequel une personne est en droit de faire savoir qui lui a fait du bien et qu'elle est obligée de montrer un certain respect envers la personne qui a été bonne pour elle. Nous ne devrions pas agir comme une personne ingrate, en gardant nos distances et en n'étant pas reconnaissants.
 
Ceci est un mauvais trait de caractère et qui déplait à la fois à Hachem et à l'homme. Nous devrions nous rappeler que nous devons notre existence à nos parents. Ils nous ont mis au monde et durant nos jeunes années, ils se sont donné beaucoup de mal pour notre bien. Par conséquent, il est juste que nous honorions nos parents et que nous leur montrions de toutes les manières possibles.
 
Le Sefer Ha'hinoukh continue ainsi : 'En instillant ce trait de caractère en nous – et en faisant en sorte qu'il soit intégré d'une façon parfaite à notre caractère – nous nous élevons et nous reconnaissons la bonté d'Hachem. De la sorte, nous admettons, qu'Il est la cause première de notre existence. Nous réaliserons ainsi qu'Hachem nous a créés dans ce monde, nous a procuré tout ce dont nous avons besoin… Car si Hachem ne nous avait pas dotés d'une nefech (âme) nous serions comme un cheval ou une mule, sans intelligence.
 
Par conséquent, il est important que chaque personne réfléchisse attentivement de quelle manière appropriée elle peut servir Hachem du mieux qu'elle peut.'
 
Nous comprenons du Sefer Ha'hinoukh que servir Hachem et faire Sa Volonté est enraciné dans le hakarath hatov, l'obligation d'exprimer notre gratitude. Le simple fait que nous sommes vivants et capables de fonctionner, signifie que nous sommes obligés de suivre la volonté d' Hachem.
 
Un midrach bien connu explique jusqu'à quel point nous avons l'obligation d'exprimer notre hakarath hatov. Lorsqu'Hachem ordonna à Moché (Moïse) d'aller libérer le peuple juif en Égypte, Moché passa sept jours à essayer d'éviter d'avoir à accomplir sa mission. Finalement, après avoir accepté la mission, la Tora nous apprend que : "Moché retourna chez Yéter – chez son beau-père – pour lui dire : 'Je voudrais partir afin de retourner près de mes frères qui sont en Égypte pour constater s'ils vivent encore.' (Chemoth 4:18).     
           
Ainsi, avant de réaliser le commandement d'Hachem de libérer le peuple juif, Moché est allé demander la permission à son beau-père, Yéter-Jéthro ! Le midrach (Chemoth Raba 4:2) explique que lorsqu'Hachem a dit à Moché qu'il serait envoyé chez Pharaon pour libérer le peuple juif, Moché a répondu : "Je ne peux accepter (immédiatement) car Jéthro a ouvert sa maison pour moi. Je suis comme un fils pour lui."
 
Moché dit à Hachem qu'il ne pouvait pas aller en Égypte avant de demander la permission à son beau-père. Moché prononça ces mots en réalisant que s'il n'acceptait pas la mission divine, la délivrance du peuple juif serait retardée, comme il est dit dans le midrach : "Rabbi Éléazar a dit : 'Si tu ne les libère pas, personne d'autre le fera'."
 
En dépit des conséquences, Moché comprit qu'il était obligé d'exprimer le hakarath hatov envers Jéthro pour l'avoir fait entrer dans sa maison et l'avoir mis à l'abri du besoin.
 
Le midrach continue avec un autre exemple de hakarath hatov. Lorsque le prophète Éliyahou (Élijah) se trouvait dans la maison de la veuve Tzorfis, le fils de celle dernière mourut. Éliyahou implora Hachem : "Comment puis-je vivre, sachant que le fils devrait mourir après que cette femme fit tellement de 'hessed (bonté) pour moi ?" Hachem tint compte de la prière d'Éliyahou et renvoya l'âme de l'enfant dans ce monde. Éliyahou redonna littéralement la vie à l'enfant. Il existe un incident similaire avec Élicha qui rendit la vie au fils de son hôte.
 
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Lorsqu'on comprend l'importance d'exprimer notre gratitude envers Hachem,  nos parents, nos maîtres (et également envers le caissier de notre épicerie locale, le postier du quartier…) nous pouvons enseigner à nos enfants l'importance de nous respecter. Dans mon livre “Précieux Diamants”, j'ai écrit qu'en respectant les parents, les enfants apprennent à respecter Hachem, comme la Guemara l'affirme : “Lorsque les enfants honorent leurs parents, Hachem considère qu'Il réside Lui-même avec les parents et qu'Il reçoit Lui-même l'honneur des enfants."
 
De quelle façon enseignons-nous à nos enfants à nous honorer et à nous respecter ? Tout d'abord, en attendant d'eux qu'ils nous honorent et nous respectent ! Lorsque notre petit garçon de deux ans jette ses Légo partout dans le salon (et qu'il n'est pas trop capricieux ou éreinté) nous pouvons lui dire : "Et si on aidait maman à nettoyer ?" et le complimenter profusément pour chaque pièce de Légo qu'il remet à sa place, en disant par exemple : "Quel grand garçon es-tu ! Tu as fait une mitswa aujourd'hui – la mitswa de kiboud av ve-eim, honorer tes parents."
 
Nous pouvons – et devrions –  attendre de nos enfants qu'ils nous servent.    
 
Un des anciens élèves de mon père lui demanda : "Quelle est la première chose que mon fils devrait faire lorsqu'il devient Bar-Mitswa ?" Mon père a répondu : "Assois-toi avec ta femme à ta table et laisse ton fils vous servir tous les deux !"
 
La Tora nous commande de respecter tous nos anciens, comme il est écrit : "Souviens-toi des jours antiques, médite les annales de chaque siècle ; interroge ton père, il te l'apprendra, tes vieillards, ils te le diront !" (Deutéronome 32:7).
 
Il arriva que le grand Roch Yéchiva – le rabbin Ya'aqov Kamenetzky z.ts.l., voyage vers Israël avec son petit-fils. Un scientifique réputé fut surpris par le respect et l'honneur que le petit-fils du rabbin Kamenetzky manifestait à l'attention de son grand-père. Il dit au rabbin Kamenetzky : "Je suis stupéfait par la manière dont votre petit-fils s'occupe de vous ! Chez nous, les enfants sont constamment en demande et les parents essayent de satisfaire les demandes infinies de leurs enfants."   
 
Le rabbin Kamenetzky répondit : "Je ne suis pas étonné. Vous croyez que l'homme descend du singe. Par conséquent – pour vous – les générations précédentes sont plus proches du singe que la jeune génération. Nous, cependant, croyons que la génération qui a reçu la Tora au Mont Sinaï fut la plus grande génération. Chaque génération est plus éloignée de ce passé glorieux et la génération précédente est un lien à notre héritage illustre. Aussi, c'est tout naturel que les enfants respectent l'ancienne génération."    
 
La Tora nous enseigne qu'il faut respecter tous les anciens – juifs et non-juifs – à cause de la sagesse qu'ils ont acquise au fil des années. En respectant  nos aînés et en leur demandant leur conseil, nous profiterons de leur expérience. Par conséquent, ce sont nos vies qui s'en trouvent énormément enrichies.
 
Quelle est l'autre manière d'instiller nos enfants avec le désir d'honorer leurs parents ? En leur racontant des histoires !     
 
Quand j'avais à peu près dix ans, j'accompagnais mon père un certain Chabath après-midi pour visiter mon grand-père à l'hôpital. Nous rencontrâmes une connaissance de mon père. Cette personne nous dit qu'elle consacrait habituellement ses Chabath après-midi à visiter les patients dans les hôpitaux. Lorsqu'on mon père lui demanda pourquoi elle y allait chaque Chabath, elle expliqua : "Quand j'irai au ciel – après cent vingt ans – je veux pouvoir dire que j'ai essayé de faire au moins une mitswa au mieux de ma compétence."
   
C'est à partir de ce jour-là que j'ai décidé de faire la mitswa de kiboud av v'eim du mieux que je pouvais ! Je devins une fille modèle. Mes parents travaillaient dur pour élever notre grande famille et je voulais faire ma part. Après le repas de Chabath, je mettais la table pour le repas suivant. À chaque fois que cela était possible, j'aidais ma mère à donner à manger à mes jeunes frères et soeurs.   
 
Il y avait cinq enfants d'âge préscolaire à la maison. Chaque matin, ma mère mélangeait cinq tranches de pain, cinq oeufs, un petit peu de germe de blé et du sel. Je faisais manger chaque enfant à la cuillère et pendant que le dernier avalait, je me tournais vers le premier pour lui donner une cuillerée. Avant que ma soeur et moi partions pour l'école, nous nous débrouillions à habiller et donner à manger aux cinq enfants !  
 
Mes amies allaient à la piscine les vendredi après-midi. Quand je demandais à ma mère si je pouvais aller les rejoindre, elle répondait : "Tu ne seras pas récompensée dans le Monde à venir pour être aller nager la veille de Chabath, mais tu seras récompensée pour aider ta mère à préparer Chabath." Ces mots étaient dits avec tant d'amour et de respect que je sentais que je recevais beaucoup plus que ce que je laissais en n'allant pas à la piscine.  
 
J'ai de tendres souvenirs de coups de téléphone à mes grands-parents les vendredi après-midi pour leur souhaiter un "Chabath Chalom", ainsi que des  plats que ma mère cuisinait afin que mon père les leur amène le vendredi matin.
 
En conclusion
 
De quelle façon enseignons-nous à nos enfants d'honorer et de respecter leurs parents ?
 
· En réalisant l'importance du hakarat hatov et en exprimant notre propre hakarath hatov envers les gens qui nous ont aidés.
 
· En attendant de nos enfants qu'ils nous respectent.
 
· En donnant à nos enfants les occasions d'exprimer leurs respect et en leur montrant que l'on apprécie.
 
· En soulignant à nos enfants que c'est une mitswa d'honorer leurs parents.
 
· En racontant à nos enfants des histoires sur d'autres juifs qui ont honoré leurs parents
 
Lorsque mes enfants étaient petits, je leur enseignais qu'à chaque fois qu'ils faisaient une mitswa, Hachem était entrain d'ajouter une nouvelle brique à la construction du futur Beth HaMiqdach (le Temple) et que lorsqu'il serait terminé, Hachem le présenterait au monde.
 
Avec l'aide d'Hachem, puissions-nous mériter d'élever les enfants qui rajouteront les dernières briques qui complèteront le troisième Beth HaMiqdach.  

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