Vivre avec la Révélation

La démarche intellectuelle est claire et : les principes du monothéisme sont ancrés dans la conception juive ...

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David-Yits'haq Trauttman

Posté sur 06.04.21

Nous vous conseillons de lire l'introduction à cette série d'articles qui décrit la pensée du Rav Elie Benamozegh.
 
Si le D-ieu d'Israël est Un, nous devons également admettre qu'Il est Unique. En cela, nous reconnaissons que Ses Attributs ne peuvent être partagés par aucune autre entité, humaine ou divine. Avant d'exposer les Attributs principaux de D-ieu, il nous semble important de revenir sur l'idée que nous avons abordée précédemment : l'apparition du monothéisme en relation avec le peuple d'Israël.
 
L'unité de D-ieu est apparue avec le peuple d'Israël. Cela ne va pas de soi. Israël aurait pu errer dans les méandres du polythéisme avant de se faire une raison et d'adopter les principes fondamentaux d'un dieu unique. Après tout, existe-t-il un autre peuple dans le monde qui n'a jamais cru à un moment ou à un autre de son histoire à une multitude de dieux ? Cependant, contrairement aux autres peuples – alexandrin, grec… – les hébreux ne se sont jamais interrogés sur l'éventuelle validité du polythéisme.
 
Les juifs sont nés grâce, avec et uniquement par le monothéisme. À aucun moment de leur histoire, les juifs ont prêté voix à une croyance en des dieux multiples. Certes, le peuple hébreu n'a pas toujours fait preuve de fermeté dans sa croyance en D-ieu. Cependant, il s'agissait chaque fois d'abandonner D-ieu pour prendre des chemins différents plutôt que d'associer le Créateur à un autre dieu.
 
Le fameux épisode du veau d'or (Éxode 32-33) ne peut même pas être cité comme exemple d'un abandonnement de D-ieu : il s'agissait plutôt d'installer un “intermédiaire” entre D-ieu et les juifs après que ces derniers pensaient à tort que Moché (Moïse) venait de mourir.
 
Ce rapport unique entre le peuple juif et Hachem, entre l'unité absolue de D-ieu et des hébreux, s'explique par l'acceptation du concept de la Révélation. Tandis que les autres peuples allaient découvrir ce concept bien plus tard, les juifs le firent leur immédiatement. La Révélation – i.e. la conviction d'avoir été les témoins d'un Évènement divin – ne peut être séparée de l'histoire du peuple juif.
 
Si certains relativisent ou cherchent à modifier le cours des choses, c'est sans doute pour arranger à leur aise une situation donnée, mais certainement pas par logique ou intelligence. La Révélation ne peut pas faire l'objet de transactions intellectuelles. Le Divin ne saurait se prêter au jeu mesquin de ceux qu'il dérange.
 
Si la Révélation doit être admise comme une évidence naturelle, on ne saurait nous rétorquer que l'intelligence humaine ne peut s'en contenter. Le rationalisme – fer de lance du siècle des Lumières – a amené le monde dans l'état dans lequel il se trouve aujourd'hui. Après deux siècles de nettoyage spirituel, les rationalistes devraient être fiers de vivre dans un monde qu'ils ont désiré de toute leur force. Qu'en est-il ?
 
Un monde où les femmes ne peuvent le plus souvent s'aventurer dans les rues dès le petit soir venu ; une violence urbaine qui atteint des sommets ; la drogue, les viols et autres crimes qui font partie de notre quotidien. La raison humaine l'a emporté : l'homme se comporte de plus en plus comme il le désire ! Le résultat est honteux, dangereux et ne peut qu'empirer.
 
Mettre la Révélation au cœur de sa vie, c'est rendre hommage avant tout à Celui qui nous a créés. Cela s'accomplit en faisant du Créateur le centre d'intérêt principal dans nos vies. La démarche intellectuelle est claire et ne permet aucun dérapage : les principes du monothéisme sont ancrés dans la conception juive de la Divinité et le respect de ces principes nous permet d'amoindrir les violences autrement inhérentes au comportement du genre humain.
 
La différence est de taille : ne pas voler parce que la loi l'interdit est certainement une attitude positive, jusqu'au moment où l'on pense que… la police ne pourra pas nous prendre la main dans le sac ! D'autre part, ne pas voler parce que D-ieu nous l'a dit, ôte toute possibilité d'aléas.
 
Après ce bref détour vers le monothéisme, venons-en aux Attributs spécifiques de D-ieu. Notre exposé ne sera pas une liste de vœux pieux ; chaque proposition sera appuyée par sa source biblique. 
 
D-ieu est Unique
 
Nous l'avons déjà dit, l'Unicité d'Hachem ne peut être réellement comprise par l'entendement humain. Il nous suffit de dire que le Créateur ne possède pas de semblable dans l'univers et qu'Il est Seul au “poste de contrôle.” Si D-ieu est Unique, cela n'est pas nouveau : “Avant Moi nul dieu n'a existé et après Moi, il n'y en aura point” (Isaïe 43 : 10). D-ieu est Jaloux et dans ce domaine, point de concurrence à envisager. “Je suis le Premier, Je suis le Dernier, hors Moi point de dieu.” (Isaïe 44 : 6).
 
Le monde nous a été légué par son Créateur ; il semble normal que Celui-ci nous informe de Sa nature spécifique. Il est certes possible de croire en d'autres dieux : après tout, l'homme n'est-il pas doté du libre arbitre ? Cependant, qu'on ne prétende pas que cela puisse se faire avec l'approbation de D-ieu.  
 
D-ieu est Éternel
 
Nous en sommes tous les victimes : le temps qui passe laisse des séquelles. Il est certes possible d'utiliser le temps à notre avantage en augmentant notre sagesse, en cernant avec plus de facilité ce qui est réellement important dans la vie… mais un fait ne peut être nié : le temps nous change. Cette notion est étrangère à D-ieu. “Tu restes toujours le même et Tes années ne prendront pas fin.” (Psaumes 102:28). Cet attribut possède deux aspects.
 
Selon le premier, nous devons comprendre que D-ieu contrôle le temps et non l'inverse. Si le temps est compté pour tous, D-ieu n'est pas soumis à cet aspect de la nature. D'autre part, si le temps nous modifie, en bien ou en mal selon les personnes, D-ieu n'utilise pas ce dernier pour changer. L'éternité dont il s'agit signifie que le temps n'existe par sur la nature intrinsèque d'Hachem. On comprend la raison pour laquelle cet attribut ne peut être partagé par l'homme.  
 
D-ieu est Infini
 
L'omniprésence divine est la garantie que D-ieu se trouve dans tous les endroits du monde. Ainsi, lorsqu'une personne pense avoir chutée spirituellement, qu'elle se trouve seule au monde et qu'Hachem l'a abandonnée, elle doit réaliser en fait que D-ieu se trouve à ses côtés, peu importe où elle se trouve. De fait, il n'existe aucune action qui rompt d'une façon définitive notre rapport avec le Créateur. Cela ne signifie pas que réparer nos fautes est toujours une chose aisée ; à la gravité de la faute, correspond la difficulté du rapprochement subséquent.
 
Cependant, le désespoir ne saurait prendre le dessus. De la même façon que D-ieu a créé l'homme, c'est Lui qui peut le sauver. Il suffit que le pécheur désire se rapprocher d'Hachem pour que cela soit possible. De tout temps, en tout lieu. D-ieu est infini, il ne saurait exister un lieu – une faute – qui soit un obstacle insurmontable pour Lui : “Je remplis le ciel et la terre.” (Jérémie 23:24). Si notre vie dans ce monde n'est pas toujours facile, il nous suffit de ne pas oublier ce que nous dit D-ieu : “Toute la terre est pleine de [Ma] gloire.” (Isaïe 6:1).
 
D-ieu est Absolu
 
L'existence du monde est une Volonté divine et il se maintient uniquement parce que son Créateur le désire. Vivre sans faire référence à D-ieu – d'une façon ou d'une autre – ôte à l'être humain son unique raison d'exister. La question n'est donc pas de savoir si l'on peut vivre sans D-ieu, mais plutôt d'étudier la façon d'incorporer le Divin en nous, dans notre vie quotidienne. Cette réflexion ne concerne pas seulement le peuple juif. Hachem a créé le monde pour que l'ensemble du genre humain puisse y vivre et il revient à ce dernier de savoir agir dans le but de montrer sa reconnaissance. “Je suis qui Je suis.” (Éxode 3:14).
 
Cela signifie que D-ieu ne peut se définir de la façon dont on défini un homme ou une femme. Si pour ces derniers il existe des variations temporelles – dont la première est l'existence même – l'Absolu de D-ieu Le rend obligatoire. De fait, la Création est une conséquence de l'existence nécessaire de D-ieu : le monde a une origine et sans son Créateur, il ne peut y avoir de monde.
 
Nous comprenons la raison pour laquelle tous ces attributs excluent la présence d'un autre dieu. Être unique, éternel, infini et absolu ne laisse aucune place à une autre existence divine. Cet aspect est à l'origine de l'interdiction de représenter D-ieu en image. Cette dernière est forcément limitée, concept opposé à D-ieu. Le fini s'oppose à l'infini. Dans le judaïsme, ces notions doivent être comprises et intégrées dans l'inconscient de la personne. Rien ne sert à dire : “Je crois en D-ieu” et de penser en même temps qu'Hachem doit se plier à notre volonté, notre désir.
 
Penserions-nous de la sorte face à un roi de chair et d'os ? Si le pouvoir royal humain ne connaît presqu'aucune limite, il n'y a pas de difficulté à comprendre que le Pouvoir royal divin est sans limites. En terme kabbalistique, un des Noms de D-ieu est celui de “Ein Sof ” (“Sans fin”). Son pouvoir est sans fin, seule notre volonté de nous en rapprocher est limitée.
 
Concluons ce bref aperçu des Attributs divins. Le doute ne peut persister : D-ieu est Un et Unique. Son existence a précédé la formation du peuple juif et même si ce dernier n'a pas toujours fait preuve d'une fidélité irréprochable, il ne s'est jamais détourné complètement de son Créateur. Le D-ieu Un fait partie intégrante de la conviction juive et toute tentative qui dévie de ce principe ne respecte pas les Écritures saintes. Les conséquences de l'existence du D-ieu Un est de concerner tout être vivant qui vit dans ce monde.
 
Chacun à sa façon, juif et non juif, nous devons tous prendre conscience de cette existence et nous demander ce que D-ieu attend de nous. Cette réflexion doit s'encadrer dans une lecture authentique de la Bible, la sainte Tora, sans chercher à vouloir faire dire à la Parole divine ce que nous aimerions forcément entendre. Si nous cherchons la vérité – unique et absolue – nous trouverons alors D-ieu à sa racine.
 
À suivre…   

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