La morale de la paracha – Choftim

Il arrive que la faute involontaire ne soit qu’un déguisement de la faute volontaire, quelqu’un sait qu’il a fauté délibérément mais le fait passer pour une faute involontaire.

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la rédaction de Breslev Israël

Posté sur 06.04.21

La fierté et la grandeur à celui qui fait vivre les mondes

“Pour que son cœur ne s’élève pas au-dessus de ses frères” (Deutéronome 17:20).
 
La Tora fait ici allusion à l’interdiction de l’orgueil, car le verset interdit au roi l’orgueil et la vanité, et à plus forte raison aux autres qui n’en sont pas dignes (Ramban).
 
Personne ne serait capable de tenir ce discours à propos du roi : “Pour que son cœur ne s’élève pas au-dessus de ses frères”, en étant roi, souverain sur eux, se sentir l’égal de tous ? Comment est-ce possible ? Et pourquoi ? Le roi est bel et bien au-dessus de tout le monde !
 
Le Ramban donne une réponse à cela : “L’orgueil est un défaut méprisable et détesté de D. même chez le roi, car à Hachem est la grandeur et la hauteur, à Lui seul la louange, et c’est en Lui que l’homme se glorifie.” La royauté et la puissance ne sont qu’empruntées chez l’homme, car la grandeur et la hauteur sont à Hachem. C’est Lui qui fait les rois et la royauté est à Lui, Il appauvrit et enrichit, fait descendre aux abîmes ou remonter, élève les humbles jusqu’aux cieux et abaisse les orgueilleux jusqu’à terre. Il n’est pas possible de croire en cela et de s’enorgueillir. L’orgueil représente plutôt une bassesse morale. Il témoigne de l’absence de foi dans le fait que tout n’est qu’emprunté temporairement, comme s’il pouvait exister un sentiment d’indépendance.
 
L’orgueilleux, disent les Sages, repousse les pieds de la Chekhina, parce qu’il se proclame lui-même comme quelqu’un qui n’a pas besoin de la Chekhina. S’il n’était pas imprégné de ce sentiment, il ne s’enorgueillirait pas.
 
Mais il y a une raison supplémentaire qui est comprise dans les paroles du Ramban : “L’homme doit s’enorgueillir en Lui, ainsi qu’il est écrit : mais en cela doit se glorifier celui qui se glorifie, avoir l’intelligence de Me connaître.” Celui dont la préoccupation centrale est d’“avoir l’intelligence de Me connaître” ne trouvera aucune raison de sentir une quelconque supériorité dans un autre domaine, secondaire par rapport au principal, pas même la royauté. C’est pourquoi il est aussi exigé d’un roi que “son cœur soit humble comme celui de tous ses frères plus petits que lui.”
 
En effet, il est interdit que la royauté occupe une place d’une importance telle qu’elle justifie l’orgueil. C’est interdit, parce que cela est en contradiction avec les racines de la foi. Il ne faut pas oublier que tout est secondaire par rapport au grand essentiel d’“avoir l’intelligence de Me connaître.” Envers ce sujet seulement on peut développer de l’appréciation et de la jalousie. Tout le reste, quoi que ce soit, est fait de choses empruntées, temporaires et secondaires, et celui qui les couronne d’une auréole ou qui développe de la jalousie et de l’espoir envers elles s’enfonce dans l’erreur et manque le but. (Cha’aré Tora)
 
La perle du Rav – Tu auras un jugement droit
 
“Des juges et des gardiens tu institueras dans toutes tes portes… et ils jugeront le peuple selon la justice.” (Deutéronome 16:18).
 
On peut dire qu’ici, en écrivant ensemble les juges et les gardiens, la Tora fait une allusion au fait qu’il faut veiller à ce que les gardiens soient exactement comme des juges et se conduisent dans la droiture et la justice, car il faut nommer des gardiens et craindre les juges, mais les gardiens eux-mêmes doivent être comme des juges et faire leur travail avec droiture. En effet, sur eux aussi il est dit “ils jugeront.”
 
“Tu institueras dans toutes tes portes”, au singulier, signifie que chacun des enfants d'Israël doit écouter leurs directives, et que tout homme d’Israël doit aider les gardiens et les juges. Si quelqu’un est puni, on doit sentir que tout le monde est puni, ainsi les juges et les gardiens s’aident les uns les autres, car alors tout le monde fait attention à ce qu’il n’y ait rien à redire chez les enfants d'Israël, et à ce qu’on n’ait pas besoin d’en arriver à un jugement. Il est dit dans la suite de la paracha : “tout le peuple entendra et craindra et ne fautera plus délibérément.” En effet, il arrive que la faute involontaire ne soit qu’un déguisement de la faute volontaire, c’est-à-dire que quelqu’un sait qu’il a fauté délibérément mais le fait passer pour une faute involontaire. Il y a là une mise en garde qu’on n’en arrive pas à une telle pensée de faute volontaire.
 
La confiance dans les Sages
 
“Tu ne te détourneras pas de ce qu’ils t’enseigneront ni à droite ni à gauche” (Deutéronome 17:11).
 
Même s’il te dit de la droite que c’est la gauche et de la gauche que c’est la droite, et à plus forte raison quand il te dit de la droite que c’est la droite et de la gauche que c’est la gauche (Rachi).
 
Voici le sens direct de ce que dit Rachi : Même si tu as l’impression qu’il te dit de la droite que c’est la gauche et de la gauche que c’est la droite, même alors tu dois lui obéir, et à plus forte raison quand c’est toi qui te trompes et qu’il n’en est pas du tout ainsi, mais qu’il te dit de la droite est la droite et la gauche est la gauche. Les paroles des Sages correspondent toujours à la vérité, tu as seulement l’impression que c’est le contraire. Ton intelligence, qui est loin de celle de la Tora, te fait croire qu’ils se trompent. (D’après le Ramban).
 
Une prise de conscience
 
“Tout le peuple écoutera, verra et ne pèchera plus délibérément” (Deutéronome 17:13).
 
Voyons combien est grande la force cachée dans une seule mise en garde de “Tout le peuple écoutera, verra et ne pèchera plus délibérément.” Les Sages disent que le Sanhédrin qui condamnait un homme à mort une fois en soixante-dix ans s’appelait “un tribunal meurtrier.” Par conséquent, il est rare que quelqu’un soit mis à mort par le tribunal, et la Tora dit que cela suffit pour mettre dans le peuple la crainte de la faute. Si nous trouvons que dans la réalité il n’y a pas eu beaucoup de gens passibles de mort, mais un tous les soixante-dix ans ou plus, il s’ensuit nécessairement qu’une seule condamnation à mort par le tribunal a la force de retenir les gens pendant de longues années. Telle est la signification pratique de “Tout le peuple entendra, verra et ne pèchera plus délibérément.”
 
Par conséquent, un tel événement, que quelqu’un soit condamné à mort, doit susciter une prise de conscience qui ait la force d’éveiller la crainte chez un peuple entier. Or à notre époque, nous sommes témoins du fait que le sang de beaucoup des meilleurs du peuple d’Israël est versé. Combien cela devrait nous faire sortir de la sérénité de la vie, et quel résultat puissant tout cela devrait avoir pour nous éveiller ! Mais notre cœur est devenu de pierre, au point de ne pas ressentir combien nous devons trembler et redouter. (Rabbi Aharon Baksht zatsal).
 
Un roi, pour quoi faire ?
 
“Tu mettras sur toi un roi qu’aura choisi Hachem ton D. parmi tes frères, tu le feras roi sur toi, tu ne pourras pas mettre sur toi un étranger qui ne soit pas ton frère” (Deutéronome 17:15).
 
Quelle est la différence entre la royauté en Israël et la royauté chez les autres peuples ? Chez les nations du monde, toute la raison de la royauté est de représenter le peuple et de mener ses guerres, alors que pour les enfants d'Israël qui doivent faire confiance à Hachem pour les sauver, ce n’est pas du tout l’essentiel. Quand les dirigeants menaient le peuple dans la voie de la Tora, la providence d'Hachem les sauvait de leurs ennemis. Mais tout le but de la royauté est en vérité de bien affermir la religion.
 
D’après cela, on peut expliquer ainsi le verset “quand tu viendras dans le pays… et tu diras je vais mettre sur moi un roi comme tous les peuples”, à savoir un roi qui fasse la guerre, à ce propos le verset t’enseigne : “tu mettras sur toi un roi qu’aura choisi Hachem ton D.”, tu dois choisir justement l’élu d'Hachem, car le roi d’Israël n’est pas comme les rois des nations. C’est aussi pourquoi “parmi tes frères tu le feras roi sur toi”, bien qu’en ce qui concerne les guerres un étranger puisse aussi être très doué, toi, “tu ne pourras pas mettre sur toi un étranger qui ne soit pas ton frère”, car pour Israël l’essentiel de cette nomination est l’observance de la Tora et des mitswoth. C’est pour cela que l’expression précise est “tu mettras” et non “tu élèveras” ou “tu nommeras.” Mais tu mettras (tassim), ce qui évoque le mot “sam” (breuvage puissant), car la mitswa de nommer un roi est telle que si ceux qui le demandent le font pour l’amour du Ciel, pour qu’il établisse solidement la religion, alors il sera pour eux comme un élixir de paix (sam ‘haïm), mais dans le cas contraire, si leur intention est seulement qu’il les dirige dans les guerres, alors il deviendra pour eux un tyran. (Rabbi Eliezer Schulwitz).
 
Il n’y a pas d’ordre chronologique
 
“Qui est l’homme qui a construit une maison neuve, qui est l’homme qui a planté une vigne et ne l’a pas étrennée, et qui est l’homme qui s’est fiancé avec une femme” (Deutéronome 20:7).
 
Le Rambam (ch. 5 des Hilkhoth De'oth, halakha 11) dit : “Au début, l’homme se fixera un travail qui lui fasse gagner sa vie, ensuite il achètera une maison pour habiter, et ensuite il épousera une femme, ainsi qu’il est dit : 'qui est l’homme qui a planté une vigne et ne l’a pas étrennée, qui est l’homme qui a construit une maison neuve et ne l’a pas inaugurée, qui est l’homme qui s’est fiancé avec une femme et ne l’a pas épousée.'" Ceci est extrêmement surprenant, puisque dans la Tora il est dit “maison” avant “vigne”, pour quelle raison le Rambam fait-il passer la “vigne” avant la “maison” : peut-être est-ce pour apporter une preuve que l’homme doit d’abord chercher un gagne-pain et ensuite construire une maison ?
 
Le ‘Hatam Sofer l’a parfaitement expliqué en disant: que lorsque la Tora dit “qui a planté une vigne et ne l’a pas étrennée”, cela veut dire que le moment est déjà arrivé de l’étrenner et qu’il ne l’a pas encore fait. Or le moment des premiers fruits est quatre ans après la plantation de la vigne, comme le dit le verset : “la quatrième année, tous ses fruits seront sacrés, consacrés à Hachem” (Vayiqra 19:24), par conséquent bien qu’il soit question de la maison au début, en réalité la vigne avait été plantée d’abord, car quatre ans sont déjà passés depuis, et le moment de l’inauguration est déjà venu (Responsa du ‘Hatam Sofer).
 
La force du dirigeant
 
“Le bras, les joues et les entrailles” (Deutéronome 18: 3).
 
Cela signifie que le Cohen qui va servir devant le peuple et qui décidera de tous les conflits et de toutes les plaies pour enseigner au peuple d'Hachem les voies d'Hachem doit avoir trois qualités pour pouvoir les diriger dans les voies de la Tora et de la crainte du Ciel.
 
La première, un bras fort et étendu, pour mener les guerres d'Hachem en temps de nécessité contre les destructeurs, c’est “le bras”, ce qui correspond à “il prit une lance dans la main.” La deuxième, c’est le don de la parole, “le miel et le lait sont sous sa langue”, pour attirer les gens par ses paroles, la vie dépend de la langue. Cela comprend également qu’il sache prier pour les besoins des enfants d'Israël, et ce sont “les joues”, qui correspondent à “Pin’has se leva et pria.” Et la troisième, qu’il soit entièrement droit, qu’il ne pense pas une chose en en disant une autre, et cela correspond aux “entrailles” que reçoit le Cohen. (Atéret Paz).
 
 
Extrait de “La voie à suivre”, reproduit avec l'aimable autorisation des Institutions Hevrat Pinto.
 

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