Le Ben Ich ‘Haï – Ki Tétsé

La maison de Rabbi Yossef ‘Haïm à Bagdad était devenue un phare. On lui envoyait des lettres de tous les coins du monde, de Singapour et de Bombay, d’Iran et des environs...

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la rédaction de Breslev Israël

Posté sur 06.04.21

Tes yeux verront tes maîtres : le Ben Ich 'Haï

Jetons un rapide coup d’œil rapide sur l’œuvre de Rabbi Yossef ‘Haïm de Bagdad, que son mérite nous protège, auteur du livre Ben Ich ‘Haï, en l’honneur du jour de sa hilloula (13 eloul).
 
La production littéraire abondante du “Reich Galouta DeBavel” (“Le dirigeant des communautés juives en exil à Babylone”, Irak), Rabbénou Yossef ‘Haïm, a émerveillé bon nombre de grands d’Israël, de l’Orient à l’Occident, au point que le gaon et kabbaliste Rabbi Yéhouda Petaya zatsal a témoigné sur lui : “L’âme de Rabbi Yossef ‘Haïm aurait mérité de venir au monde à l’époque des Anciens. Mais du Ciel on a eu pitié de nous et il a été envoyé à notre époque, pour qu’il abreuve le monde et ses habitants des eaux de sa Tora.”
 
Le gaon Rabbi Ya’aqov David de Slotzk, le Radbaz zatsal, qui habitait à la fin de sa vie dans la ville de Tsfat en Israël, a écrit qu’“une odeur de sainteté et de pureté s’élève des livres du Reich Galouta DeBavel, et quiconque les étudie s’en aperçoit…”
 
Ses œuvres ne se limitent pas à un domaine donné. Elles s’étendent sur la Tora écrite, qu’il commente dans beaucoup de ses ouvrages, plus de soixante, dont la plupart ont été imprimés et publiés ces dernières années, et qui constituent des bases pour la halakha, le mous­sar, la kabbale et les commentaires, pour les Sages des Séfarades dans les dernières générations. De plus, son œuvre concerne également la Tora orale, grâce à ses merveilleuses homélies qui sortaient du cœur et rentraient dans le cœur, et qui vont de la halakha à l'aggada, par le commentaire, l’allusion ou la kabbale.
 
C’est une fusion qui s’exprime souvent dans son célèbre ouvrage, aimé de toutes les couches de la communauté en Eretz Israël et ailleurs : le “Ben Ich ‘Haï.”
 
Réfléchissons !
 
La maison de Rabbi Yossef ‘Haïm à Bagdad était devenue un phare. On lui envoyait des lettres de tous les coins du monde, de Singapour et de Bombay, d’Iran et des environs, des villes d’Azerbaïdjan et du Kurdistan, de Vilna et de Tunis, de Jérusalem et de Tsfat. Ces lettres traitaient de questions d’actualité, dans tous les domaines de la vie, en halakha et en aggada, dans la Tora dévoilée ou voilée, ou même dans les sciences exactes compliquées.
 
Par exemple, on l’a interrogé sur l’existence du gan Eden inférieur (le Jardin du Paradis inférieur), car des savants avaient fait le tour, disaient-ils, de tout le globe terrestre, sans avoir trouvé quoi que ce soit qui ressemble au gan Eden… Il répondit à cela : “Vous pensez que les savants ont fait le tour de toutes les terres et de toutes les mers du globe terrestre, exactement comme ils le prétendent, et ont vu de leurs yeux tout endroit qui se trouve sur le globe. Ce n’est pas exact, car en réalité il est clair et évident qu’ils ne sont pas allés jusqu’aux confins du sud, ni jusqu’aux confins du nord. En effet, il est impossible à l’homme de trop s’éloigner de l’équateur à cause du froid, que personne ne peut supporter. Ils ne sont pas allés non plus aux confins de l’orient et de l’occident. Mais admettons qu’ils aient dessiné le globe terrestre, ils n’ont pas vu et ne sont pas allés au-delà de dix degrés solaires aux pôles nord et sud, que ce soit sur terre ou par mer…”
 
“De plus, ils n’ont pas foulé non plus les confins de l’orient et de l’occident, et n’en connaissent pas les proportions. Si l’on veut avoir des mesures du globe terrestre, tout cela est construit sur des hypothèses intellectuelles et des assemblages, à partir du peu qu’ils ont vu de leurs yeux. Un homme intelligent comprendra de lui-même que toutes ces hypothèses, bien qu’elles paraissent claires comme le soleil, risquent d’être contredites, et il se peut que se lève quelqu’un de savant qui découvre quelque chose de nouveau qui fasse écrouler toute cette construction.”
 
Parce que le Rav lui a fait un clin d’œil
 
Dans sa grande intelligence et sa vivacité d’esprit, Rabbi Yossef ‘Haïm a émis des décrets de vérité d’une grande exactitude. Ces décrets et d’autres ont été publiés dans “‘Hasdé Avoth”, sans le nom du dayan. Mais d’après le témoignage de son élève le gaon Rabbi Ben Tsion ‘Hazan, il est arrivé des aventures à Rabbi Yossef ‘Haïm dans son Tribunal, et dans sa grande humilité il a omis son nom.Voici l’une de ces histoires :
 
Une pièce d'or pour deux propriétaires
 
Il arriva qu'une personne qui marchait dans la rue vit une pièce d’or qui roulait par terre et l’a prise. Mais en face de lui venait quelqu’un d’autre ; cette personne vit celle qui avait prit la pièce et objecta : “La pièce que vous avez ramassée est à moi, elle vient de tomber de ma poche.” Ceci n'était pas de l'avis du premier qui nia en disant : “Ce n’est pas vous qui l’avez perdue mais quelqu’un d’autre, car au moment où je l’ai trouvée vous n’étiez pas dans la rue et il n’y avait personne d’autre non plus, donc l’argent est à moi parce que je l’ai trouvé.”
 
Les deux vinrent devant le Rav, et lui présentèrent leurs arguments, chacun disant que les choses s’étaient passées comme ceci, et qu’il était prêt à jurer sur le séfer Tora de la vérité de ses paroles. Le Rav s’aperçut dans sa sagesse que l’accusateur mentait, et il s’efforça de le préserver d’un faux serment. Que fit-il ? Il dit à l’accusateur de sortir, parce qu’il voulait questionner l’accusé en privé. Quand il fut sorti de la pièce, il parla à l’autre à voix haute, parce qu’il savait que le fourbe tendait l’oreille pour entendre ce qu’ils disaient. Il lui dit : “Il y a un signe évident sur cette pièce, un trou de tel côté et j’aurais pu demander à l’accusateur s’il connaît ce signe, car cela me permettrait de lui rendre l’argent sans serment.”
 
L’accusé écouta en silence, parce que le Rav lui avait fait un clin d’œil pour lui indiquer que c’était une ruse pour voir si l’accusateur disait la vérité ou non. Au bout d’un moment, le Rav appela l’accusateur et lui dit : “La pièce d’or est dans ma main et je vois qu’elle porte un signe ; si vous me dites quel est ce signe, vous la recevrez sans avoir besoin de jurer.” Le fourbe se mit à dire : “Oui, je connais le signe, elle a un trou de tel côté.” Le Rav lui demanda : “Est-ce le seul signe ?” Il répondit : “Je n’en connais pas d’autre, à part ce trou.” Immédiatement, le Rav se mit à rire, ouvrit la main, et l’homme vit la pièce. Il dit : “Voici la pièce que vous réclamez à celui qui l’a trouvée, et elle n’a aucun trou, ni de ce côté ni d’aucun autre.” L’homme sortit couvert de honte et disparut…
 
Des choses qui attirent le cœur
 
Les livres de Rabbi Yossef ‘Haïm de Bagdad ont traversé les pays de la terre, du nord au sud et de l’est à l’ouest, jusqu’aux tentes des soldats allemands pendant la Première guerre mondiale.
 
C’était au moment où le monde entier était mis en ébullition par la guerre mondiale qui se portait sur tous les fronts, en 5674 (1914). Dans les forces armées il y avait beaucoup de bné Tora de Russie, d’Allemagne, de Lituanie, de France et autres. Ils se trouvèrent plus d’une fois dans des situations diverses qui exigeaient des solutions halakhiques immédiates.
 
Parmi les soldats juifs de Lituanie qui avaient été mobilisés dans l’armée allemande, il y avait plusieurs disciples du gaon Rabbi ‘Haïm Halévi Soloveitchik zatsal de Brisk. Ils vinrent trouver leur Rav pour lui demander quel livre il était utile de prendre avec eux dans leur sacoche, où ils trouveraient une halakha claire et nette, et qui contiendrait aussi des paroles des Sages et des Aggadoth, qui sont “des choses qui attirent le cœur.” Le gaon Rabbi ‘Haïm leur conseilla de prendre avec eux le livre de Rabbi Yossef ‘Haïm de Bagdad, le “Ben Ich ‘Haï”, qui contient ensemble la halakha et l'aggada, et qui est organisé selon les parachioth de chaque semaine.
 
 
À la source
 
“Quand tu partiras en guerre contre ton ennemi et qu'Hachem te le livrera” (Deutéronome 21:10).
 
Rabbi Chelomo de Radomsk avait l’habitude de dire :
 
Il y a des gens qui mènent la guerre contre leur mauvais penchant et le vainquent en fin de compte, mais il revient et les domine, après un combat. Ils s’étonnent, et se disent : “Qu’allons-nous devenir ? Est-ce que pendant toute notre vie il va nous attaquer, même une fois que nous l’avons vaincu ?”
 
La Tora conseille à ces personnes : “quand tu partiras en guerre”, sache que l’essentiel de la raison de ta venue en ce monde n’est que pour lutter contre le yetser continuellement, à chaque instant. L’essentiel n’est pas précisément de le vaincre, mais qu’il y ait sans cesse un combat entre vous, que tu ne sois pas en paix avec lui fût-ce un seul instant…
 
“Si un homme a un fils indocile et rebelle, qui n’écoute pas la voix de son père et la voix de sa mère” (Deutéronome 21:18).
 
Il est dit dans le traité Sanhédrin (71a) au nom de Rabbi Chim'on : “Le fils rebelle n’a jamais existé et n’existera jamais. Pourquoi ce passage est-il écrit ? Pour qu’on l’étudie et qu’on reçoive une récompense.”
 
Les commentateurs s’étonnent de cette opinion : pourquoi en vérité la Tora a-t-elle eu besoin d’écrire quelque chose qui n’a jamais existé et qui n’existera jamais ? Quelle en est la raison ?
 
Rabbeinou Be’hayé répond à cela que c’est en réalité la sagesse de la Tora d’enseigner au peuple combien est grand le devoir de l’amour pour Hachem. En effet, il n’y a pas au monde d’amour plus fort que celui d’un père et d’une mère pour leur fils ; cependant, dès que les parents voient que leur fils transgresse les mitswoth d'Hachem, et que c’est la voix qu’il a choisi dans sa stupidité, ils doivent mettre l’amour d'Hachem au premier plan, au-dessus de l’amour pour leur fils, au point de devoir, pour ainsi dire, le mener à la lapidation devant le beit din (le tribunal).
 
Nous apprenons cela d’Avraham, qui malgré son puissant amour pour Yits’haq, son fils unique, quand Hachem lui ordonna de l’offrir en holocauste, s’en est occupé immédiatement et a placé l’amour pour Hachem au-dessus de son amour pour son fils unique. C’est pourquoi il a mérité qu'Hachem lui attribue le titre d'“Avraham qui M’aime.” Alors le monde entier a su la grandeur du devoir d’aimer Hachem, qui mérite d’être élevé au-dessus de toutes les autres amours.
 
C’est pour cela que la Tora a trouvé bon de développer ce passage sur le fils rebelle et d’expliquer la grandeur du devoir de l’amour pour Hachem, au point qu’on doive amener son fils bien-aimé à la lapidation. C’est à ce propos qu’il est dit : “Étudie ce passage et tu recevras une récompense.”
 
“Même à la dixième génération, il ne viendra pas dans la communauté d'Hachem” (Deutéronome 23:3).
 
Pour quelle raison la Tora se montre-t-elle tellement sévère en ce qui concerne le mamzer (bâtard), au point de lui interdire de venir dans la communauté d'Hachem même à la dixième génération ?
 
Rabbi Leib ‘Harif répond à cela :
 
La première génération, qui naît du mariage avec un mamzer, n’est elle-même mamzer qu’à moitié. La deuxième génération, au quart. La troisième, au huitième. Et la quatrième au seizième. La cinquième au trente-deuxième. La sixième au soixante-quatrième. La septième au cent vingt-huitième. La huitième au deux cent cinquante-sixième. La neuvième au cinq cent douzième, et la dixième au mille vingt-quatrième.
 
C’est pourquoi la Tora a dit : “Même à la dixième génération il ne viendra pas dans la communauté d'Hachem”, c’est-à-dire que même à la dixième génération, où il y a moins d’un millième d’interdiction, il ne peut pas faire partie de la communauté. Pourquoi ? Parce que nous savons que (Tossefoth ‘Houlin 100a) : “Une créature entière n’est pas annulée même dans une quantité de mille…”
 
“Souviens-toi de ce qu'Hachem ton D. a fait à Myriam” (Deutéronome 24:9).
 
Le Rambam dans les lois sur l’impureté de la lèpre (16, 10) explique ainsi la juxtaposition des versets “garde-toi de la plaie de la lèpre en gardant attentivement et en accomplissant” et “souviens-toi de ce qu'Hachem ton D. a fait à Myriam sur la route quand vous êtes sortis d’Égypte.”
 
Cela vient nous dire : Réfléchissez à ce qui est arrivé à Myriam la prophétesse qui a parlé de son frère, dont elle était l’aînée, qu’elle avait élevé, et pour qui elle avait mis sa vie en danger. Et elle n’a pas dit du mal de lui, elle s’est seulement trompée en le comparant aux autres prophètes. De plus, il ne lui en a pas voulu de ses paroles, ainsi qu’il est dit “l’homme Moché était très humble.” Pourtant, elle a été punie par la lèpre.
 
À plus forte raison pour des gens mauvais et stupides qui parlent trop haut !
 
 
Extrait de “La voie à suivre”, reproduit avec l'aimable autorisation des Institutions Hevrat Pinto.

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