Servir D-ieu dans la joie – Ki Tavo

Quand on prie et prend conscience que nos sollicitations n’ont pas été exaucées, on est susceptible d’entretenir des doutes sur la foi. Le mauvais penchant exploite naturellement..

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le Rav David Hanania Pinto

Posté sur 06.04.21

Le Midrach (Vayiqra Raba 11:7) nous incite à être joyeux, comme celui qui offre pour la première fois les prémices du produit de ses récoltes au Saint, béni soit-Il, dans l’accomplissement de chacune des mitswoth de la Tora. Prenons un exemple : la naissance d’un fils aîné, un “békhor” (un premier-né), remplit les parents d’une joie immense et plus particulièrement s’ils ont attendu des années cet heureux événement.
 
Cette joie les rattache davantage à D-ieu, à qui ils expriment leur gratitude la plus sincère. Cette naissance engendre de nombreuses mitswoth : circoncision, rachat du premier-né… Et ce n’est pas tout : l’heureux père est tenu de lui apprendre la Tora et un métier, de lui trouver une femme et lui apprendre à nager, etc. (Qidouchin 29a).
 
Cependant, si ce couple donne naissance à un enfant chaque année, leur joie n’est plus la même : c’est désormais la routine qui s’installe, bien que le père soit tenu de veiller à accomplir en leurs faveurs toutes les mitswoth énumérées plus haut, à l’exception du “pidyon” (le “rachat” du premier-né). Si la sidrah Ki Tavo (Deutéronome 26:1) commence par le mot “véhaya” (qui indique la joie) et traite en premier lieu des prémices bikourim, c’est pour nous enseigner que toute mitswa doit s’accomplir dans la joie, comme si c’était la première fois qu’on l’accomplit.
 
Ceci nous aidera à comprendre le lien entre les deux sidroth Ki Tetsé et Ki Tavo. Quand nous sortons pour livrer bataille au mauvais penchant (sidrath Ki Tetsé), sachons qu’il nous attend partout, qu’il nous tend constamment une embuscade et est profondément ancré entre les deux valves du coeur (cf. Souka 52b et Bérakhoth 61a) ; n'oublions pas qu’il veut nous faire trébucher précisément dans ce qui est permis pour nous faire sombrer dans la routine. Par conséquent, toute mitswa qui vient et se présente devant nous, nous devons l’accomplir avec joie (sidrath Ki Tavo), comme si c’était la première fois, et nous efforcer de ne pas attendre pour l’accomplir (Mékhilta Bo 12:17).
 
Fuyant radicalement les conseils du mauvais penchant qui vise à nous faire pécher graduellement (Chabath 105b), faisons de notre mieux pour accomplir les mitswoth avec le maximum de modestie, aspect des prémices de la terre, poussière et incarnation de l’humilité.
 
Ceci nous permettra de nous élever beaucoup spirituellement. La mitswa des prémices doit aussi se faire dans la plus grande joie. La Michna (Bikourim 3:3) consacre un chapitre entier à cette cérémonie solennelle, mettant l’accent notamment sur la flûte qu’on y jouait, qui baignait de joie toute l’assistance qui se dirigeait vers le Saint Temple. Si en revanche nous accomplissons la mitswa sans être baignés de joie, c’est que nous sommes tombés dans les filets du mauvais penchant, qui s’efforce de nous faire sombrer dans la tristesse.
 
Abstenons-nous surtout de nous emplir d’orgueil durant l’accomplissement des mitswoth : tout le monde offraient leurs prémices dans des paniers normaux et pas recouverts d’or, car il n’y a rien de plus condamnable que ce défaut. Sachons que notre coeur est “‘halal ” vide en moi (Psaumes 109:22) ; prenons conscience de notre vide, de notre néant. C’est ce que la flûte “‘halil ” nous rappelle. Nous sommes tous loin de la perfection et implorons le Ciel de nous aider à nous élever au même rang spirituel que nos ancêtres.
 
Notre sidra nous avertit : “Mais si tu n’écoutes pas la voix de l’Éternel… toutes ces malédictions se réaliseront contre toi et seront ton partage” (Deutéronome 28:15). La Tora énumère ensuite ces malédictions et se demande comment est-il possible de ne pas écouter la voix de l’Éternel. “Parce que tu n’auras pas servi l’Éternel, ton D-ieu, avec joie…” (id. 47). Par conséquent, on a beau accomplir des mitswoth, si on ne les accomplit pas avec joie, on peut être maudit, à D-ieu ne plaise. Les mitswoth qu’on accomplit dans la tristesse passent automatiquement entre les mains des forces du mal qui portent les noms d'afflictions et de tristesse (Zohar II, 264b) ; ceci représente l’échec devant le mauvais penchant ! (…) Si les malheurs s'abattent sur une personne, c’est parce qu'elle ne s'est pas soumise et qu'elle n’a pas accompli les mitswoth dans la joie.
 
Quand on prie et prend conscience que nos sollicitations n’ont pas été exaucées, on est susceptible d’entretenir des doutes sur la foi. Le mauvais penchant exploite naturellement la situation et nous dit : “Laisse tomber les prières ! Tu vois bien que D-ieu ne te répond pas. Agis alors à ta guise et jouis de la vie !”
 
La Tora intervient alors et incite à ne pas se décourager, à continuer à aller de l’avant en mettant l’accent sur la joie dans l’étude de la Tora, à accomplir les mitswoth avec le maximum d’enthousiasme, comme sion les avait reçues aujourd’hui même (Tan’houma, ‘Eqev 7). Ainsi, nous ne serons pas soumis aux épreuves du mauvais penchant qui ne peut supporter la joie ; toutes ses pensées étrangères (ma’hachava) disparaîtront, car bessim'ha (mêmes lettres). C’est dans la joie que nous pouvons les effacer.
 
Comme on le sait, nous lisons la sidrath Nitsavim (Deutéronome 29:9) après celle de Ki Tavo et avant Roch Hachana, le Jour du Jugement (cf. Zohar III, 231a). Sachons que, tout comme à Roch Hachana, nous nous présentons chaque jour de l'année en prière devant l’Éternel ; nous sommes nitsavim (placés) quotidiennement devant le Tribunal Céleste pour nous faire juger (Bérakhoth 28b). Ainsi, c'est chaque jour que nous devons nous présenter devant Lui dans la joie et la soumission, comme si c’était la première prière (aspect des prémices du premier-né) que nous adressons à D-ieu. Ce n’est qu’ainsi que notre prière sera exaucée et que nous réussirons à vaincre le mauvais penchant.

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