La tradition breslev

Après la guerre d'indépendance en 1948 en Israël, la communauté breslev de Jérusalem continua de croître, avant de s'étendre rapidement à d'autres quartiers.

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le rabbin David Sears

Posté sur 06.04.21

Au 19ième siècle, il existait plusieurs communautés breslev en Ukraine, jusqu'à ce que Staline les détruise dans les années trente. Les villes où se trouvaient ces communautés étaient Ouman, Breslev, Teplik, Dashev et Tcherin ; les communautés d'Ouman et de Tcherin étaient les plus importantes par le nombre de leurs membres.

Pendant les années vingt, la 'hassidouth breslev commença à se répandre également en Pologne, principalement grâce aux efforts et à la fougue de Rabbi Yits'haq Breiter, qui périt quelques années plus tard pendant l'holocauste. (Jusqu'au début de la première guerre mondiale, en 1914, Rabbi Yits'haq Breiter avait l'habitude de se rendre à Ouman pour Roch Hachana.)

À la même époque, il y avait également quelques 'hassidiques breslev en Eretz Israël (en Terre d'Israël). Les premiers furent les disciples de Rabbi Na'hman lui-même, ainsi que de Rabbi Nathan de Breslev (le disciple principal de Rabbi Na'hman) et ils s'installèrent dans les villes de Tsfat et Tibériade. La présence des 'hassidiques breslev en Eretz Israël a perduré jusqu'à aujourd'hui.
 
Les lettres de Rabbi Nathan de Tibériade (le fils de Rav Leibel Reuven, un disciple proche de Rabbi Nathan de Breslev), publiées sous le titre de “Netiv Tsadiq ”, représentent une œuvre d'une grande inspiration, remplie de conseils spirituels et de nombreuses informations historiques. Inévitablement, il existait plusieurs groupes avec des leaders différents, mais le plus souvent, les 'hassidiques breslev s'entendaient très bien les uns avec les autres.
 
De fait, il ressort des documents de l'époque que l'amour que portait chaque communauté envers les autres était, le plus souvent, un élément essentiel et très puissant et dans le plus grand nombre d'endroits.
 
 
Soukoth (Rabbi Elyah)
 
Même si tous les 'hassidiques breslev n'acceptaient pas toujours Rabbi Nathan comme leur maître prépondérant après le décès de Rabbi Na'hman, nous n'avons pas de documents qui montrent que cela fut la cause de disputes. Il arrivait même souvent que de nombreux membres éminents d'autres groupes breslev envoyaient leur fils apprendre sous l'autorité de Rabbi Nathan. Cela fut le cas notamment pour Rav Hirsch Leib – qui était un sympathisant de l'élève de Rabbi Na'hman, Rav Shmuel Isaac – qui envoya son fils – Rav Na'hman, qui devint plus tard le Rav de Tcherin – étudier avec Rabbi Nathan.
 
Rav Naftali envoya aussi son fils, Rav Ephraïm, chez Rabbi Nathan. Il est important de noter qu'aucun de ces groupes ne survécut au décès de leur guide spirituel, à l'exception de celui de Rabbi Nathan qui réussit à continuer à faire briller la lumière du Rabbi. N'est-ce pas Rabbi Na'hman lui-même qui avait surnommé Rabbi Nathan “mon Yehochou'a” (“mon Josué”, du nom du leader du peuple d'Israël après le décès de Moïse).
 
Dans la ville d'Ouman au début du 20ième siècle, il y avait différents enseignants tels que Rav Avraham ben Rav Na'hman, Rav Shimshon Barsky, Rav Avraham Sternhartz, etc. Tous étaient proches les uns des autres, au-delà des différences, opinions ou approches spécifiques qu'ils avaient adoptées.
 
Lorsque les survivants des 'hassidiques breslev européens vinrent s'installer en Terre d'Israël – pendant les années trente et après – un plus grand nombre de différences vit le jour. Les 'hassidiques breslev de Pologne provenaient d'une culture différente que leurs compatriotes de Russie et d'Ukraine. De plus, tous étaient différents des descendants des familles anciennes de Jérusalem qui étaient devenus breslev.
 
Conséquemment, il n'est pas surprenant de relever dans ces communautés différentes façons de faire dans plusieurs aspects du Service divin, ainsi que différentes approches dans la vie quotidienne. Chaque communauté transmettait la messora (tradition) qu'elle avait reçue de ses anciens.
 
Né en Pologne, Rav Israël Karduner découvrit une copie du Tiqoun HaKlali durant sa jeunesse. En fin de compte, il se rendit dans les villes de Tcherin et d'Ouman pour y étudier auprès des élèves de Rabbi Nathan. Il finit par venir vivre en Eretz Israël où il rapprocha de nombreuses âmes à la 'hassidouth breslev, jusqu'à sa mort en 1920, lors d'une épidémie.
 
Rav Avraham ben Rav Na'hman – le fils de Rav Na'hman Tulchiner, le proche sympathisant de Rabbi Nathan – était un personnage essentiel à Ouman, et ensuite à Jérusalem ; c'est grâce à lui que nous avons reçu de nombreuses traditions orales (dont certaines sont rapportées dans le livre “Kokhvé Or ”). Rav Avraham ben Rav Na'hman était également un ascétique extrême qui n'avait aucun lien avec l'aspect matériel de ce monde.
 
Son approche reflète certainement sa personnalité hors du commun. Son commentaire sur le Liqouté Moharan, le “Biour HaLiqoutim”, est sans aucun doute l'un des ouvrages les plus profond qui ait été écrit jusqu'à ce jour sur l'œuvre maîtresse de Rabbi Na'hman.
 
En 1936, le formidable gaon et kabbaliste – Rav Avraham Sternhartz – arriva à Jérusalem, en provenance d'Ukraine. Il représente un lien important dans la transmission de la 'hassidouth breslev en Eretz Israël.
 
Parmi les 'hassidiques breslev importants de Pologne qui vivaient en Eretz Israël, on trouve Rav El'hanan Spector (à ne pas confondre avec le Rav de Kovno qui porte le même nom) dont les lettres fut publiées sous le titre de “Guinzé Abba”. Il y avait également Rav Ephraïm de Pshedbarz – qui vécut après la deuxième guerre mondiale – qui est l'auteur de l'ouvrage “'Oneg Chabath” ; il faut citer aussi Rav Ben Zion Apter qui était le saint bad'han (le bouffon des mariages) et un chanteur hors pair.
 
Après la guerre d'indépendance en 1948 en Israël, la communauté breslev de Jérusalem continua de croître, avant de s'étendre rapidement à d'autres quartiers. Rav Levi Yits'haq Bender, un 'hassidique breslev de Pologne qui était allé à Ouman à l'âge de dix-sept ans et qui avait miraculeusement survécu aux persécutions staliniennes, devint une figure centrale dans le quartier Méa Ché'arim de Jérusalem.
 
C'est à lui que revient le mérite essentiel de l'établissement de la communauté breslev de Méa Ché'arim après l'holocauste. Les histoires orales de Rav Levi Yits'haq furent publiées en six volumes dans l'ouvrage “Sia'h Sarfé Qodech.
 
Même s'il était beaucoup plus jeune que Rav Avraham Sternhartz (en fait, il faillit même devenir son beau-fils), Rav Levi Yits'haq devint en quelque sorte l'opposant de Rav Avraham. Leur point de discorde fut en apparence la position de Rav Avraham à propos de l'établissement d'un rassemblement dans la ville de Méron, en Israël, pour Roch Hachana (le jour de l'an juif).
 
Selon Rav Avraham, prier à Méron à Roch Hachana – auprès de la tombe de Rabbi Chim'on bar Yo'haï – était l'équivalent de prier à Ouman, auprès de la tombe de Rabbi Na'hman. Rav Avraham expliquait cela en citant la connexion profonde entre Rabbi Chim'on et le Rabbi. Ceci était une idée radicale que Rab Levi Yits'haq et les autres ne pouvaient pas accepter, même si elle venait d'une personnalité aussi importante que Rav Avraham.
 
Cette controverse divisa profondément la communauté breslev jusqu'au jour où finalement, l'accès à la ville d'Ouman devint possible, à la fin de années quatre-vingt. Rav Guédalia Kenig, l'élève le plus proche de Rav Avraham, continua à garder le rassemblement de Méron en vie après le décès de son maître spirituel, en 1955. Rav Guédalia Kenig fut un défenseur ardent des traditions transmises par Rav Avraham.
 
Il publia quelques unes des histoires orales de Rav Avraham liées au Liqouté Moharan dans l'ouvrage “Tovoth Zikhronoth”. Rav Guédalia fonda la communauté breslev de la ville de Tsfat, à la demande de Rav Avraham. Il est également l'auteur de “'Hayé Nefech”, une étude du rôle du Tsadiq, écrite en réponse de l'ouvrage de Rabbi 'Haïm de Volozhin, “Nefech 'Haïm.” (Les autres ouvrages de Rav Guédalia sont restés sous forme manuscrite.)
 
Parmi les autres élèves proches de Rav Avraham, on trouve Rabbi Moché Burstein (qui est âgé de plus de quatre-vingt-dix ans), et son fils Rabbi Na'hman Burstein (âgé de plus de soixante-dix ans). Même si les deux faisaient partie des partisans du rassemblement de Méron, ils évitèrent toujours d'être en conflit avec Rav Levi Yits'haq, chaque fois que cela était possible.
 
Rav Moché fonda la synagogue “Or Avraham” dans le quartier de Katamon de Jérusalem, avant que le bâtiment fût vendu et la synagogue établie de nouveau dans un quartier différent. Pendant les dernières années de sa vie, Rav Avraham vécut en fait avec la famille de Rav Moché Burstein. Rav Shmuel Shapiro était un élève de Rav Avraham et un partisan du rassemblement de Méron ; il resta cependant proche de Rav Levi Yit'shaq.
 
Rav Shmuel était un membre respecté de la communauté de Méa Shé'arim. Il était connu pour son ascèse et ses prières intenses ; en même temps, il était apprécié pour sa personnalité aimable et plaisante. Une biographie, avec l'ajout de quelques unes de ses lettres, a été publiée à propos de Rav Shmuel sous le titre de “OuShmuel Bekoré Chémo”.
 
Rabbi Shmuel Horowitz aussi était un élève de Rav Avraham ; il devint un des grands serviteurs de D-ieu et un penseur profond de sa génération. Le père de Rav Shmuel fut le Grand rabbin de la ville de Tsfat et un membre important de la communauté 'Habad Loubavitch. Initialement, il s'opposa farouchement à ce que son jeune fils devienne un 'hassid breslev.
 
Cependant, après quelques années, le père et le fils se réconcilièrent et le père de Rav Shmuel aida même financièrement son fils à une époque où celui-ci rencontrait de grandes difficultés. Rav Shmuel a raconté son histoire dans son autobiographie en trois volumes “Yémé Shmuel”.
 
En conclusion
 
Il existe deux lignes fondamentales de transmission dans le monde breslev :
1) Depuis Rabbi Nathan de Breslev, suivi par le Rav de Tcherin, Rav Avraham Sternhartz, Rav Guédalia Kenig (Tsfat) et les autres élèves de Rav Avraham.
2) Depuis Rabbi Nathan de Breslev, suivi par Rav Na'hman Tulchiner, Rav Avraham ben Rav Na'hman, Rav Levi Yits'haq Bender (Jérusalem) et ses élèves.
 
Afin de devenir un véritable 'hassid breslev, il est important de recevoir son enseignement d'un Rav qui a reçu lui-même son enseignement en ligne directe de la tradition (messora) breslev. Dans le cas contraire, la messora que nous risquons de recevoir sera celle de notre propre imagination. D'autre part, il existe de nombreux 'hassidiques breslev qui acceptent les traditions de plusieurs courants, même s'ils se sentent plus attachés à une messora particulière. Dans tous les cas, Rabbi Na'hman de Breslev parle à chacun d'entre nous – à travers ses écrits et ses élèves – d'une façon unique ; ceci est le plus important.

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