D-ieu et nous : un amour unique

L'amour de D-ieu n'est pas un sentiment sophistiqué. Plutôt, il s'agit d'un sentiment brut, puissant et extrêmement personnel...

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le rabbin Erez Moché Doron

Posté sur 22.05.23

 “Le jour de son mariage” (Cantique des Cantiques 3:11) – Selon nos Sages, ce verset fait référence au don de la Tora.

Le cinquantième jour après la sortie d’Égypte – le jour même de Chavou’oth – le “dais” pour le mariage du Roi était prêt. Ce jour saint, Il choisit le peuple d’Israël pour être Sa femme et ils choisirent D-ieu pour être leur Maître, pour toujours.
Le jour de leur mariage, ils – le Roi des rois et la nation juive – firent deux serments. Le jour où ils révélèrent leur amour mutuel, ils jurèrent qu’ils ne se sépareraient jamais.
Nous firent un serment de loyauté au Maître du monde et Il nous jura qu’Il serait notre Maître pour l’éternité et que nous serions toujours Son peuple. Notre serment à Son égard est : “Chéma’ Israël, Hachem Eloqénou, Hachem E’had,” et Son serment à notre égard est : “Vous serez pour Moi une dynastie de pontifes et une nation sainte” (Exode 19:6). La Tora est le document qui confirme cette relation forte entre Lui et nous et notre amour puissant mutuel.
Après avoir attendu avec passion et un désir ardent pendant quarante-neuf jours – lorsque nous finissons de compter le ‘Omer et que nous nous ayons purifiés, ainsi que nos traits de caractère – nous sommes prêts pour que l’Infini accorde Son amour grandiose à Son peuple. Il “descend” dans ce bas monde, chaque année, le cinquantième jour, de la même façon qu’Il se révéla au Mont Sinaï. À cette occasion, Il révèle Son amour pour Ses enfants.
Il nous donna Sa Tora. C’est de cette Tora que les anges dirent : “Le précieux et caché trésor que Vous avez caché pendant 974 générations avant que le monde soit créé. Vous désirez donner ce trésor à des créatures de chair et d’os ?” (Chabath 88)
La Tora est Son amour
Selon Rabbi Na’hman de Breslev, la Tora est Son amour. Il est écrit dans le Liqouté Moharan : ”Nous savons que la Tora est les midoth (qualités)… L’amour de D-ieu réside en elles… car les midoth sont des contractions de Sa Divinité, afin que nous puissions Le comprendre par Ses midoth, tel qu’il est écrit dans le saint Zohar.”
En l’absence de Ses midoth, il est impossible de Le concevoir. Parce qu’Il aime le peuple d’Israël, Il désirait que ses membres collent à Lui et L’aiment dans ce monde matériel. L’explication est que cela Lui permet de vêtir Sa Divinité dans les midoth de la Tora ; ce concept est la signification des 613 commandements.” (Liqouté Moharan 4)
Pureté et élévation ; hauteur et vitalité ; ce jour unique porte ces saints concepts sur ses ailes. Rabbi Na’hman a écrit : “Le jour de Chavou’oth, ils acceptent la Tora et ils peuvent accepter une nouvelle vitalité” (ibid. 267). Rabbi Na’hman a également écrit : “Chavou’oth possède l’aspect d’une raison et d’une intelligence extrêmement puissantes et élevées. Cette raison est une Bonté divine et une grande compassion” (ibid. 56).
Cependant, nous devons être aptes et préparés à accepter le grand amour de D-ieu pour Son peuple. Qui peut dire à propos de lui-même qu’il est réellement prêt ? “Qui osera dire : ‘J’ai débarrassé mon cœur de toute tache, je suis purifié de mes péchés ?’” (Proverbes 20:9). Qui a construit des “récipients spirituels” suffisamment grands pour contenir tout ce bon ?
Servir Hachem. Qui peut connaître même qu’une fraction de Sa grandeur ? Je ne sais pas comment une personne peut dire qu’elle Le servira – béni soit-Il – lorsque aucun ange ou Saraf ne peut se glorifier de pouvoir Le servir. Cependant, l’essentiel est le désir. Notre désir doit toujours être fort et toujours intense de nous rapprocher de Lui.” (Si’hoth HaRan 51)
De la même façon que le Rabbi a expliqué dans ce passage l’importance du désir, la même chose est vrai ici : le seul “récipient” qui puisse contenir Son amour est de Lui retourner Son amour !
Il existe trois types d’amour : l’amour d’Hachem, l’amour de la Tora et l’amour du peuple d’Israël. Ces trois sont un, tel que nos Sages l’ont dit : “Le peuple d’Israël, D-ieu et la Tora sont un.”
Son désir est infini
Rabbi ‘Aqiva a dit : “Le monde ne méritait pas d’avoir Chir HaChirim (le Cantique des Cantiques) donné au peuple d’Israël. De fait, si les Écritures sont saintes, Chir HaChirim est le saint des saints” (Yadaim 3:5). Ceci est surprenant ! Les Écritures – avec leur nombre incalculable de paroles de sagesse et de crainte de D-ieu – ne s’approchent pas du niveau de Chir HaChirim, qui est rempli de mots d’amour et de désir.
Cependant, les concepts, l’éthique et les idées de la Tora – ainsi que la crainte de D-ieu – ne possèdent pas le pouvoir de toucher notre cœur de la même façon que l’amour fort, les sentiments brûlants et le désir ardent décrits dans Chir HaChirim. Ces sentiments percent les profondeurs de notre âme et nous lient à notre Créateur, avec la totalité de nos 248 membres et nos 365 nerfs. C’est exactement à cela que ne peut pas aboutir un usage exclusif de notre intellect.
En décrivant l’amour de D-ieu, Chlomo HaMelekh (le Roi Salomon) change le concept de l’amour du Créateur en un sentiment irrésistible qu’il est impossible de décrire, si ce n’est qu’en s’exclamant : “Je vous en conjure, ô filles de Jérusalem ; si vous rencontrez mon bien-aimé, que lui direz-vous ? Que je suis malade d’amour !” (Chir HaChirim 5:8)
Malade d’amour ! À l’image d’un homme ivre d’émoi qui pense, rêve et ne peut s’occuper uniquement que de l’objet de son amour. Rien ne le dérange, il n’est distrait par aucune tentation. Son désir tout entier est subjugué à une chose et seulement une chose : rencontrer son amour, être avec lui, lui amener la joie et faire tout ce qui est en son pouvoir pour lui.
Chlomo HaMelekh conclut ainsi sa chanson : “L’amour est fort comme la mort… ses traits sont des traits de feu, une Flamme divine ! Des torrents d’eau ne sauraient éteindre l’amour, des fleuves ne sauraient le noyer ; quand un homme donnerait toute la fortune de sa maison pour acheter l’amour, il ne recueillerait que dédain” (ibid. 8:6-7).
Le Malbim explique :
Fort comme la mort” – “Car l’être aimant était prêt à sacrifier sa vie pour son amour.”
Des torrents d’eau ne sauraient éteindre l’amour” – “Toutes les tentations du yetser hara’ ne peuvent pas annuler l’amour de l’âme pour D-ieu.”
Des fleuves ne sauraient le noyer” – “Les ravages du temps et les démons du monde ne peuvent pas l’emporter !”
Quand un homme donnerait” – “Tel que Rachi l’explique, en échange pour son amour.”
Il ne recueillerait que dédain” – “Car ce n’est pas une moindre chose qu’il vendrait à bon marché. De fait, la nature de ce grand amour est qu’il est prêt à sacrifier sa vie et son argent.”
Chlomo HaMelekh rajoute : ”En quoi ton amant est-il supérieur aux autres amants, ô la plus belle des femmes ? En quoi ton amant est-il supérieur aux autres amants, pour que tu nous conjures de la sorte ?” (ibid. 5:9)
Selon Rachi :
En quoi ton amant est-il supérieur aux autres amant” – “Ceci est ce que les nations demandaient à Israël, ‘Qu’a donc votre D-ieu de plus que les autres dieux que vous vous laissez brûler et pendre pour Lui ?’”
Mourir pour D-ieu ?
Depuis l’époque de Chlomo HaMelekh – jusqu’à ce jour – le monde se pose cette question. “Quel est le secret de l’attachement à D-ieu du peuple juif ? Quelle est la nature de cette obstination juive ? Génération après génération, ils furent brûlés, torturés et mis à mort en Son Nom et pour respecter le plus petit de Ses commandements. D’où vient cette force ? Qu’est ce qui la fait mouvoir ? Et s’ils sont tous prêts à mourir, ils sont à plus forte raison encore plus prêts à vivre en Son Nom !”
Rabbi Na’hman de Breslev a écrit : “Quelques fois, pour servir D-ieu, une personne doit faire agir et faire une chose spécifique qui semble n’avoir aucun sens… De fait, nous devons nous rouler dans toutes sortes de boue pour le service de D-ieu et Ses commandements. De plus, cela est également le cas pour toutes les choses qui ne sont même pas Ses commandements.
Pour tout ce qui correspond à Son désir, pour tout ce qui est une source de plaisir pour notre Père dans le Ciel, pour tout ce qui s’approche – de près ou de loin – à une mitswa, nous nous roulons dans toutes les sortes de boue afin de suivre Sa volonté et de donner à D-ieu du plaisir…”
Il y avait un fils qui aimait énormément son père. Il l’aimait jusqu’au point de se comporter comme un simple esclave se comporterait. Il sautait pour partir en guerre… afin de donner du plaisir à son père. Par la suite, lorsque son père vit la force de son amour – et qu’il était prêt à devenir un véritable esclave à cause de l’amour qu’il ressentait pour lui – il lui révéla ce qu’on ne révèle même pas à un fils…” (Si’hoth HaRan 5)
L’amour de D-ieu n’est pas un sentiment “sophistiqué”, intangible et philosophique. Cet amour ne ressemble définitivement pas à l’amour qu’une personne peut avoir pour une certaine idée. Plutôt, il s’agit d’un sentiment brut, puissant et extrêmement personnel ; avec cette force, un juif est prêt à donner sa vie !
Nous pourrions dire : “Qui peut atteindre un tel niveau ? Ceci est seulement pour les Tsadiqim des générations précédentes. Sans doute, nos patriarches pouvaient atteindre ce niveau, mais nous ?!”
Oui !Nous aussi ! Rabbi Na’hman a dit : “La lumière de la flamme du cœur juif est infinie ; il n’existe pas de limites à son désir !” (ibid. 49).
Au plus profond du cœur de chaque juif, brûle un feu de désir pour D-ieu. Chaque juif est prêt à sacrifier sa vie et ses biens à tout instant pour Lui. “Tu aimeras l’Éternel, ton D-ieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir” (Deutéronome 6:5).
Certaines personnes pourraient penser : “Cela est formidable ! Cependant, je n’ai jamais ressenti personnellement le feu de cet amour en moi.” La réponse que nous offrons est : “Vous avez certainement senti un feu dans votre âme, cela n’est pas aussi inhabituel que vous le pensez. Dans combien de choses sommes-nous prêts à mettre toute notre énergie ? Combien de choses désirons nous de toutes nos forces ? Ne travaillons-nous pas jour et nuit afin de poursuivre tout ce que nous aimons ?”
Nous désirons tous
L’âme désire. Qui n’a pas senti – même qu’un court instant – le goût pour un désir qui assèche le corps et l’âme ? En vérité, nos désirs peuvent être bas et futiles – argent, biens matériels, plaisirs physiques, honneur – et nous pouvons nous en satisfaire. Nous avons échangé le grand désir – le désir saint et profond pour le D-ieu vivant – pour de nombreux désirs insignifiants et sans espoir.
Nous avons échangé le véritable et éternel désir pour un désir immédiat et une satisfaction passagère. Le monde est seulement une réflexion de la Gloire de D-ieu et les plaisirs de ce monde sont seulement l’écho distant de Celui qui nous accorde tous les plaisirs. Selon le Malbim : “De la même façon que la vue de l’arc-en-ciel est un assemblage de couleurs qui sont déviées des rayons du soleil par un nuage, la réalité de ce monde est seulement des étincelles du ‘grand soleil’ dans lesquelles la lumière d’Hachem s’est révélée.” (Malbim, Chir HaChirim)
Le cœur ne se désempli pas de désirs brûlants. Les désirs pour le monde temporaire et ses vanités affaiblissent le corps de la personne, son argent et la qualité de ses jours. D’autre part, lorsque notre désir se porte sur le D-ieu vivant et le Roi de l’univers, nous éliminons notre mesquinerie, nos limitations et notre vanité. Ce désir spirituel nous permet de devenir purs et propres.
La raison de cette différence réside en la nature spécifique de l’amour pour D-ieu. Lorsque nous reconnaissons sa nature et que nous l’intégrons entièrement en notre âme, nous échangeons un désir pour un autre désir et nous nous exclamons : “Mon âme a soif de D-ieu, du D-ieu vivant !” (Tehilim 42:3). Tout pour Hachem !
Ceci est le “récipient” que nous construisons lors de Chavou’oth, la fête du don de la Tora. Ce jour est celui où le dais pour notre mariage est dressé pour nous ; ce jour, nous nous lions de nouveau avec le sentiment d’amour qui se trouve dans notre âme. C’est pour cet amour que nous ne fermons pas l’œil de la nuit et que nous attendons le lever du soleil qui représente le début du jour de notre mariage. Dans ces conditions, qui penserait à dormir ?
Nous désirons ardemment voir le Jeune Marié dans toute Sa gloire, tel que les enfants d’Israël ont dit avant que D-ieu se révèle à eux au Mont Sinaï : “Notre désir est de voir notre Roi” (Mekhilta Yitro 19). C’est la raison pour laquelle nous apprenons la Tora toute la nuit en lisant le “Tiqoun l’el Chavou’oth”. Dans ce livret, nous récitons le début et la fin de chacun des cinq livres de la Tora. Ceci nous permet de montrer notre amour pour Celui qui nous a donné Sa Tora ; certainement, nous voulons afficher notre désir passionnel pour Sa révélation.
Traduit avec l’aimable autorisation du Rav Erez Moshe Doron.

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