Seli’hoth à Bertichev

Le Rabbi poursuivit son chemin, jusqu'aux abords de la ville. Il s'approcha d'une auberge. Ceux qui le suivaient furent surpris de le voir y entrer !

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la rédaction de Breslev Israël

Posté sur 06.04.21

Nous étions la veille de Roch Hachana (le jour de l'an juif) dans la ville de Berditchev (Ukraine). La sainteté qui régnait dans l'air était presque palpable. Le cœur de chaque personne tremblait à la pensée de l'imminence du Jour du Grand Pardon ; l'esprit de tout le monde était occupé par l'idée de repentir. 

Les juifs regrettaient d'avoir perdu tellement de temps – au cours de l'année – et de ne pas en avoir consacré à l'étude de la Tora. Ils auraient aimé avoir donné plus d'argent à la tsédaqa et avoir passé moins de temps à raconter des commérages. Ils s'inquiétaient de toutes les mauvaises actions – grandes et petites – qu'ils avaient faites pendant l'année.
 
Ils savaient que le temps de se repentir état arrivé ! Ceci était leur dernière chance de verser leur cœur à D-ieu et de se tourner vers Lui en formulant de véritables supplications, avant que l'année se termine. En fin de compte, tous étaient certains que le Tout-Puissant les comprendrait certainement et qu'Il les pardonnerait pour la nouvelle année… qui serait sans aucun doute meilleure…
 
Telles étaient les pensées suprêmes dans la tête de tout le monde, tandis que les juifs de la communauté de Berditchev se levaient précipitamment de leur lits chauds afin d'aller à la synagogue pour réciter les Séli'hoth. La nuit était encore dense à l'extérieur et le lever du soleil devait encore attendre quelques heures afin de pointer à l'horizon. Les juifs n'avaient pas attendu que le chamach (gardien de la synagogue) vienne les réveiller en ce dernier jour de l'année. Tandis que tout le monde marchait à pas pressés en direction de la synagogue, l'air frais de l'automne ukrainien ôtait les derniers signes de sommeil sur le visage des serviteurs de D-ieu.
 
Les rues étroites se remplissaient lentement d'hommes de tout âge : vieux et jeunes, adultes et enfants… personne ne voulait être en retard. De nombreuses personnes allaient au miqwé (bain rituel) afin de s'immerger : elles en ressortaient avec un sentiment de purification et d'Inspiration divine. Il y avait beaucoup de gens de passage à Berditchev : tous désiraient passer les derniers jours de l'année aux côtés de la sainteté du pieux Rabbi Lévi Yits'haq de Berditchev. De fait, plusieurs dizaines de personnes avaient pris la direction de la maison de saint Rabbi afin de l'accompagner de sa maison à la synagogue.
 
Une destination inconnue
 
Tandis qu'elles s'approchaient de la maison du Rabbi, elles l'aperçurent sur le devant de sa porte… sur le point de partir. Tout le monde fut surpris de constater que le saint homme tenait un panier dans sa main dans lequel une bouteille de vodka semblait n'attendre qu'une chose : qu'on l'ouvre pour la déguster. L'odeur alléchante de gâteaux – mêlée à celle de harengs – ne pouvait pas être ignorée. “Que peut bien faire le Rabbi avec tout cela à une heure si matinale ?” s'interrogeaient les personnes. De fait, elles se mirent à le suivre en silence et à une certaine distance.
 
Le Rabbi se dirigea vers la synagogue ; à travers les fenêtres du bâtiment, on apercevait que la lumière s'y répandait déjà dans tous ses recoins et que les bancs commençaient à se remplir des premiers fidèles. Les places étaient presque toutes combles et tous semblaient attendre l'arrivée de Rabbi Lévi Yits'haq avant de commencer le service matinal. Ainsi, quelle ne fut pas la surprise de tout le monde lorsqu'on aperçut le saint homme s'approcher de la porte de la synagogue… et l'ignorer superbement afin de continuer son chemin vers une destination inconnue. “Mais où peut-il bien aller ? Il est sans doute tellement concentré dans ses méditations qu'il n'a même pas aperçu la synagogue…!”
 
Le Rabbi poursuivit son chemin, jusqu'aux abords de la ville. Il s'approcha d'une auberge. Les personnes qui le suivaient furent encore plus surprises de le voir entrer dans l'auberge ! Tout le monde le suivit…
 
Dans le grand hall d'entrée de l'auberge, régnait une odeur lourde de tabac ; des bouteilles vides de vodka semblaient se trouver de partout : sur le sol, les sièges, les tables… Sur le sol du hall qui était vaguement éclairé, dormaient un nombre important d'hommes, serrés comme des sardines : fermiers, commerçants, voyageurs et autres mendiants. Beaucoup de ces hommes ronflaient et une mélodie unique de ronflements – accompagnés de sifflement de gorge – rendait la pièce plutôt bruyante.
 
Le Rabbi se pencha au-dessus d'un des hommes qui dormaient. On apercevait les tsitsith de l'homme au-dessous de son manteau ; sa tête était recouverte d'une kippa qui semblait devoir tomber sur le sol à chaque instant. L'homme était maigre ; on aurait dit un paquet d'os tenus ensemble par une peau blanchâtre ; du corps de l'homme, se dégageait une impression de fragilité extrême.
 
Une offre étonnante
 
Gentiment, le Rabbi le réveilla. Il lui souffla à l'oreille : “Rav Yid, ta gorge est sèche… tu as certainement ronflé trop longtemps. Réveille-toi et prend une gorgée de cette vodka ! J'ai apporté également avec moi un peu d'eau… des harengs frais et quelques petits gâteaux…!” Le juif ouvrit les yeux avec grand étonnement ; il jeta un regard furtif sur le panier… et s'en écarta avec effroi.
 
“Je ne vous connais pas, cher ami. Cependant, ne pensez-vous donc pas un peu à D-ieu ? Pourrais-je boire quelque chose avant de me laver les mains ? Mangerais-je avant de prier le matin ? Vous devez plaisanter je présume !”
 
Rabbi Lévi Yits'haq s'approcha d'un autre juif qui se trouvait à quelques mètres du premier. Il posa gentiment sa main sur son épaule et répéta la phrase qu'il avait prononcée au premier. Le ton était encore plus doux qu'il l'avait été pour le premier homme. Cependant, la réponse fut du même type. Le Rabbi tenta sa chance une troisième fois, puis une quatrième fois, mais toujours sans succès. Ensuite, le saint homme se pencha au-dessus d'un homme corpulent qui dormait à même le sol : manifestement, il s'agissait d'un homme de la campagne.
 
“Ivan, désires-tu un peu de vodka avec quelques gâteries ?”
 
Le mot “vodka” eut un effet magique sur l'homme des champs. Ivan se leva rapidement. “Donne m'en de suite !” répondit l'homme. Il se saisit de la bouteille, s'en servit un verre et l'avala en quelques secondes. Ensuite, il mangea avidement quelques morceaux de harengs et un petit gâteau frais. Tout cela fut avalé rapidement et avec un plaisir évident. L'homme se lécha les babines ! “Merci, mon ami…” fut tout ce qu'il prononça lorsqu'il n'eut plus rien à se mettre sous la dent. Immédiatement, il se rallongea sur le sol, tourna le dos au Rabbi et recommença à ronfler bruyamment.
 
Le Rabbi poursuivit sa tâche et s'adressa à l'homme suivant : “Stéphane, désires-tu boire quelque chose ?” L'histoire se répéta et – une fois de plus – Rabbi Lévi Yits'haq proposa ses délices à d'autres personnes… jusqu'au moment où son panier fut entièrement vidé.
 
Maintenant, le calme régnait. Le Rav de Berditchev leva les yeux vers le Ciel et s'exclama : “Maître du monde ! Regarde tes enfants ! Ils se réveillent le matin et leur première pensée et pour Toi ! Ils refusent de mettre toute nourriture dans leur bouche tant qu'ils n'ont pas chanté Tes louanges ! D'autre part, la première pensée d''Essav est pour la nourriture et les boissons…”
 
Son visage resplendissant de satisfaction – comme s'il venait d'accomplir sa mission – le Rabbi se tourna vers les nombreuses personnes qui l'avaient suivi. Il leur dit : “Et maintenant – mes ouailles saintes – rendons-nous à la maison de D-ieu. Nous pouvons maintenant faire face à notre Créateur avec confiance et prier pour une nouvelle année…!”

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