S’enrichir en donnant – Réé

La Tora nous enseigne qu'en donnant la dîme, nous deviendrons riches. Certains dissent qu'ils ne peuvent pas donner la charité par crainte de devenir pauvre.

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le rabbin David Schallheim

Posté sur 19.10.21

La rémission des prêts

De la même façon que la Tora ordonne que chaque septième année, les produits de la Terre d'Israël doivent être laissés libres d'accès pour tout le monde (Vayiqra 25:5-7), la Tora ordonne que les prêts soient annulés “à la fin de la septième année”, l'année de Chemita.
 
“Tous les sept ans, tu pratiqueras la Chemita Voici le sens de la Chemita : tout créancier doit faire remise de sa créance de ce qu'il aura prêté à son prochain. Il n'exercera pas de contrainte contre son prochain et son frère, dès qu'on aura proclamé la rémission en l'honneur du Seigneur. L'étranger, tu peux le contraindre ; mais ce que ton frère aura à toi, que ta main l'abandonne.” (Devarim 15:1-3)
 
Le fait que la Chemita ne s'applique pas aux non juifs indique qu'il s'agit d'un acte de 'hessed (bienveillance) que la Tora nous demande de faire preuve envers nos compatriotes juifs. De fait, s'il était malhonnête de collecter de telles dettes, il serait également interdit de le faire de la part des non juifs.
 
La Tora poursuit (ibid. 4) : “À la vérité, il ne doit pas y avoir d'indigent chez toi, car l'Éternel veut te bénir dans ce pays que Lui, ton D-ieu, te destine comme héritage pour le posséder.”
 
Ainsi, la Tora nous enseigne la mitswa de la Chemita et poursuit avec la promesse qu'il n'y aura pas de pauvres parmi nous. Pour quelle raison la Tora lie ces deux concepts ?
 
Le chidoukh
 
Le 'Hafetz 'Haïm explique le lien entre ces deux concepts grâce à une parabole.
 
Rouven et Chim'on ont eu le bonheur de faire un chidoukh (promesse de mariage) entre le fils du premier et la fille du second. Rouven promit de donner mille pièces en or pour la dot de son fils et Chim'on promit d'en faire autant pour la dot de sa fille. Ils se mirent d'accord sur une date butoir pour confier l'argent à une tierce partie : le premier jour du mois juif d'adar (février-mars).
 
Quelques jours avant la date limite, les deux se rencontrèrent. Rouven dit à Chim'on : “Il me semble que vous n'êtes plus intéressé par le chidoukh.”
 
“Pour quelle raison pensez-vous cela ?” demanda Chim'on.
 
“D'après ce que je vois, je n'ai pas l'impression que vous envisagez de déposer l'argent de la dot de votre fille chez la personne sur laquelle nous nous sommes mis d'accord.”
 
“Que D-ieu nous préserve !” s'exclama Chim'on. “Je n'ai aucune intention d'annuler le chidoukh. Venez avec moi et je vous montrerai les mille pièces en or que j'ai déjà préparées à cette fin.”
 
“En fait,” continua Chim'on, “c'est plutôt moi qui possède de bonnes raisons de croire que vous désirez annuler le chidoukh. Autrement, pour quelle raison m'accuseriez-vous de cela ? De plus, j'ai appris que vous venez d'investir tout votre argent dans un nouveau commerce et que vous ne disposez plus d'assez d'argent pour la somme que nous avons convenu !”
 
Le 'Hafetz 'Haïm explique ainsi la parabole : la Tora nous a donné de nombreux commandements qui concernent la dîme et la charité. Dans le passage qui précède les versets que nous avons cités précédemment, la Tora nous ordonne de prélever la dîme (ma'asser chéni qui représente 10% de la récolte) : “Tu prélèveras la dîme du produit de ta semence, de ce qui vient annuellement sur ton champ.” (Devarim 14:22)
 
Si une personne ne prélève pas la dîme pendant une période entière de trois années, la Tora lui ordonne de distribuer néanmoins toute la dîme qu'elle aurait dû donner. Elle doit la distribuer aux personnes qui étaient censées la recevoir avant le début de la fête de Pessa'h de la quatrième année : “À la fin de la troisième année, tu extrairas la dîme entière de tes produits de cette année et tu la déposeras dans tes murs pour que le Lévite (…), l'étranger, l'orphelin et la veuve qui sont dans tes murs, puissent venir manger et se rassasier.” (ibid. 28-29)
 
En tout, le fermier est obligé de désigner plus de 20% de sa récolte pour la charité : la dîme pour le Kohen (térouma), la première dîme pour les Lévites et la deuxième dîme pour les pauvres (ibid. 22-27).
 
Ensuite, la Tora fait de nouveau mention de la mitswa de Chemita : “Tous les sept ans, tu pratiquera la loi de Chemita” (ibid. 15:1). C'est pendant cette année que le fermier doit laisser libres ses champs et ses vergers pour quiconque désire y ramasser ce qui y pousse. De plus, le fermier n'a pas le droit de travailler la terre pendant cette année.
 
De la sorte, la Tora oblige le cultivateur à donner plus d'un tiers de sa récolte !
 
Nous pourrions penser : “Ce n'est pas mon intérêt d'être fermier. Je me dirigerai donc vers le monde de la finance pour gagner ma vie. Je serai banquier, j'accorderai des prêts aux autres personnes…” En réponse, la Tora poursuit : “Voici le sens de la Chemita : tout créancier doit faire remise de sa créance de ce q'il aura prêté à son prochain. Il n'exercera pas de contrainte contre son prochain et son frère” (ibid. 2).
 
Pour revenir à la parabole, une personne pourrait avoir envie de se tourner vers la personne avec laquelle elle s'est mise d'accord pour marier son fils à sa fille avec la revendication que c'est cette personne – Hachem et Sa Tora – qui désire rompre le chidoukh.
 
Une personne pourrait se plaindre que la réalisation des mitswoth ne lui permettra pas de survivre ! Qu'elle se dirige vers l'agriculture ou vers le monde de la finance, elle doit donner la dîme et faire la Chemita de la terre et des prêts. Il pourrait lui sembler qu'elle est obligée de donner la quasi-totalité de ses bénéfices ! Dans ces conditions, de quelle façon pourrions-nous envisager de gagner notre vie ?
 
Cela pourrait amener la personne à penser qu'elle doit abandonner ses obligations de donner ses “milles pièces d'or”, sa part pour faire le “chidoukh” avec Hachem, qui est l'obligation de venir en aide aux pauvres.
 
Le cas de la pauvreté
 
Par conséquent, la Tora fait suivre le commandement de la Chemita avec le verset (ibid. 4) : “À la vérité, il ne doit pas y avoir d'indigent chez toi, car l'Éternel veut te bénir dans ce pays que Lui, ton D-ieu, te destine comme héritage pour le posséder.”
 
La Tora suggère que la pauvreté pourrait être chez toi, c'est-à-dire : à cause de toi !
 
Nos Sages ont enseigné : “Il existe quatre raisons pour lesquelles les propriétaires perdent leurs biens : ils ne paient pas leurs employés en temps voulu (Rachi : ils les renvoient en utilisant des prétextes) ; ils oppriment leurs travailleurs d'un point de vue monétaire (en ne les payant pas du tout) ; ils ôtent le joug de leurs responsabilités en le plaçant sur leurs compatriotes ; à cause de leur arrogance (causée par leur richesse)” (Souca 29b, avec Rachi).
 
Nous pouvons être la cause de notre propre perte. Par conséquent, la Tora nous met en garde de ne pas amener la pauvreté parmi nous. Nous devons être charitables envers les moins fortunés que nous et les personnes qui dépendent de nous. Nous ne pouvons pas esquiver nos responsabilités ! Nous devons croire en Hachem et être persuadés que c'est Lui qui nous donnera toujours un gagne-pain suffisant et qui correspond à nos besoins. Nous devons également être convaincus que nous n'avons rien à perdre en suivant Sa volonté.
 
Ainsi, nous pouvons ouvrir notre main à la charité et être persuadés que notre “chidoukh” gardera sa promesse : “l'Éternel veut te bénir dans ce pays que Lui, ton D-ieu, te destine comme héritage pour le posséder.” (Michlé Ha'Hafetz 'Haïm 38).
 
Encore plus !
 
En vérité, non seulement nous ne perdrons rien en donnant la dîme, mais la Tora nous promet de recevoir encore plus si nous le faisons. Ceci est écrit dans le verset (Devarim 14:22) : “Tu prélèveras la dîme (“'assère ta'assère”) du produit de ta semence de ce qui vient annuellement sur ton champ.”
 
Selon le Midrach Tan'houma, le verbe “tu prélèveras” peut être lu “ta'achère” (“tu deviendras riche”). De la sorte, la Tora nous enseigne qu'en donnant les différentes dîmes, nous deviendrons riches. Ceci contredit entièrement ce que disent les personnes qui prétendent qu'elles ne peuvent pas donner la charité car elles craignent de devenir pauvres.
 
On trouve ce concept – selon lequel donner la dîme augmente la richesse plutôt que de la réduire – également ailleurs dans la Bible. D-ieu dit : “Apportez toutes les dîmes dans le lieu du dépôt, pour qu'il y ait des provisions dans la maison… et testez-Moi à propos de cela ; vous verrez si Je n'ouvre pas en votre faveur les fenêtres du Ciel, si Je ne répands pas sur vous la bénédiction au-delà de toute mesure.” (Malachie 3:10)
 
De nos jours, nous n'avons plus la mitswa des dîmes agricoles ; par conséquent, la coutume est de donner 10% (et un maximum de 20%) de nos revenus à la charité.
 
Puissions-nous toujours donner d'une façon généreuse et conduire nos affaires avec une main grande ouverte. De cette façon, nous permettrons à notre “chidoukh” de garder Sa promesse (Devarim 15:4) : “L'Éternel veut te bénir dans ce pays que Lui, ton D-ieu, te destine comme héritage pour le posséder.”

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