Un bras de fer à ne pas perdre

Le Yetser Hara' désire nous asséner un coup uniquement parce que nous lui en avons donné un. Pour lui, une mitswa faite par une âme juive est la pire des choses...

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David-Yits'haq Trauttman

Posté sur 06.04.21

14 ‘rechvan 5770 – 1er novembre 2009

Nous sommes tous des grands enfants. Cela possède certains avantages : nous pouvons en un clin d'œil nous enthousiasmer pour une idée nouvelle ; nous possédons un grand pouvoir pour “rebondir” après avoir vécu un moment difficile, qu'à D-ieu ne plaise. Également, nous sommes toujours prêts à saisir une occasion pour rire et garder notre moral au beau fixe. Cependant, cet état d'esprit a ses inconvénients et les ignorer peut nous miner la vie.
 
Le syndrome des crevaisons à répétition
 
Au volant de notre voiture, nous savons qu'une crevaison est toujours possible. Lorsque cela arrive, nous n'apprécions guère d'en être la victime, mais nous savons que cela fait partie de la vie. Pourtant, si sur le même trajet, nous subissons une série de crevaisons, nous accusons immédiatement le coup et les choses prennent une tournure nettement plus amère.
 
À vrai dire, il n'est pas très difficile de comprendre la différence entre les deux situations. Dans le premier cas, nous sommes conscients que la vie possède ses risques inhérents et nous avons été éduqués pour y faire face. Dans le second cas, l'aspect anormal de la situation nous désempare et ce sont tous nos repères que nous perdons en un clin d'œil : la tranquillité d'esprit, la mise en perspective, notre pouvoir de réflexion…
 
Le syndrome des crevaisons à répétition ne concerne pas seulement le conducteur au volant de sa voiture. De fait, c'est notre vie entière qui se trouve sous sa menace et ses victimes se comptent en grand nombre. Si nous n'y prêtons gare, nous pouvons tomber sous son couperet en moins de temps qu'il faut pour le dire, que D-ieu nous préserve.
 
Cela peut être le cas lorsque les ennuis de la vie quotidienne deviennent plus nombreux que d'habitude et d'une fréquence plus soutenue. Après un certain temps, notre vision de la vie se modifie en s'assombrissant et notre irascibilité apparaît à fleur de peau. La personne enjouée et heureuse que nous étions s'est transformée en un individu amer et abandonné par l'espoir. Notre entourage paye lourdement ce changement : notre capacité de fonctionner en société s'en trouve atteinte et notre vie de famille grandement perturbée.
 
Ce processus touche trop de personnes pour que nous ayons de la difficulté à comprendre ce dont nous parlons ici. Dans certains cas, la situation en est d'un danger extrême : lorsque les pensées d'une personne s'assombrissent, c'est son monde – le monde entier – qui bascule et qui est sur le point de s'effondrer. Après avoir consulté un rabbin compétent, il peut même être ordonné de transgresser les lois de Chabath pour aller sauver – moralement – cette personne.
 
Un casting à connaître
 
Le plus souvent, le naufrage est dû à cause de notre méconnaissance des véritables tenants et aboutissants de la vie. En ce point, nous ressemblons à des enfants qui ne possèdent pas l'intelligence nécessaire pour apprécier chaque situation à sa juste valeur. Ceci est le plus grand inconvénient à être des “grands enfants.”
 
D-ieu aime infiniment chacune de Ses créatures. Pourtant, notre méconnaissance nous amène quelques fois à penser le contraire. Prenons quelques exemples : une personne a décidé de franchir le grand pas et de mettre – chaque jour – les téfilines ; une autre préfère goûter à la saveur d'un Chabath juif – avec ses chansons, ses paroles saintes et ses repas de famille – plutôt que de passer son samedi après-midi à faire les vitrines des magasins ; une troisième est résolue à soigner sa pratique d'une mitswa particulière, etc.
 
Dans tous ces cas, il est question d'une décision qui a été prise dans la bonne direction : celle du rapprochement d'avec D-ieu. Partant, chaque personne attend un minimum de compréhension céleste et une Aide divine pour lui permettre de tenir parole. L'avantage de cette pensée est qu'elle semble logique ; son défaut est qu'elle ne correspond pas à la réalité.
 
Penser de la sorte, c'est ignorer la présence d'une entité spirituelle nommée le mauvais penchant. Si nous vivons dans cette ignorance, le syndrome des crevaisons à répétition possède toutes les chances de nous rendre la vie intenable et misérable.
 
Le mauvais penchant n'a été créé que pour tester notre résolution à nous rapprocher de D-ieu. Si le Maître du monde est prêt à nous récompenser pour suivre la bonne direction – celle de la Volonté divine – c'est qu'il nous est donné le choix d'emprunter une autre voie : celle qui nous éloigne du Divin, que D-ieu nous préserve.
 
Imaginons un homme qui dirait à sa femme : “J'ai tenu la promesse que je t'avais faite : je n'ai posé le regard sur aucune autre femme !” Celui-ci pourrait difficilement s'en vanter si le couple vivait sur une île déserte… et en l'absence d'une autre présence féminine !
 
Il en va de même dans le domaine spirituel. Si D-ieu est prêt à nous récompenser de nos bonnes actions, c'est que les tentations existent et que notre libre-arbitre nous permet de choisir entre le bon et le mal, entre la vie et la mort.
 
Un bras de fer permanent
 
Ainsi, le Yetser Hara' (le mauvais penchant) nous attend au détour. Aussi longtemps qu'une personne vit la vie des non juifs, le Yetser Hara' a la vie tranquille : le juif fait lui-même son travail ! Pourtant, dès l'instant où l'âme juive peut se faire entendre – et que le juif se réveille de sa torpeur spirituelle – le Yetser Hara' prépare sa riposte. Si nous lui avons asséné un coup avec une mitswa, il désire nous en rendre un avec un coup dur dont il est maître.
 
Si deux personnes participent à un bras de fer, la situation suivante est habituelle : les deux personnes équilibrent leurs forces et aucun bras ne semble pouvoir l'emporter sur l'autre. Cependant, en rassemblant un minimum d'énergie, une des personnes parvient à pousser le bras de son adversaire de quelques centimètres. Se produit alors une riposte immédiate – un réflexe – de l'autre personne qui pousse encore plus fort qu'elle ne le faisait jusqu'alors.
 
Ce réflexe existe uniquement par la présence de la poussée précédente. Le Yetser Hara' désire nous asséner un coup uniquement parce que nous lui en avons donné un. Pour le mauvais penchant, une mitswa faite par une âme juive est la pire des choses qui peut lui arriver. Son réflexe est de nous assommer spirituellement en nous faisant croire qu'Hachem Lui-même nous donne un coup pour nous faire comprendre que nous faisons fausse route.
 
Ce bras de fer spirituel est un élément essentiel de notre vie. C'est lui qui nous abat ou qui nous renforce. C'est dans l'adversité et l'effort que nous progressons : dans le monde matériel et dans le monde spirituel. C'est uniquement pour nous rapprocher encore plus de Lui qu'Hachem a créé le mauvais penchant et en aucun cas pour laisser éclater sa colère à notre égard à moindre frais.
 
Quelle attitude adopter lorsque le Yetser Hara' désire nous assommer ? Prendre le coup sans rien dire et surtout, ne pas fléchir dans notre conviction de vouloir poursuivre notre rapprochement avec D-ieu. En faisant “comme si de rien n'était”, nous montrons au forces du mal qu'elles ne nous contrôlent pas, même si nous ne pouvons pas les éviter.
 
De fait, selon le principe que l'attaque est la meilleure défense, il est même conseillé de prendre sur soi une nouvelle mitswa lorsque nous sentons que le mauvais penchant se renforce à notre encontre. Après quelques mauvais coups assénés de sa part, nous aurons vite fait de dégoûter le Yetser Hara'. Si son objectif est de nous éloigner de D-ieu, il comprendra rapidement que son intérêt est de nous laisser tranquilles : à chaque nouveau que nous recevons, nous décidons de faire plus de mitswoth !
 
C'est de la sorte que nous pouvons également être joyeux, même dans les moments difficiles de la vie. Le principal consiste à se concentrer sur l'objectif ultime et de ne pas oublier qu'après la tempête viendra le soleil. Si nous parvenons à faire du mauvais penchant notre complice dans notre rapprochement du Divin – car en fin de compte, n'est-ce pas lui qui nous permet de nous renforcer dans notre résolution ? – nous vivrons les coups dur dans la joie et le sourire aux lèvres !
 
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