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En Israël, les petites choses deviennent saintes. Récolter ses produits et donner la dîme est un exemple de notre capacité de transformer un geste quotidien en une action sainte.

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Ya'aqov Rupp

Posté sur 26.12.21

Prélever la dîme pour Hachem

Lorsque la récolte est réussie, la principale raison de ce succès n'est sans doute pas le fermier lui-même. De fait, ce sont plutôt le sol fertile, la quantité adéquate de pluie et la température clémente qui sont les clés de la réussite. Sans eux, il n'y a pas de récolte possible, même pour le meilleur fermier au monde.
 
Bien sûr, cela ne signifie pas que le fermier ne travaille pas très dur pour arriver à un résultat satisfaisant. Tout ce qu'il faut savoir, c'est que les dons du Ciel représentent l'aspect le plus important du travail agricole. Ainsi, en séparant les bikourim, nous n'oublions pas que c'est la bénédiction de D-ieu qui amène le succès, plutôt que le fruit de notre labeur (et même si celui-ci est indispensable.)
 
De plus, le premier produit de chaque chose établit toujours un précédent. Le premier est la racine. De la sorte, en consacrant les premiers produits à Hachem, nous nous assurons que le reste de la récolte sera également enracinée en Sainteté.
 
Le seconde dîme inclut terouma et ma'sser richon. Afin de prendre terouma, il faut séparer 2% d'un produit et le consacrer au Kohanim (les prêtres). Ensuite, les Kohanim eux-mêmes séparent 10% de ce qu'ils ont reçu et ils le donnent aux Lévi.
 
Le ma'asser richon représente un moyen d'assistance pour les Lévi ; c'est grâce au ma'asser richon qu'ils pouvaient réaliser leur service dans le Temple de Jérusalem, sans devoir s'inquiéter de leur santé financière. Dans la mesure où de nos jours le Temple a été détruit, nous ne donnons pas le terouma ni le ma'asser aux Kohanim, ni aux Lévi. Plutôt, nous les séparons des produits agricoles et nous les détruisons.
 
Le nombre dix – qui est le pourcentage séparé pour les Lévi – symbolise l'unité. De fait, dix hommes qui prient ensemble forment un minyan ; celui-ci est indispensable pour certaines prières. Un minyan a le pouvoir de fusionner dix personnes différentes pour les faire devenir une seule entité et un ensemble marqué par la Sainteté.
 
Le nombre dix représente la fusion d'un groupe formé de plusieurs individus pour une cause commune. L'objectif commun représenté par le ma'asser richon consiste à aider les individus qui servaient dans le Temple ; ce service était une obligation pour l'ensemble du peuple d'Israël. Ainsi, en séparant le terouma et le ma'asser richon, nous admettons que tout ce que nous possédons est uni pour le Service de D-ieu. Cela nous permet de nous lier à nos tâches et de faire de nous une Nation sainte.
 
De nos jours, après la destruction par les romains du Temple de Jérusalem, nous ne pouvons plus donner un dixième de nos produits aux Kohanim. Cependant, nous séparons encore la part des fruits qui devrait leur revenir et nous déclarons malgré tout que ce dixième appartient aux Kohanim.
 
En donnant le terouma et le ma'asser richon, nous établissons que notre premier objectif en récoltant nos fruits est de développer un lien fort avec D-ieu. Également, nous reconnaissons que nous faisons partie d'une nation unie, avec un objectif national unique. En d'autres termes, nos dîmes représentent notre désir d'inclure une certaine dose de spiritualité dans notre vie. Il est donc de la première important d'apprendre la façon pratique de séparer les différentes dîmes.
 
Jérusalem
 
Pendant certaines années d'un cycle de sept années – les 1ière, 2ième, 4ième et 5ième – nous prenons en addition un autre dixième de notre récolte. Celui-ci est appelé ma'aser chéni. À l'époque du Temple de Jérusalem, nous étions obligés d'amener ce dixième dans la ville sainte de Jérusalem et de le consommer entre les murs de la ville. Si la quantité de fruits était trop importante pour être transportée, il était possible de racheter ce dixième avec de l'argent. Dans ce cas, c'est avec cet argent que nous devions acheter à Jérusalem des aliments à consommer dans cette ville.
 
À l'époque où le Temple se dressait à Jérusalem, la ville était réellement un endroit unique et somptueux. Le Sanhédrin – la Cour Suprême de Justice – avait son siège à Jérusalem. La ville était le point d'attraction de l'étude de la Tora dans le monde ; c'est à Jérusalem que se trouvaient les rabbins les plus prestigieux et les plus grandes yéchivoth (établissements d'étude de la Tora.)
 
Il était possible de visiter le glorieux Beth HaMiqdach (le Temple) et d'assister aux sacrifices faits par les Kohanim ; également, on pouvait entendre les Levi prononcer les plus belles chansons à la gloire de D-ieu. La personne qui amenait ses dîmes à Jérusalem avait la possibilité de “vivre” dans la gloire du judaïsme d'une façon qu'il nous est impossible de comprendre de nos jours.
 
À cette époque, on pouvait réellement sentir la spiritualité et apprendre la pratique des mitswoth de la bouche des grands Maîtres de notre foi. C'est pour cette raison qu'il était possible de se lier dans la Tora qui provenait directement de Jérusalem.
 
Les pauvres
 
Pour conclure, la dîme finale qui devait être prise à l'époque du Temple l'était pendant les 3ième et 6ième années du cycle de sept années. Pendant ces années, on ne séparait pas le ma'asser chéni. D-ieu est la source ultime de notre richesse. La réalité de l'existence des pauvres dans notre monde – qui en ont toujours fait partie – nous enseigne le fait que les moins fortunés jouent un rôle crucial dans notre vie.
 
En réalité, si D-ieu désirait éliminer la pauvreté, Il ne manquerait certainement pas de moyens pour le faire. Peut-on penser que le Maître du monde ne pourrait pas rendre millionnaire chaque individu sur terre ? Plutôt, nous devons dire que notre objectif sur terre et d'imiter D-ieu afin d'obtenir une meilleure appréciation du Maître du monde.
 
Si D-ieu partage la richesse d'une façon inégale entre les individus, c'est pour nous permettre de donner aux moins fortunés que nous. L'action de donner et celle de recevoir permettent à leur tour de développer notre sentiment de dépendance par rapport à Hachem. C'est pour cette raison que la loi juive nous demande de donner aux pauvres une partie de notre récolte.
 
Les quatre dîmes différentes nous enseignent :
 
1) Notre essence se trouve dans le spirituel et en fin de compte, toutes nos réalisations trouvent leur source en D-ieu.
 
2) En dépit de notre individualité et de la diversité des talents que nous possédons, tout ce que nous faisons doit servir au Service de D-ieu.
 
3) Nous devons traduire nos objectifs spirituels élevés en des gestes concrets. Pour cela, nous devons apprendre à vivre une vie juive convenable et droite. On accomplit cela en nous associant avec les personnes qui sont immergées dans la Tora.
 
4) Le produit final de notre évolution spirituelle est de refléter les actions de D-ieu. On accomplit cela en prenant soin des personnes qui sont moins fortunées que nous.
 
Chaque individu qui vit une vie de la sorte et extrêmement pieuse et un Tsadiq.
 
Selon le Rav Leff, chaque dîme peut être représentée par une lettre. Terouma peut être représenté par la lettre “alef ”, la première lettre de l'alphabet hébreu. Ma'asser Richon peut être représenté par la 10ième lettre de l'alphabet : le “youd ” ; de fait, prendre le Ma'asser Richon consiste à prendre 10% d'un produit et le donner aux Kohanim.
 
Ma'asser Chéni est représenté par la lettre “lamed.” Le Ma'asser Chéni devait être consommé à Jérusalem et cela signifie que nous devons apprendre à traduire nos aspirations spirituelles en des gestes concrets. Ainsi, la lettre “lamed ” est pour “limoud” (“apprendre”). Pour conclure, le mot hébreu “nofal ” signifie “tomber” ou “s'abaisser.” Cela le met en rapport avec le Ma'asser Ani. Cette dîme est dont représentée par la première lettre du mot “nofal ”, c'est-à-dire la lettre “noun”.
 
Lorsque nous assemblons ces quatre lettres, cela forme le mot : “élon”, un arbre fruitier. Ainsi, nous apprenons du élon le chemin à suivre pour devenir un Tsadiq.
 
Selon Rabbi Na'hman de Breslev, “grâce à la Sainteté du la Terre d'Israël, il est possible d'atteindre la foi pure.” (Liqouté Etsoth, p. 29). Le message sous-jacent de la fête de Tou BeChavat concerne la Sainteté profonde d'Eretz Israël et de ses fruits.
 
Certes, il existe d'autres endroits sur terre qui peuvent nous éblouir par leur beauté : des montagnes majestueuses, des bords de plages paradisiaques, des vallées somptueuses… Également, il existe des pays empreints d'une histoire riche et passionnante ; pourtant, aucun autre endroit ne ressemble à Eretz Israël.
 
En Israël, les plus petites choses deviennent saintes. Récolter ses produits et donner la dîme est un parfait exemple de notre capacité de transformer un geste quotidien en une action dotée de Sainteté. Considérée sous cet angle, une récolte devient l'occasion d'élever un individu et de le changer en un miroir de l'Image divine.
 
Ceci est la réponse à la question de la grand-mère de mon ami. En Israël, le plus simple des fruits que nous consommons chaque jour, ainsi que la terre sur laquelle nous marchons, possèdent le potentiel de nous transformer. Il est évident qu'il est parfaitement possible de mener une vie de Tora à l'extérieur d'Israël ; cependant, l'essence même de cet endroit saint nous pousse vers les sommets inégalés.
 
À Tou BeChavat, de nombreuses personnes ont l'habitude de consommer des fruits de la Terre d'Israël. Sans doute, cela est fait pour se rappeler que ce qui pousse sur cette terre ne peut pousser nulle part ailleurs dans le monde. D'autres endroits peuvent avoir des fruits plus gros, moins chers ou un plus grand choix, mais il n'existe aucun autre pays qui produit des Fruits saints.
 
Par conséquent, en dépit du fait que le peuple juif est dispersé à travers le globe depuis plusieurs milliers d'années, nous languissons également depuis le début de cette période de nous retrouver tous sur cette terre : elle est notre demeure naturelle et aucune autre ne lui ressemble.