Behoukotai : Enseigner aux enfants

Lorsque j’enseignais dans une école juive au sud de la Californie, j’ai demandé à ma classe de terminale de quel pays étions-nous sortis à Pessa’h. Pas un étudiant n’a levé la main. Ensuite, j’ai posé la question suivante : “Combien d’entre vous ont suivi au moins deux cours d’un an ou plus sur l’Holocauste ?” Alors que toutes les mains se levaient, j’ai compris pourquoi beaucoup de nos enfants étaient si perdus. L’éducation juive contemporaine se concentre sur les aspects négatifs de notre histoire, sans discuter de notre passé glorieux, et des raisons de nos souffrances. 

Beaucoup d’entre nous ont été élevés avec une conscience aiguë de l’holocauste L’holocauste est devenu un élément central de l’identité juive américaine. L’exposition de nombreux Juifs au judaïsme consiste en des photos en noir et blanc de femmes chauves et de vieillards debout derrière des clôtures de barbelés. Il n’est donc pas étonnant qu’ils fassent tant d’efforts pour se distancier du judaïsme. Oui, il est impossible de comprendre la profondeur de nos tragédies, mais se concentrer sur ces instantanés de l’histoire offre une image intensément douloureuse et inappropriée du judaïsme. Parachat Behokutai nous donne un aperçu profond de la façon de comprendre notre histoire dans son contexte et comment rectifier notre passé tout en ouvrant la voie à un avenir meilleur. 

Le vrai monde

Selon le Rambam, à l’époque du Machia’h, le monde reviendra à son cours naturel. Ce monde ‘naturel’ inclut la cessation totale de la famine, de la guerre, de la maladie et de la jalousie, et une abondance de luxe ( Hilchot Melachim 12:1-5). C’est comme si le Rambam décrivait l’antithèse du monde tel que nous le connaissons. Comment notre saint Sage pourrait-il offrir une vision aussi biaisée de ce que nous considérons comme la réalité ? 

Le Rambam nous enseigne que notre réalité est, en fait, contre nature. Les gros titres des nouvelles du soir reflètent un monde bien différent de celui qui était prévu par le Créateur. Le rav Zev Leff compare ce monde à un hôpital pour infirmes. Un enfant infirme qui est né et a grandi dans cet hôpital et qui n’a jamais vu le monde extérieur supposerait que tout le monde est infirme. S’il rencontrait une personne qui n’était pas infirme, il supposerait que cette personne était surnaturelle. 

Dans cet esprit, il est logique que le jardin d’Eden soit le modèle de notre monde. Il est logique que dans un monde parfait, reflétant notre parfait Créateur, la création réponde à tous nos besoins.

Monde imparfait

Notre tradition nous enseigne que le monde imparfait d’aujourd’hui est le résultat des péchés de l’homme, qui ont causé une rupture dans notre relation avec HaChem. Réparer cette relation distante, nous rapproche d’HaChem. Rabbi Na’hman  écrit : « Lorsqu’une personne entre au service de D.ieu, alors, en règle générale,il semble qu’On la repousse, que Dieu le repousse et l’empêche de se rapprocher de Lui. En vérité, cependant, tout ce rejet est conçu pour le rapprocher” ( Courage! Le désespoir n’existe pas, p. 153). Nos tribulations – à la fois nationales et individuelles – sont des défis conçus par le Maitre du monde pour nous aider l’atteindre.

Dans Parachat Behoukotai, D.ieu dit au peuple juif que s’ils suivent les décrets énoncés dans la Torah, ils connaîtront d’abondantes bénédictions à la fois dans ce monde et dans l’autre. Cependant, s’ils ne respectent pas les commandements et tournent le dos à D.ieu, le Tout-Puissant répondra en conséquence. Comme nous le lisons, “Mais si vous ne m’écoutez pas et n’exécutez pas tous ces commandements… alors je détournerai ma Face” ( Vayikra 26:17).

Dans son introduction au Chemin du Juste, le Ramchal écrit que le but de la création est de nous donner l’opportunité de nous rapprocher de D.ieu – le plus grand plaisir. La création est structurée pour nous permettre le plus grand accès à Sa bonté. La nature humaine est telle que le plaisir que nous tirons d’une récompense est directement proportionnel à la quantité d’efforts que nous déployons pour atteindre la récompense. Une aumône apporte avec elle un minimum de plaisir, et souvent de la honte, tandis que les personnes qui travaillent dur ressentent l’énorme satisfaction de la réussite. 

Pour obtenir la plus grande récompense, nous devons faire des efforts pour nous connecter avec le Tout-Puissant. Dans la parachat Behukotai, HaChem nous dit que si nous marchons dans ses voies, nous mériterons une multitude de bénédictions, tandis que le fait de ne pas agir de manière appropriée entraîne de graves conséquences.

Conséquences

Ces conséquences, qui comprennent à la fois les maladies physiques et l’exil, visent à enseigner au peuple juif que la vie sans un lien profond avec le Tout-Puissant est dure et indésirable. Ces châtiments devraient servir de signe de nos méfaits et nous inciter à nous repentir. Pourtant, un destin encore pire attend ceux qui ont choisi de ne pas voir la main divine dans leur souffrance. Ces personnes préféreraient expliquer leur douleur comme un produit de la nature et continuer ainsi dans leurs voies erronées. 

Le passage dit : « Alors ils confesseront leurs péchés et les péchés de leurs ancêtres, pour la trahison qu’ils M’ont faite, et aussi pour s’être comportés envers moi avec désinvolture .  Moi aussi, je me comporterai envers eux avec désinvolture et je les ferai entrer dans le pays de leurs ennemis – peut-être alors leur cœur insensible sera-t-il humilié et alors ils obtiendront l’apaisement pour leur péché ” ( Vayikra 26:40 ). 

La réaction d’HaChem à notre repentir semble déroutante. Après tout, si D.ieu nous a punis pour que nous nous tournions vers lui, ne devrait-il pas mettre fin à la punition une fois que nous reconnaissons notre erreur ?     

Nos Sages expliquent qu’ HaChem désire non seulement notre repentir, mais que nous comprenons aussi la nature de nos péchés. HaChem n’acceptera pas notre Téchouva si nous n’avons pas l’intention de renforcer notre relation avec Lui. Nous devons faire attention à ne pas considérer Sa colère dans notre vie comme rien de plus qu’un hasard et ne pas reconnaître la Main divine dans notre souffrance. 

De nombreux érudits modernes attribuent à tort notre souffrance à l’absence ou à l’ambivalence du Tout-Puissant, à D.ieu ne plaise. Ce point de vue, si souvent expliqué aux enfants juifs curieux, a et continue d’apporter des malheurs au peuple juif. La paracha de cette semaine nous assure qu’à aucun moment de l’histoire juive nous n’avons été victimes des circonstances ! Même dans nos moments les plus sombres, D.ieu est avec nous. Nous sommes capables de rejeter notre « réalité » douloureuse et de chercher ce Jardin d’Eden qui nous était destiné. 

Refléter la miséricorde d’HaChem

Tout ce que nous rencontrons vient directement du Tout-Puissant. Souvent, les gens considèrent ce qui est bon dans leur vie comme ce à quoi ils ont droit, et le mal comme un hasard. Mais le plaisir et la douleur sont le reflet de la grande miséricorde d’HaChem. Nous devons apprendre à utiliser les défis auxquels nous sommes confrontés pour nous rapprocher du Tout-Puissant. La douleur et la distance qui, selon nous, nous séparent du Tout-Puissant ne sont rien de plus qu’une illusion car lumière pure de la Torah brille et repoussera les ténèbres. Rabbi Nachman déclare que pour surmonter nos défis et recevoir dans le monde naturel des bénédictions abondantes et de la paix, « … nous avons besoin d’un grand courage. Nous devons nous renforcer grandement !

Apprenons à nos enfants à accepter les défis auxquels ils sont confrontés et à les utiliser pour se rapprocher du Tout-Puissant. Transmettons un message d’espoir, plutôt que de désespoir. En armant la prochaine génération d’espoir et de passion pour atteindre son potentiel, nous aidons à ramener le monde à son état naturel – l’ère messianique !