L’anatomie d’une malédiction

Honnêtement, en tant que résidents d'une société libre et ouverte, il nous est presque impossible d'imaginer ce genre de haine insensée. Le débat sur la nature de l'antisémitisme dépasse le cadre de cet article. Le sujet que je voudrais aborder est la nature de la malédiction qui allait avoir lieu, telle que racontée dans la lecture de la Torah de cette semaine. Que s'est-il passé et comment cela aurait-il pu nous affecter si cette malédiction avait pris effet ?

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le rabbin David Charlop

Posté sur 07.07.22

Maudire une personne est un acte vicieux. Maudire une nation entière reflète une maladie. J’écris ces mots en parcourant les villes de Pologne. Il y a environ soixante-dix ans, l’Allemagne nazie, avec l’aide directe des Polonais, des Ukrainiens, des Lituaniens et d’autres nations voisines, a perpétré les crimes les plus horribles jamais commis contre le peuple juif et l’humanité. Et pendant que ces crimes se déroulaient, le reste du monde « civilisé » restait silencieux.

Honnêtement, en tant que résidents d’une société libre et ouverte, il nous est presque impossible d’imaginer ce genre de haine insensée. Le débat sur la nature de l’antisémitisme dépasse le cadre de cet article. Le sujet que je voudrais aborder est la nature de la malédiction qui allait avoir lieu, telle que racontée dans la lecture de la Torah de cette semaine. Que s’est-il passé et comment cela aurait-il pu nous affecter si cette malédiction avait pris effet ?

Pour répondre à ces questions, nous pouvons nous tourner vers une célèbre idée hassidique basée sur un commentaire écrit par Tosefot, un groupe de grands érudits talmudiques du Moyen Âge. Ces idées peuvent nous fournir un aperçu important de l’intention de Bilaam, le personnage principal de notre paracha, lorsqu’il a essayé de maudire le peuple juif.

Cette semaine, nous avons lu que Balak, le roi de Madian, était dans un état de panique alors que le peuple juif se dirigeait vers la terre d’Israël. Craignant pour lui-même et son pays, son plan était d’engager la plus grande figure spirituelle non juive de l’époque, Bilaam, pour maudire le peuple juif, réduisant ainsi ses chances de victoire. Bilaam a saisi l’occasion, espérant causer un maximum de dégâts. En fait, le Talmud nous informe que, s’il avait réussi, Bilaam aurait pu éliminer le peuple juif, à D.ieu ne plaise. Comment a-t-il pu réaliser ce terrible plan ? Selon le Talmud, il y a un moment chaque jour où la colère d’Hachem atteint son apogée. Bilaam connaissait cet instant, et s’il nous avait maudits à ce moment-là, les dégâts auraient été terribles.

Le Talmud indique que ce moment n’était, en fait, qu’une fraction de seconde. Les commentateurs appelés Tosefot demandent, quel genre de malédiction aurait pu être tellement dévastatrice.  Ils répondent à cela que Bilaam aurait pu dire le mot hébreu « Kalam ». Le sens simple de ce mot signifie “détruis -les “. Destruction totale, à D.ieu ne plaise. Nous sommes conscients qu’il y a eu des moments, en particulier l’Holocauste, qui ont reflété des périodes de colère divine et de destruction.

Il y a une vision fascinante des maîtres hassidiques qui reflète un autre type de destruction, qui est peut-être plus pertinent pour nous aujourd’hui. Le mot mentionné ci-dessus est écrit avec les lettres hébraïques “Kaf-Lamed-Mem”. Ce qui est fascinant, c’est qu’il s’agit exactement des mêmes lettres que le mot “Melech” – “Roi” uniquement dans l’ordre inverse (Mem-Lamed-Kaf). Les mots hébreux sont pleins de sens et le fait que « Kalam » (détruis-les) et « Melech » (Roi) soient similaires nous donne une leçon fondamentale.

Les différentes lettres hébraïques symbolisent différents mots et concepts. Selon les maîtres hassidiques, la lettre “Mem” représente “Moach”, l’esprit. “Lamed” représente le “Lev” – le cœur, tandis que “Kaf” – le “Kaved” – le foie, représentant souvent la source de l’activité physique. Le roi juif a été appelé à donner l’exemple de ce qu’était le véritable service à Hachem. Sa constitution spirituelle devrait refléter la façon dont la Torah veut que nous vivions. Le “Mem”-“Moach”-“Esprit ” était au sommet, suivi de “Lamed”-“Lev”-“coeur” et enfin “Kaf”-“Kaved”-“foie”. L’esprit contrôlait ses actions, lui donnant la clarté nécessaire pour faire ce que la Torah dictait. Ensuite, il y avait son monde émotionnel riche, comme les Psaumes du roi David. Enfin, son monde physique était essentiel et dynamique, mais il était clairement au bas de sa liste de priorités.

Au contraire, Bilaam voulait nous maudire avec le mot qui représentait l’état d’être opposé. Espérant détruire le caractère unique des Juifs, il a voulu bouleverser notre monde idéal. Il voulait effectuer un changement par sa malédiction qui nous ferait vivre dans un monde de “Kaf”-“Kaved”-“Foie, que notre monde physique serait primordial. Ensuite, nous avons notre monde émotionnel incontrôlé, notre “Lamed” – “Lev” – “Coeur” et le dernier et le moins, selon la tentative de malédiction de Bilaam, c’était “Mem” – “Moach” – “Esprit”. Il savait que la plus grande malédiction qu’il pouvait perpétrer était de faire vivre au peuple juif une vie de vide, dans laquelle le physique régnait en maître.

L’anéantissement physique est l’une des façons dont nos ennemis ont tenté de nous détruire. L’autre est par la dégénérescence spirituelle. Si Bilaam avait réussi, le noble peuple juif aurait été maudit et «détruis » par des pogroms et des holocaustes. Cependant, nous aurions aussi été détruis en vivant une vie dénuée de sens.

Grâce à la bonté d’HaChem, nous avons été sauvés de l’anéantissement physique et spirituel. A notre époque, si nous ne craignons pas les menaces physiques d’un Holocauste, nous devons encore nous inquiéter des effets d’un monde qui nous priverait de la noblesse et de l’unicité de l’âme juive. Qu’Hachem nous aide.

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