Deux poids deux mesures

Deux poids deux mesures ne font pas seulement référence à la tricherie dans le commerce, mais symbolisent un double standard celui de la façon dont nous nous jugeons et celui de la façon dont nous jugeons les autres.

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le rabbin Lazer Brody

Posté sur 11.09.22

“Tu n’auras pas dans ta poche deux poids “ (Devarim 25:13).

Avant l’ère des balances numériques et mécaniques, les gens menaient leurs affaires avec des balances, où un poids précis prédéterminé était placé d’un côté et les marchandises étaient placées de l’autre côté. Ainsi, lorsqu’un propriétaire de magasin mettait un poids d’une livre d’un côté de la balance et six tomates de l’autre côté de la balance, si les plateaux de la balance étaient parfaitement équilibrés, alors le propriétaire et le client savaient tous les deux qu’ils conduisaient une transaction portant sur une livre de tomates.

Les marchands malhonnêtes avaient l’habitude de se promener avec deux jeux de poids dans leurs poches. Pour la vente, ils utiliseraient un poids insuffisant ; par exemple, leur poids d’une livre aurait pu peser seulement 450 g au lieu de 500 g. Le client moyen ne discernerait pas les grammes manquants et il était trompé de dix pour cent.

Par contre, pour acheter, le marchand malhonnête aurait un poids d’une livre qui pesait 550 g. Lorsqu’il achetait des tomates à un jardinier local, il payait 500 g, mais en utilisant une faux poids , il obtenait 550 g de tomates, trompant ainsi le jardinier de 50 g. Une telle malhonnêteté n’est pas seulement une violation flagrante de la loi de la Torah passible de coups de fouet, mais elle est également appelée une abomination.

Deux poids deux mesures ne font pas seulement référence à la tricherie dans le commerce, mais symbolisent un double standard celui de la façon dont nous nous jugeons et celui de la façon dont nous jugeons les autres. Naturellement, les êtres humains sont subjectifs – indulgents avec eux-mêmes mais rigoureux avec les autres. Nous avons cinquante-quatre raisons pour lesquelles nous avons négligé de rendre le bonjour à une autre personne – nous étions préoccupés par des questions urgentes, nous gardions nos yeux, nous revoyions mentalement notre étude  de la journée – la liste est longue. Pourtant, si quelqu’un d’autre ne répond pas à nos salutations, nous sommes dévastés. Nous accusons l’autre d’arrogance, de snobisme, et sommes prêts à lui jeter le livre.

Le double standard est carrément dangereux. Remarquez que le sujet des deux poids – le surpoids et le sous-poids – apparaît dans la Parachat Ki Tetzei qui tombe toujours au milieu d’Eloul lorsque nous nous préparons pour Roch Hachana. Rabbi Nachman de Breslev écrit ( Likutei Moharan II : 1.14), “Quand une personne parle d’une autre personne, cela ressemble à Roch Hachana, le jour du jugement. Par conséquent, il faut réfléchir s’il a le droit de juger l’autre personne.” Rabbi Nachman explique que personne ne possède  la mesure de la miséricorde de HaChem, et donc personne ne peut juger son prochain avec autant de miséricorde qu’ HaChem. Ce qui est pire, c’est que lorsque nous jugeons les autres avec rigueur, selon nos critères de non-miséricorde, nous perdons – à Dieu ne plaise – la miséricorde aimante d’HaChem, car une personne est jugée de la même manière dont elle juge les autres.

Soit nous devrions juger les autres avec au moins la même indulgence que pour jugeons nous-mêmes, ou soit nous abstenir complètement de les juger. Parfois, même les personnes instruites tombent dans le piège de juger les autres selon une norme différente de celle qu’ils jugent eux-mêmes, comme nous le verrons dans la parabole suivante :

La pittoresque congrégation du shtetel était au milieu de la lecture de la Torah du sabbat quand tout à coup un groupe d’enfants de neuf et dix ans a volé dans la shul (synagogue) comme un tourbillon, leurs vêtements de Shabbat souillés des poignets au col. Ils ont couru vers le rabbin et se sont exclamés : « Rabbi, rabbin, une vache est tombée dans une fosse ! Que faisons-nous ?

Le rabbin regarda les petits gamins avec impatience et dit : « Personne ne doit toucher la vache ! Le bétail est muktzeh (intouchable) le Chabbat ! Découragés que la vache puisse mourir, les petits garçons sont retournés dehors.

Quelques minutes plus tard, un groupe de garçons en âge d’avant la Bar Mitzvah a fait irruption dans la shul, leurs vêtements de Shabbat n’étaient pas plus beaux que ceux des garçons plus jeunes. Eux aussi coururent vers le rabbin, interrompirent la lecture de la Torah et crièrent : « Rabbi, rabbin, une vache est tombée dans une fosse ! Que faisons-nous ?

Le rabbin a réprimandé les garçons que s’ils avaient passé plus de temps dans la shul et moins de temps dans la boue et les meules de foin, ils connaîtraient mieux leurs lois de Chabbat. “Le Shulchan Aruch dit spécifiquement dans Orach Chaim chapitre 308, clause 39, qu’il est interdit de déplacer ou de soulever des animaux le Shabbat; ce sont des muktzeh! Maintenant, soit asseyez-vous et suivez la lecture de la Torah soit sortez d’ici!” Tous les garçons  optèrent  pour ce dernier conseil.

Trois minutes écoulèrent  et un groupe de jeunes femmes s’est rassemblé à l’extérieur de la shul en planches. Leur cacophonie a complètement noyé la lecture de la Torah. Le rabbin ferma temporairement la Torah et cria par la fenêtre : « C’est quoi tout ce remue-ménage ! Ne pouvez-vous pas respecter la Torah et garder le silence ?

Les jeunes femmes ont laissé échapper : « Rabbi, rabbin, une vache est tombée dans une fosse ! Qu’est-ce qu’on fait ?

“Rien!” cria le rabbin. “J’ai déjà déclaré trois fois qu’il ne faut pas soulever ou déplacer un animal le Chabbat – c’est muktzeh!”

Deux autres minutes passèrent, et un quatrième groupe de fidèles affolés vint informer le rabbin de la vache qui était tombée dans la fosse ; seulement cette fois, ils avaient une information supplémentaire vitale : “Rabbi, rabbin ! C’est ta vache qui est tombée dans la fosse !”

Sans sourciller, le rabbin déclara : « Appelle Ivan le gardien et dis-lui que j’ai dit de tirer la vache par les cornes !

Dès que le rabbin apprit que c’était sa vache qui était tombée dans la fosse, il n’eut aucun mal à tirer de sa manche de trouver une autorisation rabbinique …

C’est le moment de l’année d’être indulgent avec les autres et strict avec nous-mêmes. En jetant le double standard, nous invoquons la Compassion Divine pour un jugement favorable d’une inscription dans le Livre de la (longue et heureuse) Vie, amen !

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