Quel arbre es-tu ?

On voit des gens, des arbres des champs, qui, il y a tout juste une heure se tenaient debout, fiers. Observant le monde de haut, ignorant les murmures…

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le Rav Yossef Brook

Posté sur 05.04.21

On voit des gens, des arbres des champs, qui, il y a tout juste une heure se tenaient debout, fiers. Observant le monde de haut, ignorant les murmures…

« Et l’homme est comme l’arbre du champ. »
C’est clair.

La question est : quel arbre ?

Est-il un cèdre que la tempête déracine et fait tomber, ou bien un roseau qui se courbe, plie sous le vent et remercie Hachem de pouvoir se plier ?

Est-il un arbre que chaque coup de vent fait pencher du même côté, les yeux vers le bas pour voir les herbes qui poussent à ses pieds, ou bien un buisson qui remercie Hachem pour chaque centimètre d’arbre dont Il lui fait cadeau ?

Est-il un arbre que chaque coup de vent fait pencher dans son sens et qui, lorsque le vent cesse, revient à sa place ?

Quel arbre est-il ?
 
Des déserts sont peuplés d’arbres, d’hommes que le vent a déracinés et fait tomber, ils sont couchés à terre sans que personne ne les remarque. Peu à peu, leurs racines se dessèchent, ils se détachent du monde et finissent en bois de chauffage. Voyez comme les gens s’en servent pour réchauffer leur fourneau.

On voit des gens, des arbres des champs, qui il y a tout juste une heure se tenaient debout, fiers. Observant le monde de haut, ignorant les murmures à leurs pieds, ils se sentent différents des autres, rien de ce qui se passe plus bas ne les intéresse. Leurs discussions se tiennent d’une hauteur à l’autre, et il est même possible que leur tronc ne soit pas autorisé à les entendre, les discussions d’en haut. Une heure plus tard, l’arbre plie sous le vent, il embrasse la poussière à ses pieds, et une heure plus tard il se plie dans l’autre sens et touche la poussière de l’autre côté.
 
Et le vent ricane.

Comment se fait-il que ce cèdre se plie ? Où est sa fierté ? Où est sa grandeur ?

Certaines personnes s’enrichissent de leur souplesse : ils savent vers où se pencher, au bon moment, peu importe d’où vient le vent. Ils sentent déjà deux jours avant qu’une tempête se prépare, ils s’y attendent et courbent la tête. Et lorsqu’elle arrive dans toute sa force, ils s’inclinent et s’y soumettent, et la tempête sait qu’il n’y a ici personne à ébranler.

Puis l’homme se redresse et sourit, satisfait : j’ai traversé cet obstacle, ma sagesse m’a aidé…

Et c’est ainsi que s’écoule leur vie, que passent les ravages du temps, et ils n’en sont jamais affectés. Tout au plus, lorsqu’ils s’inclinent vers la terre, leurs branches s’entrechoquent avec celles des arbres qui ne savent pas se courber.

Quel genre d’arbre es-tu ?

Es-tu comme l’acajou, beau et solide des jours durant, que les vers n’envahissent pas et qui jamais ne s’effrite ? Ou bien simplement comme le chêne ? Il ne souffre ni de la pluie, ni du froid, il est fier de ses racines profondes, mais si on le déracine, il perd le contrôle de lui-même, se froisse, change d’aspect et après quelques années de déclin, il s’écroule.

Connais-tu ta mission ?

Un beau meuble, un bureau de ministre, une plate-forme d’orateurs, un violon dans la main d’un musicien célèbre, une sculpture dans la vitrine d’un grand magasin.

Ou bien une niche de chiens, un enclos de bovins, une barrière séparant une cour d’une rue, souple au début, elle s’écrase sous le poids de ceux qui viennent s’appuyer contre elle.

Peut-être un banc isolé dans un coin d'un jardin public ? Invisible sous les paresseux qui le peuplent, il niche entre les arbres et enfouit son visage dans les feuilles mortes. « Ouf ! » constate celui qui vient s’assoir, « quelle saleté ! »

Ou alors, l’Arche Sainte d’une modeste synagogue.

Elle embrasse les troubles et les soupirs de la ville. Elle entend les pleurs qui se cachent encore dans le cœur de celui qui prie près d’elle. Un bois qu’on a élevé et sanctifié, devenu le cœur de la nostalgie de milliers de personnes : ceux qui cherchent refuge quand ils posent la tête sur son rideau.
 
Quand elle se souvient de son passé, pas de quoi s’enorgueillir. C’était un arbre anonyme parmi des milliers d’autres, personne ne portait son regard sur lui, il se tint là des années, inexpressif. Il apprit à décoder le vent, à s’entretenir de temps en temps avec deux ou trois de ses voisins. Puis il apprit une prière : celle des arbres des forêts, et par la suite lorsqu’il grandit encore, il apprit à observer le ciel et à recevoir les trombes de pluie comme une bénédiction.

Lorsqu’on le prit de la forêt, il soupira fortement. Jamais il ne s’était imaginé qu’un jour il se trouverait dans un endroit aussi respectueux.

Et l’Arche Sainte est là, dans cette modeste synagogue, tous s’inclinent devant elle, et elle compte les pas des gens qui pénètrent avec crainte dans la synagogue, et elle tremble entièrement en sachant que tous les yeux sont tournés vers elle.

Et l’homme…
 
 

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