L’homme est un arbre

Il y beaucoup à apprendre des arbres. Par exemple, il y a un moment « idéal » pour chaque chose dans la vie. Tu l’as laissé passer ? Il faudra t’investir plus.

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Rivqa Levy

Posté sur 05.04.21

Il y a beaucoup à apprendre des arbres.
Par exemple, il y a un moment « idéal » pour chaque chose dans la vie.
Tu l’as laissé passer ? Il faudra t’investir plus.

Tou Bichevat (le nouvel an des arbres) symbolise pour nous un tournant de notre vie. Cela fait presqu’un an que nous avons commencé à refaire notre jardin. Quand nous nous sommes installés dans notre maison actuelle, le jardin était complètement abandonné depuis 10 ans, pleins de vieilles racines séchées, de mauvaises herbes et de déchets.

Le simple fait que nous ayons réussi à transformer cette parcelle de terre en jardin est déjà quelque chose en soi. Nous avions très peu d’argent, et encore moins de pluie. Mais avec beaucoup de prières, presque tout ce que nous avons planté a poussé et fleuri.

J’ai appris énormément en nettoyant le jardin, et en y plantant des choses. Tout cela est pour moi associé à ces personnes qui ont la volonté de « se planter », eux-mêmes et leur famille, de prendre racine ici ; c’est de cela que j’aimerais vous parler.

Un dicton juif dit que « l’homme est un arbre ». Avant de monter en Israël, je n’en avais jamais compris le sens. Mais comme on dit, l’air d’Israël revigore les hommes.

En hébreu, les mots guechem (pluie) et gachmioute (ce qui est matériel), se ressemblent. L’homme et la plante ont besoin d’une certaine quantité de pluie / de matériel pour grandir et survivre. Mais ce n’est pas toujours comme on se l’imagine, surtout en Israël.
Avant de réaliser l’ampleur de la sécheresse de l’année écoulée, je prévoyais de transformer mon jardin en un jardin de rêves, comme j’en avais vus beaucoup à Londres -un gazon bien vert, des fleurs vibrantes et colorées, de celles qui demandent énormément d’eau. On pourrait les faire pousser ici, mais une année sans eau les ferait mourir rapidement.

J’ai compris avec le temps que l’eau –la pluie / le matériel- n’est pas la chose la plus abondante en Israël, surtout en période de sécheresse, et cela m’a aidé à choisir des plantes qui conviennent au climat chaud de la terre d’Israël. Des oliviers, des lauriers roses, de la lavande, une vigne, des palmiers font partie de la liste.

Cette idée m’a amenée à la conclusion que tous les « styles de vie » ne conviennent pas à Israël. Il est très difficile de mener ici un mode de vie luxueux qui implique beaucoup de ventes, d’achats, de voyages etc. Et toute allusion à la « sécheresse » tue très vite ce mode de « vie ». 

Avant que je vienne vivre en Israël, mon mari et moi connaissions pas mal de gens dont l’aspiration à vivre en Israël s’est éteinte de cette façon. L’un d’eux avait un bon poste et une jolie maison en Israël, et on lui proposa de gagner plus, cinq fois plus, en Angleterre. Un autre couple est parti parce que le travail du mari ne portait pas tellement ses fruits, et ils voulaient avoir la « belle vie » qu’offre Londres, financièrement en tout cas. 

Mais ils ont oublié que si l’arbre a besoin d’eau pour pousser, il lui faut également du soleil.

Une autre chose que j’ai apprise est que le temps est la clé. Une plante forte et robuste qui aime le soleil aura du mal à prendre racine et à fleurir, même si on la plante dans un sol rocheux en plein été. Les meilleurs moments pour planter sont Roch Hachana (nouvel an juif) et Tou Bichevat (nouvel an des arbres), quand la terre est suffisamment bonne et chaude, et que la pluie arrive ou est déjà passée.

Les choses parlent d’elles-mêmes. Chaque chose et son moment « idéal », même quand il s’agit de monter en Israël. Tu as loupé ce bon moment ? Il te faudra prier plus pour que les choses se réalisent.

J’ai également découvert que les plantes qui ont le plus de chance de pousser sans beaucoup d’eau –en plus de celle qu’Hachem leur donne- sont les jeunes plants.

Plus ils sont jeunes, plus ils seront forts. Un jeune plant d’olivier peut faire des racines dans les conditions les plus défavorables qu’on puisse imaginer, avec extrêmement peu d’eau et dans un sol rocailleux. Il poussera, survivra et ne cessera de grandir. Par contre, un olivier de 100 ans que l’on replante demandera une quantité d’eau énorme. Et peu importe combien d’amour et d’attention vous lui donnerez, ou que vous le placiez dans le meilleur endroit du jardin, il risque de mourir.

Tout cela est bien entendu ma vision des choses, mais un jour, Hachem m’a envoyé une information qui a vraiment attiré mon attention en ce qui concerne l’irrigation des plantes.

Nous n'avions pas les moyens d'installer un système d'irrigation. J’ai donc commencé à m’intéresser aux meilleurs moyens d’arroser les plantes selon la méthode « faites-le vous-mêmes ». Si la plante convient au climat, alors la meilleure façon de l’arroser et la façon naturelle : c’est étonnant, une bonne quantité d’eau en hiver, et peu en été. 

Les deux premières années, il convient d’arroser avec pression d’eau, sans tuer la plante, afin qu’elle puisse faire des racines profondes dans le sol, ce qui l’aidera à supporter les périodes de sécheresse et qui assurera sa survie à long terme. On peut faire ça une fois toutes les deux semaines, mais en donnant beaucoup d’eau.

Au contraire, un arrosage quotidien mais moindre, rend les racines faibles. Elles ne pénètrent pas dans le sol mais restent à la surface, peut-être un peu en dessous. Elles pousseront sans problème en périodes de pluies, mais une fois le robinet fermé, elles mourront sous peu.

Extérieurement, la plante ressemblera aux arbres et plantes irrigués naturellement, mais sacroissance sera lente, car tous ses efforts seront concentrés sur la pousse de ses racines. Cependant, les arbres bénéficiant d’un arrosage automatique bourgeonneront et fleuriront plus, puisque leurs efforts porteront sur leurs branches et leurs feuilles. Vers leur troisième année, les arbres avec des racines fortes rattraperont le rythme des arbres de leur âge, et pousseront même encore mieux qu’eux.

En apprenant tout cela, je me suis rappelée les mots « l’homme est un arbre », et j’ai pensé à tous ceux pour qui la Alya (montée : immigration) en Israël a été plus facile que pour nous. Ceux qui ont trouvé du travail en un rien de temps, qui se sont installés dans les communautés qu’ils voulaient, qui ont quitté le confort et l’ont retrouvé sans trop d’efforts.

Extérieurement, leur Alya semblait bien plus saine et heureuse que la nôtre. Ils avaient l’air d’être arrosés naturellement, avec beaucoup d’attention de la part du Créateur –sans, ou avec peu de « pression ». Tandis que nous traversions la « sécheresse » depuis des mois.
A cette époque, c’était très dur pour moi de comprendre les choses. Mais du moment où j’ai commencé à apprendre à planter des arbres et des plantes en Israël, tout mes apparu plus logique. J’ai compris que c’est pendant ces mêmes périodes de « sécheresse » -lorsqu’on n’avait pas de travail, qu’on avait des dettes jusqu’au cou, qu’on ne trouvait pas d’endroit qui nous convenait, que la vie semblait vide et stérile, dans tous les sens du terme- que notre foi s’est renforcée et a fait des racines profondes. C’est ce qui nous a rapprochés d’Hachem, la source de toute vie.

Nous avons réalisé qu'il n'y avait tout simplement pas d'autre endroit où nous voudrions vivre. Nous nous sommes faits aux périodes de « sécheresse » et avons appris à les gérer, et à tirer le meilleur de toute la pluie / le matériel qu’Hachem nous envoyait.

Deux ans plus tard, l’extériorité de notre Alya en Israël commença à se mettre au rythme de nos racines. Grâce à D.ieu, mon mari a un bon poste, nous avons une magnifique maison (avec un petit emprunt à rembourser) dans une jolie région d’Israël. Grâce à D.ieu, nos enfants réussissent à l’école et s’adaptent bien, et mon mari étudie chaque jour dans une très bonne Yechiva (maison d’étude). Grâce à D.ieu, nous commençons vraiment à fleurir.

Il y a des gens qui ont constamment besoin d’un « système d’irrigation » pour rester en Israël. C’est incroyable de les voir « planter » leur famille et de voir combien le jardinier –Hachem- sait exactement quelles sont les conditions qui leur conviennent pour fleurir. Mais quand on leur parle, on peut déceler que leurs racines ne sont pas profondes, qu’elles sont là, à la surface, et qu’une année de « sécheresse », une situation particulière dans la vie, peut les « tuer », D.ieu préserve.

Et en parlant avec ceux qui ont été « arrosés naturellement » directement par le jardinier, on ressent tout de suite qu’ils sont là pour rester, que leurs racines sont encrées profondément dans le sol, et que les épreuves qu’ils ont traversées n’ont fait que renforcer leur lien avec Israël, Hachem et le peuple juif.

Nos sages de mémoire bénie comparent le peuple juif à un olivier. Chaque âme juive a été créée pour s’élever sur la terre d’Israël. Mais après un long exil, il semble que cette conscience ce soit perdue ou embrouillée. 

On s’est tellement habitué à vivre une vie de pluie / de matériel en « non-stop », qu’on est convaincus que sans cela, on mourrait. Mais la vérité est justement l’inverse. La vérité est que quand une plante convient au climat mais qu’on l’arrose excessivement, sa durée de vie raccourcit. Dans certains cas, les racines pourrissent ou sont touchées par la moisissure ou d’autres maladies fongiques, qui lui sont certainement préjudiciables.

Dans d’autres cas la plante est belle, peut-être plus belle qu’elle l’aurait été avec un arrosage naturel, puisque tous les efforts portent sur l’apparence plutôt que sur les racines, mais sa durée de vie sera plus courte. Une trop grande quantité d’eau lui fait perdre l’énergie qui lui est nécessaire pour continuer à se développer. Et au lieu de vivre 20 ans, elle vivra la moitié.

Le message est clair.

Même en période de sécheresse, avec une quantité d’eau minimale, nos plantes et arbres ont fleuri et poussé. Ils ont poussé plus vite que n’importe quel arbre que j’ai pu voir ailleurs, même à Londres où la pluie tombe sans cesse. C’est presque magique.

L’homme est un arbre.

Cette année pour Tou Bichevat, ayons l’aspiration de planter l’arbre de notre famille au bon endroit, et de faire confiance au jardinier, qui saura nous donner toutes les conditions dont nous et notre famille avons besoin.

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