Toute l’année !

Ce n’est pas tous les jours Pourim, c’est vrai. Il n’est pourtant pas concevable que la joie de ce jour ne soit destinée qu’à un seul jour dans l’année !

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 05.04.21

 Ce n’est pas tous les jours Pourim, c’est vrai. Il n’est pourtant pas concevable que la joie de ce jour ne soit destinée qu’à un seul jour dans l’année ! Quel est l’homme qui ne souhaite pas être ivre de joie toute l’année ?

Le voilà : Pourim. Le grand jour est arrivé !

Tout le monde sait bien que le point essentiel de ce jour est la joie, on la ressent dans l’air, elle pénètre les cœurs… Au point que les gens sont comme saouls, mais pas d’avoir bu du vin…

Qui y a-t-il donc dans ce jour que la joie vient illuminer ? Et pourquoi « ce n’est pas tous les jours Pourim ? » Comment peut-on mériter d’être dans une telle joie toute l’année, et pas seulement un jour par an ?

Pour obtenir des réponses à ces questions, nous devons examiner attentivement la joie de Pourim, afin d’en découvrir la spécificité. La chose qui unifie et caractérise la joie de Pourim est qu’elle dépasse toutes les limites, au point de ne plus faire de distinction entre « maudit soit Haman » et « béni soit Mordech’ai », c’est-à-dire que l’homme a le mérite de remercier pour les mauvaises choses de la même façon qu’il se réjouit des bonnes choses.

C’est cela la vrai joie, la joie complète qui est celle du olam aba (le monde futur), où l’on remerciera pour chaque chose par les mots « bon et bénéfique » (הטוב והמטיב), où l’on atteindra la vérité absolue et la compréhension que tout ce qu’Hachem fait, c’est pour le bien.Car la joie de « ce monde » est celle que l’homme ressent quand tout va bien pour lui. Si ça ne va pas, il n’est pas joyeux, et c’est encore pire si jamais les choses sont l’opposé de ce qu’il veut…Mais la joie du olam aba est permanente, grâce à elle, l’homme voit que tout est pour le bien.

Alors que faire ? Attendre le olam aba ? Non. Cette joie, on peut déjà l’atteindre dans ce monde en se rapprochant des tsadikim (les justes). Car les gens ordinaires, et surtout ceux qui ont traversé dans leur vie des choses qui leur ont causé des dommages, n’ont pas encore accès au olam aba. Mais les justes, si ! Et l’homme qui se rapproche d’eux et s’attache à leur enseignement reçoit, à travers eux, un peu de la clarté du olam aba, et peut même en ressentir la joie.

C’est ce qu’écrit Rabbi Nah’man de Breslev (Likoutey Moharan, Torah ד) : en se confessant à un juste, qui est proche de l’infini où tout est un, où tout est bon, par cela on fait soi-même partie du juste et on a le mérite d’être inclus dans l’infini et de comprendre que tout est un, que tout est bon. On peut alors relier tout ce qui nous arrive à l’Unité d’Hachem, et goûter un peu du olam aba dans ce monde ci ! Cette proximité, on la ressent à Pourim, quand les lumières de Mordech’ai et Esther nous éclairent, eux qui sont comme « le juste de sa génération relié à l’infini ».

La grandeur du jour de Pourim est que, dans ce monde de ténèbres et de dissimulation, émerge la vérité que tout est sous contrôle et que tout est pour le meilleur, comme il est dit dans la méguila : « Au contraire ! » (ונהפוך הוא). Et c’est quelque chose de plus élevé que le monde futur, lorsque tous sauront que tout est pour le bien puisque rien ne sera plus dissimulé.

La lumière de ce jour a le pouvoir d’illuminer les yeux qui sont plongés dans les ténèbres de l’exil. Elle surpasse celle du olam aba !

C’est pourquoi dans le monde futur, toutes les fêtes seront annulées à part Pourim, qui est une lumière indescriptible ! Et lorsque tous verront et reconnaitront Hachem et Sa protection, et que toute la terre rayonnera, la lumière de Pourim continuera quand même à briller.

A ce propos, le Arizal disait que même le jour de Kippour n’atteint pas le degré de Pourim ! Kippour est un très grand jour plein de sainteté, lors duquel les bnei Israël s’élèvent au rang des anges, au rang du monde futur où l’on ne mange ni ne boit, où il n’est d’autre désir que celui de se rapprocher de la lumière infinie ; c’est le jour où les fautes du peuple juif lui sont pardonnées. Et ce jour n’est pas aussi élevé que le jour de Pourim ! Cela se confirme dans l’appellation « Yom HaKippourim » : kippourim veut dire comme Pourim. Le jour de Kippour, nous nous élevons par le jeun, la prière etc., mais le jour de Pourim, nous avons le mérite de nous élever en mangeant et en buvant : dans ce monde de dissimulation se révèle la lumière infinie de la Providence Divine. Et grâce à la lumière de la foi, l’homme se voit pardonner toutes ses fautes sans aucun jeun, mais uniquement par sa joie et sa foi.

Ceci est similaire au don de la Torah sur le Mont Sinaï. A ce moment-là, la lumière de la foi brillait tellement que les bnei Israël ont tous guéri de leur différents problèmes et maladies, et que la mort et l’impureté se sont complètement éloignées d’eux. Il en est de même à Pourim. A l’époque de la méguila, lorsque la lumière de la foi se révéla dans son intégralité, les souillures du peuple d’Israël s’annulèrent et ils eurent au contraire le mérite de recevoir à nouveau la Torah et de l’appliquer avec amour et volonté. C’est évidemment bien plus élevé que le don de la Torah sur le Mont Sinaï, qui a commencé par un « éveil d’en haut », c'est-à-dire l’intervention d’Hachem, qui les a amenés à monter sur la montagne.

Rabbi Nathan s’interroge à ce propos (Lois de Tisha BeAvה"ד ) :« Quelle est donc cette ardeur de nos sages, de mémoire bénie, au sujet du miracle de Pourim comme étant le plus grand de tous les miracles ? A Pourim, on n’a pas vu de miracle de la nature comme lors de la sortie d’Egypte et de l’ouverture de la mer rouge, où la nature s’est vue complètement perturbée avec les dix plaies qui ont frappé l’Egypte et l’ouverture de la mer. Pourquoi le miracle de Pourim est-il plus grand que tous les autres, au point que nos sages de mémoire bénie disent que toutes les autres fêtes s’annulent face à Pourim ? » L’explication est que le miracle de Pourim était différent des autres parce que les bnei Israël se sont réellement éveillés, grâce à lui, à observer la Torah, et c’est une merveille bien plus grande que de transformer la nature, qui est en soi une chose très simple pour le Tout-Puissant.

En Egypte, tous les miracles qui ont eu lieu impliquaient une transformation de la nature, et bien qu’ils aient évidemment suscité une grande admiration, c’était quelque chose de ponctuel. Par la suite, chacun s’en retourna à sa tante et à sa routine. De plus, les bnei Israël ont, peu après, commis de terribles pêchés tels le veau d’or, des combats et autres.

En ce qui concerne le miracle de Pourim au contraire, les bnei Israël l’ont profondément ancré dans leur cœur et l’ont gardé en eux, comme il est écrit : « Les juifs l’ont reçue (la Torah) et pris sur eux, sur leurs générations et sur tous ceux qui les accompagnaient » ! Et Rabbi Nathan écrit par ailleurs : « Et ces jours sont rappelés et célébrés de génération en génération ». « Rappelés et célébrés » : les enfants d’Israël ont revécu dans leur cœur les miracles qu’ils ont vus et s’en sont fidèlement souvenus. C’est ce qui les a poussés à agir et, essentiellement, à accomplir la Torah avec plus de zèle.

C’est donc justement ce miracle-là que le Créateur voulait graver pour des générations, plus que tous les autres miracles qu’Il a opérés.

Et ceci parce que l’homme a le mérite d’observer en lui l’intervention Divine, il trouve la lumière de la foi qui lui dit qu’il n’y a pas de nature dans le monde, et il voit que le Créateur béni soit-Il « se cache dans toutes les afflictions, les souffrances, les empêchements, pour notre bien et pour nous revigorer » : c’est la plus grande chose qui soit et c’est le but de toute la création.

C’est l’axe principal de la Méguilat Esther : découvrir ce qui est caché. C’est la raison pour laquelle la méguila porte ce nom et pas celui de « Méguilat Mordech’ai » ou encore « Méguilat Shoushan » etc. Car les mots Méguilat Esther signifient dévoilement de ce qui est caché, c’est-à-dire découvrir la lumière d’Hachem, la lumière de la foi, savoir que tout est sous contrôle et que tout est pour le bien.

Nos justes de mémoire bénie disent que pendant les jours de Pourim, on se débarrasse de « l’écorce » d’Haman et Amalek (le mal), qui est celle de la pleurnicherie et de l’ingratitude. Car le monde n’a pas vu de plus grand ingrat qu’Haman. Il jouissait de tout, mais n’était pas satisfait de son lot, ce qui l’a amené à détruire, à tuer etc. Par conséquent, chacun d’entre nous pourra profiter de moments d’isolement pour détruire et déraciner sa pleurnicherie et son insatisfaction, qui sont en fait l’Amalek qui habite tout un chacun, et recevoir en retour la lumière de la prière et du remerciement. C’est de cette façon que l’on mérite de recevoir le pardon pour nos pêchés.

Puisque Pourim est porteur d’une telle force pour rejeter l’ingratitude et le dénigrement de l’intervention divine du cœur de l’homme, on peut se voir pardonner ses pêchés, car l’essentiel de la téchouva (le repentir) est sur le manque de foi, parce que toutes les fautes que l’on commet ne sont que le résultat de notre manque de foi. Donc, quand on a le mérite d’avoir une foi totale, on reçoit le pardon de nos pêchés de leur racine.

Et le point essentiel est lorsqu’on arrive à soumettre et à détruire cet Amalek qu’on a dans le cœur, à déraciner notre pleurnicherie et notre ingratitude. C’est ainsi qu’on accède à quelque chose de grand : remercier et louer, et l’on acquiert une connaissance qui appartient au monde futur, savoir que tout est pour le bien.

C’est alors que la joie de Pourim rayonne sur toute notre vie, sur notre quotidien, sur chaque instant.

Rabbi Nah’man de Breslev a dit : « Avant, tout partait de Pessah’ parce que toutes les mitsvotes (les commandements) sont « en souvenir de la sortie d’Egypte », mais à présent… » Il insinua alors que tout part en fait de Pourim. C'est-à-dire que de la façon dont l’homme se réjouit et célèbre le jour de Pourim, dépend l’influence de ce dernier sur le reste de l’année.

Il nous faut donc essayer de profiter au maximum des jours du mois d’Adar, pendant lesquels on multiplie la joie, et du jour de Pourim en particulier, dans la sainteté et la pureté.

Puissions-nous avoir le mérite d’effacer entièrement la mémoire d’Amalek de dessous les cieux, la pleurnicherie et l’ingratitude, et que l’on n’entende plus aucune plainte mais seulement des éloges, des remerciements et des paroles de joie ! Amen !
 
 
 

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