Le guide du nettoyage

Cette semaine, selon Nathalie, on donne le coup de départ et tout le monde se lance dans une grande chasse aux miettes et à la poussière.

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Nathalie Coban

Posté sur 20.03.23

Le coup de départ est lancé : tout le monde se lance dans une grande chasse aux miettes et à la poussière. 

Si j’étais un peu plus organisée, j’aurais écrit cet article il y a un mois. Mais ce n’est pas le cas. Pourquoi ? Parce que j’espère commencer mon nettoyage de Pessa’h cette semaine. Quand j’ai réalisé tout ce qu’il fallait que je fasse (pas tellement le choix…), le Créateur m’a donné des idées étonnantes : à chaque fois que je pense à ce qu’il faut que je nettoie, de quelle partie ou de quel meuble je dois m’occuper, je l’envisage comme un signe de mon ‘Hamets spirituel, celui dont je dois m’occuper de l’intérieur, au plus profond de moi…

Cette année, cela m’a pris pas mal de jours : je n’arrivais pas à savoir par où j’allais commencer mon nettoyage. Et malgré le fait que le calendrier affichait qu’il ne restait plus que deux semaines avant Pessa’h, je n’avais même pas ouvert un tiroir, ni bougé un petit coin de meuble.

Donc j’ai fait ce que je fais toujours quand je suis coincée : je me suis adressée au Créateur, alors que je me trouvais sur le tombeau de Baba Salé, zal, Rabbi Israël Abouh’atsera. Cette prière nous a éclairés, mon mari et moi, sur bien des choses dans la vie, et surtout sur le nettoayge de la maison.  Pour preuve, deux jours après cette prière, tout mon premier étage était propre et cachère pour Pessa’h.

Dans ce monde matérialiste et superficiel dans lequel nous vivons, on peut facilement oublier que le nettoyage de Pessa’h est en fait une épreuve, celle d’un nettoyage spirituel. Car si ce n’était pas le cas, on ne rechercherait pas le ’Hamets dans le noir à la lumière d’une bougie, alors qu’on n’y voit rien du tout.

Donc, avec l’aide de D.ieu, j’ai retroussé mes manches et j’ai décidé d’appliquer mes intuitions spirituelles, afin de comprendre que le vrai ’Hamets que nous devons jeter, à chaque fois que nous mettons dehors celui qui remplit la maison, se trouve en nous. Car de même que le pain que nous cachons avant la recherche du ‘Hamets, nous pouvons, comme le conseille Rabbi Haïm David Azoulay, le H’ida, brûler son ‘Hamets intérieur, en même temps que l’on procède au biourh’amets, le matin de cette même nuit si particulière, celle du seder de Pessa’h.

Voici un exemple typique de comment trouver son propre ‘Hamets face au nettoyage d’un simple fauteuil…

Scenario 1 – Le fauteuil est propre

Je viens juste de terminer, après seulement deux petites heures, de nettoyer le fauteuil de toutes ces miettes envahissantes de ‘Hamets. J’y suis allée au cure-dents et à la pince à épiler pour repousser “ces criminels” que l’on recherche dans chaque maison avant Pessa’h : les miettes et la poussière ! Et ce, en plus de la brosse à dents, des lingettes, des éponges, et des produits ménagers…

J’ai bien prévenu TOUT le monde, et à haute voix !!! Ne pas s’approcher du fauteuil. C’est une zone stérile propre de tout ’Hamets. Mais biensûr, après quelques minutes, mon fils de dix ans a décidé de s’asseoir sur le fauteuil avec, un sachet plein de bretzels dans sa main, et de manger tranquillement. Inutile de dire que les miettes se sont éparpillées partout sur le canapé, et entre ses plis et replis.

Un scénario qui donne droit à une pléthores de réactions  :

-La colère ! Je me suis mise en colère contre mon fils, contre D.ieu, contre Moché Rabénou (car qui a décidé qu’on avait besoin de cette fête ?)

-La fureur : encore deux heures à perdre sur ce fauteuil alors que mon programme de nettoyage était tellement over-booké que je n’aurai même pas le temps de fermer l’œil jusqu’au prochain Chabat !

-Un pleur hystérique : Le fauteuil ! Le fauteuil ! Le fauteuil !

-La déprime et le découragement : ça sert à rien de nettoyer, de toute façon, je n’aurai jamais le temps. C’est tellement dur ! C’est trop pour moi. J’aurais dû me marier avec l’autre, celui qui m’avait demandée en mariage à la fac…

-La vengeance : à partir de maintenant, il va apprendre à nettoyer, d’ailleurs c’est lui qui va le nettoyer, ce fauteuil ! Et puis aussi la cuisine, les chambres, et c’est lui aussi qui cuisinera pour le seder, c’est la seule façon de me dédommager !

-La culpabilité : tout ça, c’est la faute de mon mari ! Parce que si ce n’était pas sa faute, je vivrais une vie complètement différente !

-Ou bien : l’auto-culpabilité. Je n’en reviens pas que cela m’arrive ! Pourquoi n’ai-je pas mis un fil barbelé autour du fauteuil ?

-Ou bien : Peut-être qu’il vaudrait mieux attacher l’enfant au fauteuil, ou l’envoyer vivre dans un refuge lointain pour la semaine, ou le culpabiliser : « Tu l’as fait exprès !!! »

-La haine : Je déteste Pessa’h ! Je déteste nettoyer ! Je déteste ce stupide fauteuil !

-La jalousie :  Pourquoi ne puis-je pas être à la Mer Morte pendant la semaine de Pessa’h, et vendre ma maison à Ahmed de Gaza, comme ma voisine / ma sœur / ou ma copine ?

Scenario 2 – Le fauteuil est sale

Il y a quelques mois, Moche, 6 ans, a jeté un sachet plein de céréales sur le fauteuil et toutes les miettes se sont infiltrées dans ses moindres plis et replis. J’ai un peu nettoyé, le dessus, en me promettant que quand Pessa’h approcherait, je le ferais à fond. Et voilà, Pessa’h est là, et je suis bloquée, incapable de faire face à ce fauteuil. La raison parait claire : je suis vraiment inquiète, je suis en stress de tout ça et je fais semblant que tout va bien. J’ignore, je remets à plus tard, mais je n’arrive pas à dormir à cause de mon stress et de mon anxiété.

Qu’est-ce qu’il en ressort  ?
-J’ai peur
-J’appréhende
-Je nie
-Je prétends qu’il n’y a aucun problème, alors qu’en vérité, il y en a un
-Je suis complètement paralysée
-Je crains que quelqu’un (la voisine ! ma mère !) ne découvre que je n’ai pas bien fait ce fauteuil, et là, je suis vraiment mal…

Scenario 3 – Le fauteuil super propre qui reste super propre

Le fauteuil était déjà propre avant pourim, car mon mari et les enfants savent très bien que s’ils me titillent avec ce h’amets, je les étrangle !
Et quand tout est propre et prêt, cela me laisse du temps pour aller jeter un œil chez les voisines et raconter à tout le monde que j’ai deux semaines d’avance dans mon nettoyage ; elles se sentiront surement mal (avec elles-mêmes). C’est le moment de faire grande impression grâce à mes super capacités (quelle femme organisée et ordonnée je suis, n’est-ce pas ?)

C’est évidemment ce que beaucoup d’entre nous se souhaitent à elles-mêmes, au moins dans leur douces et secrètes pensées, mais où est donc la place du ’Hamets spirituel dans ce scenario ?

Peut-être est-ce :
-La concurrence
-Les comparaisons
-Etre un cran au-dessus des autres
-Le snobisme
-La fierté

Ou encore un grave problème de contrôle – ces enfants devront suivre une thérapie pendant des années pour se remettre du camp d’entrainements « pré-Pessa’h » qu’est notre maison.

Peu importe quel est votre h’amets, mettez-le dehors !

Prêtez attention à ce qui se passe en vous, écrivez-le sur un papier, et brûlez cette liste avec les restes de Cheerios et d’autres céréales le matin de Pessa’h. Et pendant que ce h’amets se consume, prenez une minute pour vous avec D.ieu, et demandez-Lui qu’il vous aide à brûler votre H’amets spirituel et à le sortir de votre vie, une fois pour toutes !

Et au cas où vous vous posez la question, mes réactions à propos du fauteuil avaient pour seul but, quelqu’en était le scénario, de stimuler le découragement visant à abandonner son nettoyage pour l’achat d’un nouveau fauteuil, comme je l’avais demandé à mon mari…,-)!

Que le Créateur nous bénisse d’un Pessa’h propre, cachère et joyeux ! Qu’on soit pleines de toutes les énergies nécessaires pour le nettoyage, et pour vivre dans des maisons libres de H’amets en tout genre… Amen !

Ecrivez-nous ce que vous pensez!

1. Rivka

4/09/2014

Hag sameah ! Merci pour cet article… je suis passée par à peu près toutes les phases que vous avez décrites (quelques grands moments de solitude, donc…), et là, du coup, je me sens un peu moins seule, avec ce nettoyage… Je m’y remets, souhaitant bon courage à tous et à toutes ; on y arrivera !
Hag sameah !

Merci pour votre réponse!

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