Comment sevrer les enfants ?

Comment sevrer les enfants de la couverture ou du lange qui ressemble à une serpillière, de la tétine usée, ou du doudou râpé ? Shira Ben Dor nous donne quelques conseils pour un sevrage facile et tou

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Shira Ben Dor

Posté sur 05.04.21

 Comment sevrer les enfants de la couverture ou du lange qui ressemble à une serpillière, de la tétine usée, ou du doudou râpé ? Shira Ben Dor nous donne quelques conseils pour un sevrage facile et tout en douceur.

Vous êtes sur le point de partir en vacances, rendre visite à la famille / à des amis, ou tout simplement, vous sortez faire une ballade, avec le petit. Mais voilà : vous n'osez pas mettre le nez dehors sans cet objet auquel votre enfant est attaché de toute son âme –sa tétine, son doudou ou sa vieille couverture à l'allure d'une serpillière qui a fait son temps (depuis longtemps…).

Pas un couple de parents sur terre n’ignore ce phénomène, avec toute la pleurnicherie qui l'accompagne, la sensation de déception, la honte, la gêne, quand vous êtes toujours en alerte : les yeux rivés sur l'objet cher au cœur de l'enfant, car s'il se perdait, vous ne sauriez pas où vous mettre…

Le doux scenario du "Ça y est mon chéri, aujourd'hui, on jette la tétine / le doudou / le lange à la mer", est présent dans l'esprit de beaucoup de parents. Au début, ça ne dérange pas vraiment, mais quand l'objet en question commence à perdre toute forme reconnaissable, que l'enfant grandit, quand se promener dans la rue ou au centre commercial devient très gênant avec le petit qui traine sa couverture râpée et décolorée, c'est une autre histoire. C'est une histoire de sevrage.

Contrairement aux adultes, qui comprennent les incidences négatives des mauvaises habitudes dont il leur faut se débarrasser, chez les enfants, c'est différent. Les enfants n'ont pas cet entendement. La volonté de changer leurs habitudes est quelque chose qui leur tombe dessus : c'est la volonté des parents. A ce stade, les parents doivent faire preuve de patience, comprendre la « ténacité » de l'enfant, savoir s'adresser à lui en fonction de sa maturité d'esprit et de sa sensibilité, lui expliquer pour quelle raison il doit se séparer du vieux doudou ou de la vieille couverture, tout en mettant l'accent sur ce qu'il a à y gagner (« Ce n'est pas beau, tes copains vont se moquer de toi » etc.)

Bien entendu, et avant toute chose, il convient d'évaluer la maturité corporelle et spirituelle de l'enfant pour entamer un processus de séparation de l'objet tant aimé. On ne peut pas exiger des enfants des choses auxquelles ils ne sont pas en mesure de faire face, et il est clair qu'il ne faut pas leur mettre la pression, ce qui leur causerait des dégâts futurs, souvent irréversibles.

Le Rav Shlomo Wolbe, que son âme repose en paix, a écrit : « Sache que toute exigence inadaptée à l’âge de l'enfant peut être cause d'une plaie spirituelle dans son cœur tendre. Une plaie qui peut avoir des influences inquiétantes sur son développement et son caractère, se manifestant sous forme de peurs, d'énervement et d'un manque d'indépendance à l’âge où l'on est censé l’être. »

On entend souvent les petits dire : « Ca y est, je suis un grand », mais ce n'est pas une raison pour sauter sur l'occasion et sortir l'artillerie lourde.
C'est un processus qui se fait doucement, mais sûrement, calmement et en douceur, et avec beaucoup d'humour !

Et n'oubliez pas que des paroles de soutien, des encouragements et de petites récompenses pour les grands progrès de vos tout petits, feront bien mieux leur travail que des gros yeux et des menaces.

Le Rav Wolbe continue : « Adoptez cette règle : les encouragements influencent mieux que les punitions. Un compliment ou une récompense marchent mieux que des menaces ou des punitions. Et si c'est vrai dans tous les domaines de l'éducation, ça l'est d'autant plus quand il s'agit de sevrer l'enfant, car sa difficulté est réelle, et son contrôle de lui-même est fragile et sujet à l'échec… Et ce qui n'est pas dit calmement et avec patience n'est pas accepté. »

Soyez là pour eux, comprenez les difficultés qu'ils traversent en période de sevrage et soyez source de chaleur, d'amour et de beaucoup d'empathie. Le processus de sevrage comprend aussi un stade de régression, ce qu'on appelle l'étape des « loupés ». Par exemple, l'enfant se met à sucer son doigt ou reprend une vieille tétine, redemande son vieux doudou ou sa couverture –son meilleur ami d'antan- dans les moments difficiles, quand il s'est fait mal ou bien juste parce qu'il ressent une déception. Permettez-leur, même pour un petit moment, ensuite, expliquez-leur calmement et en douceur pourquoi ils ont intérêt à continuer le sevrage. S'ils choisissent de continuer, donnez-leur une petite récompense, ils le méritent.

Car tout comme les enfants, nous régressons, nous aussi, quand nous prenons une décision telle qu'entamer un régime, arrêter la cigarette, ou encore dans les domaines spirituels sur lesquels on échoue. Donc, de la même façon qu'on se comprend et qu'on se pardonne à soi-même, faisons-en autant avec nos enfants.

Complimentez et encouragez chaque petite réussite, chaque étape, exactement comme vous voudriez qu'on vous encourage. Chaque avancée dans le processus, même la plus petite, mérite un compliment, pour faire en sorte que l'enfant se sente bien dans ce qu'il fait.

Chers parents, il n'y a pas de raccourci possible ! Le chemin du raccourci est en fait le plus long, et le chemin le plus long est en fait le plus court et le plus sûr. On ne peut pas balancer tous leurs chers amis –doudou, tétine, quoi que ce soit- à la mer un beau jour et puis c'est tout. Tout se fait graduellement, en se préparent mentalement. Si votre enfant montre des signes de maturité et souhaite, de lui-même, se débarrasser d'un objet auquel il est lié, vous devriez certainement l'encourager à le faire.

Le sevrage, c'est un travail. Il s'agit essentiellement de surmonter son penchant, et on peut comparer ce travail à celui que tout adulte est censé faire sur ses traits de caractère. Les efforts et le succès qu'on attend des enfants sont un tremplin pour les préparer à surmonter d'autres choses dans leur vie future.

« Une force unique se cache en chaque personne, » dit le Rav Wolbe, « la plus profonde des forces est une force immense. Elle pousse à agir et éclaire le chemin, car elle réveille l'aide de D.ieu : la volonté. Et rien ne peut se dresser devant la volonté, et là où l'homme veut aller, on le mène » comme le disent nos sages.

En tant que parents, nos prières sur cette force –pour les enfants, pour nous, pour le processus de sevrage, et de façon générale, pour tous les domaines de notre vie et de la leur- changeront ce processus délicat en quelque chose d'agréable et de profitable.

Si vous vous demandez comment aborder ce processus de sevrage, je vous recommande de lire des livres sur le sujet, de recevoir des conseils et des directives. Les conseils pratiques des professionnels aident énormément, et dans de nombreux cas, elles bouleversent même de vieux schémas de pensée qui ne sont ni justes, ni pertinents, et brisent des mythes que des rumeurs ont insinué en nous avec le temps.
Bonne chance !

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