Tous en vacances

Un petit break dans la course du quotidien devrait nous redonner des forces. Mais une chose vient gâcher le tableau...

6 Temps de lecture

David Gvirtzman

Posté sur 05.04.21

 Un petit break dans la course du quotidien devrait nous redonner des forces et nous faire beaucoup de bien. Mais une chose vient gâcher le tableau : les plaintes, mes chers amis. Et pour l’éternel mécontent, même un séjour « tout compris » au paradis ne suffira pas.

Tout le monde est en vacances.

Cette période nous emmène toujours dans toutes sortes d’endroits, chez la famille, les proches, chacun selon ses préférences. La saison des vacances est considérée comme un interlude dans le rythme incessant du travail / des études, mais elle peut nous en apprendre beaucoup sur nous-mêmes, et sur le monde.

Le dicton dit que « l’herbe est toujours plus verte chez le voisin. » Nos habitudes en matière de vacances le signent les yeux fermés. Les vacances, c’est quelque chose de fascinant. On voit les gens faire leurs affaires, monter en voiture et rouler vers la liberté. Pour se retrouver où ?

En général, dans une région habitée quelque part sur terre, à une distance raisonnable de la maison, que l’on peut, de préférence, parcourir avec la voiture familiale. En ce lieu magique vers lequel ils s’évadent, d’autres gens mènent une vie complètement routinière. C’est-à-dire qu’à l’heure où les uns profitent de leurs vacances, pour les riverains de l’endroit, c’est la même rue qu’hier et que demain. Et pourtant, les vacanciers y ressentent leur liberté. L’herbe du voisin est donc apparemment plus verte !

Bien sûr, les gens partent en vacances pour changer d’air et d’atmosphère. Pas forcément pour quelque chose de meilleur. Le changement, en lui-même, les libère. Mais il y a encore autre chose.

C’est incroyable de voir –et c’est pareil chaque année- comme les vacances parviennent à faire ressortir toutes nos réserves cachées d’impatience, de frénésie et de stress. A première vue, les vacances sont faites pour nous, pour nous donner le temps qu’il nous faut pour reprendre des forces, se détendre, et peut-être aussi évacuer la pression. Dans les faits, on ne trouve ces ingrédients dans pratiquement aucun lieu de vacances. Les gens sur la route sont stressés, confus, se pressant d’une attraction à l’autre comme des souris en cage. Ils font des heures de queue à l’entrée des parcs, payent de l’argent, sont déçus, se plaignent, et refont la même chose le lendemain, ailleurs.

Qu’est-ce que cela signifie ?

En fait, les vacances parviennent à mettre à nu un petit démon qui est toujours présent en nous, quelque part à l’intérieur. C’est l’insatisfaction. Ce n’est pas seulement une déception quelconque appartenant à la famille des déceptions répandues, liées à un évènement particulier. Non, c’est une incapacité innée à être satisfait. Ou plutôt, une tendance intérieure à être insatisfait.

Lorsque nous reconnaissons cette ignoble tendance sur les visages crispés de nos chers bambins, cela nous énerve. « Pourquoi est-ce que tu ne peux pas être un peu content, pourquoi … ? » Mais nous sommes, nous-mêmes, atteints de ce phénomène !Pas étonnant qu’ils en aient hérité ! De façon naturelle, l’homme porte en lui une incapacité à être satisfait, et même un certain besoin d’être mécontent. Ce défaut a une racine, liée de près à notre long exil.

Entre exil et délivrance

Le peuple d’Israël a traversé différentes périodes tout au long de son histoire. Essentiellement des périodes d’exil et de délivrance. Et l’exil et la délivrance ne sont pas uniquement différentes périodes au cours de notre histoire, mais une caractéristique distincte de l’essence juive.

Contrairement aux autres peuples, le peuple d’Israël réagit physiquement en fonction de son niveau spirituel. Quand quelque chose ne va pas à l’intérieur, la réalité extérieure ne peut pas se dérouler normalement. Notre premier exil fut en Egypte. S’ensuivit un long périple vers la terre d’Israël. La terre Sainte représente la délivrance. C’est-à-dire que la vie authentique en Israël est une vie de délivrance, et c’était la direction du peuple d’Israël. Ce périple dans le désert a duré bien plus longtemps que prévu, à cause de différents évènements qui l’ont influencé et étalé sur quarante ans !

La majorité de ces évènements est liée à des plaintes. Le peuple se plaint, insatisfait. Une fois, ce sont « les eaux de la discorde » – on veut boire. Une autre fois, la manne, la nourriture céleste, qui ne suffit pas – on veut de la viande. Une autre fois, ce sont les explorateurs – cet excellent pays ne leur convient pas, etc. Le point commun qui a mené au prolongement des périples dans le désert est l’insatisfaction, les plaintes continuelles.
D’où est-ce que ça vient ?

L’insatisfaction n’est liée en rien à la situation que l’on traverse, car une personne insatisfaite ne changera pas, même si on la couvre d’une montagne de bonnes choses. Le grief se trouve à l’intérieur, et la réalité ne fait que l’aider à se dévoiler de quelque manière que ce soit. Ce grief appartient à l’exil. Oui, en chaque homme, il y a une part d’exil. L’exil, c’est d’être au mauvais endroit. Un homme amer est toujours dans son ressenti intérieur, jamais au bon endroit. C’est cette part d’exil intérieur qui lui donne cette terrible sensation !

C’est pourquoi les plaintes ont prolongé le périple et l’exil du peuple. Ce n’est pas une punition, c’est un résultat. Si tu ne peux pas être satisfait ici, tu ne seras satisfait nulle part, pas même au paradis !

Donc le peuple d’Israël continua de marcher, encore et encore, jusqu'à ce que la terre lui enseigne –durant quarante ans- comment être satisfait.

La fin de ce périple dans le désert est décrite dans la Bible comme l’arrivée au « repos et à la prospérité. » La terre d’Israël et le Temple sont le terrain et la base spirituelle d’une vie de délivrance. Leur expression dans l’âme de chaque homme est le calme et la sérénité. L’entrée en Israël et l’arrivée à destination, d’un point de vue intérieur, c’est acquérir la possibilité de se trouver soi-même, et de trouver sa place. Etre, là où tu es, ou plutôt, être satisfait, là où tu te trouves.

Croyant et satisfait

Nous parlons d’être satisfait, et bien sûr, pas seulement au sens étroit du terme. Nous parlons ici de l’essence la plus profonde qui soit, qui ne peut être correcte qu’à la condition que la réalité spirituelle de la personne soit, elle aussi, correcte. En d’autres termes, l’exil de l’âme et cette agitation intérieure sont le reflet de l’état spirituel de la personne, c’est-à-dire que la réparation doit se faire de l’intérieur. Il faut atteindre notre intériorité, le repos et la prospérité, et pas forcément par des exercices de relaxation, ça n’aidera pas ! Notre problème est beaucoup plus grave ! Seule la délivrance peut aider.

La délivrance, c’est la raison, dans son aspect spirituel. Le verset dit « délivre mon peuple qui manque de conscience spirituelle », c’est-à-dire que la délivrance est le résultat d’un manque de conscience de l’homme de sa propre spiritualité. Et il est également dit dans les prophéties d’après la résurrection :« et la terre est pleine de la connaissance d’Hachem. » La révélation de la spiritualité est un élément indissociable de la délivrance d’après la résurrection. Une autre vision à venir est « Chacun sous sa vigne et sous son figuier. » Cela semble magique, mais c’est plus profond que cela. Dans le futur, quelque chose d’incroyable se produira. Les gens ressentiront la sensation de liberté, chacun « sous sa vigne », « sous son figuier. » Dans leur propre jardin, sous leur propre arbre. L’herbe du voisin ne sera pas plus verte. Le maximum de bonnes choses, l’homme le trouvera dans son jardin à lui. Et il n’y a pas plus grande délivrance que ça.

Nous serons alors libres de ce besoin de trouver le calme et la tranquillité quelque part ailleurs qu’ici. Nous pourrons trouver tout le bon, le merveilleux, chez nous, aussi près que possible. Cela s’appelle la sérénité, la tranquillité d’esprit.

Et comment l’atteindre, cette tranquillité d’esprit ?

Le saint Rabbi Nah’man de Breslev parle d’isolement (hitbodedoute). Parler avec Hachem, s’isoler devant Lui, tout Lui raconter, comme à un ami.

Les hassidim de Breslev avaient l’habitude d’appeler cet isolement « tranquillité d’esprit » (yishouv adaat). C’est une action qui mène inévitablement à la tranquillité d’esprit. C’est une denrée rare de nos jours, et on en a besoin, plus que jamais !

La période des vacances est très liée à ce qu’on traverse. Elle révèle complètement l’exil, et combien nous sommes loin de cet état de « repos et prospérité ». C’est une occasion unique et particulière de prendre du recul sur nous-mêmes pour nous rendre compte qu’il n’y a aucun moyen d’atteindre la sérénité, le calme, la paix, grâce à une villa sympathique, à une voiture climatisée, à une vue sur la montagne, ou autres. La preuve en est que c’est ce que tout le peuple d’Israël recherche pendant cette période, sans vraiment trouver. Au contraire, face à une multitude d’options de divertissements, les gens ne deviennent que plus stressés et embrouillés. Ce qui signifie que la pression et le désir de tout obtenir d’un coup est toujours en nous. Les vacances ne font que le révéler.

C’est donc le moment adéquat pour s’arrêter sur le bas-côté, et pour commencer à chercher un peu de liberté, de repos. Au lieu d’une attraction, un point plus profond, dans le cœur. Seuls ces acquis-là nous apporteront quelque chose de permanent et de durable. Lorsqu’a l’intérieur, on a la tranquillité d’esprit, la clarté, et qu’on connait son but, on n’a pas besoin de liberté, de vacances. Car la vie n’est plus si épuisante. Et même quand on part en vacances, on sait le faire avec joie, et pas en tant qu’esclave de ses humeurs.

Excellentes vacances à tous !

Ecrivez-nous ce que vous pensez!

Merci pour votre réponse!

Le commentaire sera publié après approbation

Ajouter un commentaire