Histoires d’Eloul…

Le mois d’Eloul et ses jours élevés, pleins de volonté (ratsone), nous empêchent de nous retrouver par hasard le jour du jugement.

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R. Ahouva

Posté sur 11.09.22

Le mois d’Eloul et ses jours élevés, pleins de volonté (ratsone), nous empêchent de nous retrouver par hasard le jour du jugement. Comment faire pour éviter ce sentiment que ce grand jour nous « tombe » dessus ? Les grands sages, au fil des générations, répondent par des histoires.

Le maguid de Doubna, zatsal, a encore trouvé un avantage dans le fait de se préparer au jour du jugement. Il y a une grande différence, expliqua-t-il, entre celui qui se prépare au jour du jugement et celui qui « tombe dessus » par hasard.

Tout d’abord, celui qui s’y prépare se renforcera dans la Torah et les mitsvotes, et ne viendra pas les mains vides. Mais même en supposant que tous nos actes soient semblables au chaos, et que nous arrivions avec un bagage maigre, il y a malgré tout une grande différence entre la personne qui s’est préparée et celle pour qui les jours du jugement sont passés sans préparation. Et voici une parabole pour mieux comprendre…

C’est l’histoire d’un riche qui entendit frapper à sa porte. Il regarda par la fenêtre et reconnut son visiteur : un des habitants de la ville. Il entendit la porte d’entrée s’ouvrir et son serviteur demander à l’homme ce qu’il voulait. « Je voulais demander la charité du Seigneur, » répondit-il.

« Monsieur est occupé et a ordonné de ne pas le déranger, » répondit le serviteur.

« Quand pourrai-je le rencontrer ? » Questionna l’homme.

« Essayez à 16:00, » répondit le serviteur.

L’homme s’en alla, et le riche s’en retourna à ses occupations. A seize heures, on frappa à la porte d’entrée. Du haut de la fenêtre de son bureau, le riche regarda qui c’était et vit l’homme qui patientait dehors. La porte s’ouvrit et le serviteur fit savoir au visiteur que Monsieur était encore très occupé. « Je vais attendre ici, » dit l’homme. « S’il-vous plait, faites-moi savoir quand votre maitre sera disponible. C’est très important ! »

La porte se referma, et le riche vaqua à ses occupations. Une petite heure plus tard, sa curiosité fut plus forte que lui. Il jeta un œil par la fenêtre et vit l’homme, faisant les cent pas dans la cour, énervé. Il eut pitié de lui et sonna son serviteur, qui apparut rapidement et reçut l’ordre de faire entrer le visiteur. L’homme se présenta et exposa son problème, il avait besoin d’un prêt à court terme. Il avait préparé un acte sur lequel des garants avaient déjà signé. Ses yeux imploraient le riche, qu’il lui prête la somme et le sauve de sa détresse. Le riche eut vraiment pitié de lui.

Après tout, il disposait de la somme, et c’était une grande mitsva que d’aider une personne dans une période difficile. Il lui accorda le prêt et retarda même la date du remboursement.

Le soir venu, le riche se rendit à la synagogue pour prier Min’ha et Arvit. Un des fidèles s’approcha de lui et dit : « Oh, puisque vous êtes là, peut-être pourriez-vous m’accorder un prêt pour quelques jours ? » Le riche s’excusa de ne pas avoir la somme sur lui, et changea de sujet.

Pour quelle raison n’accéda-t-il pas à cette demande, comme à la précédente ?

La réponse est simple. Le premier emprunteur fit l’effort de se présenter de bon matin, et revint en fin de journée. Face au rejet, il patienta dehors, jusqu’à ce que le bon moment arrive. Il se donna tant de peine qu’en retour, le riche fit tout son possible pour répondre à sa demande. Mais le second ne fit pas d’effort, c’est par hasard qu’il rencontra le riche et en profita pour lui demander son aide ; ce qui prouvait qu’il n’était pas tellement dans le besoin, alors pourquoi lui accorder ce prêt ?

A ce propos, le prophète a dit : « Et à présent, ne prie pas pour ce peuple et ne prononce pas pour eux de chant et de prière – et ne me fais pas de mal » (Jérémie, Chapitre 7). C’est-à-dire, ne tombe pas sur moi par hasard… Celui qui veut être entendu, se préparera à taper aux portes du Ciel, et comme il est dit dans les textes : « Ainsi parla le Seigneur, le D.ieu d’Israël… Et vous m’appellerez et vous vous présenterez devant moi et prierez, et Je vous entendrai » (Jérémie) En d’autres termes, si vous venez spécialement, si vous vous préparez, preuve que la chose touche votre âme. Et Je vous entendrai, car Je suis miséricordieux…

Cette préparation, cette approche, cette conduite – c’est le travail du mois d’Eloul.

Eloul, c’est le moment d’être convaincant, en toute sincérité.

Le Hafets Haim, zatsal, racontait une histoire qui nous aidera à comprendre un autre objectif à nous fixer en ce mois.

C’est l’histoire d’un petit commerçant qui vint à la ville pour acheter de la marchandise. Il entra chez son grossiste habituel et voulut passer une grosse commande à crédit. Le grossiste lui dit : « Je ne peux pas accéder à ta demande. J’ai consulté mes registres, et tu ne m’as pas encore réglé tes commandes d’il y a un mois, deux mois et même d’il y a trois mois. A chaque fois, tu m’as promis de rembourser tes dettes et de me faire parvenir la somme dès ton arrivée chez toi, mais tu n’as jamais tenu tes promesses, tu comprendras donc que je ne suis pas en mesure de te fournir de marchandise. »
Le commerçant commença à expliquer pourquoi il n’avait pas pu rembourser jusqu’à présent. Diverses raisons l’avaient retardé, divers empêchements… Mais à présent, il promettait de tenir sa parole. Au moment où il recevrait la marchandise et une fois de retour chez lui, il encaisserait immédiatement les sommes qu’on lui devait et couvrirait ensuite sa propre dette. Le grossiste céda et lui fournit la marchandise à crédit, comme il l’avait demandé.

Un mois s’écoula, sans nouvelle du commerçant, pas un signe. Deux autres semaines passèrent, et il se présenta à nouveau avec une faveur : acheter de la marchandise à crédit…

« Non ! » Dit le grossiste, « Cela suffit. A partir de maintenant, même si tu rembourses toute ta dette, tu as perdu ma confiance. Ta parole n’est pas juste, ta promesse n’en est pas une. Je suis désolé, mais tu n’obtiendras plus de marchandise ! »

Alors qu’ils continuaient à se disputer, un autre commerçant entra dans le magasin, il avait tout entendu. Il s’adressa au commerçant : « Ecoutez-moi, c’est perdu pour vous. Acheter à crédit exige une relation de confiance, et à présent, par votre conduite, vous avez ruiné la confiance qu’on avait en vous. Votre seul choix est de reconstruire cette relation de confiance. Je vais vous dire comment procéder. Pourquoi acheter en si grosses quantités, et s’engager dans des sommes que vous ne pourrez pas rembourser ? Achetez donc une petite quantité que vous pourrez payer en liquide, revendez-la de manière à en tirer un petit profit, et revenez acheter une quantité semblable. Petit à petit, on reconnaitra votre sérieux, et votre affaire commencera à prospérer. On oubliera le passé, le grossiste vous estimera à nouveau et acceptera de vous revendre à crédit ! »

La morale – est que pendant le mois d’Eloul, à l’approche des jours de jugement, nous nous lèverons et nous demanderons une bonne et heureuse année, pleine de bonté et de bénédictions. Et dans le ciel, on questionnera : De quel droit ? Contre quoi ?

Et nous répondrons : à crédit. Parce qu’à partir de maintenant, nous allons tout faire pour être bons et dignes de cela.

Alors, dans le ciel, on consultera les registres et l’on nous répondra : « Effectivement, c’est ce que vous avez dit aussi l’année dernière, il y a deux ans et il y a trois ans aussi, et pourtant, rien n’a changé. Comment croire en vos promesses ? Puisqu’une parole est une parole, une décision est une décision, une confession est une confession… »

Et nous, que répondrons-nous à cela ? Tout est vrai et justifié…

On n’a pas le choix, il nous faut commencer à construire une relation de confiance. Commencer par des petites choses, et prouver notre sérieux et notre détermination. On prendra sur soi d’acheter peu et de régler en liquide : se repentir vraiment, concrètement, sur les pêchés les plus faciles : la mauvaise langue, les mensonges, les commérages ; observer concrètement les commandements les plus simples : se concentrer en prononçant le premier verset du schéma, en disant la bénédiction des patriarches etc. De cette façon, quand on promettra, le jour du jugement, d’améliorer ses actes, on croira en soi – et l’on nous croira. C’est à cela qu’il faut consacrer le mois d’Eloul !

Se préparer à l’avance.

On ne peut pas se réveiller d’un coup et « sauter » dans les jours redoutables sans préparation adéquate. Le Saint rabbin de Tsanz, zatsal, auteur du Divrei Emet (Les paroles de vérité), avait une belle histoire à ce sujet…

Il était une fois deux servantes. L’une était intelligente et rapide, l’autre était bête et rapide… Quelle est la différence entre les deux ?

La première travaillait dur toute la journée, comme le font les servantes. Le soir venu, alors qu’elle était fatiguée, elle n’allait pas se coucher avant d’avoir préparé tout ce dont elle avait besoin pour le lendemain. Elle préparait le bois de chauffage et le déposait près du poêle pour qu’il sèche. Elle tamisait la farine et préparait tous les ingrédients nécessaires. C’est seulement alors que tout était prêt qu’elle allait se coucher. Le matin, dès le lever, elle mettait le four en route grâce au bois sec, elle pétrissait la pâte et la laissait reposer. Entre temps, elle dressait la table, puis revenait former les pains. Et lorsque son maitre rentrait de la prière, il était accueilli par une douce chaleur et l’odeur du pain chaud tout juste sorti du four, une table dressée et différents mets.

La deuxième servante terminait sa journée et allait se coucher, fatiguée. Le matin, quand son maitre sortait pour la prière, elle allait à la réserve de bois et prenait des branchages pour le chauffage. Ils étaient humides et ne prenaient pas feu. Elle perdait un temps précieux à essayer de les allumer et au final, quand elle y arrivait, toute la maison était pleine d’une fumée épaisse et étouffante. Lorsque son maitre rentrait de la prière, la maison était pleine de fumée, et la servante s’empressait de pétrir la pâte avec la farine qu’elle venait de tamiser. Le maitre s’asseyait à la table, non dressée, toussait à cause de la fumée, et patientait jusqu’à ce que le pain soit prêt. La pâte n’avait pas le temps de monter, le four n’était pas encore assez chaud, et les branchages humides ne brûlaient pas comme il fallait. Tant et si bien que le pain sortait dur et insipide. Le maitre était en colère, et la servante grommelait et se plaignait. Qu’y a-t-il ? Pourquoi se mettre en colère ? Après tout, elle travaille plus dur que la deuxième, tous ces efforts pour faire partir le feu, comment arrive-t-elle à courir autant ? Elle a tellement de travail…

C’est la même chose pour les jours du jugement. Il est impossible qu’une personne commence à se préparer à Roch Hachana, le jour même de Roch Hachana. Car alors, elle sera comme la deuxième servante. Béni soit celui qui se prépare à l’avance, pendant le mois dont le ciel nous fait cadeau : le mois d’Eloul, et arrive prêt au jour du jugement. Alors, tout se passera bien, son cœur sera ouvert aux sentiments de cette Sainte journée, et le Seigneur sera satisfait de son service.

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