18 Tichri, Hiloula de Rabénou

« Pas besoin de chuchoter. Je n’ai pas peur de mourir. Mais vous, vous n’avez pas à avoir peur, car je pars devant. Il est plus difficile de réparer les âmes de ceux qui sont déjà disparus, mais vous,

6 Temps de lecture

la rédaction de Breslev Israël

Posté sur 05.04.21

 « Pas besoin de chuchoter. Je n’ai pas peur de mourir. Mais vous, vous n’avez pas à avoir peur, car je pars devant. Il est plus difficile de réparer les âmes de ceux qui sont déjà disparus, mais vous, vous n’avez pas à avoir peur. »

Rabbi Nah’man est décédé à Ouman, en Ukraine, le 18 Tichri 5771 (16 octobre 1810), le deuxième jour de Hol Amoèd Souccot. A sa demande, il fut enterré dans le vieux cimetière d’Ouman, aux côtés de plus de 20 000 juifs saints, massacrés lors des pogroms menés par les Haidamaks en 1768. Sa famille, dont sa deuxième épouse, érigèrent une arche de bois au-dessus de sa tombe pour ceux qui venaient prier et s’y recueillir, ses filles Odèle, Sarah, Myriam, Haya et plusieurs petits-enfants. On raconte aussi que le père de Rabbi Nah’man, Rabbi Sim’ha, participa à ériger l’arche.

Le 18 Tichri, les Hassidim de Breslev ont l’habitude de commémorer le décès de Rabbi Nah’man. De manière générale, il n’y a pas de coutume particulière ce jour, mis à part allumer une bougie, donner la tsedaka et étudier les écrits du Rabbi en sa mémoire.

La disparition du Rabbi :

Chabat, 15 Tichri, 1er jour de Souccot, 1810

Le Rabbi resta assis dans sa chaise toute la journée et n’entra pas dans la soucca. Ses disciples étaient près de lui en permanence, et se relayaient à tours de rôles pour être à ses côtés. Le matin, ils l’aidèrent à mettre son talith et il pria assis sur sa chaise.

Sortie de Chabat, 16 Tichri

Le Rabbi demanda à passer dans son lit. Il rappela à Rabbi Natan l’histoire du Baal Chem Tov zatsal, qu’il avait racontée sur la route d’Ouman. Il dit : « Ici, à Ouman, se trouvent des milliers d’âmes qui attendaient ma venue. »

Avant de s’éteindre, le Rabbi dit : « J’ai atteint un niveau tellement élevé, et je ne peux plus progresser tant que je suis dans ce corps. Il me tarde de mettre ce corps de côté, parce que je ne peux pas rester au même niveau. »

Le Rabbi passait de sa chaise à son lit pour se reposer. Une fois, alors qu’il s’assit dans sa chaise, une forte crise de toux le saisit et l’affaiblit énormément. Mais en dépit de sa faiblesse, il posa sa main sur la chaise, déterminé, et dit « J’ai encore des forces ». Après quoi il saisit son manteau et dit « J’ai beaucoup de forces ».

Lundi soir, le 18 Tichri (15 octobre)

Jusqu’après minuit, c’était Rabbi Naftali et Rabbi Shimon qui se relayaient auprès du Rabbi. Le Rabbi revint sur ce qu’il avait dit à la sortie de Chabat : « Il y a ici tellement de saints ». Puis il leur donna la clé de sa commode et leur ordonna de brûler tous ses écrits dès qu’il serait décédé et alors qu’il serait allongé sur le sol. Rabbi Naftali et Rabbi Shimon étaient choqués et effrayés par les paroles du Rabbi, surtout par le fait qu’il se préparait à mourir, et se mirent à chuchoter entre eux. Le Rabbi leur dit : « Pas besoin de chuchoter. Je n’ai pas peur de mourir. Mais vous, vous n’avez pas à avoir peur, car je pars devant. Il est plus difficile de réparer les âmes de ceux qui sont déjà disparus, mais vous, vous n’avez pas à avoir peur. »

Vers une heure du matin, alors que le Rabbi était assis dans sa chaise, Rabbi Natan arriva, et Rabbi Naftali lui parla de la clé. Rabbi Natan trembla et fut épouvanté à l’idée que le Rabbi se préparait à disparaitre, il refusait de croire que le Rabbi allait mourir. Le Rabbi était silencieux, et Rabbi Naftali partit dormir.

De deux heures du matin jusqu’au petit jour, Rabbi Shimon dormit par terre dans la chambre du Rabbi. Rabbi Natan était seul avec le Rabbi. Il ne voulait pas croire que le Rabbi allait quitter ce monde et ne voulait donc pas lui poser de questions, telles que quoi faire par la suite, comment agir etc. Le Rabbi ne parlait pas mais regardait Rabbi Natan, qui l’allongea ensuite dans son lit. Le Rabbi lui dit : «Doucement », et expliqua qu’il était lourd maintenant (car lorsqu’une personne est proche de la mort, elle devient lourde du fait que la vitalité commence à quitter son corps).

Mardi matin, 18 Tichri (16 octobre)

Tôt le matin, Rabbi Natan fit au Rabbi un thé avec un jaune d’œuf (qui soulage la toux). Le serviteur du Rabbi se réveilla et commençaà s’occuper de lui. Rabbi Natan partit au mikve et lorsqu’il revint, le Rabbi priait assis dans son lit, enveloppé de son talit. Ensuite il fit la bénédiction sur le etrog et le loulav, le sidour du Ari zal posé sur ses genoux. Il fit le hallel et les hoshanotà voix haute, de façonà ce que tous les gens qui étaientprésents dans la maison puissent l’entendre. Le reste des fidèles priait dans la pièceàcôté.

Après les prières, Rabbi Natan passa dans la chambre du Rabbi. Le Rabbi le regarda. Rabbi Natan dit au frère du Rabbi, Rabbi Yeh’iel, qu'il commençait à croire et à concevoir que la mort du Rabbi était proche, il lui demanda de l’aider à surmonter cela. Rabbi Yeh’iel renforça Rabbi Natan, qui s’en alla chez lui pour se reposer un peu, manger et compléter l'écriture d’un texte sur lequel il travaillait. Malgré la fatigue, il revient auprès du Rabbi.

Lorsqu’il entra dans la chambre du Rabbi, il y avait beaucoup de bruit. Le Rabbi était assis dans sa chaise mais son âme et sa vitalité le quittaient doucement. Un homme qui venait d’arriver soudainement se tenait près du Rabbi et se mità s’occuper de lui plus que les autres personnes présentes. Rabbi Natan lui avait pourtant déjà promis, de son vivant, qu’il ferait tout cela. Avec cet homme, ils mirent le Rabbi dans son lit, et
Rabbi Natan pris la main du Rabbi.

Mardi après-midi

En début d'après-midi,le Rabbiétait dans son lit, vêtu d'un beau vêtement de soie. Il dit à Rabbi Shimon de préparer ses vêtements et de laver le sang de sa barbe. Il était couché sur son lit, dans une grande plénitude. Il roulait une boule de cire dans ses mains, comme le faisaient les personnes d’exceptions, et pensait à de grandes choses. Il butun peu de soupe ;après quoi ilne mangea plusdu tout.

Pendant que le Rabbi était dans son lit, une énorme tempête soufflait à l'extérieur, d’une force alors inconnue, une tempête qui pouvait vraiment déplacer des montagnes et briser des pierres ; la soucca de Rabbi Nah’man s’envola également, puis un incendie éclata dans Ouman. Tout le monde, y comprisRabbi Natan, courutvers le feupour l'éteindre, mais par miracle, le feu s'éteignit avant que Rabbi Natan ne l’atteigne.
 
Rabbi Natan revint au chevet du Rabbi. Beaucoup de gens étaient venus pour être une dernière fois auprès du Rabbi et disaient des versets qu’on avait l’habitude de dire pour les justes avant leur mort.
 
Les gens pensaient que le Rabbi était mort. Rabbi Natan s’était mis à pleurer et à crier: « Rabbi, Rabbi, avec qui nous laissez-vous ? »Le Rabbil’entendit, leva la tête et dit: «Je ne vous quitte pas, à Dieu ne plaise ! »

Mais la fin arriva. Le Rabbi s’éteignit dans un état de sérénité et de grande pureté. Tout le monde, dont les gens de la H’evra Kadicha, dirent qu’ils avaient déjà vu des hommes mourir paisiblement, posément, mais qu’ils n’avaient jamais été témoins d’une telle mort.

Le Rabbi décéda mardi après-midi, le deuxième jour de Hol Amoèd Souccot, le 18 Tichri (16 octobre 1810).

Un grand bruit emplit la chambre et les gens se mirent à pleurer et à crier. Aucune femme n’était présente pendant son décès. Seule sa deuxième femme, dans une autre pièce, le pleurait. Après Yom Kipour, ses filles étaient rentrées chez elles, ne s’imaginant pas du tout que sa mort était si imminente.

Immédiatement après que son âme l’ait quitté, Rabbi Shimon prit la clé que le Rabbi lui avait confiée et brûla tous ses écrits, tel qu’il lui avait demandé de le faire.

Pendant ce temps, on commença à déshabiller le Rabbi et on l’allongea sur le sol, ses jambes dirigées vers la porte, comme le voulait la coutume. Il commençait à faire sombre et il fut convenu que ce n’était pas une bonne heure pour enterrer un grand homme, mais qu’il fallait l’enterrer seulement pendant la journée.

Le lendemain, tout le monde se rendit au mikve puis à la prière. On questionna Rabbi Natan, comment faire avec le Rabbi, et il répondit qu’on fasse comme avec chaque juif, chaque membre du peuple d’Israël, et que lorsque les gens de la H’evra Kadicha s’occuperaient de lui, « qu’ils agissent comme à l’égard des autres juifs. » Rabbi Natan n’avait pas encore prié moussaf ni fait la bénédiction sur le etrog. Il s’assit par terre, près du Rabbi, et lui parla à l’oreille en pleurant. Les gens de la H’evra Kadicha arrivèrent et commencèrent à préparer le corps pour l’enterrement.
Ils l’enveloppèrent dans son talith et le déposèrent sur la table.

Enterrer le Rabbi dans le vieux cimetière posait un gros problème, parce qu’on n’y faisait plus d’enterrements. Rabbi Natan insista, et Hirsch Beer s’occupa de tous les détails pour que cela se fasse malgré tout, en jouant de son influence et en faisant appel à ses connaissances haut placées.

Lorsqu’ils prirent le Rabbi en dehors de la maison, Rabbi Natan agrippa un coin du vêtement du Rabbi et le porta avec les autres personnes qui soulevaient son lit. A cet instant, il ressentit une grande illumination quant à la grandeur du Créateur, et dit qu’il ne pouvait même pas en parler, pas même à lui-même. Comme l’avait ordonné Rabbi Natan, le lit sur lequel on transportait le Rabbi avait était fabriqué avec la chaise sur laquelle

Rabbi Nah’man avait prononcé sa dernière Torah à Roch Hachana.

Des milliers de personnes participèrent à l’enterrement du Rabbi. Il fut enterré à l’ endroit qu’il avait choisi, parmi les saints qui étaient enterrés au vieux cimetière d’Ouman.

L’homme mystérieux qui était présent à l’enterrement du Rabbi, disparut tout simplement par la suite.

Rabbi Natan pleura. HirschBeer s’adressa à lui en lui disant : « Tu as perdu ton Rabbi ? Nous avons perdu le Rabbi ! Si le Rabbi était resté en vie, nous aurions fait une téchouvacomplète et serions devenus de vrais tsadikim ! »

Pendant le mois d’Eloul, lorsque le Rabbi avait évoqué sa mort qui approchait, ses disciples avaient soupiré et dit : « Que ferons-nous ? Avec qui nous laissez-vous ? » Le Rabbi répondit : « Restez ensemble et soyez de bons juifs. Et pas seulement cela, mais vous pourrez être tsadikim (saints), et Hachem m’a toujours aidé pour que les choses soient comme je le voulais. J’ai vaincu et je vaincrai. Le travail que j’ai commencé, je vais le finir. »

Ecrivez-nous ce que vous pensez!

Merci pour votre réponse!

Le commentaire sera publié après approbation

Ajouter un commentaire