Il y a une vie après la vache

Il faut se demander si l’on est heureux, satisfait, et si l’on se rapproche de son but... Si c’est « non », c’est le moment de pousser une ou deux vaches dans le fossé.

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Talia Levy

Posté sur 18.03.21

Un beau matin, ils se réveillèrent et tout leur univers s’effondra autour d’eux. Ils n’en croyaient pas leurs yeux – leur chère vache bien-aimée, leur seule et unique source de revenu, venait de mourir… Leur vache si fidèle… Elle qui, des années durant, leur avait donné ce précieux lait qui les faisait vivre et dont ils préparaient les aliments qu’ils mangeaient, qu’ils échangeaient contre d’autres marchandises et bien d’autre choses encore, pour survivre dans leur difficile routine.

Et comme ils le racontèrent par la suite, ils vivaient dans la plus grande simplicité et même dans le dénuement, des vêtements fins sur la peau et des chaussures trouées aux pieds. Mais en dépit de tout, ils étaient heureux ! C’est ainsi qu’ils vécurent des années, aussi loin qu’ils se souviennent, dans leur petit village reculé. Il ne leur manquait rien. Rien du tout. Ils n’aspiraient à rien d’autre, certes, mais leur mode de vie leur convenait.

 

Et ce matin-là, ils la cherchèrent, leur vache. Ils cherchèrent près de la maison, près du puit, où pouvait-elle bien être ? Où avait-elle disparu ?

Et puis ils la trouvèrent. Dans un trou, sans un souffle de vie. La pauvre, elle était apparemment tombée. Leur vache bien-aimée, toute leur vie tournait autour d’elle… Et elle… venait de mourir d’une façon si tragique.

Qu’allaient-ils faire à présent ? Comment vivraient-ils ? De quoi ? Que mangeraient-ils ? Et comment pourraient-ils seulement surmonter la catastrophe qui venait de s’abattre sur eux ?

Et bien justement, après en avoir un peu discuté, la première option à laquelle ils pensèrent était de tomber, de s’apitoyer sur leur sort. Pourquoi ? Parce que si, jusqu’alors, leur situation était serrée et pressante, à présent, c’était une question de survie. Même s’ils vendaient leur maison délabrée et leurs vieux vêtements, cela les aideraient pour une année, au mieux, et puis quoi ? Qu’adviendrait-il d’eux ? Ils finiraient par mourir de faim ?

La première option fut mise de côté, laissant place à la deuxième – il s’agissait non seulement de ne pas tomber dans la tristesse et la douleur qu’ils ressentaient, mais aussi de faire tout le contraire : d’utiliser cette douleur pour grandir.

Non, ne vous y trompez pas, ils ne se disaient pas que leur fin était proche. Que virent-ils alors, dans cette épreuve ? Un nouveau départ. Ils ne pensaient pas non plus que tout ce qui s’était passé était un hasard. Aussi, ils saisirent l’occasion, parce que c’en était réellement une.

Ils prirent conseil auprès de gens qualifiés, en essayant de comprendre de quelle manière ils pouvaient s’aider eux-mêmes. Puisqu’on leur avait repris leur vache, il valait mieux qu’ils acquièrent quelque chose de plus approprié, quelque chose qui avait plus de valeur. Et c’est ce qu’ils firent. Ils se rendirent en ville, c’était la première fois de leur vie qu’ils voyaient une ville, des gens, des magasins, des voitures, des trottoirs… Ils furent vraiment éblouis… Après le premier choc, dans une langue qui leur était quelque peu inconnue, mais pleins de confiance, de volonté et de foi –une foi en D.ieu, que tout est pour le bien et qu’en fait, le changement engendrerait quelque chose de nouveau et de plus adapté pour eux-, ils parvinrent à s’intégrer dans un des commerces de la ville.

Et c’est alors qu’ils découvrirent un monde nouveau.

Ils découvrirent que la route pour la ville était peut-être longue, mais faisable. Et le plus important, qu’il y a une vie après la vache… Mais ils ouvrirent les yeux. Et quand on ouvre les yeux, les exigences grandissent. Pas grave, ils reçurent un salaire pour leur dur travail et s’achetèrent de nouveaux vêtements et chaussures.

Et puis la culture fit également son entrée dans leur vie. Ils apprirent à lire et découvrirent des livres et des jeux. Leur langue s’améliora et leur lexique s’enrichit. Ils construisirent un étage de plus. Si jusqu’alors, ils avaient courbé la tête pour traire leur vache, nettoyer la ferme et travailler la terre, à présent, ils s’élevaient d’un niveau, la tête haute. Leur vision de la vie s’élargit et leur espace personnel s’approfondit. Après quelques années, on ne les reconnaissait plus. Ils avaient tellement changé…

Et si vous ne l’avez pas encore compris, ce n’était là qu’un exemple…

Chacun d’entre nous possède cette petite vache, qui l’empêche et le limite dans la vie. Parce que lorsqu’une personne sent qu’elle est bien dans sa vie, elle ne cherche pas à changer, ne pense pas à progresser, et reste dépendante de sa petite vache qui ne lui permet pas de se développer, de découvrir son potentiel et ses talents. On en arrive tous à ce stade où l’on se suffit de ce que l’on produit. Et le plus douloureux, c’est qu’on se maintient dans cet état de médiocrité.

Mais parfois, il nous faut ôter les œillères qu’on a devant les yeux. Ne pas avoir peur du grand saut. Parce que si on ne le fait pas, on loupera l’occasion de réaliser l’extraordinaire potentiel qu’on a en soi. On ne concrétisera pas non plus ses capacités. Et on en a, soyez-en sûrs.

Parfois, c’est à nous de pousser la vache dans le fossé. Car cette vache, ce sont nos habitudes, celles qui ont pris le contrôle de notre vie et nous ont poussé à nous soumettre à elles, jusqu'à devenir aveugles (à moins que ce soit les œillères ?)

C’est vrai que c’est dur de changer sa façon de penser (qui est une habitude) et d’agir, mais si on veut réaliser son rêve, on doit retrousser ses manches et… changer ! Car tout ce qu’on a fait jusqu'à maintenant n’a pas porté les fruits qu’on est censé récolter, en avançant, en progressant et en se développant plus.

Comment est-ce qu’on fait cela ?

« Ça va aller » – c’est bien de dire ça, cela renforce d’ailleurs notre foi. Mais il faut aussi préparer un réceptacle. On doit réfléchir : où en est-on dans la vie ? Et qu’a-t-on acquis jusqu'à présent ? Evidemment, remercier sans limites pour tout ça, parce que rien ne va de soi, mais il ne faut pas non plus s’arrêter là. Il faut aspirer à progresser. Se demander si c’est ce qu’on veut, si l’on est heureux, satisfait, et si l’on se rapproche de son but ? Si les réponses sont des « oui », alors on est dans la bonne voie. Mais si c’est « non », c’est le moment de pousser une ou deux vaches dans le fossé.

Et ensuite ? Commencer à réfléchir honnêtement et avec créativité, à une nouvelle direction. Croire en soi et en ses forces (parce que tout le temps où l’on était soumis à sa vache, on n’avait pas le loisir de les découvrir). Vivre en étant conscient que le Créateur veut nous envoyer tout le bien du monde, et de là, grandir et s’épanouir, découvrir l’immense potentiel qu’on a, à l’intérieur.

Notre vie peut avoir l’air de quelque chose d’autre, et on peut se sentir autrement. Le bonheur et la joie peuvent être notre lot, il suffit de jeter ces vaches qui vous barrent le chemin.

Bonne chance !

Traduit de l’hébreu par Carine Illouz  

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