Je suis où pour le Seder ?

La fête est presque là et nous n’avons pas encore décidé où fêter le Seder. Est-ce que ce sera dans une grande tente au cœur d’une forêt ou bien chez la Mama marocaine ?

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Sharon Rotter

Posté sur 21.03.23

Vous y croyez, vous, que je n’ai encore aucune idée de l’endroit où je vais passer le Seder ? La fête est presque là, et nous nous permettons d’hésiter sans fin et sans parvenir à pas trancher. Grâce à D.ieu, nous avons plusieurs options, mais aucune d’entre elles ne semble assez précise pour nous, ou peut être que l’on ne sait pas ce qu’on veut. Par habitude, chaque année, nous sommes chez ma belle-mère, que D.ieu la garde, une vraie Mama marocaine, une femme extraordinaire qui cuisine des quantités incommensurables de plats délicieux, relevés, riches et colorés. La première fois que j’ai passé le Seder avec la famille de mon mari, j’étais sous le choc. Une table immense remplie de bonnes choses et une famille ravie et heureuse, du vin à volonté et une animation sonore qui s’élève jusqu’au ciel… Et au moment où ma belle-mère faisait passer le plat du Seder en rond sur la tête de chacun des invités, sur fond de « billololo… », je me suis presque évanouie, me languissant de notre Seder ashkénaze, blanc, fade et silencieux. Depuis, je me suis habituée. D.ieu merci, c’est la dixième année que je fais partie de la famille, et j’ai presque changé de couleur de peau), et je réussis même à en profiter. Mais avec tout le brouhaha, j’ai parfois l’impression que le Seder (en français : ordre) n’est pas tellement ordonné. Il y a beaucoup de monde, de bruit, il faut considérer chacun des invités et on n’arrive pas vraiment à s’attarder sur la Haggadah et à la savourer. Du coup, tout ce que mon mari étudie et souhaite partager, expliquer et discuter avec les autres, tout est perdu ! Je le vois murmurer des choses à son père ou à celui qui est assis à côté de lui ou à qui cela intéresse, et cela me fait vraiment de la peine, pour lui, pour moi, et un peu pour tout le monde ; et surtout pour le gaspillage de ce pour quoi nous sommes tous réunis, parce qu’il y a tellement de choses à ajouter à la Haggadah et je sais que son discours peut être tellement spécial et fascinant (tant que cela ne dérange pas les invités, évidemment). C’est pourquoi, cette année, nous avions décidé d’essayer de faire un peu différemment. Peut-être plus intime et avec des gens qui veulent écouter, raconter et s’intéresser. Mais jusque-là, nous n’avons pas encore trouvé la combinaison gagnante pour notre Seder idéal. Du coup, tous les jours nous nous demandons l’un à l’autre : « Alors, on fait quoi pour le Seder ?… » Nous avons envisagé une variété d’options dont certaines très aventurières, comme le faire dans une grande tente au cœur d’une forêt du Goush Etsion, ou dans un quartier très religieux de Jérusalem, ou simplement avec des amis à la maison. Mais pour le moment, nous avons décidé de ne pas décider. Car il est très probable que finalement, nous reviendrons au traditionnel Seder marocain. Pour être franche, avant le Seder, je tiens à être concentrée et à m’intéresser à tout, mais quand l’heure de vérité arrive, je suis tellement fatiguée par tout le nettoyage et les préparatifs, et tellement affamée du fait que la cuisine étant nettoyée, le garde-manger plutôt vide, n’avons mangé qu’une petit soupe le midi, et la semaine précédente nous n’avons presque rien mangé du tout (principalement des fallafels dehors)… Et puis de toute façon, personne n’est calme et concentré, les enfants ont faim et sont fatigués, ils s’agitent et pleurnichent, celle-ci veut boire, il faut changer la couche de celui-là et le jus de fruit de la grande s’est renversé sur sa cousine qui lui a tiré les cheveux…. Alors peut-être qu’il faut juste céder à l’émeute (ou bien manger comme il faut avant, et éduquer les enfants si ce n’est pas trop tard…), se réjouir et boire, et essayer de placer quelques paroles de sagesse dans tout cela ? Puissions-nous tous avoir le mérite d’être concentrés le soir du Seder, d’éradiquer le H’amets de nous-mêmes (au moins pour tout le reste de l’année), de sortir d’Egypte avec de grands miracles, et de tout faire pour l’amour de D.ieu, même si l’on n’arrive pas vraiment à être complétement dedans…

Traduit de l’hébreu par Carine Illouz

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