Je peux pardonner

Je vois la longue liste de ceux qui m’ont blesse et je me rends compte combien c’est dur de pardonner. Comment procède-t-on à la chose la plus difficile qui soit ?

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Tsipora Berrebi

Posté sur 05.04.21

Ça commence à Roch Hodech Eloul et ça va en se renforçant jusqu'à Yom Kippour : l’utilisation intensive du mot « pardon ».

Il faut pardonner.
Il faut demander pardon.
Pardonnez.
Le mois des seli’hotes.
Et bien d’autres dérivés de ce mot incontournable.

Yom Kippour, le jour du grand pardon. Un jour grave, un jour grand ! On s’y prépare de tout notre corps et de toute notre âme.

Lors de ce jour saint, nous nous tiendrons devant notre Créateur, tout tremblants. Nous demanderons pour nous-mêmes. Nous demanderons pardon pour nos fautes. Nous jeunerons et nous nous languirons afin d’exprimer à quel point nous regrettons. Combien nous sommes désolés. Nous promettrons d’être meilleurs.

Chaque année, nous promettons.
Chaque année, nous le pensons vraiment.
Et chaque année, nous nous excusons de ne pas avoir tellement réussi.

Car chaque année, nous espérons de nouveau que, si D.ieu veut, nos fautes seront pardonnées et que nous entamerons la nouvelle année, propres de toute faute comme un bébé qui vient de naitre. Nous nous préparons à demander, de toutes nos forces, le pardon du Saint béni soit-Il, de notre père qui nous aime tant : Pardon, maitre du monde ! Pardon, papa !

Mais savons-nous, nous-mêmes, pardonner ?

Lorsque je regarde la longue liste de ceux qui m’ont blessée, je me rends compte à quel point pardonner est difficile. Je découvre tout simplement que… pardonner est impossible ! Comment est-ce seulement concevable ? Comment peut-on seulement effacer des colères et des blessures accumulées en nous ? Comment effacer le mal qu’on a pu ressentir et garder en nous pendant longtemps ? C’est difficile, C’est tellement difficile !

Chaque année, nous ressentons cette difficulté. Chaque année, nous faisons des efforts colossaux pour pardonner à ceux qui le demandent, et même à ceux qui n’ont rien demandé. Parce que nous voulons être bons. Sincèrement ! Mais on a du mal à pardonner.

On se souvient d’un évènement quelconque, on le revit, on le ressent, on refuse de changer les émotions qui nous en restent, notre grande blessure. Notre blessure, nous la chérissons comme une pierre précieuse, un rare trésor dont on réserverait l’utilisation à un moment très spécial. Mais la vérité, c’est que cette pierre est en fait très lourde à porter et très pressante. La blessure nous oppresse et nous pousse à bout. Après tout, la principale victime du refus de pardonner est la personne blessée elle-même, le rancunier avec sa colère. Et toute personne rancunière le sait très bien, pour l’avoir vécu : sa vie n’est pas une vie. Sa colère gonfle et étouffe son cœur, ses yeux sont flous et elle n’arrive pas à discerner le bien dans sa vie. La blessure distrait la personne jusqu'à affecter sa santé.

Mais même ça, la sensation de blessure le cache.
Donc heureusement qu’il y a Yom Kippour !

Une atmosphère spirituelle de sainteté enveloppe le monde à l’approche de ce jour unique, réduisant notre vulnérabilité et nous élevant à des hauteurs que nous ne soupçonnions pas en nous-mêmes. Tout parait insignifiant à côté de ce grand jour. Un jour de pure spiritualité, d’amour, de sainteté, de pardon, d’unité. Et il est important d’être prêts et dignes de ce jour saint. Et voilà que, plus ce jour approche, plus le fait de pardonner devient facile.

Soudain, tout est petit par rapport à la sainteté de Yom Kippour. Les blessures semblent mineures. Les insultes deviennent obsolètes. Nous aimons tout le monde. Nous pardonnons à tout le monde. A l’approche de Yom Kippour, nous nous trouvons à un niveau tellement élevé, comment les choses pourraient-elles être différentes ?

Alors nous pardonnons, du fond du cœur. Nous demandons pardon, du fond du cœur, à ceux que nous avons pu blesser. Nous pardonnons, qu’on nous demande pardon ou non. Le pardon nous purifie. Notre cœur devient propre et pur. Le monde est comme plus clair, beau et plein d’amour. La sainteté nous entoure. Le pardon qu’on a demandé, le pardon qu’on a donné, tout cela renforce la compassion dans le monde. Quoi de plus beau, à l’approche de Yom Kippour ?

On voit donc que Yom Kippour est un cadeau exceptionnel. Un jour de grande joie. Un jour où l’on peut réparer ce qu’on a pu abimer, et c’est quelque chose d’énorme, vraiment ! Il est écrit : « Raban Shimon ben Gamliel a dit : Il n’est pas de meilleurs jours pour Israël que Tou beAv et Yom Kippour » (Talmud Babli).

Yom Kippour nous a été donné pour que nous puissions nous corriger, prendre un nouveau départ, une nouvelle opportunité. Il nous a été donné pour pardonner. Nous avons tout intérêt à accepter les excuses et à présenter les nôtres à notre entourage. Avec générosité et en toute sincérité.

C’est dur. Mais c’est possible.

Bonne année, bon nouveau départ avec un cœur propre et miséricordieux, avec l’aide de D.ieu. Amen.

Traduit de l’hébreu par Carine Illouz.

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