Pourquoi seulement des miettes ?

Celui qui veut faire les choses en grand doit-il se suffire des miettes ?! Cette question le hantait en permanence. Comment était-ce possible ?!

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Lior Yehudaï

Posté sur 17.03.21

Celui qui veut faire les choses en grand doit-il se suffire des miettes ?! Cette question le hantait en permanence. Comment était-ce possible ?!

A cette ligne de pensée « étrange », il ne s’était pas préparé. Il n'avait jamais pensé qu’une personne qui voulait progresser dans sa croissance spirituelle, dans son avancée personnelle, et « en grand », devait soudainement se contenter des miettes.

 
Mais de quoi parle-t-on, en fait?

 
Mon père avait entendu beaucoup de choses sur la sainteté du Chabat, il avait lu, étudié, et bien sûr, mis en œuvre. Des dizaines d’enseignements élevés, il en avait lus, dans le recueil de Rabbi Natan de Breslev – Likoutey Alakhot, il avait aussi prié, des centaines de prières, pour gouter le goût du Chabat. Les pages de son livre de Psaumes étaient usées et jaunies par l'usure et les larmes. Il en avait lu, sur les Chabats des grands, des saints et des hommes d'action.

 
Et puis il soupira, un soupir sincère, du fond du cœur.

 
Ses Chabats étaient plats, vides. Le caractère sacré du Chabat ? Qui en rêve seulement ? Le gout du monde à venir ? Mais de quoi parlez-vous ?!?

 
Mais comme on dit dans l'armée : Après chaque Chabat, il y a un Chabat soir…
 

A la sortie du Chabat, mon père appela Roy, son cher ami, dont l’épaule connaissait de nombreux secrets d'amis qui avaient eu besoin d’elle en temps de détresse et d'angoisse.

 
« Comment était Chabat ? » Demande Roy.
 

« Quoi te dire, que D.ieu nous aide… » Soupire mon père.

 
Roy, qui s’y connaissait un peu en la matière, savait que si une personne se « jetait » sur D.ieu, c’est qu’il y avait quelque chose derrière qui n’allait pas, il supposa donc que mon père avait des difficultés. Mais après quelques éclaircissements de la part de Roy, il comprit que son Chabat était tout à fait merveilleux, que ce soit sur le plan physique, de l’observance des mitsvotes, des repas etc., mais pas spirituellement. C’était son désir que de ressentir le rythme cardiaque du Chabat.

 
« Juste manger ? Dormir ? C’est là tout mon Chabat ? Où est ce « gout de monde futur » qu’ils ont promis ? »

Roy, qui comprit immédiatement à quoi il avait affaire, retroussa ses manches et se mit à énumérer les mitsvotes de mon père, prière après prière, étude de la Torah et de la Halacha, les chansons du Chabat et toutes les autres choses merveilleuses que mon père avait le mérite d’accomplir pendant Chabat.

 
Mais mon père n'était pas habitué à cet étrange mode de pensée. En tant que quelqu’un qui aspirait à la vérité et à la proximité avec Hachem, il ne pensait pas que nous devions nous suffire des miettes.
 

« Ecoute », dit-il à Roy, « J'ai entendu cet enseignement du Azamra, que vous a enseigné Rabbi Nah’man, qu’il faut toujours chercher les bons points etc. Mais est-ce pour cela que je suis venu au monde ? Pour me suffire des bons points ? Des miettes !?… »

 
Roy prit une profonde inspiration. « Doucement, mon ami. Les points positifs ne sont pas un sujet trivial et anodin. Ce sont ces bons points que le Créateur nous demande, comme il est écrit הראיני מראיך, השמיעני את קולך כי קולך ערב ומראך נאווה. « Montrez-moi ces bons points, ils me sont extrêmement  chers et précieux, c’est le plus grand plaisir que vous me faites… » Voilà ce que nous dit le Créateur, et c’est ce qu’explique Rabbi Natan de Breslev (Lois du lever) » remarque Roy, en adaptant sa réponse.

 
« Quant à tes aspirations », poursuit-il, « comme le dit Rabbi Nah’man (Likoutey Moharan, deuxième partie), il faut savoir que la difficulté de trouver Hachem provient justement de l’absence de joie et de raison qui s’en suit, cette même tristesse qui nous entoure chaque fois un peu plus, c’est elle qui nous empêche de ressentir tout le bien dont tu parles. Le sentiment de tristesse est ce qui nous limite le cerveau avec des menottes de fer et nous empêche de nous asseoir pour nous reposer. C’est lui aussi qui nous éloigne, de force, du Créateur du monde. »

 
Papa respira, et il me sembla que les paroles de Roy faisaient leur chemin à l'intérieur, vers son cœur et son cerveau.

 
« Est-il possible de se battre avec l'ange ? » Demanda Roy, sans s’attendre à une réponse de la part de son ami : « C’est le mauvais penchant ! Cette tristesse, qui peut lui faire face ? Comment puis-je être heureux de ce que j’ai fait et de ce que je traverse encore, questionnent des centaines de personnes. Ici, Rabbi Nah’man nous donne un conseil familier et merveilleux : Atteindre la joie, c’est trouver en soi quelque bon point que ce soit, tu comprends ? » Questionna-t-il mon père. « Tu as des bons points en toi, et tu as fait suffisamment de choses merveilleuses ce Chabat pour éclairer l'ensemble de ta journée et de ta vie. Focalise-toi dessus, sois en fier, réjouis-toi du fait que le Créateur en est fier ! » 
 

Mon père sourit. Il semblait un peu soulagé…

 
Roy poursuivit agréablement, « Rien que le fait de penser à ces points positifs fait que l’homme se réjouit d’une joie qui le libère de tous les soucis du type « qu’adviendra-t-il », « qu’ai-je fait » et « où est cet avant-gout de monde futur qu’on m’a promis ». Les points positifs nous donnent une vie de sérénité, une vie de liberté, et si tu le veux, une vie de qualité ! »

 
Roy termina et j’entendis clairement un soupir de soulagement chez mon père.

 
Après tout, les amis sont là pour cela, non ?

Traduit par Carine Rivka Illouz

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