Redoubler de prudence

À l’époque du Gaon Rabbi Yoël Sirkis, l’Église catholique, très puissante, lança une collecte pour construire un palais pour le pape. Deux curés furent envoyés avec une lettre officielle et réussirent à amasser des fonds, qu’ils dissimulèrent dans leurs soutanes.

Ils arrivèrent de nuit à Cracovie. Trouvant une auberge tenue par une jeune veuve juive, ils lui demandèrent l’hospitalité. Pendant qu’elle préparait leur repas, ils allèrent se laver dans un fleuve voisin, mais un tourbillon les emporta et ils se noyèrent. La femme prépara le repas et attendit longuement l’arrivée des deux curés.

Ne les voyant pas revenir, la femme alla au fleuve, trouva leurs vêtements mais pas leur trace. De retour chez elle, elle les découpa et découvrit une grande somme d’argent cachée. Elle devint riche et cacha son trésor sous le sol de sa maison, dissimulé par des tapis.

À la même époque, un riche commerçant, élève du Baït ‘Hadach, épousa la jeune veuve. Découvrant sa grande richesse, il lui demanda son origine. Après insistance, elle lui révéla son secret. Inquiet que cet argent puisse être interdit, il proposa de consulter son maître.

Chez le Rav, le couple demanda à s’entretenir en privé. Le Rav fit sortir tout le monde sauf un élève érudit. Ils racontèrent leur histoire, et le Rav trancha qu’ils pouvaient profiter de l’argent, à condition d’en consacrer une partie à la construction de synagogues, de mikvaot et au soutien des nécessiteux.

Le couple suivit les instructions du Rav et vécut heureux.

Mais l’élève présent lors de leur consultation renia le judaïsme, se convertit au christianisme et devint cardinal.

Se souvenant de l’histoire entendue chez le Baït ‘Hadach, le cardinal, l’ancien élève du Baït ‘Hadach qui s’était converti, prétendit avoir reçu une révélation et invita rois, ministres, le couple et le Rav à venir l’entendre.

Le Rav rassura la femme en lui disant: « Grâce à ta Tsédaka, rien de mal ne t’arrivera. Patiente et tu verras ta délivrance. »

Le cardinal appela le Rav et le couple à monter sur l’estrade.

Le Rav prononça des Noms Sacrés et cria au cardinal : « Que veux-tu dire ?! » L’ange de l’oubli fit son œuvre, et le cardinal oublia tout.

Le cardinal fut humilié, car son événement se révéla vain. Le public s’irrita, et il perdit progressivement son rang, jusqu’à être démis de ses fonctions dans la honte.

Le Gaon Baït ‘Hadach et le couple rentrèrent chez eux joyeux, poursuivant leurs actes de générosité et de bonté.

Il faut toujours se fier à la parole des grands (qui savent sur quoi s’appuyer) et au pouvoir de la tsédaka, elle sauve toujours des pires situations