Un peu de silence

Des fois, je me dis que je parle trop. Oui, je connais la citation de nos sages qui dit : « Dix mesures de conversation sont descendues sur le monde, les femmes en ont reçues neuf »

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Sharon Rotter

Posté sur 15.03.21

Des fois, je me dis que je parle trop. Oui, je connais la citation de nos sages qui dit : « Dix mesures de conversation sont descendues sur le monde, les femmes en ont reçues neuf », et je sais que je suis bavarde, que j’ai toujours mon mot à dire et que j'aime parler de moi indéfiniment, mais récemment, je sens qu’il faut vraiment, mais vraiment, que je me taise.

Mon mari lance une critique ? Au lieu de ressortir tous les vieux dossiers entre nous, je comprends que je ferais mieux de me taire. Après tout, en quoi cela m'aidera-t-il de lui rendre la pareille ? L’impression de le punir ? De lui faire comprendre qu'il a tort ? Ce n'est pas la voie à suivre et, au final, je n’ai rien à y gagner. Ni moi, ni lui, ni les membres de la famille. « Tais-toi ! », je me dis, « ne réponds pas », « baisse la tête jusqu'à ce que la colère passe ». Et puis ça passe, et après une minute et demie, il oublie tout ce qui s'est passé ou même qu’il a dit quelque chose. Attendez, comprenez-moi bien – je ne suis pas une sainte qui prend toujours sur elle et laisse couler et hop, tout va bien. Mais je sais que tout est une question de timing.

Dans la paracha de la semaine dernière, on a parlé des filles de Tzelofchad, qui semblaient faire une véritable révolution féministe. Il est dit à leur propos qu'elles étaient intelligentes parce qu’elles ont « parlé selon le moment ». En d'autres termes, elles ont su quand soulever cette question délicate d'héritage et de succession. Cela nous enseigne que la maîtrise est essentielle. Tu veux dire quelque chose à ton mari ? Attends le moment où il est calme, après avoir mangé, quand vous vous asseyez ensemble sur la terrasse pour prendre un café, que vous êtes bien… Alors, dis-lui simplement et sans colère, et parle de toi, de tes sentiments, pas de lui et de ce qu’il a fait ou dit : « J'ai été blessée aujourd’hui par ce que tu as dit, ça m’a donné l’impression que tu annules tout ce que je fais et soulignes ce que je ne fais pas. C’est sûr que j’ai de quoi m’améliorer, mais j’ai le sentiment que ce que tu dis m’affaiblit au lieu de me renforcer, et que les enfants en souffrent également… » Ou au contraire, si tu es toujours vraiment en colère et que tu ne te sens pas capable de parler calmement, tu peux attendre qu'il se calme, puis passer à côté de lui et dire : « Je n’accepterai plus que tu me parles comme tu l’as fait ce matin » et tourner les talons. N'ajoute pas d'accusations, n'élabore pas trop et ne reste pas pour entendre sa réponse. Si tu sens que tu dois extérioriser un discours accusateur, fais clair et concis.

Même avec les enfants, j’ai le sentiment que trop parler ne m’aide pas et diminue même la portée de ce que je dis. Si je leur demande toute la journée de ramasser et de ranger leurs chaussures, pour au final voir des chaussures éparpillées un peu partout à chaque fois que je rentre dans le salon, je suppose que c’est que je fais quelque chose de travers et que je dois adopter une approche différente. Ce n’est qu’avec mon cinquième enfant, que je me suis finalement assagie et que je ressens réellement l'impact d'une minorité dans les mots. Dès qu'il est commence à faire des bêtises, je me mets à sa hauteur, je le regarde dans les yeux et, d'une voix basse et ferme, je lui dis : « Je ne permets pas », puis je tourne les talons et m’éloigne. Je m'assure de ne pas le guetter pour voir s'il continue. Je sais qu'à partir de ce moment, il continuera une seconde et demie et passera à autre chose.

Mais surtout en ces jours de canicule, quand il fait si chaud dehors que quand quelqu'un sort un mot de travers (ou non), le monde entier l'attaque hystériquement comme si c’était un voleur-assassin, alors peut-être que cela vaut la peine de moins partager ce qu’on pense ou de savoir quand et comment dire les choses pour qu’elles soient vraiment entendues. Que ce soit sur les réseaux sociaux, dans la queue du supermarché ou sur la route. Tout d'abord, il est préférable de garder la bouche fermée, puis de réfléchir soigneusement si nos paroles ont un avantage, comment elles seront acceptées et s'il est vraiment nécessaire de parler. Ou comme l'ont dit nos Sages, de mémoire bénie : « Le silence est bon pour les sages » et « J'ai grandi toute ma vie parmi les sages, et je n'ai rien trouvé de meilleur pour le corps que le silence ».

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