Du massacre à la lumière :

Lire l’histoire avec les yeux de la émouna

C’est une question très profonde et douloureuse. Le 7 octobre 2023 restera à jamais gravé dans la mémoire du peuple juif comme un jour de massacre, de cruauté inouïe, de trahison de la confiance, et de vulnérabilité.

Le 7 octobre : un choc tectonique

Ce jour-là, des milliers de terroristes ont pénétré en Israël et ont massacré, violé, kidnappé des civils. Le sentiment d’insécurité a atteint un niveau jamais vu depuis la création de l’État. Ce fut un effondrement de confiance dans la capacité du système à protéger ses citoyens.

Mais précisément parce que tout a été brisé, une recomposition profonde est devenue possible.

Un retournement silencieux

Dans l’histoire juive, les grands réveils spirituels et les retournements historiques suivent souvent un effondrement. L’exil d’Égypte, la destruction des Temples, la Shoah… Ce sont des chutes abyssales qui ouvrent paradoxalement des voies nouvelles, des libérations, des prises de conscience.

Après le 7 octobre, plusieurs transformations ont commencé à émerger :

1. Unité nationale nouvelle : malgré les divergences politiques, les lignes de fracture en Israël ont été momentanément mises de côté. Des gens de toutes origines, de tous milieux, ont couru s’enrôler, aider, soutenir.
2. Retour à la foi : des milliers de personnes, même éloignées du judaïsme, ont commencé à prier, à chercher du sens, à revenir à des traditions oubliées. Beaucoup ont redécouvert la force de la tehillah, du chema, des bougies de Shabbat. Le choc a réveillé des âmes.
3. Démasquage des illusions occidentales : la réaction glaciale de nombreuses nations et institutions a révélé qu’Israël ne pouvait compter que sur lui-même… et sur HaChem. L’illusion d’une sécurité “internationale” ou d’une paix naïve a volé en éclats.
4. Clarté morale : le Mal s’est montré sans masque. Les images des atrocités ont réveillé une lucidité. Ce n’est pas un “conflit”. C’est un combat existentiel pour la vie, contre une haine qui nie jusqu’à la légitimité du peuple juif à exister.

basculement

Sur le plan géopolitique aussi, le 7 octobre pourrait s’inscrire dans une chaîne de bouleversements :

• Il a gelé, voire détruit, les accords d’Oslo de facto.
• Il a rapproché Israël de certains pays arabes de manière inattendue (comme l’Arabie saoudite).
• Il a révélé la profondeur de l’ancrage du Hamas en Iran, mettant en lumière un axe du mal que même les puissances occidentales ne peuvent plus ignorer.

Un “miracle” caché ?

Parler de “miracle” après un massacre semble presque indécent. Mais dans la tradition juive, un nes (miracle) n’est pas seulement une suspension des lois naturelles : c’est un dévoilement. Une secousse qui fait tomber les masques.

Et si le 7 octobre avait mis fin à l’illusion d’un statu quo tenable, d’un confort juif en diaspora, d’un Israël sans émouna ?
Et si ce jour terrible devenait, rétrospectivement, un point de non-retour, un accouchement dans la douleur d’un réveil identitaire, spirituel, stratégique ?

Le 7 octobre n’est pas un miracle en soi. C’est un événement d’une horreur sans nom. Mais dans la foi juive, même les ténèbres les plus profondes peuvent contenir les graines d’une lumière future. À condition de ne pas fuir la réalité, de ne pas se refermer, mais d’ouvrir les yeux, le cœur, et de se tourner vers HaChem avec authenticité.

Il ne s’agit pas de minimiser la douleur, mais de s’interroger :
Et si ce moment tragique faisait partie d’un processus de guéoula (rédemption) ?
Et si, comme souvent dans notre histoire, la chute ouvrait la voie à la plus grande élévation ?