Amour incommensurable

Autrefois, les couples vivaient longtemps ensemble et élevaient leurs enfants sans thérapie ni ateliers. Aujourd’hui, même les couples amoureux doivent constamment investir dans leur relation, apprendre, se former, consulter si besoin et prévoir des moments de qualité à deux. Tous les conseillers recommandent aussi de briser la routine avec des vacances annuelles sans enfants. Certains refusent en arguant : « Mes parents ont vécu cinquante ans ensemble sans ça… » Mais ces arguments sont vains : les temps et les besoins ont changé, et construire la maison juive exige de s’adapter à notre génération.

Si même dans une relation matérielle les conjoints perçoivent chaque changement et perturbation, à plus forte raison notre lien avec notre Père céleste en est sensible. Même un Juif qui prie trois fois par jour, observe la Torah et les mitsvot, écoute des cours de Torah et de hassidout, dit matin et soir « Ahavat Olam Ahavatenou » (D’ un amour éternel,Tu nous a aimés), et même s’il a la chance de s’isoler pour parler avec HaChem, de dire beaucoup de remerciements et de chanter pour Lui,… même lui a besoin une fois par an de “vacance de couple”, des vacances qui sont cent pour cent amour.

Et c’est exactement le sens de la fête de Souccot qui arrive !
« La Soucca représente l’étreinte Divine », Dans la soucca, nous brisons la routine, nous quittons la maison pour vivre sept jours d’amour de D.ieu. L’Éternel nous enveloppe complètement, et nous mangeons, buvons et dormons dans la grande étreinte de notre Père céleste ! C’est le moment de se raffermir dans cet amour.

Contrairement à l’amour conjugal, qui demande un travail constant de construction et de renouvellement, l’amour des parents pour leurs enfants est inné, naturel et profondément inscrit dans leur être, sans effort particulier.
Il ne dépend pas des talents de l’enfant, seulement du fait qu’il est leur enfant. Le lien père-fils est indestructible et demeure en toute circonstance.

Pourquoi HaChem a-t-Il fait ainsi ?
Quand la Torah dit : « Vous êtes les enfants de l’Éternel », cela signifie que notre lien avec Lui est naturel, inscrit dans la création et indestructible. « J’ai créé le monde pour qu’Israël soit mes enfants à jamais. » Même dans les épreuves et les exils, ce lien et cet amour demeurent éternels.

Tu aimes ton fils et veux qu’il ait seulement du bien ? Donne à l’Éternel le mérite d’être un Père au moins aussi bon que toi…

Amour qui ne vient pas de ce monde
L’amour des parents n’en est qu’un pâle reflet de l’amour du Créateur qui est infini et incommensurable. Pourtant, une étincelle de cet amour nous permet d’en ressentir la lumière même dans ce monde. C’est le sens du Loulav. Rabbi Na’hman, dit il existe un amour que nous pouvons ressentir, comprendre et percevoir : l’amour qu’un père porte à son fils, tout le monde peut atteindre cet amour ; mais il y a des niveaux d’amour que le monde ne peut pas contenir ni comprendre, et c’est ce qu’on appelle « l’amour de la connaissance » (Ahava BeDa’at), un amour au-dessus du temps et des mesures, au-dessus de toute perception. Cela correspond à « L’attachement et l’amour entre le fils et le père alors que le fils est encore dans le cerveau du père avant la naissance — cet attachement et cet amour ne peuvent être atteints maintenant. Car ils ne sont atteignables qu’avec le temps et les mesures, et l’amour dans son esprit et son cerveau est au-dessus du temps et des mesures, et n’est revêtu d’aucun vêtement ».

La Soucca nous enveloppe, mais le Loulav nous insuffle au cœur la conscience de l’amour infini de l’Éternel.

L’amour de la connaissance (Ahava BeDa’at) ne se dévoilera vraiment qu’au Monde Futur, preuve que nous sommes encore bien loin de percevoir l’amour infini d’HaChem. Mais une fois par an, pendant une semaine, nous pouvons plonger dans l’amour de l’Éternel et goûter à la lumière du Monde Futur.

Plus nous ressentons l’amour de l’Éternel pendant Souccot, plus nous aurons la possibilité de vivre toute l’année dans une sorte de Monde Futur.

En pratique, cela signifie que lorsque nous secouons le Loulav et faisons les bénédictions, nous essayons de ressentir un peu plus de cet amour infini que l’Éternel nous porte, cet attachement profond entre le Père et le fils, un lien qu’aucune chose au monde ne peut annuler ou interrompre, et grâce à cela, nous goûtons dans ce monde un avant-goût du Monde Futur.

Partez avec amour
Pour raviver notre amour d’HaChem, contemplons sa force dans les situations extrêmes, comme la joie du roi lorsque son fils unique revient de captivité (Tanya). Et cela est tellement pertinent dans notre réalité, où ces deux dernières années, nous avons vu et entendu la joie inconcevable de parents dont les enfants sont revenus de captivité. Que l’Éternel leur vienne en aide et que, lorsque vous lirez ces lignes, tous les captifs soient déjà chez eux, et puissent voir de leurs yeux l’amour et le souci infinis des parents humains pour leurs enfants, qui n’ont eu ni jour ni nuit pour leurs enfants.

A plus forte raison encore pour l’amour immense que le Créateur du monde nous porte. Et tout cela n’est qu’un amour terrestre, le plus limité que nous puissions percevoir… Que dire de l’amour contenu dans la Connaissance, bien au-delà du temps et des mesures, qui appartient au Monde Futur ?

Si nous ressentions ne serait-ce qu’un faible éclat de cet amour, nous serions toute notre vie dans la joie, jamais découragés, et avancerions dans tous les domaines, recevant toutes les délivrances.

Et maintenant, en ces jours précis où tout Israël se purifie de toutes fautes et se prépare pour la fête de Souccot, c’est le moment d’introduire dans nos cœurs la lumière immense de l’amour d’ HaChem, et grâce à cela, nous mériterons de vivre la joie complète lors de Souccot, le « temps de notre joie », et tout au long de l’année, Amen.