Laissez la gentillesse vous guider

La plupart des notions laïques des relations en général, et en particulier de la relation conjugale, tournent autour d'une idée de donner et de prendre, ou : « Tu me grattes le dos et je te gratte à mon tour. » Mais le judaïsme a une vision différente des choses. Le judaïsme nous dit que donner est une chose merveilleuse en soi et vaut beaucoup plus si nous annulons notre besoin de recevoir en retour. Lorsque nous avons ce point de vue juif fermement ancré dans nos têtes, alors nous pouvons commencer à voir combien le fait que notre conjoint nous demande quelque chose est merveilleux en soi. De qui d'autre peut-il/elle faire des demandes, comme cela ? Ils pourraient sortir au beau milieu d’une place publique, taper des mains et des pieds, et crier jusqu'à être enroués, que personne ne ferait attention à eux – et si oui, ce serait seulement pour se dire qu'ils sont fous !

Ce n'est que lorsque nous nous mettons en mode donner à l’autre que nous pouvons créer un environnement où nos conjoints peuvent se sentir vraiment à la maison et agir comme ils le ressentent vraiment, sans avoir à jouer un rôle pour nous. Ils n'ont pas peur que nous nous mettions en colère ou que nous ripostions, car ils savent que nous savons que tout est orchestré spirituellement pour nous aider à travailler sur nos propres traits et problèmes de caractère. Nous nous en tenons à notre attitude humble et simple que tout cela vient de D.ieu, et que tout est bon, et en vertu de notre emouna, D.ieu fait des miracles pour nous, et nous réalisons une avancée après une autre, à la fois en nous-mêmes et dans nos interactions avec les autres.

Cela peut sembler un défi de taille pour de nombreuses personnes, et il est vrai que cela nécessite un très grand engagement spirituel pour vraiment connaître D.ieu et commencer à Le voir dans tous les domaines de notre vie. Mais vraiment, quelle est l'alternative ? Si nos enfants ou nos conjoints agissent et nous donnent du fil à retordre, quelles autres options s’offrent à nous ?

Récemment, j'ai parlé à une femme qui était totalement sur la défensive au sujet de son mari, car il a recommencé à faire certaines choses qu'il n'avait pas faites depuis de nombreuses années. Qui sait ce qui s'est passé, pourquoi il s'est relâché dans ses domaines ou pourquoi il a recommencé à faire des choses qui ne sont pas bonnes pour lui. Nous sommes tous des humains, pas des anges, et nous tous, même les meilleurs d'entre nous, tombons parfois et commettons de grosses erreurs. Mais maintenant, la femme traite son mari de tous les noms et fait toutes sortes de menaces de divorce, s'il ne renonce pas à ses mauvaises habitudes pour se remettre dans le droit chemin.

Je connais très bien ces gens et je peux vous dire qu'aucun d'eux ne va nulle part, quelles que soient les menaces et le vacarme fait autour du divorce. Au final, ils ont deux choix : soit ils peuvent rester ensemble comme ça, se battre et s’accuser jusqu’à n’en plus pouvoir, jusqu’à 120 ans. Ou bien, ils peuvent dire : « Assez avec ce jugement et cette perspective moraliste ! Nous ne sommes pas dans une salle d'audience… Je vais faire de mon mieux pour pardonner et travailler avec mon mari, en équipe. »

Spirituellement, le monde est construit sur deux piliers, appelés Hessed et guevoura. Dans une description très simpliste, Hessed signifie bienveillance et pardon, et guevoura signifie limitations et force, et le monde a besoin des deux pour survivre et fonctionner. Chacun de nous est un monde en soi et en nous-mêmes ; nous avons également besoin de gentillesse et de force dans nos vies et dans nos relations – mais la gentillesse, le Hessed, doit être prédominante. La gentillesse doit conduire, et la guevoura doit prendre la place arrière, et parfois, ce doit être une place extrêmement éloignée.