Trois tasses de café

Le rav  Mechulam Igra de Presbourg était l'un des plus grands sages d'Europe durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Jeune homme, il s'était fiancé à la fille d'un éminent chef communautaire de la ville de Butzatz. Quelques mois avant le mariage, le jeune "marié" a été invité à un repas chez son futur beau-père. Le dessert était accompagné d'un mets chaud que le jeune Reb Meshulam, en raison de sa situation financière, n'avait jamais goûté : le café !

Le serviteur de la famille a apporté trois tasses : une tasse à café, une tasse à sucre et une tasse à lait. Le futur beau-père voulut offrir à  son gendre du café. Le jeune étudiant regardant d'un air énigmatique chacune des coupes, se mit à raisonner. Il y avait deux tasses avec des liquides et une autre avec du sucre. Le Talmud enseigne que " le manger' devance la boisson pensa le jeune homme. Alors il prit une cuillerée de sucre et la mangea. Ensuite, il se demanda quel liquide boire en premier, le lait ou le breuvage noir. Constatant que dans la Torah les ténèbres précèdent le jour, il but d'abord le café noir. Remarquant les grains de café au fond de la tasse, il prit sa cuillère et commença à les manger. Ne voulant pas embarrasser son futur beau-père (qui lui avait servi un dessert si difficile à manger), il mâcha et avala lentement tous les grains de café. Sa future fiancée regarda  la scène sous le choc. « Père, s'écria-t-elle, je ne peux pas épouser un homme qui ne sait même pas prendre une tasse de café. C'est un rustre ! "Les fiançailles furent rompues.

Des années plus tard, ce même chef de communauté a rendu visite à la maison du rabbi Yeshaya Pick, le rabbi éminent de Breslow. En entrant dans sa salle d'étude, il remarqua que le rabbin était fasciné par la lecture d'une lettre. Le rabbin semblait être dérangé par la lettre. Lorsque l'homme lui a demandé quel était le problème, Rabbi Pick lui  dit qu'il venait de recevoir une lettre remplie des réflexions les plus profondes de la Torah. "Je dois être complètement immergé dans la Torah pour commencer à comprendre le niveau elevé de cet homme." "En fait," continua le rabbi, "je ne pense pas qu'un homme de ce calibre ait existé au cours des cinquante dernières années!" Et, a-t-il ajouté, "en plus de sa puissance on peut remarquer son étonnante humilité et sa finesse de caractère à travers les mots délicats dans ses écrits".

Puis il regarda à nouveau l'homme. « Vous venez de Butzatz, n'est-ce pas ? Avez-vous déjà entendu parler d'un certain Mechulam?

L'homme muet ne prononça pas un seul mot, jusqu'à ce qu'il s'évanouisse.

Lorsqu'il parvint à se rétablir, il raconta toute l'histoire des fiançailles et et le refus de sa fille, comment Rabbi Mechulam était destiné à être son gendre mais que cela  fut brisé par des grains de café. Le rabbin Pick avait l'air triste. «vraiment ??? "Avez-vous raté ce grand homme parce qu'il ne savait pas comment boire une tasse de café?"

Alors le rabbi regarda l'homme et dit : « Tu peux encore t'évanouir.

L'erreur la plus grave de notre nation tout au long de l'histoire a peut-être été le peu d'appréciation et de reconnaissance que nous avions pour nos brillants dirigeants. Dans notre ville, il y a des diamants cachés, mais ils sont très souvent traités comme du charbon de bois naturel.

Il existe une chanson très populaire, généralement chantée dans le monde des Yeshivot les jours de fête, qui dit "Moshe Emet ve Torah Emet" – "Moshe est vrai et sa Torah est vraie". les deux sont des entités inséparables est l'un des principes fondamentaux de la philosophie juive, comme on peut le constater, par exemple, à travers les écrits de Maïmonide. Sans reconnaître la grandeur de nos dirigeants, nous serions perdus.

. Parce que si nous ne réalisons pas d'où vient notre force, HaShem se souviendra de nous. Et Il nous dira que nous pouvons encore nous évanouir !