Une histoire de Soukoth

En fin de compte, il apprit la raison de ces multiples refus : Rabbi Yits'haq avait ordonné à tous les juifs de Berditchev de lui interdire l'entrée de leur souka...

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le rabbin Chlomo Zevin

Posté sur 06.04.21

 

Il ne restait plus que quelques jours avant le début de la fête de Soukoth. Dans toute la ville de Berditchev, il était impossible de trouver un seul èthrog. Le tsadiqRabbi Levi Yits'haq de Berditchev – ainsi que toute la population, se demandaient de quelle façon ils allaient pouvoir réaliser la mitswa importante du loulav et de l'èthrog. Les jours passaient et aucun èthrog ne semblait pouvoir atteindre la ville.

Finalement, le tsadiq ordonna à ses sympathisants de se rendre au bord de la grande route – à la sortie de la ville – et d'attendre ; peut-être, un juif passerait-il avec un èthrog en sa possession. De fait, après quelques heures d'attente, un juif passa sur la grande route avec un splendide èthrog en sa possession. Cependant, ce juif ne vivait pas à Berditchev; il vivait dans une ville lointaine et il n'avait aucune intention de s'arrêter à Berditchev. Le coeur lourd, les juifs de la ville se préparaient à voir s'en aller ce juif porteur d'un splendide èthrog

Cependant, les sympathisants de Rav Levi Yits'haq réussirent à persuader ce voyageur à rencontrer le grand tsadiq. Rav Levi Yits'haq essaya de convaincre le juif de passer la fête de Soukoth à Berditchev, ce qui permettrait à de nombreux juifs de pouvoir réaliser d'une façon convenable la mitswa du loulav et de l'èthrog. Évidemment dans ce cas-là, le tsadiq aussi pourrait faire cette mitswa qu'il aimait tant.
 
Le voyageur voyait les choses d'un autre oeil : il avait quitté sa maison – et sa famille – depuis plusieurs semaines et il n'aspirait qu'à les revoir le plus tôt possible. Comment le blâmer de vouloir partager la sim'ha de yom tov avec les êtres qu'il aimait le plus ? Après tout, existe-t-il une joie plus importante que d'être en famille dans sa souka ?
 
Le tsadiq Rav Levi Yits'haq n'abandonnait pas pour autant. Il promit au juif l'opulence et un grand na'hath (plaisir) de la part de ses enfants. Le juif répondit en disant que – baroukh Hachem (béni soit D-ieu) – il était loin d'être pauvre et que ses enfants lui donnaient déjà entièrement satisfaction. En fait, il ne manquait de rien. Finalement – en désespoir de cause – Rav Levi Yits'haq dit au juif que s'il était d'accord pour rester pendant la fête de Soukoth dans la ville de Berditchev, le rabbi lui promettait qu'après 120 ans, ils passeraient l'éternité ensemble – lui et le tsadiq – dans l'espace réservé au rabbi dans le monde à venir.
 
Lorsque le juif voyageur entendit cette offre incroyable du grand tsadiq, il accepta immédiatement l'offre de ce dernier de passer la fête de Soukoth dans la ville de Berditchev. Rabbi Levi Yits'haq et toute la ville étaient remplis de joie ; de plus, le juif qui possédait l'èthrog était enthousiaste d'avoir fait une si bonne affaire.
 
À l'insu du voyageur, un ordre secret avait été émis par le tsadiq pour toute la population de Berditchev : dans aucune circonstance, ils ne devaient laisser ce juif – qui avait apporté l'èthrog – entrer dans leur souka pendant la fête. Personne ne savait pour quelle raison, mais dans tous les cas, ce décret était inaltérable.
 
Le premier soir de Soukoth, une fois la prière terminée, le juif voyageur retourna vers l'hôtel où il devait rester pendant la fête. Arrivé à sa chambre, il trouva la table posée ; rien ne manquait : le vin pour le Qidouch, les bougies, les 'haloth (le pain cuit spécialement pour les jours de fêtes) et une amplitude de nourriture. Cependant, le juif était perplexe : l'aubergiste ne possédait-il pas une souka ?
 
Il se dirigea vers le jardin et immédiatement aperçu la souka de l'aubergiste. Celle-ci était splendidement construite et décorée. Tous les membres de la famille de l'aubergiste étaient assis autour de la table, prêts à se réjouir de leur repas de fête. Le juif voyageur était sur le point d'entrer lorsqu'on lui interdit le passage. À sa demande d'explication, il ne reçut aucune réponse.
 
Sans se décourager, le juif se dirigea vers les voisins les plus proches de l'aubergiste et leur demanda s'il pouvait enter dans leur souka afin d'y prendre son repas de fête. Cependant, la réponse fut identique à celle qu'on lui avait donnée auparavant: non. Il implora une explication ; il essaya d'enjôler les habitants de la ville : rien n'y fit. Aucune famille ne désirait le laisser entrer dans une souka.
 
En fin de compte, il apprit la raison de ces multiples refus : Rabbi Yits'haq avait ordonné à tous les juifs de Berditchev de lui interdire l'entrée de leur souka. Immédiatement, le juif se rendit chez le tsadiq. “Pourquoi ?” demanda-t-il en sanglotant. “Qu'ais-je fais de mal ?”
 
Le tsadiq répondit : “Si vous annulez la promesse que je vous ai faite – que vous serez assis avec moi pour l'éternité dans le monde à venir – j'ordonnerais à mes sympathisants de vous permettre d'entrer dans leur souka.”
 
“Ais-je véritablement le choix ?” le voyageur se demanda. “Je ne puis renoncer à la mitswa d'être assis dans la souka.” Avec regret, il renonça à la promesse que le tsadiq lui avait fait. Il avança la main pour montrer que sa résolution était prise et… il put s'asseoir dans la souka.
 
À la fin des jours de fête, Rabbi Levi Yits'haq demanda au juif de venir chez lui. “Maintenant,” dit le tsadiq, “je vous rends ma promesse : vous serez assis à côté de moi dans le monde à venir. Grâce à votre volonté exemplaire de réaliser la mitswa de la souka, vous avez gagné le mérite d'être mon partenaire dans le monde  à venir.”

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