Une arme sûre

Les observateurs se demandent souvent la raison pour laquelle les juifs religieux prennent des mesures aussi minutieuses pour choisir les quatre espèces (l'èthrog, les hadassim, le loulav et les 'aravoh (branches de saule)) pour la fête Soukoth. La réponse toute simple : la loi juive est très précise en ce qui concerne les critères de kachroute des quatre espèces ; dans la mesure où un juif religieux est lié aux lois juives, il doit s'assurer que chacune des quatre espèces est kachère à tous les niveaux. Autrement, il n'a pas accompli la mitswa telle quelle est  prescrite.    

 

À un niveau plus profond, Rabbi Nathan de Breslov explique (Liqouté Halakhoth, Ora'h 'Hayim, Hilkhoth Souka 6 : 12), que les quatre espèces représentent les armes d'un juif et que celles-ci l'aident à vaincre l'impureté spirituelle; il est donc facile de comprendre la façon dont les quatre espèces possèdent le pouvoir de rendre meilleure notre relation avec Hachem.

 

À Roch Hachana, les méqatreguim (les forces spirituelles du mal), déclarent la guerre contre les juifs. Leur but est de faire pencher la balance du Tribunal céleste du mauvais côté, en utilisant un témoignage funeste contre le peuple juif et de ce fait, obtenir une année de jugement sévère contre le peuple choisi par Hachem, que D-ieu nous préserve.   

 

Les jours de fêtes représentent un moment unique de l'année : ils représentent la montée vaillante du peuple juif pour relever ce défi. Nombreux sont ceux qui croient que le combat spirituel est terminé après Roch Hachana et Yom Kippour ; cela n'est pas le cas ! Roch Hachana et Yom Kippour ne sont que le début de notre nouveau combat annuel contre le mal. Voici comment : le chofar (corme de bélier) que nous sonnons pendant Roch Hachana est notre appel au combat; d'autre part, le jeûne de Yom Kippour est notre préparation solennel pour ce combat.

 

Cependant, pendant la fête de Soukoth, nous prenons nos armes en main pour vaincre les méqatreguim avec la force, la ferveur et la véritable joie dans l'exécution de notre mitswa. Aucun ennemi spirituel ne peut résister à l'impact de ces quatre espèces kachères secouées à l'unisson dans sa direction. Secouer les quatre espèces – surtout en public avec une congrégation et en présence d'hommes particulièrement pieux – est un solide barrage spirituel qui détruit et disperse les méqatreguim. Notre victoire contre ces ennemis méprisables est notre principale motif de joie durant Soukoth.

 

Certains accordent énormément d'importance à la beauté des quatre espèces, sans prêter suffisamment d'attention à leurs statuts face à la kachroute. De fait, pour certains, l'important est d'acquérir des loulavim longs et impressionnants ou des èthroguim jaunes et très beaux pour Soukoth ; même si l'acquisition de quatre espèces ayant un bel aspect n'est pas dénuée de sens, le plus important est de posséder avant tout des espèces kachères.

 

La kachroute de nos quatre espèces nous garantit de posséder les "armes" les plus efficaces dans notre lutte contre les méqatreguim, même si ces armes ne sont pas nécessairement les belles et qu'elles n'impressionnent nos voisins. En fait, mon grand-oncle – Rabbi Chalom Cha'hna Chernick, que sa sainte mémoire soit bénie – a écrit dans son guide classique des quatre espèces ('Hayim ouvrakha) que les quatre espèces les plus belles sont celles qui sont kachères.

 

Étant donné qu'on doit considérer les quatre espèces comme des armes spirituelles – comme nous l'a enseigné Rabbi Nathan – celles-ci doivent être kachères si l'on désire qu'elles soient des armes efficaces. La parabole qui suit pourra nous aider à comprendre ce concept, avec l'amour de Hachem.

 

Michaël aimait impressionner ses chefs de bataillon avec son mousquet reluisant. De fait, il était l'apprenti préféré car il était toujours ordonné et propre comme une épingle.

  

Après six mois d'entraînement de base, les nouveaux soldats étaient prêts  pour leur premier devoir sur le front et leur test initial au feu. Michaël n'avait pas réalisé que le combat et l'entraînement au camp étaient des choses bien distinctes. Il continuait à nettoyer minutieusement le canon de son mousquet pendant des heures sans fin jusqu'à ce qu'il brille comme un miroir. Il se moquait de la carabine de David, qui était toujours ternie et poussiéreuse.  

 

Contrairement à Michaël qui n'aimait pas beaucoup tirer avec son arme de peur qu'elle soit recouverte de suie et qu'elle devienne sale, David passait tout son temps disponible en première ligne. Sa carabine était impeccable, sans aucune marque de rouille, bien huilée et en état de marche. Néanmoins, David ne gaspillait pas son temps avec un polissage inutile, laissant la précision de son tir impressionner l'ennemi plutôt que la brillance de son canon !

 

Michaël et David furent envoyés sur le front pour leur première prise de connaissance réelle avec le combat. Un bataillon ennemi se précipita sur leur position ; en riposte, David exécuta une succession rapide de tirs et il repoussa l'ennemi de son flanc. De son côté, Michaël ajusta son mousquet, pressa sur la détente, et … rien n'arriva ! Si préoccupé à nettoyer son mousquet, il avait oublié d'insérer le percuteur…

 

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Le loulav le plus grand et qui possède la plus belle couleur ne vaut pas un euro si sa feuille principale est fendue, même si la fente n'est pas plus large que l'épaisseur d'un cheveu ! Un loulav de la sorte ressemble au fusil de Michaël : brillant mais sans le percuteur. Avec les quatre espèces entièrement kachères – même si elles ne sont pas les plus grandes, les plus belles et les plus impressionnantes – on peut gagner le combat spirituel et se débarrasser de la présence du mal. Si nous réussissons à être les vainqueurs de ce combat, nous ajouterons de la sainteté dans nos foyers et dans nos coeurs. Amen.

  

 

(Vous êtes cordialement invités à rendre visite au site de Rabbi Lazer Brody à www.lazerbrody.net)