L’histoire de Yosselé
Yosselé ne pouvait s’empêcher de s’étonner de la facilité avec laquelle il avait eut accès à ces trésors. Le garde dormait, les chiens n’aboyaient pas, la maison était ouverte...
Comment le voleur vole-t-il ce qui lui appartient ?
On raconte à ce propos, une histoire à la fois étonnante et merveilleuse :
Le Baal Chem Tov avait un disciple, Yosselé, qui était entraîné à voler par son mauvais penchant. Une nuit où il ne put lui résister, à l’heure où toute la ville dormait, il sortit de sa maison et se dirigea vers la demeure somptueuse de la riche Sara, qui habitait aux confins de la ville.
Sara était la fille unique d’un très riche Juif qui était décédé depuis peu. Et comme il n’avait pas de fils, tout l’héritage tomba entre les mains de Sara.
Yosselé parvint aux grilles de la demeure, qui était grande ouverte. Le garde dormait profondément et les chiens remuaient de la queue. Yosselé poursuivit son chemin à travers le beau jardin, sans être dérangé. Il arriva à la maison où tout était prêt pour lui : la porte n’était pas verrouillée et les domestiques étaient comme disparus…
Yosselé pénétra sans bruit à l’intérieur de la maison, s’arrêta un instant pour contempler la richesse et l’abondance, les tapis de luxe, les précieux tableaux, les ustensiles en or et les magnifiques chandeliers. Puis, il traversa la salle à manger et se dirigea vers le cabinet de travail, là où il avait vu lors d’une précédente visite chez le riche Juif, qu’elle contenait le coffre-fort. A sa grande joie, il trouva le coffre-fort grand ouvert avec à l’intérieur, des liasses de billets et des lingots d’or qui étaient empilées les uns à côté des autres, sans parler des bijoux et des pierres précieuses.
Yosselé ne pouvait s’empêcher de s’étonner de la facilité avec laquelle il avait eut accès à ces trésors. Le garde dormait, les chiens n’aboyaient pas, la maison était ouverte, les serviteurs avaient disparu et le coffre était ouvert. Yosselé commença à croire qu’il y avait ici, si l’on peut dire, une ‘aide divine’.
Yosselé se mit à réfléchir : “Que m’a fait le Tout-Puissant ? Pourquoi est-ce si facile ? Il semblerait que toute cette richesse m’appartient et qu’il ne me reste qu’à la prendre sans aucun obstacle. Bizarre…”
Yosselé contemplait l’abondance qui s’étalait devant ses yeux. Puis, petit à petit son cœur se mit à battre à la pensée de la transgression qu’il s’apprêtait à commettre. Il se prit à penser : “La subsistance de l’homme n’est-elle pas fixée depuis Roch HaChana ? Pourquoi devrais-je toucher à la propriété d’autrui ?”
Cependant, il semblait que les liasses et les lingots d’or étincelants l’appelaient : Yosselé, nous sommes à toi, prends nous !
Yosselé hésita et s’arrêta, et la foi commença tout doucement à luire dans son cœur :
“Si toute cette richesse m’appartient réellement, elle me parviendra légalement”, il poursuivit : “Pourquoi prendre en transgressant un interdit, et aller contre la volonté divine ?”
Soudain, le cœur de Yosselé s’embrasa et il ressentit une grande crainte. Il conçut le danger qui le menaçait et s’écria intérieurement : “Maître du monde, sauve-moi !”. Puis, il fit demi-tour et s’enfuit de la maison, sans prendre quoi que ce soit.
Le lendemain soir, après une dure journée de regrets, de honte et de pleurs passée devant HaChem pour qu’Il lui pardonne son désir de voler, Yosselé reçut la visite d’un émissaire du Baal Chem Tov qui lui demandait de venir à lui sur le champ.
Les jambes chancelantes et tendu par la peur et la honte, Yosselé pénétra dans la chambre du Baal Chem Tov. Il était certain que grâce à sa clairvoyance, le Baal Chem Tov avait vu tous ses agissements.
Le Baal Chem Tov s’adressa à lui : “Yosselé, assied-toi, je te prie. Comment vas-tu ?”
Yosselé répondit : “Grâce à D.”, et attendit en craignant le pire.
Le Baal Chem Tov lui dit : “Yosselé, la riche Sara a fait appel à moi. La connais-tu ?”
Yosselé bredouilla : “Ou, ou, oui, bie, bie, bien sûr, vénéré Rav”. Il était pris au piège ! Il était déjà certain maintenant que la riche Sara l’avait vu chez-elle au milieu de la nuit, et qu’elle était allée raconter cela à son rav. Où se cacherait-il ? Comment pourrait-il supporter le regard du rav ? Comment essuyer une telle honte, une telle humiliation ?
Le rav poursuivit : “Comme tu le sais, Sara est fille unique et avant que son père fut appelé dans l’Au-delà, il me demanda d’être l’intendant de toutes ses affaires, de veiller sur sa fille et de la protéger”. Un bref instant, le Baal Chem Tov s’arrêta et posa son regard pénétrant sur Yosselé.
Ensuite, le Baal Chem Tov poursuivit : “Ce matin, Sara est venue me demander de chercher pour elle un fiancé. Elle veut se marier avec un érudit de la Tora, assidu dans l’étude et dans le service d’HaChem. Elle ne veut pas qu’il s’occupe de ses affaires et de ses propriétés, mais qu’il étudie, sans être dérangé et sans aucun lien avec ce monde-ci. Elle a pris l’habitude de tout gérer. C’est une femme vaillante et expérimentée dans les affaires de son père”.
Le Baal Chem Tov sourit à Yosselé et continua : “Au début, je n’ai pu penser à aucun parti pour elle. Ensuite, HaChem béni soit-Il m’a suggéré que le temps était venu que tu te marries et aussitôt HaChem éclaira mes yeux que vous êtes, sans aucun doute, faits l’un pour l’autre. Vas de suite te préparer pour le mariage. Je désire que ce mariage se fasse sans tarder, avant les fêtes qui approchent”.
Yosselé sortit de la chambre de son maître complètement étourdi et gagna la rue baignée des rayons du soleil. Il s’assit sur un banc proche et passa en revue les derniers événements. Il s’émerveillait de la prodigieuse providence divine et de la miséricorde du Créateur. Il manqua de s’évanouir en pensant à ce qui aurait pu se passer s’il n’avait pas surmonté son épreuve. S’il avait volé, il aurait pris ce qui lui appartient et aurait compromis son avenir ! Au lieu de jouir d’une vie aisée et de s’occuper de Tora et de prière, il aurait dû cacher son larcin et s’enfuir vers un pays étranger et sans aucun doute, il aurait abandonné la Tora et le judaïsme.
Yosselé remercia en larmes le Créateur du monde qui eut pitié de lui, l’aida à surmonter son épreuve, lui montra concrètement comment la bénédiction de l’homme est préparée d’avance et que l’épreuve consiste à s’armer de patience afin d’en profiter légalement en temps voulu. L’alternative, que D. nous en préserve, consiste à précipiter les événements et à s’en emparer illégalement. Dans ce cas, il est certain qu’il n’en profitera pas. Il n’aurait pu recevoir une meilleure leçon de foi et de providence divine.
Il est évident que chacun n’a pas le mérite de constater aussi clairement, comment son bien lui est préparé et comment il doit choisir de quelle manière se l’approprier. Pourtant, en vérité cela se passe ainsi pour toutes les épreuves subies par l’homme pour sa subsistance : dès le départ, son argent lui est destiné et dans les Cieux on lui fait passer une épreuve. Soit il précipite le cours des choses, emprunte et s’endette, se presse, se querelle, fraude, vole et exploite ; soit il attend patiemment et reçoit l’argent de la meilleure façon.
Sache que même si Yosselé ne s’était pas marié avec Sara, puisque cet argent lui était destiné, il l’aurait reçu de toute façon. Par exemple, si cette femme avait décidé de donner son argent pour aider un érudit de la Tora, ou s’ils avaient conclus une quelconque affaire, etc., car HaChem nourrit Ses créatures par de multiples façons.
Un temps pour chaque chose
Un commerçant croyant doit savoir que la providence divine s’exerce sur chaque chose mise en vente : elle détermine quand et à qui elle sera vendue. Le Créateur de l’univers supervise chaque article de la marchandise qui parvient au marchand ; lequel est destiné à un acheteur particulier. Il est écrit dans le Likouté Maaran (54) : “Chaque chose au monde détient de saintes étincelles qui tombèrent au moment de “la brisure des récipients” (Chevirah ha-Kelim). Cette brisure se caractérise par la destruction des lettres qui retombèrent en toute chose dans ce monde. Il existe un temps pour chaque chose, et à ce temps précis elle doit parvenir à tel individu qui provient de la même racine que les étincelles recueillies par cette chose”.
Il s’ensuit qu’une transaction n’est conduite qu’avec l’accord d’HaChem, béni soit-Il. Lorsque le moment arrive pour qu’une certaine marchandise parvienne entre les mains d’un homme, afin de parfaire son âme grâce aux étincelles qu’elle détient, le Créateur fait en sorte, par un enchaînement de causes et effets, que cet homme parvienne au lieu où se trouve cette marchandise. Ensuite, s’éveille chez cet homme une volonté ou l’envie de l’acheter, car il a besoin de ces étincelles pour parfaire son âme.
On comprend donc que l’homme n’est pas intéressé à acheter un article s’il ne possède aucun lien avec lui, et le vendeur qui essaie de le persuader ne fait qu’anticiper le moment et celui qui précipite les choses en subit les conséquences, à savoir que cette vente n’entraînera que des maux.
Tout négociant peut témoigner qu’une marchandise dont on était certain qu’elle se vendrait vite, peut rester longtemps sur l’étagère, alors qu’en revanche, celle qui semblait être difficile à vendre, est rapidement vendue et à un bon prix. Parfois, une transaction se conclue d’une façon incompréhensible, jusqu’à ce que les étincelles qu’elle détient parviennent à l’individu qui en a besoin ; ensuite tout s’arrange et l’affaire est faite. Beaucoup de concours de circonstances ne sont explicables que grâce à la providence divine qui fixe avec précision, quand et comment telle ou telle marchandise passe d’une main à l’autre.
Des relations commerciales honnêtes
Il ressort de ce qui précède que lorsque le commerçant est croyant, ses relations commerciales sont empruntes de vérité et de loyauté, et il peut répondre positivement à la première question qu’on lui posera dans les Cieux après avoir quitté ce monde-ci : As-tu entretenu des relations commerciales avec foi (en hébreu : Be-Emouna) ? ‘Avec foi’, c’est-à-dire qu’il fut sincère dans ses propos et qu’il les respecta. Tel est le contenu de la question : As-tu entretenu des relations commerciales selon la qualité de la vérité, sans mensonge et sans fraude ?
Un commerçant croyant n’embellit pas sa marchandise, car il sait que chaque article est destiné à un certain individu, grâce à la providence divine. La marchandise plaira à son acquéreur, sans que le vendeur doive l’embellir mensongèrement, mentir ou flatter l’acheteur, car il sait que c’est le Saint béni soit-Il qui le nourrit et non le client. Par conséquent, il n’est pas nécessaire de le persuader ou de le contraindre contre son gré, ce qui pourrait causer plusieurs dommages, comme de regretter d’avoir acheté un article superflu à cause de la persuasion du vendeur ; et il est probable qu’il en garde rancune ou même qu’il le maudisse, etc.
Un commerçant croyant n’est jamais alarmé ou déçu par quoi que ce soit, même lorsqu’un client décide de ne pas acheter chez lui, car il sait qu’HaChem béni soit-Il lui donne sa subsistance et il est probable que cette fois-ci, Il la lui donne d’une autre façon, pas de son magasin ou de ses affaires. Un tel commerçant a le mérite de recevoir une mention honorable à l’épreuve de la foi, il jouit d’une vie sereine et tranquille dans ce monde, et il méritera aussi de recevoir sa portion dans le monde futur pour sa droiture, son honnêteté, sa civilité et ses vertus, parce qu’il ne faisait pas souffrir les créatures, etc.
Au contraire, un commerçant incroyant pense que le client assure sa subsistance. Il flatte donc ses clients et rampe devant eux et puisqu’il croit que sa réussite dépend de ses initiatives, il croit en son savoir-faire et en ses astuces, se permet de mentir, de frauder, de dénigrer ses concurrents (et il transgresse ainsi les interdits de médisance et de calomnie, etc.), il promet monts et merveilles, etc.
Lorsqu’il réussit dans son commerce, il se gonfle d’importance et de vanité, car il est persuadé de n’être redevable qu’à sa sagesse et à sa compétence commerciale. Lorsqu’il vend une marchandise au-dessus de sa valeur, il se glorifie de savoir gagner de l’argent. Bien entendu, cet esprit le conduit à sa perte, car il trompe l’acheteur et l’argent qu’il accumule est “malpropre” (lo cacher). Cet agent le détruira spirituellement et physiquement. Nous prions pour cela : “Que le Miséricordieux nous nourrisse d’une façon permise et non d’une façon interdite”. De toute façon, même s’il avait vendu l’article à son vrai prix, il aurait reçu la somme fixée par les Cieux, car il aurait récupéré la différence d’une autre source.
Lorsqu’il ne réussit pas à vendre, il est déçu, il grogne, se lamente ; sa vie n’est pas une vie et à son épreuve de la foi, il obtient une note insuffisante.
À suivre…
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