Rabbi Yom Tov Lippmann Heller (“Tossafoth Yom Tov”)
(1579-1654)
Auteur d'un commentaire réputé sur la Michna, le “Tossafoth Yom Tov ” – Rabbi Yom Tov Lippman Heller – était un “yatom” (orphelin) du côté de son père. Né dans la ville de Wallerstein (province allemande de la Bavarie), il fut élevé par son grand-père, Rabbi Moché Wallerstein. Lorsqu'il était encore un jeune homme, il étudia sous l'autorité de Rabbi Yehouda Loew (le “Maharal ”) et de Rabbi Ephraïm Luntchitz (le “Kli Yaqar ”) de Prague. Son commentaire sur la Michna fut rédigé pendant la première partie du 17ième siècle, période pendant laquelle le monde de l'étude de la Tora sortait de l'époque difficile du Moyen Âge. Cependant, pour le peuple juif, la fin du Moyen Âge n'a pas forcément représentait la fin de l'oppression de la part de ses voisins immédiats.
En 1595, il devint dayan (juge) à Prague, dans le domaine de la Loi juive. En 1624, il fut nommé Grand rabbin de la ville de Vienne, capitale d'Autriche. Il fut ensuite – pour une brève période – le rabbin de la ville de Nikolsburg en Moravie. En 1627, il fut nommé Grand rabbin de Prague, poste qui avait été occupé précédemment par les personnalités exceptionnelles du Maharal et du “Kli Yaqar ”.
Afin de participer aux frais causés par la “guerre de trente ans”, les juifs de la ville de Prague furent lourdement taxés; ils devaient payer la somme extravagante de 40 000 thalers (ancienne monnaie allemande). Le rabbin Heller – afin de répartir cette taxe immense de la façon la plus équitable possible – obligea les habitants de Prague de payer en fonction de leurs revenus. Cette innovation déplut énormément aux membres aisés de la communauté. Les membres les plus riches de ce groupe influent se mirent d'accord dans le but d'incriminer le rabbin Heller.
En collaboration avec le gouvernement et l'Église, certains parmi les plus riches juifs de la ville de Prague dénoncèrent leur rabbin en alléguant qu'il avait diffamé l'Église dans ses ouvrages “Ma'adané Melekh ” et “Le'hem 'Hamoudoth ”. Un procès de parodie fut tenu et le rabbin Heller fut condamné à la prison, tandis que la communauté juive devait… s'exiler du pays ! Grâce aux efforts diplomatiques divers mis en branle par son fils, le rabbin fut finalement innocenté et le décret contre la communauté juive annulé.
Le “
Tossafoth Yom Tov ” décréta – pour toutes les générations futures de sa famille – un jour de jeûne pour le jour anniversaire de sa libération. Le rabbin
Yom Tov Lippman Heller a décrit son expérience difficile dans le livre le livre “
Meguila Eiva” (“La
meguila de la haibe”). Le titre est une référence à la
Meguila Ékha (“Les Lamentations”) dans laquelle la tragédie de la chute de Jérusalem est décrite.
Après un emprisonnement de quarante jours, le rabbin Heller fut libéré de prison. Le jour de Roch 'Hodech (le premier jour du mois) de iyar (mai/juin), il fut nommé rabbin de la ville de Ludmir, Ukraine. C'est à cette époque qu'il commença à s'intéresser à un problème qui prenait de l'importance. Des étudiants de piètre valeur achetaient des emplois rabbiniques en payant les princes locaux. Il existait une interdiction générale contre cette pratique, mais elle n'était plus respectée depuis longtemps. Le rav Heller participa d'une façon active à la convention “Va'ad 'Arba HaAratzoth” (“Le conseil des quatre terres”) dans laquelle l'interdiction fut renouvelée et intensifiée. Ce nouveau rôle du rabbin mit encore une fois son propre poste en péril. Cependant, cette fois-ci, le résultat fut plus heureux pour lui.
En 1643, le “
Tossafoth Yom Tov ” fut nommé rabbin de Krakow (ancienne capitale de Pologne). À ce poste, il succédait au rabbin
Yoël Sirkus (le
Ba'h). Il se joignit également au “
Pné Yehochou'a” pour devenir le coresponsable de la
yéchiva de Krakow, un poste dont la renommée était immense à cette époque. Le “
Tossafoth Yom Tov ” décréta pour ses futures générations un jour de fête pour célébrer l'anniversaire de sa nomination comme rabbin de Krakow.
Les massacres de Khmelnitski – entre les années 1648 et 1649 – tuèrent des milliers de juifs et de nombreuses femmes devinrent “agounoth” (femmes dont le mari a disparu mais dont personne peut attester de la mort). Le rabbin Heller fit tout ce qui était en son pouvoir pour trouver les solutions permettant à ces femmes de se remarier.
Tel qu'il a été mentionné précédemment, l'ouvrage le plus connu du rabbin Heller est son commentaire sur la Michna, Dans celui-ci, il démontre son immense connaissance du Talmud afin de clarifier la signification des Michanyoth les plus difficiles. Son commentaire est appelé “Tossafoth Yom Tov ” – d'après son nom – avec l'ajout de “Tossafoth” (“Ajout”) car il le considérait aussi utile que le commentaire des “Ba'alé HaTosafoth ” sur l'explication de Rachi à propos du Talmud.
Parmi ses autres ouvrages, on trouve : “
Tsourath HaBayith”, une description du futur troisième Temple de Jérusalem, selon le livre de Ezéchiel; un commentaire en deux parties à propos de l'œuvre du
Roch : “
Madané Melekh” et “
Le'hem 'Hamoudoth”. Même si son objectif en écrivant ses ouvrages était pur, certains les ont utilisés – en déformant leur nature – pour attenter à sa vie, le faire condamner à la prison et pratiquement expulser une communauté entière.
Le “Tossafoth Yom Tov ” est décédé à Krakow en 1654. Parmi ces descendants exceptionnels, se trouve le rabbin Aryeh Leib HaKohen, le “Ketzos HaChoshen.”
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