D-ieu est partout
Prier, parler à D-ieu, c'est véritablement se distinguer de l'animal. La prière, contrairement à ce que certains pensent, n'est pas réservée aux affligés...
"Sa Gloire emplit l’univers"
D-ieu est présent partout. Dans les maisons d’étude et de prière, sa présence est plus sensible parce que ces endroits Lui sont sanctifiés. Cependant, n’oublions pas qu’Il est tout aussi présent chez nous, dehors dans la rue, à notre travail, dans la campagne. Il est proche de tous ceux qui l’appellent, partout, à tout moment.
Chant des Forêts
Rabbi Israël Ba’al Chem Tov, ses Maîtres et ses élèves, tous les Justes cachés qui ont révélé au monde un enseignement messianique, ont passé le plus clair de leur temps à s’isoler dans les forêts. Qu’y faisaient-ils ? De l’étude, certes, mais l’essentiel était leur recherche du Créateur au moyen de la prière.
Trente ans plus tard – dans la même ville de Meziboz – le jeune Rabbi Na’hman suivait l’exemple de son aïeul et quittait la ville pour la forêt (ou la rivière, sur une petite barque). Il y épancha son âme pure et travailla jusqu’à atteindre, par ce moyen, les plus hauts degrés de sainteté. Il affectionnait les prairies et les bois et expliquait à ses élèves la raison de ce choix :
"Chaque arbre, chaque plante jusqu’à la plus humble des herbes adresse des louanges au Créateur. Lorsque nous nous trouvons parmi eux, parmi elles, dans cette symphonie à la Gloire divine, il nous est plus facile d’ouvrir notre cœur. Le chant de la prairie se mêle au nôtre et monte en harmonie vers Celui qui a tout créé."
S’il nous est possible de le faire, nous rechercherons la verdure, au moins de temps à autre. Mais, en attendant, répétons-le, tous les endroits sont propices.
Isolons-nous où nous pouvons.
Rabbi Na’hman a dit que nous pouvons crier même à voix basse et que nous pouvons nous isoler, même au sein de la foule! Devant un livre, à la synagogue, en marchant dans la rue, chez soi, dans un coin tranquille ou, même encore – comme le Roi David qui parlait à D-ieu dans son lit – jusqu’à ce que sa couche soit inondée de larmes !
Bien parler
Le fleuve qui sort de l’Eden et se sépare en quatre branches (Genèse II), symbolise – selon le Zohar – l’Énergie divine qui se répand dans le monde et alimente les quatre niveaux de la Création : terre, eau, air, feu. À leur tour, ces quatre éléments produisent et entretiennent les quatre règnes de la vie : minéral, végétal, animal, humain. En superposant ces deux données, on constate que le feu correspond au règne humain, ceci en référence à l’âme, qui en consumant la matière produit chaleur et lumière, tout en s’élevant vers le Ciel.
Or l’expression de cette âme et son atout essentiel sera la parole: si bien que les kabbalistes n’ont pas nommé le règne humain “homme”, mais “parlant”. Si parler est le propre de l’homme, bien parler sera l’idéal du juif. Ce que l’on appelle bien parler, c’est réserver cette faculté pour la Tora, la prière et la bienfaisance qui sont les trois axes du Bien.
Cet enseignement nous permettra de comprendre ce que Rabbi Na’hman enseigna: "L’homme ne doit recevoir sa subsistance que par la prière. Sans cela, aurait-il été comblé de tous les bienfaits, qu’il ressemblerait à un animal à qui D-ieu donne tout – sans prière !"
Prier, parler à D-ieu – quand bien même on aurait déjà reçu richesse, bonheur, réussite – c’est véritablement se distinguer de l’animal. La prière, contrairement à ce que certains pensent, n’est pas réservée aux affligés, aux malheureux, mais elle est l’apanage de l’homme riche ou pauvre, comblé ou démuni, qui veut ennoblir son langage en en faisant le plus bel emploi.
Chanter
Chanter une belle mélodie, un air joyeux, pour préparer son coeur à s’élever est certes, la meilleure introduction.
Nous avons connu des ‘hassidim qui chantonnaient tout le temps. Ils empêchaient leur esprit de s’abattre dans la tristesse qui est l’obstacle majeur à tous nos progrès.
Or voici que par effet de contraste, chaque fois que nous désirons entreprendre une action dans l’espoir de nous améliorer, des forces opposées se dressent contre nous pour nous empêcher!
Ainsi, lorsque nous envisageons de prier, ces forces se mettent à délirer : Quoi ! Il va nous faire ça ? Pas question – se serait notre fin ! Et de bombarder le pauvre prieur de pensées les plus obscures, principalement des idées tristes et déprimantes. Des angoisses sur son état actuel, ses contradictions de caractère etc.
D’où la nécessité de sursauter, de réagir, de bondir vers la gaieté, chose qui s’obtient principalement par le chant.
Ceci nous apprend que le chant est inséparable de la prière et qu’il en constitue la meilleure introduction.
Au commencement
Il peut sembler difficile, au début, d’entamer le dialogue : les lèvres ne se desserrent pas, le cœur reste froid. Une sorte de timidité nous paralyse… Persévérons ! Restons où nous sommes et essayons encore. Si rien ne vient, faisons de cela même une prière :
"Mon D-ieu, aide-moi à Te parler ! Je n’y arrive pas. Toi seul peut m’aider !"
Répétons cela des centaines de fois s’il le faut, jusqu’à ce que la porte s’entrouvre. C’est alors que – bien souvent – nos efforts seront récompensés et qu’un flot de paroles brûlantes se déversera de notre cœur et que des larmes de joie apparaîtront sur nos yeux.
Le rendez-vous
D-ieu est notre Créateur, notre Père, Celui qui nous connaît, connaît notre hérédité, notre for intérieur, notre enfance et nos problèmes les plus complexes. Il les vit avec nous. Nous sommes Ses créatures, Ses enfants. Parlons-lui comme nous parlons à un père avec la déférence, la confiance et l’affection que cela implique.
Pour illustrer les sentiments qui peuvent animer notre dialogue avec D-ieu, écoutez une belle parabole :
Il y avait un grand roi dont le fils s’était mis à boire et à fréquenter des truands. Il devint peu à peu lui aussi un bandit et se lança dans de très mauvaises entreprises… Jusqu’à ce qu’il ratât un coup pourtant bien préparé et fut incarcéré. Malheureusement, son comportement ne s’améliorait guère : jusqu’au fond du cachot, il continuait à jouer et à tricher avec les autres prisonniers, au grand désespoir de ses parents. Or ce roi était juste et ne voulait en aucun cas gracier son fils par protection. Les conseillers et avocats suggérèrent donc au roi d’accorder des entrevues au parloir, à ce prince indomptable : peut-être ces rencontres l’amèneraient-elles à regretter ses mauvaises voies et à chercher amendement…
Nous pouvons, grâce à cette image, nous imaginer une séance de méditation et des sentiments que nous sommes conviés à y investir : c’est le temps qui nous est accordé au parloir pour plaider auprès du Père céleste, dans l’espoir d’obtenir notre libération !
A suivre…
Extrait du livre “La porte du ciel – Hitbodédouth ” par Rabbi Yits’haq Besançon. Reproduit avec l’aimable autorisation des Éditions du chant nouveau.
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