Une prière personnelle inadéquate
Lorsque nous traversons une période difficile dans la vie, il faut mettre de l'ordre dans nos idées, demander à Hachem ce qu'Il attend de nous, solliciter Son aide...
Le roi se fâcha contre elle. Il jeta de sa bouche une parole : “Que le 'pas-bon' t'emporte.” Le soir, elle alla dans sa chambre. Le lendemain matin, nul ne sut où elle se trouvait. Le père s'affligea terriblement ; il s'en alla la chercher de-ci, de-là…
Lorsqu'hitbodédouth n'est pas faite d'une façon adéquate, cela provoque la colère du Roi. Une hitbodédouth inadaptée provoque une réaction immédiate : l'emouna devient évanescente, elle disparaît. En d'autres termes, nous délaissons l'emouna. Ceci explique ce qui est écrit dans le “Sefer HaMidoth” (“Le livre de l'alef-beth”) à propos de la colère : “La colère est la conséquence d'une hitbodédouth qui n'est pas faite d'une façon adéquate.” De fait, la colère d'Hachem se manifeste également en l'homme et lorsque l'emouna se retire de ce dernier, il devient impatient et coléreux.
Que voulez-vous réellement ?
Une hitbodédouth qui n'est pas faite d'une façon adéquate signifie que nous ne cherchons pas à connaître la volonté d'Hachem pendant que nous faisons hitbodédouth. Plutôt, nous nous isolons et prions pour satisfaire nos propres désirs, nos propres passions, qu'ils soient d'ordre matériel ou spirituel. Une telle attitude se situe à l'opposé de ce que désire Hachem. En agissant ainsi, nous demandons à Hachem de nous aider à réaliser notre volonté, contre la Sienne.
Une hitbodédouth qui est faite d'une façon appropriée, signifie que nous désirons annuler notre volonté face à celle d'Hachem. Tout le concept d'hitbodédouth tourne autour de cette idée : annuler tous nos désirs essentiels.
Une hitbodédouth qui n'est pas faite d'une façon adéquate signifie que nous désirons qu'Hachem annule Sa volonté face à la nôtre. Dans ce cas, hitbodédouth consiste à ce qu'Hachem fasse ce que nous désirons.
Dans le domaine matériel, la colère d'Hachem est provoquée lorsque nous demandons des choses qui sont inutiles pour Le servir. En ce qui concerne le domaine spirituel, nous devons faire attention car il est facile de se tromper à propos de la véritable nature de nos demandes. Ainsi, il peut nous arriver de penser que ce que nous désirons est d'ordre spirituel lorsqu'en fait, notre intention n'est pas entièrement innocente, pure. Plutôt, notre demande est motivée par un désir que nous souhaitons assouvir. Par exemple : obtenir un certain respect par les personnes qui nous entourent ; avoir de l'importance à leurs yeux ; posséder un titre d'autorité ; de la renommée ; qu'on nous baise la main comme signe de notre importance ; qu'on chuchote à notre égard : “Quel génie ! Quel érudit ! Quel Tsadiq ! Il sait comment faire pour garder ses yeux dans sa poche ! Le monde entier repose sur ses épaules ! Etc.”
D'autre part, une personne peut ne pas être intéressée par tout ce qui ressemble au respect, à la grandeur, etc. Ce qui peut l'intéresser c'est, par exemple : obtenir la récompense d'accéder au Monde à venir, que son comportement soit bénéfique à ses enfants, etc. Cependant, cela ne représente pas non plus la perfection dans l'emouna. A ce propos, Rabbi Na'hman a écrit dans le Liqouté Moharan (2:37) que l'homme peut vouloir assouvir deux styles différentes de désirs : ceux liés à ce monde et ceux liés au Monde futur. Même si ces derniers sont préférables qu'aux premiers, ils sont loin de représenter la véritable nature du service parfait de D-ieu.
Cela nous permet de comprendre que dans le domaine de la spiritualité, nous devons également apprendre à annuler notre volonté face à celle du Créateur et ne pas attendre que ce soit le Créateur qui fasse la nôtre. Cela s'applique même dans le cas où nos demandes sont d'ordre spirituel. Dans cela, nombreuses sont les personnes qui se trompent et qui ne réalisent pas que leurs volontés, même si elles sont spirituelles, correspondent en réalité à une soif malsaine de désirs. Tout au plus, peut-on dire qu'il s'agit de désirs d'un ordre épuré. Ces personnes comprennent que les désirs d'ordre purement matériel manquent de raffinement, qu'ils sont une absurdité et néfastes. Plutôt, leurs demandes sont d'un autre ordre : la sagesse, le respect, la récompense du Monde futur, etc.
Que cela nous serve de point de référence : une hitbodédouth qui n'est pas faite d'une façon adéquate – c'est à dire lorsque nous demandons au Créateur de faire notre volonté, même si nos demandes ont trait à des choses spirituelles et qu'elles semblent correspondre à la volonté d'Hachem – est celle qui nous fait tomber dans le piège de la colère. A l'opposé, si nous désirons faire seulement la volonté d'Hachem, nous ne ressentirons jamais de la peine ou de l'impatience, même si nos prières ne semblent pas avoir reçue une réponse favorable. Dans ce cas, nous comprendrons que la volonté d'Hachem est que nous continuions à prier.
Bitoul – L'annulation de soi-même
Voici ce qu'il faut éviter : s'isoler pour faire hitbodédouth sans que notre objectif soit d'annuler notre volonté face à celle du Créateur et de nous “inclure” en Lui, c'est à dire: annuler notre propre personne, nos aspirations, notre volonté face à Lui. Si nous désirons nous servir du Créateur – si nous pouvons nous exprimer ainsi – afin de satisfaire notre volonté, même si cette dernière est spirituelle, il est évident que notre hitbodédouth irritera Hachem.
Dans le Liqouté Moharan (1 :52), Rabbi Na'hman a exposé les principes de base de la véritable hitbodédouth : parvenir au bitoul, à l'annulation de soi-même, être “inclus” dans le Créateur, bénit soit-Il. A l'opposé, lorsque notre intention n'est pas de nous annuler face à Hachem, nous nous éloignons de la véritable nature de l'hitbodédouth.
Lorsque notre vie consiste à satisfaire notre propre volonté, sans chercher à savoir ce que le Créateur veut réellement de nous et tout en faisant preuve d'impatience, nous entachons l'emouna, la foi. Dans ce cas, notre hitbodédouth porte la marque de cette souillure. Les conséquences de cette situation sont des évènements difficiles dans notre vie et un sentiment de colère que nous ressentons.
De quelle façon une personne peut-elle devenir colérique et faire preuve d'impatience pendant qu'elle fait hitbodédouth ? De fait, cela peut nous arriver lorsque nous désirons certaines choses, sans nous demander au préalable si cela correspond véritablement à la volonté d'Hachem. A nos yeux, ce désir peut sembler tellement considérable qu'il peut nous amener à un véritable état de colère et d'impatience si nous ne recevons pas de réponse positive. Un tel comportement est l'équivalent de l'hérésie et il fait preuve d'une très grande faiblesse de notre part. Nous devons prendre conscience que c'est Hachem qui décide du moment et de la façon de nous donner ce que nous demandons pendant nos prières, s'Il nous le donne. Toute forme de protestation face à la volonté d'Hachem doit être considérée comme intrinsèquement mauvaise. Cela équivaut à remettre en question le bien-fondé des décisions d'Hachem, de Lui crier notre mécontentement, que D-ieu nous préserve. Une telle situation est rendue possible par notre état colérique et une de ses conséquences est le réveil des jugements divins stricts à notre égard.
Hitbodédouth : une affaire de chaque instant
Peu importe ce que nous désirons entreprendre : avant tout, nous devons faire hitbodédouth. En voici la raison :
Grâce à hitbodédouth, nous pouvons réfléchir, prendre un certain recul. Cela veut dire que nous pouvons commencer à réfléchir à notre véritable nature et à ce que nous devrions faire pour respecter la volonté d'Hachem. De plus, nous pouvons également nous interroger sur la définition exacte de la vérité, sur les actions adéquates que nous devrions entreprendre ou poursuivre, si nous devrions nous lancer dans une action spécifique où si nous devrions plutôt en abandonner l'idée; nous pouvons également avoir une meilleure idée sur la façon de faire ce que nous devons faire, etc. En d'autres termes, hitbodédouth nous permet de demander au Créateur de nous guider, de nous montrer le bon chemin et de nous aider à l'emprunter.
Lorsque nous traversons une période particulièrement difficile dans notre vie, il faut avant tout mettre de l'ordre dans nos idées. Il faut que nous demandions à Hachem ce qu'Il attend de nous, ainsi que solliciter Son aide. Si nous agissons ainsi, nous aurons fait une hitbodédouth adéquate et cela nous permettra de ne pas commettre de fautes. Cependant, si notre analyse n'est pas juste, si nous ne demandons pas à Hachem ce qu'Il attend de nous et que nous ne sollicitons pas Son aide dans le but de respecter Sa volonté, nous commettons une faute et nous nous opposons à la volonté d'Hachem. De fait, cela correspond à une hitbodédouth qui n'est pas adéquate ; la conséquence d'une telle attitude est de réveiller en Hachem un sentiment de colère et d'irritation.
Le lendemain matin, nul ne sut où elle se trouvait…
Comme nous l'avons déjà souligné, la raison pour laquelle la colère d'Hachem est immédiate, est que l'emouna est devenue évanescente, qu'elle a disparu. Lorsque nous délaissons l'emouna, nous rompons le lien qui nous lie avec Hachem. Ensuite, il nous faudra multiplier les efforts pour rétablir cette emouna.
Ève fut la première personne à faire une hitbodédouth qui n'était pas adéquate. Elle n'essaya pas de mettre de l'ordre dans ses idées afin de découvrir la vérité. Conséquemment, elle échoua dans son entreprise. Le résultat de son comportement fut de provoquer la colère d'Hachem et de faire partir l'emouna. Depuis cette faute, le travail de chaque personne consiste à fournir l'effort nécessaire à retrouver l'emouna.
A suivre…