Être rêveur #2
Dans toute l'histoire de Yossef, rien ne semble être plus hors sujet que ces quelques mots.
Être un rêveur (2ème partie)
Yossef HaTsadiq n’avait jamais oublié ses rêves ; plutôt, il attendait patiemment qu’ils se réalisent, sans qu’il sache quand ni comment cela arriverait. Yossef était seulement certain d’une chose : chaque évènement qui lui arrivait, qu’il s’agisse d’un évènement positif ou négatif, portait en lui le potentiel de réaliser ce qu’il avait rêvait et de l’amener à un poste de leadership et de royauté. De fait, alors qu’il était encore très jeune, il commença à jouer son rôle :
“Yossef (Joseph) était âgé de dix-sept ans et il menait paître les brebis avec ses frères. Passant son enfance avec les fils de Bilha et ceux de Zilpa…” (Béréchith 37:2)
“Ses actions était celle d’un enfant : il arrangeait ses cheveux et retoucher ses yeux afin de paraître beau.” (Rachi)
Pour Yossef, cela semblait s’apparenter avec la position de dirigeant :
“Dès l’instant où Yossef constata qu’il était le dirigeant, il commença à manger, boire et à friser ses cheveux.”[i] (Rachi à propos du verset dans Béréchith 39:6)
Nous constatons que depuis le début, Yossef vivait littéralement ses rêves, même s’ils ne s’étaient pas encore matérialisés. Son jeune âge ne l’empêchait pas d’agir comme le doit un chef de famille ; en fin de compte, il devint le leader non seulement de sa famille, mais de toute l’Égypte, première puissance mondiale de son époque. Peu importe s’il s’estimait à la hauteur de la tâche qui lui était destinée ; il poursuivait ses objectifs, croyait en eux et faisait entièrement confiance en D-ieu pour lui accorder ce qui lui manquerait en tant voulu. Yossef correspondait parfaitement à la définition du croyant, selon le Midrach:
“Quiconque a confiance en D-ieu se trouve entouré de Sa grâce.” (Téhilim 32:10) : même une personne méchante qui a confiance en D-ieu se trouvera entourée de grâce.” (Midrach Téhilim 32:!0)
Si cela est vrai pour un racha’ (une personne méchante), à plus forte raison pour un véritable Tsadiq, ce qu’était Yossef (Joseph).
En tenant compte de ce que nous venons dire, il est possible de répondre à une question très ancienne qui concerne un évènement qui arriva à Yossef. La réponse que nous donnerons à cette question nous permettra de comprendre beaucoup de choses en ce qui concerne la vie, selon l’optique de la Tora.
Nous apprenons en lisant la Tora que Yossef passa deux années supplémentaires en prison à cause de la confiance qu’il avait placée dans le maître échanson de Pharaon (Béréchith 40:14) en lui demandant de parler à Pharaon afin que celui-ci le libère. Qu’a donc fait Yossef de si terrible ? N’a-t-il pas simplement fait l’effort nécessaire pour être libéré d’une situation malheureuse ? Peut-on penser un seul instant que Yossef douté qu’en fin de compte ce serait Hachem qui le libèrerait ?
Cependant, Rachi explique :
“À cause de la confiance que Yossef avait placé entre les mains du maître échanson pour qu’il ne l’oublie pas, Yossef resta deux années supplémentaires en prison. Il est écrit (Psaumes 40:5) : “Heureux l’homme qui cherche sa sécurité en l’Éternel et ne se tourne pas vers les orgueilleux” ; c’est-à-dire : qu’il ne place pas sa confiance en les égyptiens qui sont appelés ‘arrogants’.” (Rachi Béréchith 40:23)
On pourrait penser en lisant ce commentaire de Rachi que le problème ne résidait pas à placer sa confiance entre les mains d’une tierce personne pour qu’elle soit l’instrument de la Providence divine ; nous faisons cela tout le temps ! Cela s’appelle “hichtadlouth ” (“faire un effort”). Plutôt, le problème – selon Rachi – fut que Yossef plaça sa confiance en la mauvaise personne, ce que le peuple juif a eu maintes fois l’occasion de faire au cours de l’histoire. Nous-mêmes, ne commettons pas souvent la même erreur ? Cela semble tellement évident que selon certains, nous sommes forcés de dire que pour une personne de la stature de Yossef cela représentait une erreur, mais que pour nous-mêmes les choses sont différentes.
Cependant, la réponse à cette question se trouve dans une autre partie de la déclaration de Yossef, une partie qui semble nettement moins habituelle pour un tel personnage. Ceci est la totalité de sa réplique :
“Rends-moi, de grâce, un bon service : parle de moi à Pharaon et fais-moi sortir de cette demeure. Car j’ai été enlevé, oui, enlevé du pays des hébreux et ici non plus je n’avais rien fait lorsqu’on m’a jeté dans le cachot.” (Béréchith 40:14-16)
Dans toute l’histoire de Yossef, rien ne semble être plus hors sujet que ces quelques mots : “et ici non plus je n’avais rien fait lorsqu’on m’a jeté dans le cachot.” Que voulait dire Yossef en ajoutant cette précision ? Que désirait-il faire comprendre au maître échanson : qu’il existe une absence de justice dans la Création ? Voulait-il dire que les personnes méchantes peuvent faire du mal aux bonnes personnes sans le consentement de D-ieu ? Voulait-il que le maître échanson pense que tout ce qui lui était arrivé l’avait été par pure malchance et qu’il avait de bonnes raisons de se plaindre ?
Quel que soit ce que voulait dire Yossef en ajoutant ces quelques mots, ils représentaient une violation du principe essentiel selon lequel il avait vécu jusqu’à ce jour et qui serait le sien jusqu’à sa mort. Sans doute, les deux années supplémentaires qu’il passa en prison eurent l’effet escompté : enraciner en Yossef le type de mentalité qui mène au succès et pas à l’échec, à la libération et pas à l’exil. De là ses paroles prononcés à ses frères quelques temps plus tard :
“Yossef leur répondit : ‘Soyez sans crainte ; car suis-je à la place de D-ieu ? Vous, vous aviez médité contre moi le mal ; D-ieu l’a combiné pour le bien afin qu’il arrivât ce qui arrive aujourd’hui…” (Béréchith 50:19-20)
Le Talmud nous enseigne que tout ce que fait D-ieu est toujours pour le mieux (Bérakhoth 60b). Les évènements négatifs se déroulent autour de nous et nombreuses sont les situations qui peuvent facilement nous blesser et nous offenser. Cependant, nous devons nous souvenir que l’adversité et que la tristesse possèdent un rôle précis dans ce monde, comme cela est le cas pour la joie et le bonheur. Dans tous les cas, David HaMelekh (le Roi David) à déclaré :
“Adorez l’Éternel avec joie !” (Téhilim 100:2)
Le Roi David n’a pas précisé : “Sauf dans les cas où telle ou telle chose arrive…”
S’il existait bien une personne dans le monde qui avait toutes les raisons d’être triste, c’était Yossef HaTsadiq. De fait, la vie avait prit une tournure dès plus désespérée pour lui. La haine et la jalousie dont il avait été la victime au sein de sa propre famille avaient été suffisantes à elles seules pour faire enfuir de chez elle toute personne tant soit peu normale dans ce monde. Les épreuves et les souffrances qu’il avait rencontrées sur son chemin vers le succès avaient été suffisamment importantes pour décourager toute autre personne et lui faire abandonner l’idée même de succès.
Pourtant, lorsque nous pensons à Yossef, nous ne l’identifions pas avec les mauvaises choses qui lui sont arrivées dans sa vie ; plutôt, nous pensons à lui comme l’heureux bénéficiaire d’évènements heureux. Le plus souvent, nous avons tendance à dire : “N’est ce pas extraordinaire la façon dont l’adversité s’est transformée en opportunité pour Yossef HaTsadiq ? N’est-il pas resté positif pendant toute sa vie et principalement durant les évènements les plus tragiques qu’il a vécus ?”
Les personnes qui désirent être joyeuses dans la vie n’ont pas le choix. Celles qui désirent rencontrer le succès, matériel ou spirituel, n’ont pas différentes options. Il existe un principe fondamental dans la vie ; ce principe est extrêmement strict et si on ne le respecte pas, les choses les plus terribles peuvent nous arriver, que D-ieu nous préserve :
“[Toutes ces malédictions] s’attacheront à toi, comme un stigmate miraculeux, à toi et à ta postérité, indéfiniment. Et parce que tu n’auras pas servi l’Éternel, ton D-ieu, avec joie et contentement de cœur, au sein de l’abondance, tu serviras tes ennemis, suscités contre toi par l’Éternel, en proie à la faim, à la soir, au dénuement, à une pénurie absolue ; et ils te mettront sur le cou un joug de fer, jusqu’à ce qu’ils t’aient anéanti.” (Devarim 28:46-47)
Ce principe essential et crucial dans la vie est résumé à la perfection dans un verset court et énigmatique :
“C’est l’Éternel qui te garde, l’Éternel qui est à ta droite comme ton ombre tutélaire.” (Téhilim 121:5)
Vraiment ? D-ieu est-Il réellement “notre” ombre ? Cela semble très différent de la façon dont nous menons le plus souvent notre vie. De fait, n’avons-nous pas tendance que la situation est l’opposée : que nous vivons dans l’ombre de D-ieu ? N’est pas la raison principale pour laquelle nous pensons maintes fois avoir si peu le contrôle de notre vie ?
Nous désirons être contents ! Cependant, c’est Hachem qui nous retient et qui refuse de nous accorder ce que nous pensons qui nous rendraient joyeux. Nous voulons tous rencontrer le succès et possède une fortune digne de ce nom. Plutôt, c’est D-ieu qui semble toujours mettre cette richesse hors de notre portée. Nous essayons vraiment d’élever nos enfants d’une façon parfaite et d’en faire des personnes droites. Cependant, ce sont les circonstances – voulues par Hachem – qui contrecarrent nos projets !
Ainsi, nous ferions bien de réaliser qui se trouve dans l’ombre de qui. Si nous le désirons, notre vie peut être une source de plaisir, joie et bonheur. Dans ce cas, D-ieu se tiendra toujours dans notre ombre pour nous épauler et nous aider à atteindre notre objectif.
(Auteur et conférencier, le rabbin Pinchas Winston est le directeur de ThirtySix.org)
[i] La seule critique qui fut formulée à Yossef est d’avoir fait cela tandis que son père Yits’haq (Isaac) était encore en état de deuil.
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