Le Tsadiq, fondation du monde et surveiller ses yeux
Rabbi Na'hmande Breslev enseigne dans le Liqouté Moharan(1:67) que toute la distinction que la personne opère entre le bien et le mal est rendue possible grâce au fait qu'elle surveille ses yeux. De fait, aussi longtemps que nous n'avons pas encore identifié avec certitude le mal – au point où celui-ci ne possède aucune emprise sur nous – tout ce que nous voyons offre une prise certaine au mal. Ainsi, nos yeux voient le mal partout et cela nous mène à être jaloux, enclins aux plaisirs malsains et autres attitudes négatives. À plus forte raison, lorsque nous voyons quelque chose qui est interdit, il est encore plus évident que le mal l'emporte sur nous et qu'il atteint les 248 membres de nos corps, ainsi que les 365 muscles et nerfs qui le composent. C'est pour cette raison que l'état de santé de notre corps dépend entièrement de l'usage que nous faisons de nos yeux, comme les médecins le savent très bien.
C'est seulement lorsque nous distinguons entièrement le bien du mal – et que nous le purifions complètement de tout déchet et rebut – que nous pouvons ouvrir les yeux sans créer de dommages. Rabbi Na'hman était parvenu à atteindre ce niveau extrêmement élevé. Selon ses propres mots, il ne percevait aucune différence entre la vision d'un homme et celle d'une femme. Dans ce domaine, le Rabbi n'était attiré par aucun désir spécifique. Cela lui était possible car il avait réussi à purifier d'une façon parfaite et complète le bien du mal.
Nous constatons également que d'autres très grands Tsadiqim avaient opéré cette distinction entre le bien et le mal. Néanmoins, ils faisaient très attention à surveiller leurs yeux, à tout instant et à la perfection. Même dans notre génération, nous avons eu le privilège d'avoir Baba Salé – de mémoire bénie – dont la sainteté des yeux était unique et une merveille à voir. Ainsi, nous pouvons formuler une conclusion a fortiori : si les Tsadiqim – qui ont atteint des niveaux exceptionnels de sainteté et qui ne voient grâce à leurs yeux que la sainteté dans ce monde – surveillent leurs yeux, que pouvons-nous dire de nous ? Dans notre cas, puisque nous n'avons pas encore distingué le bien du mal d'une façon parfaite – et nous sommes très loin de cet objectif – ne devrions-nous pas faire encore plus attention ? Pour nos personnes, le mal est encore profondément mêlé au bien ; cette situation nous rend encore plus responsables de surveiller nos yeux !
Un sommeil profond
Il vit un arbre. Sur cet arbre poussaient de très jolies pommes. Cela le tenta beaucoup. Il s'approcha… et il en mangea une. Aussitôt qu'il eut mangé la pomme, il s'effondra et fut pris par le sommeil… il dormit très longtemps…
Dans la leçon 60 du Liqouté Moharan, Rabbi Na'hman a développé une interprétation de l'histoire de la princesse disparue. Il est expliqué qu'il existe certaines personnes qui tombent dans un sommeil [spirituel] à cause de leur façon de manger qui n'est pas adéquate. Voici ce que Rabbi Na'hman a écrit :
“Certaines personnes dorment toute leur vie. Même s'il peut sembler au monde entier que ces personnes sont de véritables serviteurs de D-ieu – qui sont activement engagés dans l'étude de la Tora et les prières – Hachem n'éprouve aucun plaisir de leur service. De fait, la totalité de leur Service divin reste à un niveau inférieur : sa nature l'empêche de s'élever.”
“L'essence de la vitalité se trouve dans l'esprit, tel qu'il est écrit (Écclésiaste 7:12) : 'La sagesse prolonge la vie de ceux qui la possèdent.' Lorsque notre Service divin s'effectue grâce à notre intelligence, il obtient une vitalité qui lui permet de s'élever. Cependant, lorsque l'esprit de la personne se resserre et tombe dans un état de sommeil spirituel, son Service divin est incapable de s'élever.”
“Certaines personnes sont tombées dans un sommeil spirituel à cause de leurs désirs malsains et de leurs mauvaises actions. D'autres personnes sont kachères et droites ; cependant, elles sont tombées à cause de leur façon de manger. À l'occasion, il peut arriver qu'un aliment qu'une personne consomme ne soit pas encore purifié pour être avalé par un être humain. À cause de cela, le cerveau de cette personne tombe dans un état de sommeil spirituel. De la même façon qu'il existe des aliments qui favorisent le sommeil physique des personnes – tandis que d'autres le rendent difficile – il existe des aliments qui n'ont pas encore été purifiés et qui nous font tomber dans un état de sommeil spirituel…”
Il dormit très longtemps. Son serviteur essaya de le réveiller, mais il n'y arriva pas…
Il faut savoir que dans le cas d'une personne qui n'éprouve pas le besoin de s'éveiller de son sommeil spirituel, rien au monde ne peut lui servir à se réveiller. Dans l'histoire de Rabbi Na'hman de Breslev, cela correspond au serviteur du vice-roi qui essaya à plusieurs reprises de le réveiller… sans y parvenir. De fait, nous possédons toujours notre libre-arbitre ; l'essence de celui-ci consiste à nous laisser toujours la possibilité de nous réveiller un tant soit peu de notre sommeil spirituel et de chercher le chemin de la vérité. Si une personne ne commence pas à se réveiller d'elle-même de son état de sommeil – même qu'un peu – rien ne pourra l'aider : ni son éventuel rapprochement auprès des Tsadiqim, ni son étude de la Tora, ni sa pratique des mitswoth. Même les histoires de Rabbi Na'hman dont la raison d'être consiste à réveiller chaque personne de son sommeil spirituel, ne seront d'aucune aide pour cette personne. Ceci a été expliqué par Rabbénou dans le Liqouté Moharan 1:60 en ces termes :
“Nous devons nous réveiller de notre sommeil ; cependant, il est impossible de se réveiller si au préalable, nous ne nous réveillons pas nous-mêmes. Cela s'explique par le concept suivant : le réveil spirituel ici-bas [doit obligatoirement précéder le réveil envoyé par le Ciel].”
Plus tard, il se reprit de son sommeil. “Où suis-je sur cette terre ?” demanda-t-il au serviteur.
D'autre part, une personne commence à sortir de son sommeil spirituel lorsqu'elle commence à poser des questions à propos de la vie. “Quel est le but de ma vie ?” ; “Pour quelle raison un sentiment d'imperfection et de manque me colle-t-il à la peau ?” Pourquoi n'éprouvais-je aucune satisfaction et joie ?” ; “Est-ce pour remplir ma vie de futilités que je vis ?”, etc. Lorsqu'une personne se pose ce type de questions, il devient possible de l'aider à se réveiller [spirituellement] et à la rapprocher de l'objectif de sa vie. C'est pour cette raison que dans l'histoire de Rabbi Na'hman, lorsque le vice-roi se réveille, il demande immédiatement : “Où suis-je sur cette terre ?”
Ce dernier raconta toute l'histoire…
Après que le vice-roi se soit réveillé – ce qui correspond en kabbale au concept de “It'arouta dilatata” (“réveil du bas”) – le serviteur lui raconta l'“histoire.” Cela signifie que le serviteur raconta au vice-roi des histoires d'autrefois, dans le but de l'aider à poursuivre son réveil spirituel. De fait, sans cette aide, le vice-roi pourrait sombrer dans un sommeil encore plus profond. C'est ce qui est écrit dans le Liqouté Moharan cité ci-dessus : “C'est uniquement dans le cas où une personne se réveille elle-même qu'il devient possible de l'aider afin qu'elle ne tombe pas dans un sommeil encore plus profond. Par conséquent, il est impératif d'aider cette personne afin que son sommeil spirituel disparaisse d'elle.”
Lorsqu'une personne tombe dans un sommeil spirituel – c'est à dire que cette personne a perdu de vue l'objectif de sa vie, son émouna (foi) – elle doit être réveillée à l'aide d'histoires d'autrefois. Avant de commencer à raconter ses histoires, Rabbi Na'hman de Breslev avait l'habitude de dire : “Maintenant, je vais commencer à raconter une histoire.” En prononçant ces quelques mots, l'intention du Rabbi était de nous faire comprendre que selon lui, toutes les leçons de Tora qu'il avait déjà prononcées ne pourraient pas atteindre leur objectif [de nous réveiller spirituellement]. Par conséquent, il n'avait pas d'autre choix : il devait raconter des histoires d'antan. Dans ces histoires aux apparences simples, sont inclus les secrets les plus sublimes de la Tora. C'est pour cela que même les Tsadiqim experts en kabbale ont témoigné à plusieurs reprises que chaque page des histoires de Rabbi Na'hman équivalent à plusieurs pages du livre “Etz Ha'haïm” [ouvrage classique de kabbale].
À suivre…
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