Les leçons d’un échec

La tristesse et l'amertume que nous ressentons s'expliquent le plus souvent par l'attention que nous portons sur le résultat d'une action, plutôt que...

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

 Le vice-roi s'attrista beaucoup…

À première vue, la tristesse du vice-roi est parfaitement compréhensible. Il avait passé beaucoup de temps et rencontré un nombre important de difficultés dans sa recherche de la princesse. Finalement, lorsqu'il la trouva dans le château, il se trouve incapable de l'en faire sortir ! Plutôt, il doit choisir un nouvel endroit, s'y installer une année entière, prier et désirer ardemment sauver la princesse de cet endroit…
 
Lorsqu'en fin de compte – au terme d'une année – il se dirige pour la faire sortir, il échoue d'une façon lamentable. Au lieu d'atteindre le but de la mission qu'il s'était fixé, il s'endort pendant plusieurs années. Quelle déception !
 
Cependant, la vérité absolue est que la tristesse et les regrets représentent une atteinte importante de l'émouna (la foi). Plutôt que de se lamenter, le vice-roi aurait mieux fait de comprendre que s'il a échoué, cela signifie simplement qu'il n'était pas encore prêt à sauver la princesse. Certainement, le vice-roi n'avait pas suffisamment prié, il n'avait pas encore atteint un degré suffisant d'émouna ; autrement, il aurait pu sauvé la princesse.
 
La preuve du manque d'émouna du vice-roi est qu'il alla sauver la princesse avec des yeux ouverts. Le vice-roi désirait ardemment sauver la princesse – qui représente l'émouna – et il y alla avec les yeux ouverts ?!
 
Lorsqu'on désire libérer l'émouna, il faut être collé à celle-ci ! Une personne qui est littéralement collée à l'émouna n'ouvre pas ses yeux, sous aucun prétexte. Qu'y a-t-il à regarder ? Que peut-on bien vouloir observer ? N'existe-t-il rien d'autre que D-ieu ? Le vice-roi a ouvert les yeux ; cela signifie qu'il n'avait pas encore atteint un niveau qui lui aurait permis de libérer la princesse.
 
En réalité, le vice-roi peut être satisfait de ne pas avoir sauvé la fille du roi. Quelle est la personne qui désire réellement se trouver à un niveau qui n'est pas encore le sien, qui ne lui correspond pas ? Que signifierait atteindre un niveau pour lequel on n'a pas suffisamment travaillé pour atteindre ? Plutôt, le vice-roi doit trouver satisfaction dans le fait qu'il connaît maintenant le véritable niveau auquel il se trouve. Cela lui permet de prendre conscience de l'exacte nature du travail qui lui reste à accomplir : continuer à progresser et à prier.
 
Le travail d'une vie
 
La tristesse et l'amertume que nous ressentons quelques fois s'expliquent le plus souvent par l'attention que nous portons sur le résultat d'une action, plutôt que sur le travail que nous avons fourni. La personne qui désire servir Hachem doit être absorbée par son service et ne pas prêter attention aux résultats de celui-ci. Cette personne doit simplement aimer servir D-ieu. S'il s'avère que ce service consiste à continuer à prier pour la chose qu'elle désire, elle doit en être heureuse et satisfaite.
 
Quel est le problème si nous accordons une certaine importance aux résultats de nos actions ? La réponse peut être formulée ainsi : lorsque nous atteignons l'objectif que nous nous étions fixé, nous risquons de penser que notre travail et nos efforts sont arrivés à leur conclusion. Partant, nous courons le risque de nous endormir sur nos lauriers. Cependant, cela n'est pas convenable.
 
La raison est qu'il existe toujours un travail spécifique à faire, une tâche différente à atteindre. Aussi longtemps que nous vivons, il y a toujours quelque chose à faire. Ainsi, le vice-roi n'avait aucune raison de se lamenter, de s'attrister. Plutôt, il aurait du comprendre qu'il lui restait un travail supplémentaire à réaliser avant de pouvoir passer au suivant.
 
Les défis que nous rencontrons durant notre vie ne sont que des occasions pour nous tester. Leur objectif est de nous permettre de constater où nous nous situons réellement sur l'échelle spirituelle, quel est notre véritable niveau. Si D-ieu nous aide à réussir le test, la raison en est que nous étions parvenus au niveau qui lui correspond.
 
Dans ce cas, il est adéquat que nous réussissions le test qui nous a été envoyé. Le Créateur sait parfaitement que lorsqu'une personne atteint un niveau spirituel supérieur, elle ne se contentera pas d'y rester longtemps. Elle voudra rapidement le dépasser et – à cette fin – elle ne s'endormira pas sur ses lauriers. Plutôt, cette personne poursuivra ses efforts afin de continuer à progresser dans son service de D-ieu.
 
C'est pour cela qu'Hachem nous envoie des défis à relever : pour nous élever et nous faire atteindre un niveau supérieur. Il est intéressant de noter qu'en hébreu, le mot “nissayon” (test, défi) possède une similitude avec le mot “ménassé” (élevé, noble). Tout cela est fait dans un seul but : nous faire passer d'un niveau à l'autre.
 
 
Les défis nous permettent de nous élever…
 
Si une personne ne parvient pas à passer un test, cela ne représente aucune erreur de sa part. Plutôt, cela signifie simplement que cette personne n'était pas encore prête à réussir à ce niveau. En vérité, le fait qu'elle accordait de l'importance aux résultats de ses actions et à l'éventuel repos que la réussite lui aurait permis, démontre qu'elle n'était pas encore prête à atteindre ce niveau.
 
Par conséquent, D-ieu n'aide pas cette personne dans sa tentative. Cela permet à l'individu de prendre conscience de son véritable niveau et quel doit être le travail auquel il doit s'atteler, la tâche qu'il doit poursuivre. Tout ce qui lui reste à faire est de continuer et de multiplier ses prières, avec un plus grand désir. Une telle attitude – multiplier sans fin ses prières et ses supplications – ne manquera d'attirer la compassion de D-ieu sur cette personne. Alors, elle sentira au fond d'elle une nouvelle envie de coller à véritablement à l'émouna. À son tour, cette situation permettra à cette personne de sauver la princesse.
 
La joie de savoir où l'on se situe
 
Lorsqu'une personne ne parvient pas à franchir le test qui lui avait été envoyé, il lui revient de remercier D-ieu. De fait, la situation idéale a été créée afin que cette personne n'assume pas – à tort – qu'elle avait atteint un niveau spirituel qui n'est pas le sien. Cela doit être une grande source de joie : connaître réellement le niveau auquel elle appartient et le travail spécifique qui lui correspond.
 
Le plus important consiste à ne pas oublier ce qu'il reste à faire : poursuivre ses prières, faire preuve de patience et de persévérance, dans la joie et dans l'émouna. Cela doit se poursuivre jusqu'au moment où la personne sera prête d'atteindre le niveau qui est l'objet de ses désirs. Ceci ne manquera pas : lorsqu'un individu est prêt spirituellement à franchir un niveau supérieur, ce dernier lui est accordé de la part de D-ieu, entièrement et d'une façon merveilleuse.
 
De plus, l'occasion est donnée à cet individu de constater – en l'absence de toute forme d'ambiguïté – que cette réussite est un cadeau de D-ieu Lui-même. De la sorte, le risque de connaître un certain orgueil est éliminé. Maintenant, une nouvelle situation est créée : celle où il faut se fixer un nouvel objectif, un nouveau service à atteindre.
 
Ceci est exactement ce que la princesse ordonna au vice-roi (plus loin dans l'histoire) : “Alors, retourne et choisis un endroit ; installe-toi là-bas pour encore une année…” Cela signifie que la princesse veut faire comprendre au vice-roi que son travail consiste à poursuivre ses prières car la réalité a montré qu'il n'avait pas encore suffisamment prié. Cependant, il n'y a aucun bénéfice à retirer de tomber dans un sentiment de tristesse ou de désespoir.
 
Il retourna là-bas et la trouva. Elle se lamenta et se plaignit très fort devant lui…
 
Il est évident que la déception de la princesse est une allusion à celle de la Chekhina (la Présence divine) et que dans ce cas, il ne s'agit certainement pas d'une forme d'imperfection ou de manque dans l'émouna. Sa déception en est une réelle, celle liée à la dissimulation spirituelle dans laquelle se trouvent les personnes qui ne perçoivent pas la Providence divine.
 
Même si la Providence divine nous entoure entièrement, qu'elle nous accompagne dans chacun de nos pas, qu'elle est la source de chacune de nos respirations et de chaque mot que nous prononçons, nous ne la sentons pas proche de nous. C'est exactement cela qui peine la princesse.
 
En vérité, si le vice-roi n'avait pas été attristé à cause de ses échecs, la princesse n'aurait senti aucune désolation. Sa seule douleur est de constater à quel point la vérité est dissimulée à la vision du vice-roi. Si ce dernier avait eu une émouna plus forte et qu'il avait pris conscience que ses échecs étaient en réalité envoyés par D-ieu, il aurait poursuivit son travail avec beaucoup plus de facilité. Partant, il aurait trouvé la princesse rapidement et il l'aurait sauvée de son exil.
 
À suivre…

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