Le vestibule qui mène au palais – Nasso

L’abondance de la terre entière passe par la Terre d’Israël et influe sur le globe entier, à condition que les nations veuillent accepter la présence des juifs chez elles.

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le Rav David Hanania Pinto

Posté sur 06.04.21

On peut expliquer clairement l’enseignement de nos Sages (Tana Débé Elyahou Zouta, 19) selon lequel, déjà dans le ventre maternel, Ya’aqov et 'Essav se sont partagés respectivement le monde futur et ce monde-ci. De nombreuses questions se posent sur cet enseignement : 

1) On ne peut accomplir des mitswoth que dans ce monde, comme il est écrit : “Chez les morts, on estlibre (d’accomplir les commandements)” (Chabath 30a). Pourquoi alors Ya’aqov l’a-t-il donné à 'Essav ?Où accomplira-t-il les mitswoth ?
 
2) Ce monde sert de vestibule au monde futur. Grâce à lui, on peut avoir le mérite d’accéder au monde futur. Nos Sages ont enseigné à cet effet : “Prépare-toi dans le vestibule pour que tu puisses entrer dans le palais” (Avoth 4:16). Comment Ya’aqov pourra-t-il se préparer au Monde Futur ?
 
3) Le Midrach (Yalqout Chimoni, Yithro 20:286) rapporte : “Avant de donner Sa Tora, le Saint, béni soit-Il, l’a proposée au peuple d’'Essav et à celui d’Ichmaël. Or, nous savons que le monde entier n’a été créé que pour la Tora et pour Israël pour qu’il l’accomplisse (Béréchith Rabah 1:4). Le prophète dit à cet effet : “Si mon alliance (la Tora) le jour et la nuit n’existait pas, J’aurais cessé de fixer les lois du ciel et de la terre…” (Jérémie 33:25). Sans la Tora, ni le ciel ni la terre ne peuvent subsister (Pessa’him 68b). Quel rapport y a-t-il donc entre la Tora et les nations ?
 
En outre, pourquoi le Saint, béni soit-Il, a-t-Il proposé la Tora au peuple d’'Essav ? Cet 'Essav qui a refusé le monde futur (où il n’y a que Tora).
 
C’est qu’en vérité, notre patriarche Ya’aqov a acheté le droit d’aînesse d’'Essav, et c’est donc désormais lui qui est l’aîné. Par conséquent de toutes manières il a deux parts : l’une de ce monde-ci et l’autre du monde futur. Il ne restait donc plus rien à 'Essav, dans les deux mondes. Il reçoit toutefois sa part à titre de cadeau comme c’était le cas pour les fils de Kétoura, comme il est écrit : “Quant aux fils des servants d’Avraham, il leur fit des dons… et il les relégua…” (Genèse 25:6).
 
'Essav ne reçoit sa part que lorsque la voix n’est pas celle de Jacob (ibid. 27:22). Quand elle ne se fait pas entendre dans les synagogues et les yéchivoth : ce sont alors les mains d’'Essav qui exercent le pouvoir (Béréchith Rabah 65:16), car tant que la voix de Ya’aqov se fait entendre, les mains d’'Essav sont dépourvues de tout pouvoir.
 
Ainsi, à la mort d’Yits’haq, Ya’aqov et 'Essav sont venus se partager les deux mondes. Ya’aqov dit à 'Essav : “Tout m’appartient et ce que tu reçois, tu le reçois comme don.” Ce n’est que lorsque la voix de Ya’aqov ne se fait pas entendre que ton cou s’affranchira du joug (Genèse 27:39). Selon Rabbi Nathan – l’un des Tossafoth – si les enfants d’Israël n’accomplissent pas la Tora, les produits du champ reviendront à 'Essav.
 
En d’autres termes, si les juifs n’accomplissent pas les mitswoth de prélèvement d’une partie des récoltes, ce seront les nations qui exerceront le pouvoir et elles prélèveront pour elles neuf parties sur dix.
 
'Essav entre ainsi en possession des parts de ceux qui n’accomplissent pas les mitswoth et tout le reste revient aux enfants d’Israël. Ya’aqov savait que, même lorsque le peuple juif descendra en exil, il continuera à se faire remarquer par l’observance des mitswoth, et 'Essav ne pourra rien contre lui : tout ce qu’il prendra, ce sera de la rapine et il sera sévèrement châtié pour cela. En fin de compte, ce que Ya’aqov a donné à 'Essav, dans ce monde, c’est donc à titre de cadeau, quand les enfants d’Israël interrompent ou négligent leur étude de la Tora.
 
On peut maintenant comprendre aussi pourquoi le Saint, béni soit-Il, a proposé la Tora au peuple d’'Essav.
 
Il voulait leur rappeler l’accord que leur père a conclu avec Ya’aqov, selon lequel tout appartient en fait à Ya’aqov, tant dans ce monde que dans le monde futur. 'Essav ne reçoit sa part que si les enfants d’Israël n’accomplissent pas la Tora et les mitswoth. Le Saint, béni soit-Il, a donc demandé au peuple d’'Essav s’il veut recevoir la Tora où sont mentionnées les clauses de l’accord.
 
Les descendants d’'Essav Lui ont alors demandé : “Qu’y a-t-il écrit ? D-ieu leur a répondu : 'Tu ne voleras point, tu ne tueras point, etc.' En d’autres termes, Il leur dit : 'Si c’est la voix de Ya’aqov qui se fait entendre, il vous est interdit de tuer et voler la part qui revient à ses descendants. Vous ne pouvez vous accaparer les champs des enfants d’Israël que si ces derniers n’étudient pas la Tora'.
 
Ils ont alors rejeté l’accord parce qu’ils ne vivent que de leur épée, que Ya’aqov et sa descendance observent la Tora et ses commandements ou non. Ils ne font en sorte que se conformer à la volonté de leur père qui leur a ordonné de vivre de leur épée !
 
Le Saint, béni soit-Il, a alors promis : “Et les libérateurs monteront sur la montagne de Tsion pour se faire les justiciers du mont d’'Essav” ('Ovadia 1:21). Quelle est cette montagne ? C’est le Mont Sinaï, où les enfants d’'Essav ont annulé l’accord.
 
On peut maintenant mieux comprendre l’enseignement du Talmud selon lequel le Saint, béni soit-Il, a placé les enfants d’Israël sous la montagne, et leur a dit : “Si vous acceptez la Tora, c’est bien, sinon, là-bas même sera votre sépulture.” Pourquoi D-ieu a-t-Il agi de la sorte ? Les enfants d’Israël avaient déjà proclamé à l’unisson : “Nous ferons, puis nous entendrons” (Exode 24:7).
 
C’est que D-ieu dit aux enfants d’Israël : “Les descendants ont rompu l’accord. Ils visent à vous tuer et à s’emparer de vos biens, que vous vous engagiez ou non dans l’étude de la Tora et l’accomplissement des mitswoth. Si vous observez la Tora, Je pourrai vous protéger contre eux, car ce sera la voix de Ya’aqov qui se fera entendre. Dans le cas inverse, si la voix de Ya’aqov ne se fera pas entendre, ce sera 'Essav qui aura le dessus. Ses descendants vous tueront, et là-bas sera votre sépulture.”
 
'Amaleq – descendant d’'Essav – est venu livrer combat à Israël sans savoir qu’ils avaient négligé l’étude de la Tora (Békhoroth 5b). Il voulait leur montrer que ses aïeuls et lui-même ont rompu l’accord, mais il n’a pas remporté de victoire contre Israël. D’ailleurs, si les enfants d’Israël campent au pied de la montagne, comme un seul homme, d’un seul cœur, ils emportent des victoires sur toutes les nations; aucun peuple ne peut les déranger ni en Terre Sainte, ni dans la Diaspora, car les enfants d’'Essav ont rompu l’accord.
 
Quand les enfants d’Israël sont saints et observent la Tora, aspect de possesseur d’une chose sainte ils respectent les lois des prélèvements, et prélèvent une part de leurs récoltes aux Cohanim et aux Lévites, il peut alors en disposer. En d’autres termes, leurs terres et leur pays leur appartiennent et les nations ne pourront pas s’en emparer, car elles ont rompu l’accord (…).
 
Ya’aqov savait qu’il devait venir dans ce monde pour y observer la Tora et les mitswoth et se préparer au monde futur. Aussi a-t-il donné à 'Essav le monde entier, à l’exception d’Eretz Israël qui est le patrimoine exclusif de D-ieu et où Il est le seul à gouverner (Zohar I, 108b).
 
Ainsi, toute l’abondance de la terre entière passe par la Terre d’Israël et influe sur le globe entier (Ta’anith 10a ; Vayiqra Rabah 35:8), à condition toutefois que les nations veuillent accepter la présence des juifs chez elles ; qu’elles ne les affligent pas dans leur exil et qu’elles ne livrent pas combat à la Terre d’Israël. Autrement, elles ne jouiront pas de cette abondance.
 
Avant de donner la Tora, le Saint, béni soit-Il, est donc allé chez les descendants d’'Essav pour leur rappeler cet accord, mais ils ont rompu cet accord et ont voulu livrer combat aux habitants de la Terre Sainte et affliger les juifs, comme nous le voyons de tout temps. C’est pourquoi D-ieu dit à Ses enfants de ne compter que sur leur Père qui est au Ciel (Sota 49b).
 
Il leur ordonna d’observer la Tora et les mitswoth en particulier celles qu’on ne peut accomplir qu’en Terre d’Israël : s’ils s’abstiennent d’observer l’année sabbatique – par exemple – ils risquent l’exil (Tan’houma, Béhar 1). Tout dépend donc du Service divin, et il convient de raffermir constamment sa foi, autrement “ChaM ” sera votre sépulture ; “ChaMaH” (“là-bas”), a les mêmes lettres que “MoChéH” (“Moïse”), dont nul n’a connu la sépulture jusqu’à ce jour (Deutéronome 34:6).
 
En d’autres termes, D-ieu dit aux enfants d’Israël : “Si vous voulez accéder au niveau de Moché, observez la Tora de Moïse, Mon serviteur (Malachie 3:22) et accomplissez ses mitswoth : vous serez alors enterrés dans la Tora, comme il est écrit : 'La Tora ne s’accomplit que chez celui qui meurt pour elle' (Bérakhoth 63b) ; vous ne mourrez pas en exil, mais dans la Tora.
 
Alors, même si les nations ne se conforment pas aux clauses du pacte qu’elles ont conclu, Je vous protègerai, comme il est écrit : 'Et pourtant, même alors, quand ils se trouveront relégués dans le pays de leurs ennemis, Je ne les aurai ni dédaignés ni repoussés au point de les anéantir, de dissoudre Mon alliance avec eux' (Lévitique 26:44), car l’alliance, c’est la Tora, qui se trouve chez les enfants d’Israël” (Chabath 33a ; Tana Débé Elyahou Rabah 3).
 
Quand les juifs observent la Tora et les mitswoth – et plus particulièrement le Chabath – qui équivaut à toutes les mitswoth (Yérouchalmi, Bérakhoth 1:5) aucune nation au monde ne peut exercer son pouvoir sur eux (cf. Chabath 118b) et ne peut conquérir la Terre Sainte, car elle nous appartient du fait que nous observons la Tora et les mitswoth. Nous pouvons en disposer comme nous l’avons plus haut. Toute l’abondance du monde provient du mérite de la Terre d’Israël qui appartient aux enfants d’Israël.
 
Toutefois, les nations qui connaissent aussi l’essence de sa sainteté, aspirent à la conquérir pour l’affaiblir. Mais le Saint, béni soit-Il, nous défend et nous donne tout, parce que nous devons nous préparer dans le vestibule c’est-à-dire ce monde, pour nous introduire dans l’intérieur du palais, le monde futur.
 
La Terre d’Israël et sa sainteté sont un palais comparées à toutes les terres des nations du monde.

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