La haine des nations – Balaq
Nous devons nous méfier des nations. Elles essaient de se rapprocher de nous en montrant des signes d’amour et prétendent aspirer à la paix.
On peut se demander pourquoi Balaq était tellement effrayé par les enfants d’Israël qu’il était même prêt à faire la paix avec son ennemi de longue date : Bil’am. Ce qu’il visait essentiellement, c’était de savoir par quel stratagème il allait remporter la victoire contre eux (Rachi, Nombres 22:4).
Il aurait dû plutôt faire la paix avec Israël qui ne lui ont jamais livré bataille. Il est écrit en effet : “Il est campé vis-à-vis de moi (ibid. 5). Si le peuple d’Israël campe, c’est qu’il ne se prépare pas à la guerre. D’autre part, comme nous l’avons mentionné, les enfants d’Israël ont reçu l’ordre de ne pas molester Moav et de ne pas engager de combat avec lui (Deutéronome 2:9).
C’est que Balaq craignait avant tout l’influence des enfants d’Israël sur son peuple. En les voyant s’engager dans l’étude de la Tora, consommer la manne, cette nourriture spirituelle dont se nourrissaient les anges, entourés de nuées de gloire, le visage radieux comme la splendeur des cieux, il craignait que les habitants de son pays ne veuillent se convertir et s’unir à la nation sainte. Il convoqua Bil’am, fils de Bé’or, dont la haine contre les enfants d’Israël était légendaire, et l’a chargé de les maudire et lui montrer comment les éloigner de son territoire.
La présence des Israélites vis-à-vis de lui le dérangeait beaucoup. Il craignait que leur étude de la Tora et leur Service divin n’affaiblissent les forces du mal qui régnaient dans son pays, et que l’autorité perverse ne disparaisse de la surface de la terre : “Si deux rois, sur lesquels nous comptons n’ont pu triompher d’eux,” a estimé Balaq, “à plus forte raison, nous” (Nombres 22:2, Rachi). C’est pour cela qu’il eut très peur principalement de l’influence spirituelle sur son peuple, qu’il considérait dans ce cas comme décimé.
Comme nous l’avons vu, cette haine était absolument gratuite et n’était fondée sur aucune raison ; c’était une haine provenant du plus profond du cœur, qui ne connaît pas de limite. Notons à cet effet que les deux dernières lettres de baLaQ et bil’AM forment 'AMaLeQ (Zohar III, 281b), descendant d’'Essav (Pirqé DéRabbi Eliézer 44 ; Pessikta Zouta 25:18) dont Rabbi Chim'on dit : “C’est une loi : 'Essav hait Ya’aqov (Sifri Ba’alotékha 9:10).
Nous devons par conséquent veiller particulièrement à nous méfier des nations et nous éloigner d’elles. Elles essaient parfois de se rapprocher de nous en montrant des signes d’amour et de cordialité et prétendent aspirer à la paix. N’ayons toutefois pas confiance en elles, car elles ne visent en fait qu’à nous faire la guerre et nous éloigner de notre foi, comme c’était le cas de Moav et Midian. Nous pouvons aussi citer le cas de grands pays devenus grandes puissances, qui ont fait la paix entre elles pour s’attaquer au peuple d’Israël.
Si les nations nous haïssent tant, c’est essentiellement parce qu’elles sont tout entières embourbées dans l’impureté, et ne visent qu’à assouvir leurs passions et mener une vie de bête. Par conséquent, en se rendant compte du bonheur authentique de la vie du juif, elles craignent de se détourner de la voie du mensonge et reconnaître la vérité : les forces du mal risquent alors de disparaître graduellement de la surface de la terre à mesure que la sainteté s’intensifie.
C’est pourquoi les nations ne visent qu’à nous effacer de ce monde et si elles voient que leur haine contre nous ne porte aucun fruit, elles essaient de nous flatter, de nous séduire, et de nous faire subir leur influence néfaste, intensifiant ainsi les forces du mal dans le monde.
C’est pourquoi la Tora nous a avertis de ne pas adopter les lois de la nation que “Je chasse à cause de vous” (Lévitique 20:23) et de ne point imiter leurs rites (Exode 23:24). Nos Sages nous ont même interdit de manger le pain des non-juifs ('Avodah Zarah 36b ; Chabath 17b) de peur que nous nous liions à elles par desliens de mariage.
Ce n’est vraiment qu’à l’avènement du Machia’h (Messie) que sera accompli le verset : “En ce jour l’Éternel sera Un, et unique sera Son Nom” (Zacharie 14:9) ; le pouvoir de la perversité se consumera alors et s’élèvera en fumée par suite de l’intensification de la sainteté au sein de toutes les nations de l’univers.
Comme il craignait une diminution de l’impureté dans le monde et l’influence des enfants d’Israël, Balaq décida de faire la paix avec ses ennemis de longue date pour s’attaquer à Israël. Nous voyons là la méchanceté de Balaq et de Bil’am. “Ô ! Mon peuple, rappelle-toi seulement ce que méditait Balaq, roi de Moav et ce que lui répondit Bil’am, fils de Bé’or, nous avertit le prophète (Michée 6:5). Tous deux en sont venus à reconnaître le fait que nous sommes un peuple consacré à l’Éternel notre D-ieu et qu’Il nous a choisis pour Lui être un peuple spécial entre tous les peuples qui sont sur la face de la terre (cf. Deutéronome 7:6).
Ils ont vu un peuple engagé dans l’étude de la Tora, pour laquelle le monde a été créé (Pessikta Zouta et Rachi, Genèse 1:1). Même Bil’am, le mécréant, n’a pu que bénir les enfants d’Israël de tout cœur, stupéfait par ce que ses yeux ont vu : “Quelles sont belles, tes tentes, ô Ya’aqov, tes demeures ô Israël !” (Nombres 24:5). Il a avoué que la Chékhina (Présence divine) descend dans le monde et en Israël exclusivement par le mérite de la Tora.
En effet, commentant le verset mentionné plus haut, le Talmud (Sanhédrine 105b) explique que la locution tes tentes se réfère aux synagogues, et tes demeures aux maisons d’étude. Bil’am et Balaq ont toutefois visé à maudire et exterminer les enfants d’Israël.
Au lieu de se repentir et de reprendre le bon chemin, Bil’am a continué à porter une haine farouche pour Israël. Malgré le grand miracle des réprimandes de son ânesse dont le Seigneur a ouvert la bouche (cf. Nombres 22:28), il a continué à emprunter le chemin du mensonge qui inonde le monde de mal. Ce mensonge a poursuivi Bil’am jusqu’à sa tombe.
Le Talmud (Guitin 57a) enseigne en effet qu’à la question de savoir “Qui est le plus important ?” posée par Onqelos, le converti, à Bil’am, ce dernier a répondu : “Israël !” “Peut-on se joindre à eux ?” demanda-t-il. Et Bil’am de répondre : “Ne t’intéresse donc jamais à leur bien-être et à leur prospérité, tant que tu vivras” (Deutéronome 23:7).
Mentir même dans le monde de la vérité, n’est-ce pas stupéfiant ? C’est que celui qui voit clairement la vérité bien en face et continue à rechercher les futilités de ce monde poursuivra le mensonge même dans le monde futur : le châtiment n’en est donc que plus sévère, que D-ieu nous épargne !
Efforçons-nous donc de faire triompher le bien sur le mal pour commencer à reconnaître vraiment l’existence de D-ieu. Nous nous débarrasserons du mal en nous engageant dans l’étude de la Tora, comme il est écrit : “Je vous donne une bonne part” (Proverbes 4:2). Or, il n’est de bon, de bien que la Tora (Pirqé Avoth 6:3 ; Bérakhoth 5a). Nous éliminerons alors toute trace de mensonge.
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