Un foulard qui protège
J’ai commencé à remercier Hachem pour mon sort, même si la conviction me manquait un peu. Je me souviens qu’à la fin du premier jour, je me sentais bizarre de remercier D-ieu…
Je suis une des rares femmes qui sont divorcées – sans enfants – et qui continuent cependant à se couvrir la tête. J’ai continué à me couvrir la tête même après que mon statut de divorcée fut rendu officiel et que j’ai commencé à penser sérieusement à me remarier. Cela est inévitable : mon couvre-chef et l’absence de mari alimentent les commentaires. Très souvent, on me pose la question :
– “Êtes-vous divorcée ?”
– “Oui.”
– “Je suis désolée pour vous.”
– “Ne vous inquiétez pas, cela ne va pas si mal.”
– “Permettez-moi de vous poser une question : si vous êtes divorcée, pour quelle raison gardez-vous votre tête couverte ?”
– “Simplement parce que la loi juive l’exige et que mon rabbin me l’a conseillé. Je ne vais certainement pas partir à la recherché d’un rabbin qui pourrait me trouver une autorisation pour me découvrir la tête ! J’ai demandé à Hachem de conseiller mon rabbin d’une façon judicieuse, et c’est ce qu’Il a fait.”
– “Mais avec la tête couverte, vous risquez de ne jamais vous remarier ! Vous devriez ôter cela de vos cheveux. Personne ne peut savoir que vous cherchez un mari !”
– “Vous avez sans doute raison. Cependant, si Hachem désire que je me couvre la tête, il ne me semble pas logique de ne pas suivre Sa volonté afin d’augmenter mes chances de mariage. En fin de compte, n’est-ce pas le Maître du monde qui me permettra – ou non – de me remarier en me trouvant le mari qui me convient ?”
– “Je commence à comprendre. Mais honnêtement, cela n’est-il pas difficile ?”
– “Évidemment que cela l’est. Mais les meilleures choses dans la vie viennent avec difficulté. N’est ce pas ?”
– “Vous avez sans doute raison. Malgré tout, je trouve cela regrettable : vous êtes si charmante et si jeune !”
Avant d’avoir lu le livre “À travers champs et forêts”, j’avais l’habitude de partager cet avis et de m’apitoyer sur mon sort. Je déambulais souvent dans la rue en essayant de renforcer mon émouna (foi) et en me disant que tout cela était pour le mieux. Je dois tout de même vous avouer que je n’y croyais pas trop !
J’avais plutôt l’impression qu’une marque indélébile était inscrite – à l’encre noire – sur mon front : “DIVORCÉE”. Je pensais qu’avec la tête couverte, je ne pouvais définitivement pas cacher mon statut. Quelques fois, je rêvais que mon foulard tombait de lui-même et que mes chances de remariage s’en retrouveraient multipliées.
Pourtant, jour après jour, je commençais à intérioriser ce concept : remercier Hachem pour ce qui nous semble être négatif. Au début, je pensais qu’il s’agissait d’un exploit que je ne parviendrais jamais à réaliser. “Comment cela pourrait-il être ? Remercier D-ieu pour vivre ce que je suis en train de vivre ? Remercier signifie que nous apprécions ce que nous vivons. De quelle façon pourrais-je trouver positif ce qui m’arrive ?”
Je suis du style persévérant et je décidais cependant de continuer à vivre de la sorte. Certes, au début, mon cœur n’était pas très léger à cette idée, mais le plus important était d’être ferme dans mes convictions. Éventuellement, mon cœur deviendrait plus léger avec le temps…
C’est pour cela que j’ai commencé à remercier Hachem pour mon sort, même si la conviction me manquait un peu. Je me souviens parfaitement qu’à la fin du premier jour, je me sentais bizarre de remercier D-ieu pour ce que je n’aimais pas. Cela fut la même chose à la fin du deuxième jour, puis du troisième. C’est alors qu’un changement arriva.
Après une ou deux semaines, j’eus l’impression d’avoir une révélation. La vérité, c’est que ma révélation ne risque sans doute pas de bouleverser le monde, mais plutôt de changer profondément le mien. Je sentais que le changement qui s’opérait en moi était subtil, mais qu’il grandissait avec chaque jour qui passait. En fin de compte, je pouvais dire que je ressentais réellement l’envie de remercier Hachem pour vivre la vie qui est la mienne.
“Merci Hachem pour me demander de me couvrir la tête tous les jours et même si je suis divorcée.” Prononcer cette phrase et sentir un véritable sentiment de gratitude en moi était une véritable révélation. Un changement important venait d’avoir lieu : je mettais chaque matin mon couvre-tête en souriant ! Je me concentrais sur le fait que je me trouve belle en étant habillée d’une façon modeste et je remerciais D-ieu de m’avoir fait de la sorte. Je remerciais également Hachem d’avoir fait disparaître mes maux de tête, même avec mon foulard présent !
Cependant, le plus important à mes yeux était ma nouvelle envie de remercier D-ieu de m’avoir choisie – même à mon insu – pour être non seulement un véritable exemple de halakha, mais également d’émouna. Même si j’avais mis un peu de temps à le réaliser, cela était maintenant à mon honneur.
Je réalisais beaucoup de choses auxquelles je n’avais jamais pensé auparavant. Une question me trottait dans la tête : que serais-je devenue si je n’avais pas connu souffert autant à l’époque de mon divorce ? Où seraient allés tout le bon et le positif que j’ai aujourd’hui ? Qui me dit que je serais capable d’apprécier le bonheur immense vécu en venant vivre en Israël ?
Sans doute, je n’aurais jamais été capable de concentrer toute mon énergie sur les aspects les plus importants de ma vie. Aujourd’hui encore, je serais certainement une âme juive coincée aux Etats-Unis, plutôt que de connaître la joie de vivre en Terre sainte. Je suis certaine que je ne vivrais pas ma relation avec Hachem avec la même intensité. Dans tous les cas, si les difficultés récentes que j’ai vécues n’avaient pas été mon lot quotidien, je sais que je serais plus éloignée de D-ieu. Pour tout cela, je Te remercie du plus profond de mon cœur Hachem. Je ne regrette rien de ce que j’ai vécu.
Ce qui est peut encore plus important, c’est ma capacité actuelle à aider d’autres personnes qui vivent encore des moments difficiles. Je me sens capable de les aider moralement car ce que j’ai vécu m’a renforcée. La situation extrêmement pénible dans laquelle je me trouvais – il y a encore pas très longtemps – semblait close à tout espoir.
C’est pour cela que je peux dire à ces personnes qui souffrent : “Je comprends ce que nous vivez et votre douleur ne m’est pas étrangère. Je suis passée par cela également. Si Hachem m’a sauvée, Il peut aussi vous sauver. Il ne faut surtout pas que vous baissiez les bras ; garder votre émouna, ceci est le plus important.”
Toutes ces paroles, je ne les prononce pas simplement pour réconforter ceux qui les écoutent. Grâce à ce que j’ai vécu, je les ressens en moi d’une façon indescriptible. La douleur, la souffrance, la peur et l’angoisse ont été mon lot. Même si la situation de chaque personne est unique, nous avons beaucoup à partager et je pense que j’ai beaucoup à donner. Pour tout cela, merci mon D-ieu !
Pour conclure, je veux vous faire comprendre que je pense – chaque matin – à tout ce que je viens de vous dire. Lorsque je me couvre la tête, je sens un lien très fort entre Hachem et moi. En marchant dans les rues de Jérusalem, je pense à tout cela tandis que je rentre de mon travail pour retrouver mon petit studio. Lorsque le téléphone sonne et que j’entends : “Je suis désolée d’apprendre que vous êtes divorcée”, je réponds :
“Vous n’avez pas à l’être car je ne le suis pas. Je remercie tous les jours le Maître du monde pour ce qu’Il m’a donné de vivre : chaque minute en vaut la peine. Vraiment, vous n’avez aucune raison de vous sentir désolée.”
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