À nous de choisir

L'attrait du mal est aussi fort que celui du bien. Notre mission consiste à découvrir les possibilités divines qui s'offrent à nous...

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le rabbin Avraham Greenbaum

Posté sur 19.10.21

Nos Sages enseignent que D-ieu est intrinsèquement bon. L'essence de la bonté est de faire du bien aux autres. En conséquence, le but de D-ieu dans la création était de produire des créatures appelées à être les réceptacles de Sa bonté.

D-ieu Lui-même représentant exclusivement le bien et la bonté authentiques, Son but ne pourrait être accompli que s'Il les octroyait à Ses créatures. Il ordonna donc la création de façon à fournir aux êtres créés l'occasion de s'attacher à Lui-même, incarnation du bien ultime, de la façon la plus totale à la Perfection divine, ils peuvent, en s'attachant à Lui, avoir une part de cette perfection, à tous les niveaux de leur être. Ce qui est créé pour recevoir cette bonté, c'est l'homme.
 
Octroyer Sa bonté à l'homme comme un don total. Cependant, afin de jouir intégralement de ce bien, celui qui le reçoit doit en être le maître. En d'autres termes, il doit accéder à la perfection grâce à ses efforts personnels plutôt que de la recevoir comme un don gratuit. La création de l'homme impliquait par conséquent l'élaboration d'un système où l'homme connaîtrait la relation avec D-ieu grâce à son libre arbitre et par ses propres efforts.
 
Pour cela, un royaume fut créé, où abondent les occasions de rechercher la Perfection divine, celles-ci jouxtant d'autres occasions qui détournent l'homme de cette quête. L'homme est placé dans ce royaume pour une période déterminée. S'il déploie tous ses efforts pour embrasser cette Divinité, s'il s'efforce d'accéder à la perfection, tout en évitant tout ce qui serait susceptible de l'en éloigner, il s'attache à D-ieu par ses propres efforts et peut alors jouir pleinement de la Bonté divine et recevoir Sa récompense.
 
La Divinité, c'est le bien intrinsèque. Tout ce qui nous en éloigne constitue le mal et est donc à proscrire. Cependant, si cela était tellement évident pour l'homme en période de labeur et d'effort, il n'aurait aucun défi à relever : il serait manifeste que la Divinité est le seul but à poursuivre. Pour créer le défi, il était donc nécessaire que la Bonté divine fût quelque peu cachée à l'homme pendant cette période de labeur et que le mal présentât un attrait en soi, constituant une option plausible. D-ieu étant tout puissant, Il est en mesure de créer le mal et même de lui donner une apparence attrayante.
 
D-ieu créa ainsi ce monde – un monde qui offre à l'homme d'abondantes possibilités : soit de se rapprocher de D-ieu, soit de choisir le mal et de se séparer de Lui : à l'homme de choisir.
 
Bien qu'en fait, D-ieu se trouve partout, le monde a été créé de telle sorte que la Divinité y est cachée. En apparence, l'attrait du mal est aussi fort que celui du bien. Notre mission dans ce monde consiste à découvrir les Possibilités divines qui s'offrent à nous, en apprenant à distinguer le vrai bien du mal : il nous incombe de rejeter le mal et d'embrasser le bien, afin d'introduire la Divinité dans notre âme même. Le labeur en lui-même nous donne un goût du Divin. Passé le temps qui nous est alloué dans ce monde, nous pouvons alors jouir des fruits de nos efforts dans le monde futur.
 
La Tora
 
La Divinité a pour nom lumière. Mais quel genre de lumière est-ce ? Quand nous venons au monde et que nous ouvrons les yeux, elle semble assez vive. Tout autour de nous, c'est la couleur, l'activité et l'émotion. Qu'est-ce que ce monde ? Qu'est-ce que cette vie ? Que signifie-t-elle ?
 
Selon la représentation que nous en donnent l'éducation laïque et l'information, ce monde est constitué par une agglomération (née par hasard) de matière en plein néant, dans laquelle s'agitent des milliards de gens de touts races, cultures et croyances, organisées en un ensemble extraordinaire de structures sociales, politiques et économiques. La plupart d'entre eux s'occupent avant tout de gagner leur vie et de se distraire d'une façon ou d'une autre avant de mourir et redevenir poussière.
 
Beaucoup s'adonnent aux plaisirs physiques simples : nourriture, boisson, confort matériel, vie sexuelle… D'autres préfèrent des plaisirs plus raffinés : richesse, pouvoir, prestige, connaissances, littérature, musique, art, sports et tant d'autres.
 
Dans les régions les plus développés du monde en particulier, une multitude d'occasions se présentent dans toutes sortes de domaines : médias et sources d'information diversifiées, systèmes de croyance et idéologies de toutes sortes, possibilités de carrières dans toutes les branches, distractions et loisirs pour tous les goûts, magasins et services innombrables, susceptibles de satisfaire toutes les envies et tous les caprices. Que choisir ?
 
La plupart des gens affirmeraient : "Le bonheur ! L'essentiel est de profiter de ce monde !" Cela est peut-être vrai. Mais quel est le vrai "bonheur" ? Même les enfants apprennent très vite la fragilité de toutes les formes de bonheur, qui se révèlent très vite illusions. Combien luttent de nos jours pour trouver quelque chose qui, espèrent-ils, s'avèrera plus durable. Mais pour combien de temps ? La plus grande partie de l'humanité croit de toute évidence à l'existence de cette vie seulement. Le bonheur consisterait alors à connaître le plus de plaisirs possibles avant que ne frappent la maladie, la débilité, la mort et l'oubli.
 
La Lumière divine signifie la perspicacité, la sagesse et la compréhension qui pénètrent en deçà et au-delà des apparences de ce monde et mènent à la vérité dernière… De grosses cerises, belles et charnues peuvent en fin de compte s'avérer empoisonnées. Sans une connaissance profonde, leur apparence superficielle ne saura nous laisser prévoir les effets secondaires de leur consommation. Il en est de même pour les différentes possibilités qui s'offrent à nous dans ce monde.
 
Avec un minimum de recherche et d'intelligence, nous pouvons le plus souvent nous assurer des éventuels effets à court et long terme de nos options sur notre bien-être dans ce monde-ci. Mais que dire de leurs effets sur notre âme éternelle ?
 
La lumière de D-ieu brille en nous par l'intermédiaire de la Tora. La Tora révèle la sagesse de D-ieu et sert donc de clé à l'ordre entier de la Création, elle-même engendrée par cette Sagesse divine. Le terme hébraïque Tora vient du verbe ora qui signifie enseigner ou guider.
 
La Tora provient de la véritable position de D-ieu qui se trouve au-delà de notre monde, "au-dessus de la table", dirions-nous dans notre cas. Elle fut envoyée dans ce monde pour nous guider quant à sa signification réelle et sa place dans l'ordre global de la Création et pour nous enseigner à tracer notre propre sillon au milieu de la multitude d'options afin que s'accomplisse notre destinée.
 
Le Code de la Tora nous enseigne donc à évaluer les différents phénomènes que nous rencontrons, à apprécier leur rapport avec notre mission éternelle, nous montrant comment réagir à toute situation envisageable dans notre vie. La voie de la Tora consiste en un nombre déterminé de mitswoth ou Commandements divins (du verbe tsiva, commander, donner un ordre).
 
Ces mitswoth s'appliquent à toutes les sphères de l'activité humaine depuis la nourriture, la boisson, l'habillement, la subsistance quotidienne… jusqu'aux relations avec les parents, le conjoint, les enfants, les collègues et les membres de sa communauté, en passant par l'environnement, l'espace et le temps, etc. Elles s'appliquent à tous les niveaux de conduite : la pensée, l'émotion, la parole et l'action.
 
Chacune des mitswoth est une voie spécifique d'une action pratique ayant trait à un aspect particulier de la vie dans ce monde et qui nous conduit à D-ieu dans une forme spéciale de relation. (Le terme de mitswoth se rattache aussi à celui de tsavat, lien ou connexion). D-ieu de trouvant partout, pourrait-on penser, il est possible de Le trouver embrassant tout et n'importe quoi. Et pourtant, ce n'est pas vrai. D-ieu a créé notre monde comme un champ de défi.
 
Avoisinant les occasions qui nous mènent à D-ieu, se trouvent des voies et des options qui peuvent nous éloigner de Lui. Notre tâche est donc double : d'une part rechercher la Divinité, nous en imprégner nous-mêmes et en imprégner le monde qui nous entoure ; d'autre part, rejeter tout ce qui est susceptible de nous en détacher.
 
C'est la raison pour laquelle il existe deux genres de mitswoth: les mistwoth positives qui nous montrent ce que nous devons faire en vue de nous lier à D-ieu et les mitswoth négatives, les interdits de la Tora, qui nous enseignent ce que nous ne devons pas faire, afin de ne pas nous enliser dans le mal du monde et nous séparer de D-ieu. La Tora comprend deux cent quarante huit Commandements divins positifs et trois cent soixante cinq négatifs ; au total, six cent treize mitswoth.
 
À suivre…
 
(Extrait du livre “Sous la table” par Avraham Greenbaum, publié aux Éditions de l'Institut Breslev)

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