Le livre de la vie

Il est si difficile de consacrer un temps à la méditation dans l’isolement, que l’homme doit se battre à nouveau chaque jour pour gagner cette heure, meme...

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

J’ai entendu de mon maître et Rabbi, Rav Lévy Yits’haq Bender z.ts.l, qu’après cent et vingt ans, on ouvre le livre de l’homme qui arrive au Ciel et se présente devant le Tribunal céleste. Ses pensées, paroles et actions quotidiennes sont consignées à chaque page. Partout où une méditation dans l’isolement est constatée, on tourne aussitôt la page, et il n’est pas jugé pour ce jour-là. Mais là où une telle méditation manque on juge cet homme pour chaque pensée, parole et action, et il doit rendre des comptes détaillés.

Il est si difficile de consacrer un temps à la méditation dans l’isolement, que l’homme doit se battre à nouveau chaque jour pour gagner cette heure, même lorsqu’il pratique cette méditation depuis des années. La méditation dans l’isolement est la correction de la journée et on comprend pourquoi le mauvais penchant se bat pour empêcher l’homme d’effectuer sa réparation éternelle.
 
Puisque nous comprenons à présent qu’il existe une chose tellement douce dans le monde qui est lhitbodédouth, est-il possible d’en profiter sans aucun effort ? Il est certain qu’il faille remuer le ciel et la terre pour mériter la chose dont dépend la réparation de chacun en particulier et du monde entier dans son ensemble.
 
Sache aussi que les efforts du mauvais penchant – qui n’ignore pas le niveau sublime de l’hitbodédouth et cherche à alourdir le Service divin de l’homme – sont voulus par Hachem ; car lorsque l’homme voit qu’on l’empêche de méditer dans l’isolement, il domine son mauvais penchant et désire cette pratique au plus profond de lui-même, en multipliant ses prières pour accomplir cette chose tant désirée qu’est l’hitbodédouth.
 
C’est sur ce prodigieux service, cette chère opportunité de s’approcher d’Hachem et résoudre tous les problèmes, que le juste Rabbi Na’hman de Breslev, que son mérite nous protège, a dit : « L’hitbodédouth est le plus haut et le plus grand de tous les niveaux. »
 
Car Je suis clément
 
Avant de commencer l’étude pratique de l’hitbodédouth, il convient d’étudier un fondement capital de la foi, sans lequel cette dernière sera déficiente. Ce fondement qui donne la vie à la foi et permet sa réalisation concrète, est la foi en la Clémence divine.
 
Pratiquement, ce fondement permet à l’homme d’entrer dans le culte de la prière et de la méditation dans l’isolement. Par conséquent, avant que le lecteur ne poursuive la lecture de ce livre, il doit au préalable se renforcer dans ce concept et croire en la Clémence divine. Il faut savoir en effet que la traduction araméenne de la prière, est ra’hamé, clémence ; c’est-à-dire que toute la prière repose sur la Clémence divine.
 
La finalité de la Création
 
Toute la finalité de la création du monde est entièrement dirigée vers la Clémence divine, comme il est écrit dans le saint Zohar au nom de Rabbi Chim'on bar Yo’haï, que le Saint béni soit-Il n’a créé le monde que pour être appelé « Clément. » Notre saint Maître écrit de même dans Liqouté Moharan (I, 64) : « Hachem béni soit-Il a créé le monde à cause de Sa clémence, car Il a voulu la révéler. Si le monde n’avait pas été créé, à qui l’aurait-Il montrée ? Il le créa donc à partir du monde de l’Émanation (Atsilouth) jusqu’au centre du monde matériel, afin de révéler Sa clémence ! »
 
Il en ressort que l’essentiel de la foi en Hachem béni soit-Il, est de croire qu’Il est Clément et Bienveillant, et toute foi en Hachem qui omettrait cette foi en Sa clémence, que Son seul but dans le monde est d’avoir compassion de Ses créatures,serait défaillante et très faible, et en général impuissante à aider l’homme et le maintenir en vie.
 
Mais lorsque l’homme mérite de comprendre et de savoir que l’essentiel de la foi consiste à croire en un D-ieu clément, sa foi devient alors puissante et parfaite et le conduit à tout le bien du monde : les vertus, la joie et le bonheur, car l’essentiel est de reconnaître vraiment « Celui créa le monde par la parole », comme nous l’expliquons par la suite, avec l’aide de D-ieu.
 
Bien que ce soit déjà beaucoup, l’homme ne doit donc pas se contenter de croire que le monde est créé, mais il doit travailler sur sa foi, sur la clémence du Créateur, sur Sa volonté d’aider en ayant pitié de chaque créature ; avec bonté et bienveillance, inconditionnellement, mais seulement par miséricorde.
 
« Je l’écouterai, car Je suis Clément »
 
Il est écrit dans la section Michpatim (Exode 22:26-27): « Si tu prends comme gage le vêtement de ton prochain, tu devras le lui rendre au coucher du soleil. Car c’est sa seule couverture, c’est le vêtement de son corps, dans quoi coucherait-il ? Or, s’il se plaint à Moi, Je l’écouterai, car Je suis Clément. »
 
La Tora traite du cas où un pauvre a emprunté de l’argent à quelqu’un et ne peut s’acquitter de sa dette. Cependant, l’autre tient sa couverture en gage. La Tora nous enseigne que ce vêtement peut rester toute la journée chez le créditeur, mais que le soir venu, il doit le rendre au pauvre, afin qu’il puisse se couvrir durant la nuit. La Tora nous enseigne ici la vertu de la clémence : bien que selon la loi, le créditeur détient le vêtement du pauvre, il doit éviter de le faire souffrir. Il n’a pas le droit de dire : Ce n’est pas mon problème, c’est le sien !
 
Mais l’essentiel de notre propos se trouve dans la suite du verset, où Hachem prévient le créditeur de rendre le gage au pauvre. Il l’avertit qu’au cas où le pauvre crierait vers Lui parce qu’il souffre, car il ne peut se couvrir pour passer la nuit, il est certain qu’Hachem entendra ses supplications et que le créditeur sera puni.
 
Le Ramban précise que la Promesse divine d’écouter les plaintes du pauvre n’a rien à voir avec l’intégrité du pauvre. Car même si ce pauvre est un impie, le Créateur promet d’entendre ses cris. Le Ramban écrit explicitement : « Je l’écouterai, car Je suis Clément. » Il est Clément et reçoit les plaintes de tous, même de ceux qui n’en sont pas dignes, car « Sa bonté est désintéressée ». « Sa Bonté est désintéressée », signifie même s’Il n’est pas remercié en retour et même si le pauvre n’est pas digne de recevoir les Bontés divines.
 
S’il se plaint, Hachem recevra ses plaintes, car le Décret divin consiste à révéler la clémence envers quiconque se tourne vers Lui.
 
Le Ramban poursuit : « Il ne faut pas s’imaginer que l’on ne puisse prendre en gage le vêtement d’un juste qui, s’il se plaignait à Hachem serait écouté, mais que l’on puisse prendre celui d’un autre et qu’Hachem n’écoutera pas ses plaintes. Car la Tora enseigne : « S’il se plaint à moi Je l’écouterai, car Je suis Clément, car je suis Clément. »
 
Il s’ensuit que ce verset : « Je l’écouterai, car Je suis Clément » renferme ce solide fondement pour la foi : Hachem est Clément et Bienveillant. Il écoute les cris de chacun, qu’il soit juste ou impie, uniquement à cause de Sa clémence infinie. Il en résulte que même pour celui qui ne possède qu’un peu de foi en la sainte Tora et qui ne croit qu’au Pentateuque, ce verset est suffisant pour l’éveiller et qu’ilsupplie Hachem pour tout ce qui lui manque. Car la Tora promet explicitement : « Je l’écouterai, car Je suis Clément. » D-ieu veut écouter inconditionnellement les cris de celui se plaint, même s’il s’agit du pire des impies.
 
La porte du salut
 
En vérité, cette foi dans la Clémence divine, c’est-à-dire de croire que la Clémence divine est absolue et infinie – au point où c’est un décret des Écritures d’écouter les supplications de chacun, sans considérer ses actions, s’il en est digne ou pas – seule cette foi peut vraiment conduire l’homme à prier et résoudre maints problèmes, difficultés et empêchements dont il souffre dans la vie.
 
Car celui qui ne prie pas et reste ainsi – affamé, assoiffé, privé de connaissance, de vertus et de bonnes actions ; chargé de maux corporels et spirituels ; marchant dans l’obscurité, vivant sur les nerfs et ainsi de suite – est tel quel, parce qu’il manque de foi.
 
Mais quelle foi lui manque-t-il ? Pas celle de croire en l’existence d’Hachem dans le monde, car tous possèdent cette foi. Mais il ne croit pas qu’Hachem écoute les plaintes de « quiconque se plaint à Moi. » Il lui manque la foi qu’Hachem est Clément, qu’Hachem est Clément et Bienveillant, qu’Il n’a créé le monde que pour révéler Son attribut de clémence.
 
Lorsque cette foi manque à l’homme, il est évident que le mauvais penchant dispose alors de tous les atouts pour affaiblir sa prière. Le mauvais penchant sait qu’il peut murmurer toutes sortes d’arguments à cet homme en prière : qu’il n’est pas digne d’être exaucé, qu’il n’est pas droit, qu’il n’est pas juste, qu’il vient de commettre une transgression, ou qu’il a négligé un précepte : comment a-t-il l’audace de prier ? Il est certain qu’il pensera alors que sa prière est inefficace, qu’elle n’est pas importante ou qu’il ne sait pas prier, etc.
 
Toutes ces pensées n’ont qu’un seul but : le faire taire, l’empêcher de prier et pratiquement parlant, fermer devant lui la porte du salut ! La bouche est la porte du salut, comme il est écrit (Psaumes 81:11) : « Ouvre largement ta bouche et Je la remplirai », et aussi (Proverbes 28:20) : « L’homme croyant est comblé de bénédictions », c’est-à-dire que toutes les bénédictions se trouvent chez l’homme croyant qui prie.
 
Toute l’action du mauvais penchant ne consiste qu’à faire taire l’homme, à l’empêcher de prier et de croire à l’efficacité de sa prière ; à ne pas croire qu’Hachem écoute ses supplications en toute circonstance, qu’il en soit digne ou non, qu’il sache prier ou non. Car le mauvais penchant sait pertinemment que si l’homme croit en la Clémence divine, rien ne lui manquera ; il pourra résoudre tous ses problèmes spirituels et matériels et parvenir au bien dans ce monde et dans le monde futur.
 
Par conséquent, chaque homme et chaque femme doivent se renforcer toujours dans leur foi en la Clémence divine. On doit répéter constamment ce verset de la sainte Tora : « Je l’écouterai, car Je suis Clément. » Ce verset doit toujours être sur nos lèvres, et on doit prier et implorer Hachem de croire en Sa clémence. On doit dire : Maître du monde, j’ai appris dans la Tora que Tu es Clément, que Tu écoutes les plaintes de celui qui Te supplie et que Ta clémence est grande ! Comme il est écrit : « Je l’écouterai, car Je suis Clément. »
 
Je Te supplie et T’implore d’avoir pitié de moi, d’être bienveillant, parce que Tu es Clément, car le monde ne fut créé que pour la révélation de Ton attribut de clémence. C’est pourquoi je Te supplie et crie vers Toi, afin que je croie en Ta clémence, pour que je puisse T’appeler par Ton attribut de clémence et que Ta volonté lors de la création du monde soit pleinement réalisée.
 
A chaque fois qu’on demandera à résoudre un quelconque problème, sur un quelconque défaut, on ne devra invoquer que la clémence divine et on dira : « Maître du monde, Ton attribut est la clémence et Tu as écrit dans la sainte Tora : ‘S’il se plaint à Moi, Je l’écouterai, car Je suis Clément’. Sois donc Clément envers moi et accorde-moi le salut dont j’ai besoin, dans un seul but : pour que Tu sois appelé Clément, pour la révélation de Ta clémence, qui est la finalité de la création du monde et aussi la finalité de ma création ! »
 
« Malgré la faute que j’ai commise et qui est la cause de mes souffrances, je Te prie d’avoir pitié de moi et d’accepter mon repentir, aide-moi à me corriger dans la spiritualité et réparer ma faute, écoute mes supplications, exauce mes prières, uniquement grâce à Ta clémence et à Ta bienveillance. »
 
Lorsque l’homme se renforce dans la foi qu’Hachem est Clément, il commence alors à voir le salut ! Car il a tant supplié et imploré que finalement il mérite de parvenir à son salut ! Bien évidemment, il n’a prié qu’au nom de la généreuse clémence, de la clémence divine et de rien d’autre, et c’est alors que rien ne peut empêcher sa prière d’être acceptée. Sa prière est entendue, le décret divin voulant qu’Hachem écoute chaque supplication. De même, rien ne pourra l’affaiblir et l’empêcher de prier toujours davantage, jusqu’à la satisfaction de sa demande.
 
À suivre…

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