La prière du pauvre
Les prières des pauvres passent tout de suite et sans autorisation. Si l’homme se fait passer pour un pauvre et emprunte sa volonté, avec soumission et le cœur brisé, sa prière s’élève, rencontre cell
Voici ce que dit le saint Zohar sur le verset (Psaumes 102:1) : « Prière du pauvre qui enveloppe » – la prière amère du pauvre qui demande simplement une aide matérielle, précède toutes les autres prières, même celle de Moché et du Roi David !
Cette prière se présente devant Hachem béni soit-Il, qui s’unit à elle. Voici le texte du Zohar (section Balak) : Rabbi Aba dit : « Prière du pauvre qui enveloppe. » Comme nous l’avons déjà expliqué, le mot « prière » se rapporte à trois individus. Le premier est notre Maître Moché, le deuxième David et le troisième, le pauvre qui s’associe à eux. Et si tu disais à propos du verset (Habacuc 3:1): « Prière du prophète Habacuc » qu’il y en a donc un quatrième, nous répondrions que même si ce mot y est mentionné, la prophétie de Habacuc ne fut pas écrite pour la prière, c’est plutôt une louange au Saint béni soit-Il, pour Ses miracles et Ses prodiges. Car Habacuc était le fils de la femme de Chunam, qui fut ressuscité par le prophète Elicha.
En vérité, on ne trouve dans les Écritures saintes que trois prières : « Prière de Moché, l’homme du Tout-puissant » (Psaumes 90) et cette prière n’est comparable à celle de quiconque. « Prière de David » (id. 86), prière incomparable avec celle d’un autre roi. Et la « Prière du pauvre » qui fait partie de ces trois prières.
Laquelle des trois prières est la plus importante ? Rabbi Aba dit : « C’est la prière du pauvre. Elle précède celles de Moché, de David et toutes les autres. Pourquoi ? Parce que le pauvre a le cœur brisé, et il est écrit (id. 34) : ‘Hachem est proche des cœurs brisés’. Le pauvre se querelle avec le Saint béni soit-Il, qui écoute ses paroles. »
La prière du pauvre ouvre toutes les portes du firmament et repousse toutes les autres prières qu’elle rencontre sur son chemin, comme il est écrit : « Prière du pauvre qui enveloppe. » À première vue, le verset devrait dire : « qui s’enveloppe » (Yitatef), car, pour ainsi dire, le pauvre s’enveloppe dans sa prière. Mais comme il est écrit : « qui enveloppe » (Yatof), cela signifie qu’elle enveloppe les autres prières. La prière du pauvre empêche l’ascension des autres prières (« enveloppe ») peut signifier un empêchement, comme Rachi dans le verset (Genèse 30:42) : « Les brebis étaient languissantes (« atoufim ») – elles étaient les plus tardives). Les autres prières ne s’élèvent
donc qu’après celle du pauvre.
Le Saint béni soit-Il dit : « Que les autres prières soient retardées, pourvu que cette prière du pauvre Me parvienne la première. Je M’oppose à ce que le Tribunal céleste décide si sa prière est digne ou non d’être reçue. Je serai Seul à recevoir ses plaintes et ses griefs : que personne n’assiste à notre entretien.
Le Saint béni soit-Il s’unit alors aux griefs du pauvre, comme il est dit : « Il épanche son cœur devant Hachem » – c’est-à-dire vraiment devant Hachem. Toutes les armées célestes s’interrogent : « Que fait maintenant le Saint béni soit-Il ? » On leur répond : « Il s’unit avec Ses réceptacles, qui sont les pauvres au cœur brisé. » Personne ne sait ce que devient la prière du pauvre, avec ses reproches et ses griefs. Il n’existe pas de plus grand désir pour le pauvre que d’implorer dans les larmes le saint Roi. Et il n’y a pas de plus grand désir pour le Saint béni soit-Il que de recevoir ces larmes (Comme il est dit (Psaume 102:1), « Et répand sa plainte devant l’Éternel » – précisément « répand »).
Telle est la prière qui retarde toutes les autres.
Moché dut prier pendant plusieurs jours. Mais le roi David vit toutes les portes du firmament prêtes à s’ouvrir pour la prière du pauvre et que le Saint béni soit-Il n’écoute aucune prière comme celle-là. Il se fit alors pauvre et misérable, se débarrassa de ses vêtements royaux, s'assit par terre comme un pauvre et pria ; comme il est dit « Prière de David, Hachem, tends Tes oreilles et réponds-moi ». Si Tu demandes pourquoi je dis « Tends Tes oreilles et réponds-moi » ? Parce que « je suis pauvre et misérable. »
Le Saint béni soit-Il lui dit : « David ! N’es-tu pas roi et ne domines-tu pas sur de puissants monarques ? Et tu veux passer pour pauvre et misérable ? » (Il ne convient pas que la
prière du Roi d’Israël soit si basse, car cela rend la Présence divine, pour ainsi dire, pauvre et misérable). David orienta immédiatement sa prière autrement. Il abandonna l’argument du « pauvre et du misérable » et dit : « Protège mon âme car je
suis pieux » (Il revint prier dans la grandeur, comme il convient au Roi d’Israël). Bien qu’il abandonna cette fois-ci le sujet du « pauvre et du misérable », la prière de David présentait tous ces aspects, celui de « pieux » et celui de « misérable. »
Rabbi Elazar dit à Rabbi Aba : « Tu as bien parlé. » Bien que David ait abandonné dans sa prière la voie du « pauvre et misérable », chacun doit prier en imitant le « pauvre » ; en se soumettant et s’abaissant afin que sa prière s’élève parmi celles des pauvres ; car les gardiens des prières ne laissent pas facilement passer les autres prières. Par contre, les prières des pauvres passent tout de suite et sans autorisation. Si l’homme se fait passer pour un pauvre et emprunte sa volonté, avec soumission et le cœur brisé, sa prière s’élève, rencontre celles des pauvres, s’associe à elles et est reçue avec bienveillance
par le Saint béni soit-Il (Zohar, section Balak, page 195).
Moché, David et le pauvre
Méditons sur ce texte du Zohar qui décrit trois sortes de prières devant se présenter devant le Saint béni soit-Il. La prière de Moché que personne au monde ne peut égaler. Cette prière est le produit d’une prodigieuse connaissance ; celle d’un juste parfait et de l’homme le plus humble de la terre. La prière du roi David, représente l’abnégation devant Hachem.
Le roi David mérita parfaitement l’attribut de Royauté, car il ne possédait rien de lui-même, mais était entièrement soumis au royaume des cieux. La prière du pauvre est celle d’un
homme ou d’une femme simple, se plaignant de sa pauvreté devant le Saint béni soit-Il. Le saint Zohar demande : « Quelle prière est la plus importante ? Laquelle est reçue la première par le Roi ? Celle de Moché ? Celle du roi David ? Pas du tout ! La prière du pauvre est la plus importante de toutes et c’est elle qui est reçue en premier ! Avant même celles de Moché et du roi David et toutes celles du monde entier ! »
Cette idée est si étonnante qu’il aurait été impossible de l’exprimer, si elle ne provenait pas du saint Zohar. Imaginez un instant les trois se tenant devant Hachem et priant : notre Maître Moché, le roi David et un simple pauvre. Il est certain que Moché prie sur des sujets très élevés et qui concernent tous les mondes dans leur ensemble. Il est certain que celle du roi David est redoutable et dirigée vers le royaume des Cieux. Tandis que le pauvre ne prie que pour son gagne-pain et se plaint de sa pauvreté. Quel est à première vue celui dont la prière serait digne d’être reçue devant Hachem ? N’est-ce pas Moché ou David, des justes qui respirent l’amour et la crainte d’Hachem ? Qui est plus proche d’Hachem et aimé de Lui, sinon eux ? Chacun pense bien sûr que les prières de ces Justes qui s’adressent au Saint béni soit-Il, précèderont toutes les autres qui doivent attendre leur tour.
Si nous comparons cette situation avec la direction des affaires de ce monde, il est certain qu’une personne importante pénètrera la première dans le bureau d’un directeur et que les malheureux devront attendre leur tour pour demander son aide dans des sujets dérisoires. Il est certain qu’ils devront pardonner l’atteinte à leur honneur piétiné et bafoué, et attendre que ce directeur ou ministre daigne s’intéresser à eux. À plus forte raison s’il s’agit d’importants ministres se présentant au roi, pour s’entretenir avec lui des affaires du royaume ; qui s’imaginera que des malheureux implorant la pitié du roi puissent être reçus les premiers ?
Cependant, le caractère du Saint béni soit-Il n’est pas celui d’un être de chair et de sang. Pour Hachem béni soit-Il, c’est le contraire qui est vrai : Moché et David devront attendre. Et pas seulement eux, mais le monde entier devra attendre. Le monde devra attendre que le Créateur ait entendu la prière de cet homme simple qui vient se plaindre de sa pauvreté ! Il est important de préciser que l’intention évidente du Zohar est dirigée vers une personne matériellement pauvre se plaignant de sa pauvreté matérielle. Cette prière est plus importante aux yeux du Saint béni soit-Il que toutes les autres !
À plus forte raison lorsqu’il s’agit d’une personne se rendant compte de sa pauvreté spirituelle et en ayant le cœur brisé. Il se plaint de sa situation et pour ainsi dire, porte plainte devant le Saint béni soit-Il qu’Il le rapproche de Lui : « Maître du monde ! Vois dans quelle situation je me trouve, où je suis dans le monde ! Je passe mes jours dans une telle
obscurité, dans une telle pauvreté spirituelle. » Son cœur en est brisé, il pleure et se plaint devant le Saint béni soit-Il.
Sa prière précède toutes les autres et est immédiatement reçue. Le Zohar demande : « Pour quelle raison la prière du pauvre précède-t-elle celles de Moché, de David et du monde entier ? Parce que le cœur du pauvre est vraiment brisé, et il est écrit qu’Hachem est proche des cœurs brisés ! On peut apparemment se demander : notre Maître Moché n’avait-t- il pas le cœur brisé ? Il est pourtant écrit que Moché était le plus humble des hommes. Il est donc certain que notre Maître Moché possédait une parfaite humilité et que son cœur était brisé comme nul autre.
Il est par ailleurs rapporté à propos de R. Yehouda le Patriarche, que son humilité était
indescriptible. Et il est évident que notre Maître Moché possédait aussi cette qualité. Que pouvons-nous dire du Roi David ? Quelqu’un avait-il le cœur brisé comme le sien ? Quelqu’un criait-il vers Hachem avec autant d’abnégation que lui ? De nombreux versets des Psaumes en témoignent : « Ma gorge est enflammée à force de crier » (69:4), « Hachem, Tu ne dédaignes pas un cœur brisé et abattu » (51:19), etc.
Le Zohar répond que comme le pauvre n’a d’autre désir que d’épancher son cœur, ses prières et ses larmes devant le Saint béni soit-Il ; de même le Saint béni soit-Il n’a d’autre
désir que de recevoir ses épanchements. Car le pauvre n’a réellement rien d’autre au monde que ses épanchements devant Hachem, et réciproquement, le Saint béni soit-Il n’a
rien d’autre au monde que de recevoir ses épanchements.
À suivre…
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